Yellowstone National Park : au fond du cratère d'un des plus gros volcans explosifs au monde

Les cowboys et les indiens, ça va bien 5 minutes. Nous ce qui nous fout le frisson, c'est la nature sauvage et les grands parcs magnifiques. Allons visiter l'une des zones thermale et volcanique les plus active du globe, au fond de la gigantesque caldeira de Yellowstone.


Trois jours et demi à Yellowstone, ce n'est vraiment pas de trop ! Le parc est tout simplement immense. Nous y étions du 9 au 13 septembre 2018.

Carte officielle de Yellowstone National Park

Des cowboys aux bisons

Quitter Cody, fondée par le célèbre chasseur de bisons Buffalo Bill, pour nous rendre à Yellowstone où des troupeaux de cette animal non moins mythique se promènent librement a quelque chose de jouissif et de triste à la fois. Nous sommes heureux de pouvoir rencontrer ce ruminant faussement paisible, mais triste qu'il ne subsiste que dans ces réserves alors qu'il était largement présent sur tout le territoire avant la conquête de l'ouest. Toujours ce sentiment partagé sur l'action humaine qui n'a fait que se renforcer durant ce voyage d'un an.


Nous roulons vers le parc de Yellowstone, et arrivons par l'entrée est. Nous commençons donc par les vues panoramiques sur l'énorme Yellowstone Lake, au centre du cratère de 30 miles de diamètre (45km, mais qui atteint parfois jusqu'à 80km).

Maintenant que le décor est planté, nous allons vous en dire plus, le temps d'une petite sieste au bord du lac. Yellowstone c'est un peu le territoire des "plus" : c'est le plus vieux parc national créé aux Etats-Unis, en 1872, et c'est également l'un des plus grands (sa superficie dépasse celle de la Corse, autant vous dire qu'en 3 jours on n'aura pas tout vu). Le lac d'huile face à nous repose en fait 10km seulement au dessus de la plus grande chambre magmatique au monde, et nous réalisons que nous nous trouvons au bord d'un cratère dont les contours sont difficiles à imaginer tellement sa taille est démesurée.


Ce n'est d'ailleurs que dans les années 1960 que l'on se rend compte qu'il s'agit en fait d'une caldeira résultant de l'effondrement d'un volcan sur lui même : avant ça, l'endroit était tellement vaste que l'on pensait qu'il s'agissait d'un simple plateau géothermique et non d'un volcan. D'ailleurs, on sait maintenant que ce volcan a la mauvaise habitude d'être explosif. Et vu le trou il ne rigole pas : il y a 2,1 millions d'années, il a projeté des cendres que l'on retrouve partout en Amérique, il a remis ça il y a 1,2 millions d'années, puis il y a 640 000 ans. Bref, ça pète fort tous les 900 000 à 600 000 ans, et la dernière c'était il y a... 640 000 ans. Nous voilà rassurés : même si les spécialistes ne prévoient pas d'éruption imminente, le cœur de Yellowstone bat sous nos pieds et le sol s'élève (gonflement) ou descend (subsidence) de plusieurs centimètres chaque année (et ça s'est accéléré ces dernières années), au grès de l'arrivée du magma dans la chambre du point chaud.

Le grand lac de Yellowstone
La dernière éruption mineure date d'environ 70 000 ans, et le volcan est loin d'avoir dit son dernier mot comme en témoignent les nombreux geysers du parc. Allez un dernier chiffre pour la route, près de 3 millions de visiteurs viennent l'admirer tous les ans en faisant le parc le plus fréquenté, et moi et moi et moi.


En route, nous voyons nos premiers témoignages de l'activité géothermique du lieu : fumerolles, piscines de boues, flaques bouillonnantes. Nous rencontrons également nos premiers bisons et même un cerf et sa biche le long de la route. Le monde sauvage à travers la vitre d'une voiture : tout le paradoxe des parcs nationaux américains.

Quoi de plus classe qu'un Bison ?
... Un troupeau de Bisons !

Arrivés au camping de Canyon village où nous avions réservé, le ranger nous dit qu'on a le temps d'aller voir le canyon avant la nuit. On saute donc dans la voiture pour filer au point de vue Artist Point. Avec la lumière du soleil couchant, l'endroit nous offre une vue splendide sur le canyon coloré et la Lower Yellowstone Fall. C'est un des plus beaux canyons que l'on a vu. Malheureusement, les photos ne lui rendent pas tellement justice à cause du léger contre jour.


Il est malheureusement déjà trop tard pour voir les autres points autour, la nuit tombe et nous devons être à la douche avant 20h00 pétantes. Ce serait dommage de rater la douche chaude, car nous sentons nous aussi le bison après 3 jours de road-trip à l'hygiène douteuse (mais non, on a des lingettes dans la boite à gants) et avant une nuit qui s'annonce fraîche. Yellowstone est quand même un haut plateau dont l'altitude moyenne se situe à 2400m. Heureusement, en plus de notre tente-tempête, de notre matelas gonflable tout confort qui nous isole un peu du sol, nous avons investi dans des sacs de couchage supplémentaires.


Boucle Nord : 120km

Nous remballons la tente tôt pour aller au camping "first come first served" de Norris. Au bord de la route, deux bisons marchent paisiblement. Un panneau nous rappelle d'ailleurs que c'est eux qui font la loi ici : s'ils décident de manifester sur la route, ce n'est pas avec ton klaxon et tu arriveras à le faire bouger... "Expect delays". On y arrive à 9h et on fait la queue pour avoir notre emplacement... le temps de planter la tente il est déjà 11h.

On vous a déjà dit qu'il y avait des bisons ?
On part vers le nord pour faire une boucle de 120km. Ca ne semble pas énorme comme ça, mais il y a tellement à voir : après seulement 3 ou 4km, on s'arrête déjà à Frying pan spring (la source poêle à frire), puis ce sera Twin lakes et la Roaring Mountain (la montagne qui fait RRRrr)... avant de se retrouver bloqués pendant 30min dans des travaux. Des motards en Harley ont mis du rock à fond sur leur autoradio et dansent sur la route en attendant. So USA. C'est pas avec ça qu'on verra des loups.


Nous prenons notre désormais habituel casse-dalle boite de thon/parmesan à Sheepeater cliff, et nous faisons la petite marche le long de l'eau pour voir la falaise qui semble faite de palais empilés (un peu en mode Chaussée des Géants, mais pour les nains).

La chaussée des nains de jardin

Arrivés au coin nord-ouest de notre boucle (oui, le rond est carré, et alors ?), nous visitons Upper Terrace à Mammoth, avec notamment la superbe Canary Spring qui ressemble à une piscine à débordement montée sur une grosse meringue. Des arbres morts viennent compléter le décor dramatique et le soleil nous offre des effets de lumière extraordinaires sur ce paysage désolé. On cherche tous les synonymes de "beau", mais aucun n'est assez puissant pour décrire l'endroit.


Nous les voyons ensuite d'en dessous et un cerf patauge tranquillement au pied d'un ancien cône de hot spring.

Pâtisserie improbable plantée dans un décor superbement tourmenté
Source de mort pour les arbres, source de vie pour les bactéries thermophiles

Sur la route vers Tower, nous nous arrêtons aux chutes d'eau Udine falls et Wraith falls avant d'emprunter la "scenic Blacktail plateau drive". Cette dirt road de 7 miles de long se parcourt lentement en scrutant pour apercevoir des animaux, notamment le black bear. Pas la queue noir d'un ours, nous ne verrons qu'un bison (ça fait déjà blasés dit comme ça) mais la route reste très belle à faire.

Peu après, un arrêt rapide nous permet d'observer le petrified tree, un sequoia transformé en roche par le volcan. Nous n'avons malheureusement pas le temps (ni le bear spray) nécessaire à visiter Slough Creek où certains ont eu la chance d'observer des loups sauvages.

Pas fossile de dire quelque chose de drôle sur ce sequoia pétrifié

Sur la partie Est, nous nous arrêtons à Calcite spring et Tower fall, avant de rouler jusqu'à Canyon village pour retourner dans le canyon qui nous avait enchantés la veille. Nous n'y arrivons que vers 19h et le soleil est caché par des nuages. Nous n'avons donc à nouveau pas beaucoup de temps avant la nuit. Nous partons voir Brink of the Upper fall, un point de vue qui surplombe une belle cascade sur la Yellowstone river, puis une nouvelle vue plongeante sur la lower fall au fond du canyon. Un peu plus loin sur la route, nous arrivons à Red rock que nous nous contentons de voir d'au dessus, puis nous filons vers Inspiration point, un autre point de vue magnifique et bien nommé. Au retour, nous voyons le glacial boulder au bord de la route : c'est un énorme rocher amené au milieu de la forêt par un ancien glacier. Nous reprenons enfin la route vers notre camping de Norris, en roulant doucement au cas où un animal traverse la route et on croise d'ailleurs un cerf et une biche qui se promènent près du camping de Canyon village.

Au sud : Bateau à vapeur et piscine prismatique

Cette nuit, un gros bruit proche de celui d'un réacteur d'avion nous a réveillé vers 4h du matin et a duré plus d'une heure. Nous menons l'enquête en allant visiter le Norris Geyser Bassin à quelques miles de notre camping. Nous commençons par une boucle pleine de geysers fumants ou éruptants, de piscines bleues bullantes et de tapis de bactéries colorées qui aiment se la couler douce dans les jacuzzis acides des sources chaudes.


C'est le début de 2 jours dans les zones géothermiques les plus actives du globe. Un ranger nous explique le bruit qui nous a réveillé : le plus gros geyser du monde (excusez nous du peu) est entré en éruption pour la 18ème fois cette année  (et la deuxième fois en 3 jours, sachant que la période entre 2 éruptions se situe normalement entre 4 jours et. .. 50 ans, on mesure notre chance !). Son petit nom : le steamboat geyser, le bateau à vapeur en bon français, qui peut envoyer de la flotte bouillante à plus de 100m de haut. L'éruption en tant que telle dure environ 1h30 (assez pour réveiller les campeurs) mais il continue à pulser de l'eau et beaucoup de vapeur pendant environ 24h après son explosion, il est du coup encore très impressionnant quand nous arrivons à ses pieds.


Nous visitons le reste du plateau de geysers, dans un décor blanc planté d'arbres morts et parsemé de sources bouillonnante, bleues, oranges, vertes... Assis sur des sièges de mémères, nous rencontrons des geeks des geysers qui s'amusent à chronométrer le temps entre deux éruptions et à noter leurs trouvailles dans des calepins. Une activité intéressante s'il en est. Mais bon, la vue n'est pas dégueu alors on les comprend.

Nous reprenons la route et il y a maintenant beaucoup de monde, serait-ce l'effet steamboat et la nouvelle de son éruption qui a fait le tour du tout Yellowstone ? Nous, nous allons vers le sud. À Artist paintpot il y a la queue, nous passons notre chemin et nous nous arrêtons pour voir Beryl spring au bord de la route.

Des couleurs irréelles et toxiques

Plus loin, petit stop pour admirer les gibbon falls. On y voit de très loin un bald eagle, l'un des emblèmes des USA, avec sa tête blanche, posé sur la cime d'un arbre. Déjà l'heure du sandwich : nous mangeons à Madison après avoir vu le lac fumant de Penny pond.

On enchaîne sur une scenic drive dans le Firehole canyon, qui nous offre une vue sur les chutes de firehole falls. On a beau rouler doucement et s'arrêter longuement, pas d'animaux sauvages en vue cette fois, juste une nature merveilleuse qui nous appelle. Cette drive se conclue par les cascades of the firehole.

On fait le tour de fontain paint pots, un autre champ géothermal, avec notamment de belles bactéries orangées et 3 geysers capricieux qui s'arrêtent dès qu'on veut les prendre en photo (salauds !) et un gros vent froid désagréable.


Plus loin, le clou indétrônable et inénarrable de Yellowstone dans le midway geysers bassin : la Grand Prismatic Spring et ses corolles de couleurs arc-en-ciel magnifiques. Effectivement, cette décomposition de couleur semble sortie d'un prisme laissé au soleil. À côté d'elle, de belles piscines bleues et un cratère de geyser assez énorme, heureusement il dort pour le moment depuis plusieurs années. Nous allons ensuite nous garer pour faire une petite grimpette qui nous donne une vue plongeante au dessus de ce bassin fabuleux, on apprécie alors toute la beauté de la Prismatic pool et les mouvements des volutes de vapeur portées par les vents. Chauffée à 70°C, la plus grande source chaude connue aux Etats-Unis avec ses 112m de diamètre et 37m de profondeur grouille de vie, sous la forme de ces auréoles d'organismes thermophiles et amateurs d'eau soufrée dont la couleur éclatante dépend des différences de température autour de la marmite brûlante.

Over the rainbow

Nous rebroussons chemin au Biscuit bassin où l'on s'émerveille devant le bleu de la Sapphire pool qui nous donne l'envie de plonger. On se ravise quand on apprend que l'eau acide de ce bassin profond nous cuirait gentiment la couenne à 95°C. Sur le retour, il nous reste à faire la Firehole Lake drive avec quelques belles vues et un bison et Artist Paintpots que nous avions zappé le matin à cause de la foule. Nous faisons l'impasse sur monument geyser car il faut marcher et que nous avons la flemme peu de temps et sur la Virgina cascade drive.

Avouez que ça donne envie d'y tremper l'orteil

T'as voulu voir des geysers on a vu des geysers

Rien de tel qu'un bon flotouilli le matin, juste au moment de se lever, histoire de mouiller la tente qui n'est pas bien étanche avant de la remballer en catastrophe. Et puis on aime aussi quand ça s'arrête une fois que tout est rangé en boule dans la voiture... Quand nous quittons le camping, il y a un bison qui broute pépère devant la réception, normal quoi. Le ranger hilare devant notre sans doute improbable air circonspect nous demande si on veut le prendre avec nous, mais on n'a malheureusement pas la place dans le coffre. On se contente de sa photo qui pèse moins lourd.

Tout est normal... vous reprendrez bien une tranche de bison avec votre petit déjeuner ?

Nous reprenons la balade vers le sud commencée la veille en filant directement à Black Sand Bassin. Ici il y a à nouveau des piscines (ça devient lassant !), dont la Rainbow Pool qui n'est pas si Rainbow que ça parce que le soleil n'est pas au bon endroit, nous dit-on.


On traverse la route et on marche vers le plus gros et plus actif champ de geyser de Yellowstone, le Upper Geysers Bassin. On passe devant quelques trous d'eau fumante et geysers au moins aussi endormis que nous. En arrivant devant le cône du Grotto Geyser, on repère une nouvelle fane de geysers armée de son calpin et on lui demande de consulter l'application qui donne les prédictions d'heure d'éruption de quelques gros geysers du parc. Eh oui, c'est comme "pluie dans l'heure" de météo France, mais avec des jets de flotte bouillante. Il n'est pas toujours possible de prévoir une éruption, mais certaines stars du bassin sont heureusement presque réglés comme des horloges et bien surveillés. 


C'est le cas du Old Faithful (ainsi nommé parce qu'il est justement toujours fidèle au poste, toutes les 30 à 90 minutes). On voit qu'il doit péter 40min plus tard alors on y court. Pile poil pour le show. Ce n'est pas facile à décrire, alors onomatopons. Splotch ! v'là qu'il envoie de l'eau à 90°C à 50m dans le ciel pendant 3 minutes. Suivi directement par son compagnon le Beehive juste derrière qui dure plus longtemps (et qui pionce aussi plus longtemps après le boulot, 7 heure en général). Flouch ! 


Après manger on monte au Solitary geyser, seul dans la forêt, qui a commencé ses éruptions le jour ou quelqu'un de malin a voulu capter l'eau chaude de cette source. Depuis il fait une grosse bulle toutes les 5 minutes alors on attend un peu pour le voir. Prout ! Direction ensuite le Grand geyser prévu pour 15h +/- 1h (il sait garder ses mystères), on s'installe sur un banc et on attend sa mise en marche fumante qui arrive avec un petit quart d'heure d'avance. Pschitt! Celui là est très copain avec le Turban Geyser, car en fait en dessous c'est la même poche de flotte. L'eau monte petit à petit dans le Turban, ce qui déclenche le Grand qui ouvre le bal au début de la période d'activité du Turban, puis après quelques temps c'est le Turban, beaucoup plus petit et plus régulier qui reprend le flambeau et continue les hostilités pendant une ou deux heures. Tout se calme et le cycle recommence de 6 à 15 heures plus tard. 


Comme le Castle juste derrière, qu'on gardait à l'œil, est toujours calme, on y va tranquille et après 10min d'attente c'est un nouveau jet de vapeur et d'eau qui s'élève devant nos yeux englués de bonheur.  Pchhh ! Ce petit là peut durer une heure. Retour vers la voiture, nous repassons devant Daisy Geyser qui cette fois bouillonne, signe d'une activité prochaine : Schpritz !


On termine tranquillement la journée par le West Thumb bassin, situé au bord du lac et un peu moins impressionnant. Notons toutefois la jolie Abyss pool et ses 16m de profondeur, ainsi que Fishing point, un geyser sur la berge nommé ainsi car les pécheurs pouvaient directement y cuire leur poisson attrapé dans le lac sans l'enlever de l'hameçon. Pratique !


On plante la tente à Grant village, tout au sud du parc, où une douche chaude et une laverie nous attendent. Ca tombe bien, nous les attendions aussi. Une biche curieuse vient nous rendre visite sur notre emplacement et toute la nuit nous entendrons le brame des cerfs hôtes de ce bois dans le lointain. Magique conclusion de ce séjour dans la nature brute de Yellowstone.

1 commentaire:

  1. Magique meme pas besoin de faire bouillir l'eau pour les pâtes 😅🤣
    On sent tout de meme une petite note de nostalgie

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