La Paz et la route de la mort : même pas peur

Mettons nous en route pour La Paz, l'autre capitale de la Bolivie (l'officielle, mais on ne veut pas vexer les habitants de Sucre).

Ce séjour de 5 jours à La Paz a eu lieu du 21 au 26 juillet 2018.

Notre minibus part à 8h du matin pour Cochabamba, on arrive à midi et demi. On prend un micro pour aller au terminal réserver le bus pour La Paz et déposer les sacs en consigne. Pour trouver les guichets qui proposent ce trajet, c'est fastoche : il suffit de suivre les gens qui crient "Lapalapalapaaaaaaaaz".

Le principal intérêt de cette ville est son marché gigantesque (un des plus gros d'Amérique du sud). On n'a pas beaucoup de temps alors on mange vite fait un bon pollo papas puis on fait l'allée des artisans où Ophé trouve enfin le sac de ses rêves qu'elle guettait depuis plus d'un mois. Une petite salade de fruits et un jus de banane plus tard, on retourne prendre le bus à 16h... pour 7h de route qui sont en fait 8h30 (375km, quoi).

Bullet Rajah n'a qu'à bien se tenir dans son camion Tata !
Dans le bus, ça caille et on sent qu'on reprend de l'altitude. Débarqués à La Paz à minuit 30, on trouve une auberge à côté de la gare routière en attendant de faire mieux le lendemain. Pour y arriver il faut monter des escaliers avec les sacs, à 4000m on en chie. Un avant goût de ce qui nous attend dans la capitale la plus haute du monde.

Au petit dej, dans une salle avec vue sur La Paz on retombe en enfance car il y a le livre de la jungle en espagnol à la télé : il en faut peu pour être heureux (Busca lo más vital nomás). On profite de la Douche Claude François avant de migrer vers un hostel plus central, le adventure brew, où l'on retrouve la bande au complet. 

Mais dites moi, qu'est-ce que cette douche ? Eh bien, en Bolivie et au Pérou le chauffe eau est souvent directement intégré au pommeau de douche. L'eau est soit bouillante soit gelée selon le débit choisi, mais surtout les robinets métalliques doivent être isolés avec du scotch sous peine de se faire électrocuter en les touchant car les fils électriques du chauffe eau sont souvent à nu. Une chose est sûre, ça réveille bien le matin !

Un beau spécimen de douche Claude François dans son milieu naturel. Le disjoncteur pas loin, au cas où.
Sur le coup de 14h on prend un des nombreux téléphériques de la ville pour grimper vers le quartier d'el alto. Nous y allons pour voir le marché, mais aussi et surtout pour rejoindre nos amis de l'île de Pâques Max et Evelyne qui sont à La Paz en même temps que nous.

 


Avec eux, nous allons voir le spectacle de chulitas wrestling. C'est un spectacle de catch amateur bien marrant en costume bien cheap de lucha libre et de Chulitas (les femmes andines). Tout est fait à l'arrache, avec l'estrade et le ring qui tombent en pièce (comme dans le "vrai catch", sauf que là ce n'est pas fait exprès et qu'il faut réparer) et la machine à fumée qui marche trop tard pour les entrées des athlètes. Dans les gradins et dans le carré VIP dans lequel nous sommes (des sièges de jardin en plastique) il règne une bonne ambiance, avec quelques locaux (burachos ?) bien à fond qui gueulent et osent même jeter des peaux de mandarine sur les "méchants". On s'est bien poilés et il y a même eu quelques figures pas trop ratées.

C'est qui la plus forte ?

On retrouve ensuite tout le groupe pour fêter les 23 ans de Juliette dans le café et le restau mexicain juste à côté de l'auberge. Mais pas trop tard quand-même car demain nous attend... La Route de la Mort ! (Ça fout les chocottes !)

La ruta de la muerte : même pas morts

Nous voilà levés à 6h pour être à l'agence Xtreme downhill à 6h45. Les vélos sont chargés sur le bus et nous prenons la route pour le point de départ de la death road à 4650m d'altitude au col de Cumbre. Surprise : on retrouve par hasard Vincent et Sonia que nous avions croisés à Pucon et avec qui on avait bien sympathisé. Au sommet, on prend un petit dej avec une vue sur les montagnes enneigées et la vallée. On s'équipe avec nos genouillères, coudières, combi et casque car on ne badine pas avec la sécurité. Sur son sac, Ophé découvre son nouveau nom : Ophetik Darnofs. Harnachés comme nous le sommes, vous comprendrez bien que l'appareil photo reste au chaud à l'hôtel. C'est donc des photos moches prises par l'agence ou au téléphone que nous vous montrerons pour illustrer ce passage.


Devant nous, plus de 60km de descente. Comme ça caille si haut, on a hâte de s'élancer sur la route macadamisée pour les premiers 25km, faciles. On double des camions, puis on arrive sur un petit passage technique sur des graviers le long d'un tunnel pour se mettre en jambe.


Puis commence la vraie route de la mort avec sa piste grossière et étroite et ses ravins à pic construit par des prisonniers de guerre paraguayens. Il faut rouler à gauche car le sens de circulation a été changé pour diminuer le nombre d'accidents : ainsi le conducteur peut mieux voir sa roue côté ravin. Lorsqu'elle était empruntée, plus de 300 personnes se tuaient chaque année dans ces lacets vertigineux, en faisant la route la plus dangereuse du monde. Tout au long de la descente, des croix marquent les endroits où des voyageurs ont perdu la vie. Heureusement il n'y a quasiment plus de circulation aujourd'hui car une nouvelle route plus safe a été construite, et nous sommes le groupe de cyclistes qui ouvre la route.

Le premier qui lâche a perdu

Les guides ne pressent pas à la vitesse et Ophetik, suivie par la voiture balais, peut prendre son temps derrière et admirer le paysage. Elle voit d'ailleurs de nombreux papillons colorés et des vautours qui attendent sans doute notre chute.

RIP

À plusieurs endroits nous faisons des pauses photos et bouffe. Certains font même de la tyrolienne au dessus du ravin. Au bout de 40km de piste qui tape fort dans les bras malgré les suspensions, on arrive en bas à Yolosita à 1100m d'altitude. Un aspect super intéressant de cette aventure est de voir les paysages changer au fur et à mesure que nous perdons de l'altitude des montagnes pelées enneigées à une végétation pré amazonienne. Plus on descend, plus on doit enlever des couches. Il faut toutefois garder une combi et les protections en cas de crash. Ceci dit, au final, pas de gros gadins à signaler : Coco s'est vautré et a pété son téléphone et un belge a eu une casse de dérailleur mais tout s'est bien fini.

Tranquilou, Ophé qui hésitait à venir la veille finit par kiffer sa descente

On se pose dans un café le temps (long) de nettoyer les vélos. L'occasion de passer du temps avec Vincent et Sonia et de se raconter nos aventures respectives depuis Pucon, et de goûter une bière locale bien fraîche et bien méritée. Petit à petit de nombreux autres groupes de vttistes arrivent et les guides prennent l'apero tous ensemble. On reprend ensuite le minibus pour aller dans un hôtel avec piscine pour manger. L'eau de la piscine est trop froide pour se baigner et le temps se couvre. Un petit regret : on rate notre occasion de prendre une bonne douche chaude à l'hôtel. Cette excursion avec Extreme Downhill était vraiment chouette, et la bonne humeur du guide belge francophone y est pour beaucoup. Nous aurions toutefois préféré passer un peu moins de temps au café et un peu plus au bord de la piscine, une fois en bas. La route retour sur La Paz est bien longue et tortueuse et parfois un épais brouillard nous enveloppe (rassurez vous, on prend la nouvelle route, pas la route de la mort) : on arrive vers 21h, nazes. Un empanada et au lit !

Photo finish pour Ophé
Nous sommes 2 dans un dortoir de 10, ça paraît trop beau... un groupe d'Argentins sans gêne débarque à minuit alors qu'on dormait profondément et fait du boucan comme s'ils étaient dans leur salon, Seb gueule pour qu'ils la ferment.

Repos !

Enfin on aimerait bien... car, le lendemain, rebelotte : le groupe se lève à 6h allume la lumière et parle fort. Ils mettent 2h à faire leurs sacs en parlant et laissent la salle de bain dégueulasse. Ça valait vachement le coup de vider vos sacs pour une nuit, bande de nuls ! 
On prend notre dernier petit dej avec nos amis que nous suivons depuis le salar d'Uyuni. Ils partent pour l'Amazonie l'aprèm et, nous, nous nous dirigeons vers le lac Titicaca.

On ne fait pas grand chose ce jour là, on a mal partout et nos corps nous réclament un peu de calme ! On va manger un truc vite fait, puis on se content d'un petit tour dans les marchés artisanaux et aux sorcières, pas loin de l'auberge. On y trouve notamment toutes sortes de plantes, de pierres et... des foetus de lama séchés, que les andins enterrent sous les fondations des maisons pour conjurer les mauvais sorts. Pensez-y la prochaine fois !

Le petit rémouleur du coin de la rue
Combien pour ce fœtus de lama porte bonheur ?
On retrouve ensuite Kim, on amène nos sacs chez le couturier pour y mettre les patchs de chaque pays. On a bien essayé de les coudre nous même mais à raison de plus d'1h de boulot par drapeau on y serait encore. Avec une machine et du talent, c'est déjà plus rapide ! Puis on va visiter le musée ethnologique et folklorique de La Paz. Ce musée est très intéressant et nous a bien plu. En rentrant, on va manger au mexicain la cueva à côté de l'hôtel avec Max, Evy et Kim.

Allons voir si le diable se brosse bien les molaires

Nouveau jour : le matin, on essaye d'avancer sur le blog et sur le planning des États-Unis.

Evy et Max nous rejoignent à midi et demi et on essaye de trouver un bus pour la vallée de la luna ou la muela del diablo (la molaire du diable). Nous avons pas mal d'infos contradictoires quant au bus à prendre et l'endroit où il est supposé passer. Au bout d'une bonne heure de galère à lire toutes les plaques des bus, on aperçoit enfin un bus pour Pedregal. On y saute et on y arrive en 45min à destination.

Deux amis, sur le chemin

Le micro s'arrête en bas de la pente et on finit la montée entre les habitations puis sur la piste qui va à la molaire à pieds. Il fait bien chaud et on est essoufflés comme des phoques. Comme d'habitude deux copains chiens nous suivent toute la balade, dur de s'en débarrasser.


Arrivés en haut, on prend le chemin qui longe la molaire au lieu de celui qui y monte. Nous sommes entourés de montagnes colorées et de cheminées de fées impressionnantes. En plus, on surplombe La Paz, ce qui nous offre une jolie vue de la capitale. On s'attendait par contre à plus de vue sur les sommets à 6000m qui nous dominent, proches. Quelques maisons isolées se situent là et les habitants vivent de l'élevage. 


Pour le retour, nous décidons de ne faire qu'une partie du trajet en minibus jusqu'au téléphérique, puis on enchaîne les lignes verte et celeste. Ce moyen de transport est parfaitement adapté à cette ville qui s'étend sur des pentes raides et qui est souvent très embouteillée. Les cabines survolent des quartiers riches avec des maisons avec piscines et des endroits plus pauvres. Nous découvrons ainsi la ville autrement, vue du dessus. Cerise sur le gâteau, une belle vue sur les montagnes au soleil couchant. On ne peut que conseiller de prendre ces oeufs colorés. Max et Evelyne ont d'ailleurs profité de leur long séjour à La Paz pour faire toutes les lignes.

La molaire

Le soir, on mange au restaurant italien Berlusca que nos amis nous ont conseillé, un burger trop bon, des pâtes au pesto maisons et tiramisu.


Quitter La Paz

C'est notre dernier jour dans cette ville, alors on profite de la matinée pour aller voir la rue colorée Jaen calle où il y a les musées. Cette rue est un reste bien restoré du vieux La Paz colonial. On était passé pas loin sans la voir quelques jours plus tôt, alors il fallait y retourner ! En plus comme ça Ophé a pu se trouver une belle paire de boucles d'oreilles artisanales en cuir.

Les cireurs de pompes ont tous des cagoules, on n'a pas l'explication

On rentre par la place principale où il y a de beaux bâtiments officiels mais aussi des bâtiments délabrés, certains avec des impacts de balles et plein de pigeons. Il y a beaucoup de vie locale sur cette place et nous y restons un moment à observer les gens : des femmes très belles au visage très marqué, des enfants qui achètent du maïs pour nourrir les pigeons... À côté de l'église San Francisco, il y a une fête pour l'entrée à l'universidad avec des danses et des fanfares. Le tout au milieu des cireurs de pompe masqués.


On avale un pain au queso et on prend un micro pour se rendre au cimetière d'où partent les minibus pour Copacabana. On est coincés dans les bouchons et on doit finir la grimpette à pieds en vitesse avec les gros sacs, dur ! Mais au moins, on ne rate pas notre minibus qui part à 14h30 (40 bob pour 2). Bon à savoir : il fait une petite escale à la gare de bus de el alto : si on avait su, on aurait pris le téléphérique rouge + bleu et on aurait attrapé un bus ici directement, on aurait gagné une heure de bouchons...

Pour rejoindre la presqu'île de Copacabana il faut traverser un bras du gigantesque lac Titicaca. Nous descendons et nous prenons un petit bateau (4 bob pour 2) pendant que le minibus traverse sur un bac de fortune qui ondule avec les vagues. On se dit qu'il y a dû y avoir quelques bus qui ont fini au fond de l'eau... mais le nôtre (avec nos affaires sur le toit) débarque de l'autre côté sans encombre. Cela nous permet d'arriver à Copacabana à 18h15 pour voir le coucher de soleil sur le lac. On a la flemme de ressortir et on mange à l'hôtel qui est à 1km du centre ville, on espère aussi publier un article ce soir là... mais ça, c'est pas gagné.

2 commentaires:

  1. Enfin je pensais que vous aviez renoncé à poursuivre.
    Très bon article. Mais c'est quoi les micros?

    RépondreSupprimer
  2. Les micros, ce sont les minibus au Pérou et en Bolivie ! Ils crachent tous de la fumée bien noire ;)

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.