En tutu kaki sur le Titicaca

Visiter le Titicaca, même si nous avions oublié notre tutu kaki, était une étape qui nous faisait rêver depuis longtemps. Voilà qui est fait !


Nous y étions du 26 juillet au 1er Août 2018.

Arrivée à Copacabana

Notre arrivée sur les berges du lac Titicaca, ce doux nom qui fait rêver et sourire en même temps se passe sans encombres. Et pourtant, ce n'était pas gagné surtout sur la fin du voyage. 

Pour rejoindre la presqu'île de Copacabana il faut traverser un bras du Titicaca. Après avoir serpenté pendant quelques heures à la sortie de La Paz nous prenons un bâteau (4 bob pour 2) pendant que le minibus traverse sur un bac de fortune qui ondule avec les vagues. Initialement, les personnes restaient sur le minibac en restant dans le bus mais un jour, le bac a finit par céder et tout ce petit monde a sombré dans le lac. Au final ils ont reconstruit un bac quasiment à l'identique (à peu de chose près aussi mal en point qu'avant) mais maintenant les personnes traversent dans un bateau qui a un peu plus de gueule. Et puis comme ça si le bac coule, seulement le bus coule et accessoirement le conducteur du bac (et nos sacs, restés sur le toit)... Malin !

Nous croisons les doigts pour que nos sacs arrivent de l'autre côté

Les contreforts du lac Titicaca sont magnifiques et changent complètement des paysages de montagnes que l'on a pris l'habitude de côtoyer ces dernières semaines. L'eau est d'un bleu nuit, le ciel d'un bleu profond est sans nuages et tout autour du lac, les collines fleurissent. Nous serpentons donc à 4300 m d'altitude sur les collines avec le lac en contrebas, quelques 500 m en dessous de nous. La vue est torride, nous tombons immédiatement sous le charme. 

Nous arrivons à Copacabana vers les 18h pile poil pour admirer le coucher de soleil sur cet immense lac. Le lac Titicaca, situé dans la cordillère des Andes, est traversé par la frontière entre la Bolivie et le Pérou. C'est le plus grand lac d'Amérique du Sud en volume d'eau et en longueur. Il est aussi considéré comme le plus haut lac navigable du monde (altitude : 3 812 m). C'est par ce lac qu'est née la culture aymara avant la colonisation et la christianisation. Il existe une légende en relation avec ce lac : le premier dieu Viracocha a surgi de ce lac et a créé le monde ainsi que toutes les civilisations des Andes. Accessoirement, c'est aussi là qu'officie maintenant le corps de la marine bolivienne... depuis que le pays a perdu son accès à la mer (et la région de l'Atacama) face au Chili en 1879 pendant la guerre du Pacifique.

Santa Maria de Copacabana

Une fois nos gros sacs posés on a légèrement la flemme de ressortir car l'hôtel est assez excentré et en plus on aimerait bien publier un article sur notre blog ce soir (preuve que notre tablette était vraiment merdique on en est toujours à publier des articles presqu'un an après y avoir été !). 

Bénie soit ma bagnole

Le lendemain, on essaye désespérément de publier un de nos articles sur la Nouvelle-Zélande. À midi, trêve de plaisanteries, on abandonne et on rejoint Max et Evelyne à la cathédrale devant laquelle se préparent les voitures pour leur bénédiction. La cérémonie n'est qu'à 14h, du coup on va au bord de l'eau pour manger une super bonne truite au stand numéro 12 (pour ceux qui veulent y aller). Même s'il parait que le lac est pollué à cause des nombreuses mines autour, la truite pêchée localement reste un grand classique de l'endroit, et est délicieuse. Quand on revient, il faut encore patienter presque 1h avant que le Padre et ses acolytes viennent bénir la cinquantaine de voitures et camions décorés de guirlandes, chapeaux, cravates et maquettes. Il passe avec un plumeau et un seau d'eau bénite et asperge l'extérieur, le moteur, le volant et les sièges. Les propriétaires se font ensuite prendre en photo en famille devant la bagnole, font péter des pétards, aspergent la carrosserie de bière ou de mousseux et balancent des confettis partout avant de repartir. La police fait la circulation. Étonnant et tellement surréaliste !

Tout pour décorer votre bagnole (avec goût)
Beau comme un camion !

Les gens viennent d'un peu partout avec leurs carrosses, et chaque année, les 5 et 6 août, il y a jusqu'à 50000 voitures venues du Pérou et de Bolivie. Imaginez le bordel ! 
On passe ensuite dans une petite chapelle où ils font brûler des bougies et écrivent sur les murs, pour que tout se passe bien sur la route.

Le Padre et son saint plumeau
Chapeau, cravate, rien n'est trop beau !
Ne pas oublier de bénir le klaxon, on ne sait jamais

Nous nous rendons ensuite à des ruines incas qui étaient apparemment un tribunal, et qui ressemblent plutôt à des roches un peu taillées dans un terrain vague sale. Pour finir en beauté, on monte (sec !) au Cerro Calvario, on est vachement essoufflés alors on prend notre temps !

El Cerro Calvario, le bien nommé

En haut du chemin de croix, des fidèles font des offrandes et brûlent des bougies. Ils peuvent aussi acheter des voitures mignatures ou des maquettes de maisons ou commerces en tous genre selon ce qu'ils souhaitent obtenir de la vierge de Copacabana, qui a l'air vachement matérialiste. Les asperger à la bière semble bien marcher aussi et des diseurs de bonne aventure lisent l'avenir dans le plomb en interprétant la forme prise en refroidissant, ou dans les feuilles de coca dans des rites mi andins mi cathos, mi pochtrons (il y a toujours de la bière en jeu). On attend un peu en haut puis on redescend pour le coucher du soleil. On mange une pizza avec Evelyne et Max mais ils seront malades le lendemain. Les malheureux avaient pris une limonade. Coïncidence ? Je ne crois pas ! On ne le dira jamais assez, la seule valeur sûre en voyage reste la binouze.

Mais bon, ça valait le coup d'en chier !
Une boutique à bénir ? pas de problème !

L'Isla del Sol en bateau 

Au petit matin, visitons le port...

El Sol y la Luna. Les femmes incas avaient des biscottos, fallait pas les emmerder !
On a trouvé la poubelle

Le lendemain on part de bonne heure pour l'Isla del Sol sans nos copains qui sont malheureusement KO. Après 1h30 de navigation, on débarque dans le sud de l'île du soleil, à Yumani. Sur cette île, même si les habitants vivent clairement du tourisme, les traditions nous paraissent bien conservées et c'est vraiment ce qui nous le plus plu dans cette région du Titicaca. On grimpe l'escalier Inca pour arriver dans le village depuis l'embarcadère, en faisant quelques pauses pour reprendre notre souffle et admirer la vue. On essaye quand-même de prendre le chemin vers le nord mais une petite vieille nous confirme que cette partie de l'île est fermée aux touristes à cause d'un conflit entre les communautés. Appelez Julien Courbet !

Taxi Romantico
Les pentes ont été façonnées par les hommes depuis des milliers d'années

On rebrousse chemin et on grimpe aux miradors sur le cerro Palla Khasa pour admirer l'île et la cordillère royale, magnifiquement enneigée. On se pause à une terrasse pour manger un menu avec une bonne soupe de quinoa et une truite à la plancha avec de la purée. Typique et tellement bon au soleil. Retour au port de Yumani pour prendre le bateau retour de 15h, on n'a pas eu le temps de voir les ruines de Pilko Kaine, 5h étaient trop court en prenant notre temps. On les aperçoit néanmoins depuis le bateau. Ophé, crevée par la marche en altitude, dort pendant toute la traversée retour. Le soir on mange avec Maxime seul car Evelyne est toujours bien malade. Nous passons donc notre dernière soirée en Bolivie après 3 semaines d'émerveillement. Il est toujours dur de quitter un pays qu'on a adoré en sachant que l'on y reviendra sûrement pas de si tôt.

Isla del Sol

En route pour le Pérou

Mais bon, ce qui nous console et nous excite c'est que l'on sait qu'ensuite il y a le Pérou. Nous quittons Copacabana pour Puno, au Pérou, donc, le matin, en bus. Les paysages défilent encore une fois à travers des vitres sales : moment nostalgie. On passe rapidement la frontière et on arrive vers 12H30 à Puno. Nous avons un petit coup de flip parce que le douanier ne nous donne pas le petit papier d'entrée que nous avions lu être obligatoire au moment de la sortie du territoire, sous peine d'amende et d'emmerdements. Renseignement pris, la loi a changé très récemment : ouf.

Bienvenido a Peru
On va voir une agence à la gare de bus qui nous propose 85 sols pour une excursion de 2 jours sur les îles Uros et nous file une réduction sur un hôtel. On va voir l'hôtel et on s'y installe pour 40s la chambre double : la bonne affaire sachant qu'on ne prendra pas l'excursion chez eux ; gros malins qu'on est ! Lessive rapide car on a comme qui dirait plus rien à se mettre, puis on part manger un bon poulet frites au centre et boire de très bons jus d'orange frais sur un stand de rue.

Comme on reste dans la culture andine et sur les berges du lac Titicaca, ce qui est bien c'est qu'on n'est pas trop dépaysés, pour une fois, tant au niveau culturel qu'au niveau des paysages et des populations. On visite un peu la ville, deux places et une rue piétonne plutôt mignonnes contrairement à ce qu'on avait lu, mais c'est vite vu. Sur la place principale, nous voyons pleins de drapeaux pour la fête nationale péruvienne qui s'est déroulée la veille, le 28 juillet : ratée de peu. Il y a beaucoup de fêtes courant juillet au Pérou donc on sait qu'on va forcément en apercevoir au moins une. On réserve l'excursion du lendemain près du port (115 s par personne, mais mieux ficelée que ce qu'on avait vu ailleurs) chez "Juan del Puerto" avec qui on sympathise bien : une partie de sa famille vit encore sur l'île d'Amantani, lui est parti faire du business en ville en proposant des excursions aux touristes. Quand il rentre chez lui, il remet son costume traditionnel pour honorer sa famille.

Lendemain de fête nationale, les drapeaux sont en place à Puno

On se balade dans le marché pour acheter de quoi petit déjeuner et pour offrir quelques légumes et fruits à la famille qui nous logera sur Amantani. On arrive enfin à publier l'article de blog sur la Nouvelle-Zélande (veinards). On ressort ensuite manger avec Max et Evy que l'on retrouve dans un bon resto presque gastronomique : le Pérou est très réputé pour sa gastronomie et pour ses chefs. Seb prend de l'alpaca et c'est bon, il goûte également l'Inca Kola, dont les andins raffolent, d'une magnifique couleur jaune fluo : pas une franche réussite. Ce soda est vendu quasi exclusivement au Pérou où il est la boisson gazeuse nationale. Son goût sucré ressemble pour certains à celui du chewing-gum ou bien à celui des petits oursons de toutes les couleurs de la marque Haribo.
Ophé prend une salade avec mangue, vinaigrette aux fruits de la passion, poulet croustillant et sésame et un brownie à la noix de pécan avec glace vanille. Ça faisait bien longtemps qu'on n'avait pas aussi bien mangé. Notre séjour au Pérou s'annonce bien.

Les îles d'Uros

Pour notre deuxième jour, on part vers 8h30 de Puno dans un bateau bien lent. Direction une île flottante des Uros nommée Sumamarka sur laquelle vivent 4 familles (20 personnes en tout). On est accueillis en Aymaran par des "Tamisalaki" (au début on a cru qu'ils nous parlaient d'une marque de feta bien connue, mais en fait ça veut dire "bonjour comment ca va ?") auxquels nous devons répondre Waliki (= ça va bien merci). Certains parlent aussi le quechua. Les femmes et filles sont habillées en habits colorés pour l'occasion. Il est très agréable de marcher pieds nus sur le tapis de roseaux mou qui forme le sol de l'île, on s'enfonce à chaque pas. Le guide nous explique comment sont fabriquées les îles : d'abord des blocs de terre tenus par des racines de roseaux sont découpées et ficelées ensemble pour former les fondations, puis des couches de roseaux (le Torora) coupés sont empilées par dessus. Le tout est ancré dans le lac avec des pierres pour ne pas dériver et se retrouver en Bolivie. Un an et demi de boulot pour une île qui dure environ 60 ans (mais qui peut brûler en 10 minutes à peine).

Petit cours où l'on nous donne la recette pour réussir son île flottante
Est-ce bien raisonnable sur un lit de paille ?
J'espère que vous n'aviez pas trop la dalle, c'est tout ce qu'on a trouvé
Les habitants vivent dans des huttes en roseau et sont principalement pêcheurs. Le poisson traditionnel natif du lac est le Karachi, la truite originaire du Canada n'ayant été introduite que plus tard par les argentins. Ils chassent aussi parfois des oiseaux qu'ils font sécher et ramassent des œufs. Nous avons croisé quelques cochons également, mais pas de jardins flottants comme au lac Inlé. Faudrait leur souffler l'idée. Ils font également de l'artisanat, qu'ils vendent aux touristes qui viennent 2 fois par mois selon un système de roulement pour répartir équitablement les revenus entre les 98 îles. Chaque îlot est représenté par un président et un chef est élu pour la communauté. Il subsiste des bateaux traditionnels en roseau à tête de puma, les balsa mais ils sont utilisés pour les touristes (en supplément) et rebaptisés "Taxi romantico" ou "Mercedes benz boat". Vu le système de rotation des touristes dans les familles, la visite d'un bateau est un petit événement et on assiste à un petit côté Disneyland propret dérangeant même si les îles sont magnifiques : dès que nous partons, les enfants quittent leurs robes colorées pour un jean sans doute plus confortable. Les îles ont d'ailleurs été déplacées par remorqueur près de Puno pour que l'accès des touristes soit plus aisé (30min de bateau)… Même si les îles sont effectivement jolies et qu'il est intéressant de découvrir les modes de vie grâce à un guide, on en attend un peu plus pour nous convaincre.

Aujourd'hui, l'intérieur des fagots de roseaux est rempli de bouteilles recyclées en flotteurs. C'est beau la modernité !
Idéal pour faire la sieste, bercé par les ondulations de l'île sur le lac
Quatre familles habitent ici

De jolies rencontres à Amantani

Après 3 nouvelles heures de bateau nous débarquons sur Amantani, la seconde plus grosse île du lac Titicaca après l'Isla del sol en Bolivie, à laquelle elle ressemble beaucoup. Là encore, la communauté s'est auto-organisée pour mettre en place un très intelligent roulement répartissant les revenus des touristes, refusant la construction des hôtels. Ainsi, toutes les familles qui le souhaitent en profite. Nous avons l'impression de retourner au lycée quand on nous attribuait les correspondants.

Nous sommes accueillis par Dionicios, le regard plein de malice et le sourire franc. Nous y serons logés avec 2 françaises Clémence et Mathilde. Dionicios nous amène chez lui et nous prenons le déjeuner avec lui et sa femme : au menu soupe de quinoa et patates avec des Occas (entre la carotte et le topinambour) et du queso grillé (qui couine sur les dents comme le haloumi chypriote) : délicieux ! Pour digérer, ils boivent du thé de Muña, une plante médicinale qui ne pousse qu'en altitude sur Amantani et Taquile et qui est bonne contre le mal de l'altitude et pour le ventre. Nous leur offrons l'ananas, les mandarines et les tomates que nous leur avons achetés la veille au marché. Ils parlent Quechua entre eux mais connaissent aussi l'espagnol. Ils nous expliquent qu'ils sont agriculteurs et artisans (lui fait des costumes traditionnels et elle brode et tricote des bonnets). Ils ont 64 ans et sont mariés depuis 42 ans. Ils nous expliquent que les mariages sur Amantani durent 3 jours et les 5000 habitants de l'île y sont conviés !

La maison où nous passons la nuit : il ne faut pas être trop grand pour passer les portes
L'arrivée des touristes, l'occasion pour les geek du village de tester un matériel peu présent sur l'île
Vue du temple Pachatata
Ensembles, ils ont 7 enfants, 4 garçons et 3 filles qui ont entre 26 et 42 ans et vivent presque tous à Puno. Eux vont très peu à Puno sur le continent, car la traversée coûte cher. Ils font partie de la communauté Ocosuyo (une des 9 de l'île). Chaque communauté élit un président pour un an (Dionicios a été président par le passé, la classe) et possède des habits qui lui sont propres. Sa femme possède elle aussi une très belle tenue traditionnelle dont la couleur de la robe fait référence à son appartenance à la communauté. Ainsi chaque communauté a une couleur de robe différente. Il nous raconte que le métier de Président était fatiguant car il lui fallait tout le temps parler avec les habitants de l'île. Son épouse nous confie qu'ils n'ont jamais vu le Machu Picchu mais qu'elle rêverait d'y aller. Et nous qui y allons pouvoir y aller dans quelques semaines... nous nous sentons mal à l'aise d'avoir ce privilège.

Dionicios et sa femme, en habits de leur communauté
Nous retrouvons ensuite notre guide pour grimper aux temples Pachatata (terre père) où il faut tourner 3 fois par la droite et faire des vœux et Pachamama (terre mère) où a lieu de grandes cérémonies d'offrandes une fois par an en janvier (avant ils sacrifiaient un lama pour la Pachamama, maintenant des feuilles de coca suffisent) et où nous allons rester pour admirer le coucher du soleil. Nous offrons des feuilles de coca à Dionicios qui prend tout le paquet et en file à ses copains. On a bien ri. Ici, quand deux hommes se croisent, on ne se salue pas en se serrant la main mais en tendant chacun son chapeau en feutre à l'autre pour y déposer une poignée de feuilles de coca.


Le guide nous explique les cultures en terrasse : l'île est divisée en 4 secteurs où poussent des patates, des occas et du quinoa, le 4ème étant laissé en jachère et où l'on élève les moutons. Chaque année, les cultures tournent d'un quart de tour pour ne pas épuiser la terre. Les habitants de l'île sont principalement végétariens et cultivent pour leurs propres besoins : les récoltes sont réparties entre chaque membre de la communauté selon ses besoins. Les champs ne suffisent toutefois pas et ils doivent quand-même acheter les produits qui leur manquent à Puno ou sur la péninsule proche. Décidément, cette communauté soudée et solidaire dégage une belle harmonie.

Temple de la Pachamama, au coucher du soleil

Nous admirons le soleil se coucher derrière les montagnes et le lac et nous redescendons à la frontale sur les petits chemins de pierre jusqu'à la maison pour le dîner : soupe de maïs aux légumes et riz avec des pâtes aux légumes et aux patates, encore une fois très bon. Nous ne nous rappelons malheureusement plus du nom de cet excellent plat. Après le dîner, Mama nous pare de ses plus beaux habits traditionnels : jupe, haut blanc brodé de fleurs, ceinture serrée et châle noir brodé sur les cheveux pour les filles, pancho coloré et bonnet péruvien pour Seb, et Dionicios nous accompagne à la fiesta. Tous les touristes sont là habillés en indiens et un groupe joue de la musique tellement traditionnelle comme "despacito et "bailla la bamba"... (comprenez l'ironie!). On "danse"/farandole avec notre hôte pour la forme, mais bon... nous ne sommes pas vraiment fans de ce côté club med.

Un ciel pur et plein d'étoiles, à près de 4000m
Dionicios, trop content qu'on lui offre une bière (et que sa femme soit restée à la maison et ne puisse pas le surveiller)
Avouez qu'on a au moins autant la classe qu'eux !

Le lendemain matin, debout à 6h30. Le petit-déjeuner est prêt : thé de Muña et genre beignets à la confiture. Il faut déjà leur dire au revoir : nous leur achetons de la muña et Ophé prend leur adresse pour leur écrire une carte postale. Ils étaient vraiment trop choux. "Ne partez pas, restez encore au moins 3 jours" qu'elle nous dit. De très belles rencontres que nous sommes tristes de quitter si tôt. Nous retiendrons de ce excursion les très beaux échanges avec nos hôtes (même avec nos rudiments d'espagnol et les leurs), la sérénité et le calme qui se dégage de cette île.

L'heure du départ

Taquile, au pas de course

1 heure de bateau plus tard nous débarquons au nord de Taquile que nous allons visiter en 3h chrono au pas de course. Nous prenons un sentier pavé qui longe la côte est de l'île jusqu'à la plaza de armas. On retrouve les cultures en terrasse et les eucalyptus, comme sur Amantani (le modèle de culture est très similaire). Sur la place, des habitants en habits boivent des bières puis jouent de la musique en dansant en ronde. C'est une fête pastorale qui a lieu tous les ans du 25 juillet au 5 août, pour une fois on ne l'a pas ratée !

Un mouton célibataire ?
À 10h il faut déjà repartir pour aller vers le restau où le guide nous donne quelques explications sur les coutumes de l'île et de ses 3000 habitants répartis en 6 villages (Taquile est la 3eme plus grande île du lac). Ici, on fait la fête une semaine pour chaque mariage et les vêtements renseignent sur le statut de celui qui les portent. Les hommes célibataires portent un bonnet à bout blanc et à gros pompon coloré (l'homme le fabrique pendant 2 mois), bonnet rouge pour les mariés et pour les bébés jusqu'à 5ans bonnet rouge et brun (en hommage à la Inca flower qui fleurit toute l'année sur l'île). Pour les femmes célibataires, gros pompons colorés sur leur écharpe noire, alors qu'une femme mariée aura des pompons plus petits et une jupe rouge. Meetic avant l'heure.

Coloré, mais un peu chiant à porter au quotidien

Les chefs de communauté portent un chapeau en feutre par dessus leur bonnet. Tous portent de larges ceintures serrées car ils transportent fréquemment des charges jusqu'à 50kg, les ceintures renforcent et protègent alors leur dos. La partie de la ceinture en laine de moutons rêche que portent les hommes mariés est faite par la femme avant le mariage : la laine est mixée avec ses cheveux et c'est un cadeau du mariage. Ici aussi, les hommes s'échangent des feuilles de coca pour se dire bonjour, qu'ils gardent dans un petit sac en bandoulière avec des pompons colorés, confectionné par leur femme. Pour finir nous assistons à une démonstration d'utilisation d'une plante, le Churo, qui est utilisée pour faire un shampoing naturel. La plante est broyée à l'aide d'un galet puis filtrée dans un tissu : ça mousse ensuite beaucoup ! Apparemment, c'est bon pour les cheveux gris des femmes et toujours utilisé pour laver la laine des moutons, qui en ressort plus blanc que blanc.


La truite pour le déjeuner est servie à 11h (!) et nous reprenons déjà le bateau à midi pour 3h de navigation jusqu'à Puno. Un peu dommage, nous aurions aimé pouvoir rester au moins 2h de plus sur le cailloux pour avoir le temps de visiter les ruines et autres. On a pourtant essayé de négocier avec notre guide pour qu'il nous laisse ici et qu'on se débrouillerait pour rentrer sur Puno le lendemain sur un bateau de pêcheurs. Il n'aime pas l'idée; il nous a amené ici donc il doit nous ramener à Puno. On est vachement déçus de cette partie de l'excursion.

Heure de la pause, heure de la pose.
 
Fabrication de lessive/shampoing maison
Au final et même si l'idée d'un truc organisé par une agence nous rebutait un peu, nous avons fortement apprécié l'expérience car nous avons appris beaucoup sur les coutumes et eu des échanges que l'on auraient peut-être pas réussis à avoir sans cela.

Nous arrivons à Puno vers 15h et retournons au même hôtel. Nous allons réserver des billets de bus pour Cusco le lendemain matin. Le soir, flemme d'aller en ville, on se fait un petit restau juste à côté de l'hôtel avec menu soupe pollo et maté de coca pour 3,5 soles (moins d'1€) : imbattable.

Sur le chemin de la gare routière, nous nous faisons des tartines et buvons un jus d'orange frais au marché. Aujourd'hui nous sommes le 1er août et nous entendons des pétards, sentons de l'encens et marchons sur des confettis ou des pétales jaunes dans les rues : renseignements pris, il s'agit du nouvel an andin et les gens font cela pour souhaiter bonne fortune à leurs commerces, tuktuks ou maisons. Nous arrivons à la gare routière à 7h45 mais le bus pour Cusco censé partir à 8h15 ne part pas avant 45. C'est un bon bus cama mais nous ne voyageons pas l'un à côté de l'autre. Déjà qu'on a eu de la chance d'avoir ces places hier en s'y prenant à la dernière minute en saison touristique, on ne se plaint pas. Allez en route pour Cusco, les lamas, les Incas et la vallée sacrée.

2 commentaires:

  1. Super les photos sont magnifiques ça nous donne envie d'aller voguer sur le lac à la rencontre de ces peuples qui semble hors du temps.
    Bises à vous

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  2. Merci Pap' ! C'est vrai qu'on a mis le paquet niveau photos, c'est pour ne pas que vous vous ennuyiez ;p
    Bisous

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