Le Pérou, ce ne sont pas que des paysages magnifiques et des treks aussi époustouflants qu'essoufflants. Il y a aussi des villes et une belle culture que nous avons adoré découvrir. Notre passage à Arequipa et à Lima va vous en donner un bel aperçu.
Nous étions à Arequipa du 17 au 19 août 2018. Puis nous y revenons le 23 après notre visite du cañion del Colca, pour finalement conclure cette aventure andine par 3 jours à Lima, capitale du Pérou, avant de nous envoler pour Los Angeles le 27/08/2018.
Arequipa, ou la cuidad blanca
Arequipa ou la ciudad blanca (la Cité blanche) est une ville toute blanche (ou presque) comme son nom l'indique. C'est la deuxième plus grande ville du Pérou après Lima avec 1,3 millions d'habitants. Elle se situe à 2 300m d'altitude au pied de 2 des plus hauts volcans des Andes, les volcans Misti et Chachani culminant à plus de 6000 m et d'ailleurs toujours actifs (oulala!). Arequipa a été construite en pierre de lave blanche, la "sillar", quand une éruption volcanique gigantesque a recouvert toute la vallée. Pratique, les habitants ont pu taillé la ville directement dedans ! Arequipa est située à l'entrée ou à la sortie du plateau de l'Altiplano, ça dépend comment on voit les choses. Nous avons eu un réel coup de cœur pour cette ville d'altitude au pied des volcans : la douceur de vivre y est exceptionnelle ! Allez on vous fait voyager par procuration en cette période de confinement.
L'iglesia de la compañia de Jesus, et son intérieur étonnant : des miroirs pour convaincre les indigènes que Dieu les regarde... |
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... et une réinterprétation de la cène à la mode locale : au menu, du maïs et des Cuy (cochon d'Inde) |
De ce qu'on nous en a dit, cette ville a tout l'air d'un havre de paix alors nous ça nous met l'eau à la bouche. C'est aussi le point de départ parfait pour notre prochain trek de 2 jours dans le Canyon de Colca.
On arrive à notre hôtel avec une jolie terrasse en plein cœur de ville vers 10h pour y laisser nos sacs. En chemin on tombe sur des glaciers de rue, on apprendra plus tard que la glace au fromage est la spécialité de la ville : cette fois nous n'oserons pas goûter.
On a tellement la dalle que l'on n'attend même pas d'avoir la chambre pour se ruer vers une boulangerie solidaire et y prendre un petit déjeuner. Cette boulangerie c'est Rey del Sol, ils font entre autres de supers bons croissants qu'ils vendent dans les rues aux touristes et gens de passage, et en boutique. Les fonds récoltés sont investis pour aider les enfants pauvres de la région d'Arequipa (nourriture, école, logements...etc). On a trouvé le concept vraiment top avec de belles valeurs donc on y est retournés plusieurs fois. Voyager pour nous est l'occasion bien sûr de découvrir de nouvelles choses mais aussi participer à des causes qui nous inspirent.
Après quelques empanadas qui soit dit en passant sont notre repas de base depuis presque 3 mois, on part pour faire un free tour de la ville, guidé par un local. Malheureusement Séb est trop malade (encore et toujours le pauvre...) et est obligé de rentrer à l'hôtel. Il n'aura donc pas la chance d'en savoir un peu plus sur Arequipa. Ophé se rend seule à cette visite qui l'occupera pendant quelques heures.
Pendant ce tour, le guide nous fait découvrir entre autres le mélange des architectures entre influence espagnole, inca et sud américaine. Les cours visitées sont absolument magnifiques avec leurs patios fleuris. Toute la ville aspire à la tranquillité et à la douceur de vivre. D'église en église, de place en place et de patios en patios, le guide nous raconte sa ville passionnément. J'apprendrai entre autres choses qu' "Arequipa" est en fait tiré d'un mot quechua "Ari, quepay" qui signifie "Ici, restez chez vous". Les Incas lui auraient donné ce nom après avoir conquis la ville occupée alors par les Aymaras. La ville porte bien son nom, c'est vrai qu'elle donne envie d'y rester. Une autre interprétation du nom, en langue Aymara cette fois, donnerait "Ari Kipa", qui signifie "Près de la montagne". On avoue que ça colle pas mal au lieu également.
Avant de terminer la visite guidée et comme Arequipa est aussi une ville "hype", on passe dans une microbrasserie à la mode espagnole, c'est à dire, dans une jolie cour colorée de murs ocres et roux, avec quelques palmiers, des balancelles et des petites lumières d'ambiance. Bon c'est sympa mais pas très inca tout ça.
Comme Ophé aime bien visiter les villes en se perdant, elle se trompe carrément de direction (et cette fois involontairement) pour rentrer à l'hôtel, ce qui lui vaut quelques railleries de Séb qui bizarrement se sent mieux d'un coup !
Après un bon restaurant (de patates!) qu'on a eu un peu de mal à trouver car soit fermés soit pleins, on rentre à l'hôtel. On découvre malheureusement qu'il y a une boîte de nuit qui se donne à fond juste en face de l'hôtel. Mais en réalité on est tellement crevés que ça ne nous dérangera même pas jusqu'au lendemain... c'est dire.
Le lendemain, comme Séb se sent mieux, Ophé joue le rôle de guide et repasse dans la plupart des endroits qu'elle a découvert hier : un bon entraînement pour affûter son sens de l'orientation !
Ari Kipa |
On se rend ensuite dans une rue un peu à l'écart de l'hypercentre ville pour visiter le Monasterio Santa Catalina (Sainte Catherine) qui est le plus grand couvent au monde. Nous n'aimons pas particulièrement les visites religieuses mais cette fois on se laisse tenter après avoir entendu beaucoup d'éloges sur ce lieu. Ce bâtiment religieux construit lui aussi en pierres volcaniques accueille encore aujourd'hui une quinzaine de religieuses. Il pouvait accueillir jusqu'à 500 personnes à l'époque. Un conseil, si vous passez par Arequipa ne ratez cet endroit sous aucun prétexte ! Des visites sont mêmes organisées certains soirs à la lueur des bougies dans le respect des traditions. Nous, comme on voulait plutôt voir les couleurs des patios et les fleurs, nous y sommes allés en journée.
Le bâtiment en lui-même est magnifique en pierre de lave blanche, avec ses murs peints dans des couleurs criardes et ses orangers. On y découvre aussi les chambres des sœurs représentant les conditions de vie de l'époque, il y en a pour tous les goûts. L'ensemble donne au lieu un sentiment de quiétude encore plus présent que dans le reste de la ville. C'est comme une mini-ville au sein même de la ville avec ses nombreuses rues et ses 3 cloîtres.
Les personnes qui vivaient ici étaient surtout des nonnes issues de familles riches, et même si les conditions de vie devaient être difficiles les cellules sont plutôt spacieuses et bien aménagées. Bien entendu des différences subsistaient entre les nonnes issues de familles très bourgeoises et celles de milieux plus pauvres, on le voit bien en fonction des chambres. Ce couvent est toujours en fonction avec, bien sûr, bien moins d'adeptes : une quinzaine de religieuses habitent toujours dans l'enceinte, dans un bâtiment plus moderne. On ressort de là apaisés et ravis de notre étonnante visite.
Chut ! |
Patio del silencio |
Le cloître des schtroumpfs... ah non, des orangers |
On s'en va pour acheter nos billets de bus pour Chivay (Canyon de Colca). Après comparaison dans plusieurs agences, on en choisit une qui a l'air moins chère que les autres mais cela reste tout de même 2 fois le prix que l'on aurait payé en les achetant directement au guichet de la gare routière. La gare de bus étant éloignée du centre ville et n'ayant pas envie de perdre du temps dans les transports, on se décide à les acheter ici.
Le soir, on admire la Plaza de Armas éclairée, sur laquelle des gens dansent, avec les volcans en fond depuis un balcon de la mairie. Quelle belle vue ! Nous faisons un petit tour vers l'église San Francisco où il y a un marché artisanal nocturne très intéressant. On rentre assez tôt à l'hôtel car demain nous attend une longue journée de bus vers le Canyon de Colca que l'on a tout aussi hâte de découvrir.
Vue sur la cathédrale, depuis le Palacio Muncipal |
En revenant du Canyon de Colca on passe encore une nuit et une dernière journée à Arequipa avant de prendre la route pour Lima en fin de journée. On a bien envie de se balader encore dans cette ville pour y goûter une dernière fois ces ambiances si particulières. Il nous prend également l'envie d'envoyer un colis en France pour alléger nos sacs de nos souvenirs. Ça nous prend bien 3h car nous courrons dans les rues de la ville pour trouver une "etiqueta sanitaria" pour la Muña (tisane que l'on a achetée aux locaux du lac Titicaca). Comme il n'y a pas d'étiquette sur le paquet et que on sait jamais, pour la douane ça pourrait être de la coca, il nous faut cette étiquette sanitaire. Et c'est vraiment la croix et la bannière pour la trouver.
Un vrai jeu de piste. Après s'être perdus dans les allées du marché à demander à tous les locaux s'ils pouvaient nous vendre cette étiquette, une vieille dame nous met enfin sur la bonne voie : en fait il faut sortir du marché et c'est une boutique de la rue d'en face qui vend ces étiquettes. Quand on vous dit que c'est l'aventure tous les jours ! Ce qui est d'autant plus marrant dans notre périple c'est que nous croisons complètement par hasard, Hugo, un des copains que l'on a connu en Bolivie et avec qui on a fait un bon morceau de route. Il fait maintenant du volontariat pour la boulangerie Ray del Sol où nous avons adoré prendre nos petit-déjeuner. Le monde est petit.
Pas de doute, ces marchés colorés vont nous manquer ! |
Mission accomplie : notre colis est enfin posté, il n'y a plus qu'à espérer qu'il ne se perde pas en route pour la France. Nous quittons donc la ville par le bus de 17h30. On a un peu plus de 1000km à parcourir, alors cette fois on s'est fait bien plaisir avec sièges confortables et écrans individuels. Quitte à voyager la nuit autant en profiter. Mais ce qu'on avait pas prévu c'est la femme enceinte juste devant nous qui a littéralement dégobillé toute la nuit. Allez on met les écouteurs, le son à fond avec l'écharpe en masque. Joie et bonheur !
Lima, notre dernière étape au Pérou
Après notre nuit infernale en bus, nous arrivons à la capitale vers 11h. Nous allons y rester 2 journées avant de prendre notre vol, direction les USA. On avait lu que ça suffisait amplement pour visiter le centre ville de Lima.
Notre dernière étape commence bien, on prend le metropolitano à l'envers... Plus du tout habitués aux grandes villes développées, aux transports modernes, aux gens pressés et serrés, aux villes grouillantes de costards cravates, après plus de 2 mois passés en pleine nature, on est littéralement paumés. Comment ne pas appréhender notre voyage aux USA et plus tard notre retour en France ?
Les questions trottent dans notre tête sur la route de notre hôtel dans un quartier plutôt résidentiel plutôt éloigné du centre ville, où le logement est assez cher pour les voyageurs de passage. Il est malheureusement trop tard pour revoir Sonia et Vincent, nos copains rencontrés au Chili, croisés par hasard en Bolivie et revue à Cuzco. Ils s'envolent dans quelques heures pour la Colombie.
Cela fait bien longtemps que nous ne faisons plus de siestes après nos longues nuits de bus, pas de temps à perdre, on veut profiter au maximum avant que notre voyage se termine.
Notre première mission et donc de trouver une laverie pour nos fringues qui empestent la sueur de Colca, avant de se faire un bon Ceviche de poissons dans un restaurant du quartier bourrés de locaux un peu étonnés de nous voir débarqués ici. Car Lima est connu et reconnu dans le monde entier pour ses nombreux restaurants au top. Et vous nous connaissez, dès qu'il s'agit de bouffer, nous, on est là !
On visite ensuite le centre historique de la ville avec quelques jolies façades et des rues piétonnes plutôt animées. La Plaza Major de Lima est sympathique également mais l'ensemble manque un peu de saveurs locales. Ne serions-nous pas déjà nostalgiques ?
Qu'à cela ne tienne, après un tour chez le coiffeur assez épique pour Ophé (mais bon à 3€ la coupe, on ne peut pas être trop exigeant, et puis va expliquer ce que tu veux en espagnol, toi), on se dirige le soir dans un bar très typique pour y boire un dernier Pisco Sour et une dernière Cusqueña et y manger un peu. Tout est succulent ! A la table derrière nous, 3 gars s'endorment pour plus d'une heure ! Sûrement qu'ils ont trop bu. En tout cas, ils nous font bien rire.
Pour notre dernier jour au Pérou et comme la ville ne nous emballe pas vraiment nous décidons de traîner à l'appart jusque 12h. Bon choix, nous le partageons avec un péruvien très sympa que cette pause nous permet de rencontrer. Originaire de Lima, il habite maintenant à Miami. Ensemble, nous parlons du Pérou, de sa culture mais aussi des Etats-Unis : on trouve que la transition avec notre voyage approchant tombe à pic.
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Quand tout à coup, on entend ronfler derrière nous ! |
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Un dernier Pisco Sour pour la route |
On part ensuite vers le quartier Miraflores pour y déguster du "Cuy" frit (oui oui du cochon d'Inde) que seul Séb aura le courage de manger. Pas question de quitter le pays sans avoir testé ça ! C'est habituellement soit un plat de fête, soit le plat de base à la campagne (nous nous rappelons de tous ces petits cochons d'inde dodus élevés par la famille qui tenait un camping sur le trek de Choquequirao). Ce n'est pas mauvais, assez proche du lapin, même s'il n'y a pas tant de chose à manger dessus.
On déambule encore quelques peu dans Lima, vers l'océan où de nombreux parapentistes font des figures au dessus de la côte. Nous passons la fin de la journée au parc de la Reserva, et son Circuito magico del agua : des fontaines colorées dansantes, plutôt sympa, surtout de nuit. On retourne ensuite à notre hôtel pour préparer nos sacs.
Coucou, cuy |
Notre vol pour Los Angeles via Panamá est à 2h30 du matin ce qui nous laisse le temps d'aller à l'aéroport tranquillement. Plutôt que de prendre simplement un taxi conseillé par notre logeuse et le péruvien de Miami, nous faisons le choix de nous rendre à l'arrêt de bus le plus proche en pleine nuit chargés comme des mulets pour y prendre le premier bus blindé. C'est peut-être con mais nous on adore ces moments de douce galère pendant lesquels tu te fais débarqué à des arrêts non desservis et même pas indiqués sur les cartes et que tu ne sais même pas si tu vas avoir un autre bus pour t'emmener à l'aéroport et encore moins à quelle heure il va passer. Mais dans ces moments, on a appris qu'il y a toujours un ou plusieurs locaux prêts à te tendre la main pour t'expliquer (parfois en langue des signes) le chemin et te remettre sur la bonne voie, parfois même te faire goûter à manger. Donc non merci, pour nous pas de taxi.
Nous arrivons après un périple d'1h30 à l'aéroport de Lima. Prêts pour le décollage. Et pour le choc culturel. Déjà que quand on vient de France, les Etats-Unis ça surprend toujours, mais là après plusieurs mois déconnectés, on appréhende encore plus le choc.
En conclusion
Nous tirons donc un trait sur notre épopéruvienne. Mais un sacré trait, magistral, à l'image de notre voyage dans ces contrées incas qui nous ont tant bouleversés : du Lac Titicaca en passant par Cuzco et ses cités incas, ses randonnées difficiles mais tellement gratifiantes et pour finir la descente et remontée infernale du Canyon de Colca. Nous saluons aussi la douceur de vivre d'Arequipa, notre mal de cul légendaire suite à notre balade en bourrin, les sourires édentés des vieilles dames à chapeau melon dans les bus bondés, la coca qui nous a sauvé de maux de têtes d'altitude et qui nous a fait les dents vertes, les jolies rencontres qui se sont transformées depuis le retour en France en amitiés. Alors merci le Pérou et merci l'Amérique du Sud, nous nous sommes tellement gavés de tes paysages à tomber par terre et de tes cultures si particulières. Reste comme t'es !
Tunpananchiskama !
Tunpananchiskama !
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