Chilote attitude : l'île de Chiloé et ses églises classées

Malgré la météo moyenne annoncée, nous descendons encore au sud pour visiter l'île de Chiloé. Du plat pour nous remettre de notre ascension du volcan de Pucon, ça ne nous fera pas de mal. En plus, il paraît que l'ambiance y est particulière et que ses églises classées au patrimoine mondial valent le détour. ¡ Vamos !


Nous avons exploré Chiloe et Puerto Montt du 2 au 5 juin 2018.


Castro, centre de Chiloe

Chiloé n'est pas la porte à côté. Il nous faut nous lever tôt et porter notre sac dans l'air froid de Pucon pour sauter dans un bus à 7h du matin. Le bus a l'avantage d'être direct jusqu'à Castro, principale ville de l'île et notre destination. Arrivée prévue vers 16h, eh oui, l'Amérique du Sud, c'est pas tout petit !


Comme c'est une île, on prend un petit ferry pour traverser : en fond, une chaîne de volcans aux pentes enneigées. Ce trajet nous permet de travailler notre espagnol puisqu'un DVD tourne pendant tout le voyage. Nous regardons 4 films que l'on comprend plus ou moins bien mais qui entraînent nos oreilles, dont Kung Fu Panda 3 et un chef d'œuvre avec JCVD.


Nous arrivons à la nuit presque tombante dans notre "auberge". Hors saison, beaucoup d'hôtels étaient fermés et les prix sur Chiloé nous paraissaient exorbitants (presque le double de ce que nous avions vu ailleurs au Chili). Nous avons donc fini par trouver une chambre chez un particulier, chère mais un peu moins que les autres. Nous arrivons et un vieil homme boiteux vient nous ouvrir. Nous avons beaucoup de mal à communiquer avec lui : notre espagnol est encore très limité, il a un sacré accent et pour ne rien arranger à sa diction, il lui manque la moitié des chicots. On comprend qu'il veut qu'on lui règle très vite les 3 nuits et il se détend un peu et nous montre la maison. Enfin, si on peut appeler ça comme ça.


On sent qu'il vit avec très peu et que sa patte folle ne lui permet pas de s'occuper du ménage et du rangement. La cuisine est rudimentaire et crade, la salle de bain glaciale et sale (il nous montre quand-même comment allumer un vieux chauffe eau à gaz pour avoir un filet d'eau chaude, youpi) et notre chambre est à l'image du reste : il y fait 10°C et le ménage n'a pas dû être fait depuis un moment. Il vit en doudoune toute la journée dans une petite pièce qu'il chauffe au bois, le conduit de cheminée ne suffit pas à chauffer l'étage où se trouve notre chambre. Une fois de plus, on se demande pourquoi les chiliens ne connaissent ni l'isolation ni le chauffage alors qu'ils ont un vrai hiver... Mais bon, même si c'est l'un des pires logements depuis notre départ, on ne dit trop rien et on ne mettra pas de commentaire sur booking à ce descendant d'immigré allemand car nous sentons que c'est sa seule source de revenus et qu'un commentaire négatif pourrait le plonger vraiment dans la misère. En plus, même si nous avons du mal à nous comprendre, il est finalement plutôt sympa : il nous donne quelques tuyaux pour visiter l'île et finit par nous dire "mi casa e tu casa" (au Chili, les S finaux ne sont pas prononcés) avec un sourire édenté.


Une fois installés dans notre palais, nous profitons des dernières lueurs du jour pour aller vers le centre de Castro. Nous longeons l'eau puis arrivons sur la plaza de armas où se dresse l'impressionnante "iglesia san francisco", classée à l'Unesco depuis 2000 comme 15 autres églises jésuites en bois des environs. Nous entrons à l'intérieur et découvrons un plafond en bois magnifique, éclairé par les éclats colorés des vitraux éclairés par l'extérieur. On voit ici tout le savoir faire des charpentiers des chantiers navals chilotes. C'est aussi la seule à avoir deux clochers. Elle a brûlé une paire de fois, et a également souffert des tremblements de terre courants dans la région, mais fût toujours reconstruite. Cette église est un véritable bijou et son intérieur chaleureux nous a vraiment émerveillé.

La plus belle des églises classées de Chiloe
Intérieur cosy tout en bois, avec de beaux jeux de lumières

Nous tournons dans le froid de la ville en quête d'un resto pour nous accueillir et où nous pourrions nous réchauffer. Mais beaucoup sont fermés ou pas franchement engageants. Au bout d'une petite heure, nous abandonnons et finissons pas jeter notre dévolu sur un stand d'empanadas très bons, mais situé dehors, sous des arbres plein d'oiseaux qui nous canardent de déjections et entourés de chiens qui lorgnent sur notre bouffe.


Puis nous retournons dans notre chambre froide pour la nuit, après avoir courageusement pris une douche tiède ultra-rapide car il ne doit pas faire plus de 10°C dans la salle de bain. La sensation de ne jamais pouvoir se réchauffer est désagréable et même en quittant nos doudounes pour nous lover dans nos sacs de couchages sous des épaisses couvertures nous avons du mal à trouver le sommeil.

Le lendemain, nous nous levons et constatons qu'aucun radiateur n'est apparu pendant la nuit. Heureusement, un beau soleil nous attend dehors !

Maison chilote typique

Nous allons donc voir Castro de jour : nous passons près d'un stand où les poissonniers s'activent déjà sur la pêche du jour pour la transformer en ceviche top fraîcheur et autres mets appétissants.


Nous allons voir les Palafitas depuis un point de vue. Ces maisons de pêcheurs en bois, construites sur pilotis et peintes avec les restes de peintures des bateaux sont une des spécificités et fiertés de Castro.


Nous remontons ensuite vers la plaza de armas pour voir l'église de jour et nous tombons nez à nez avec une procession religieuse qui fait le tour de la place. Les messes sont ici très suivies, comme dans toute l'Amérique Latine.

Pour continuer cette belle journée, nous montons dans un bus local pour la petite ville de Dalcahue, située un peu plus au nord. Notre hôte nous a en effet indiqué qu'une feria artisanale y avait lieu.

J'ai mis mon bonnet !

Dans une belle halle au bord de l'eau des mamas chiliennes tricotent des pulls, panchos et bonnets en laine qu'elles vendent à côté d'objets souvenirs sans doute moins typiques. Ça tombe bien, Seb a perdu son bonnet le bus pour venir : une vendeuse lui met un beau bonnet à pompon sur la tête avec un grand sourire, vendu !

A côté, un autre bâtiment en bois en forme de bateau, plein de stands de bouffe et d'où s'échappe de la musique rappelant les fêtes de la bière attire notre attention. Nous y dégustons un bon saumon à la plancha, l'une des spécialités de la cuisine chilote, assez variée par rapport au reste du Chili.


Autour de l'île, de nombreuses fermes de saumon d'élevage produisent de bons poissons frais. Nous n'avons pas osé tester les autres spécialités du coin, pas super diététiques : le curanto (plat à base d'un mélange de moules, coques, saucisses, lard, poulet, chapalele, pomme de terre, etc. cuit au sol sur des pierres chauffées à l'étouffé sous de grandes feuilles ou à la cocotte, BIM) et le cancato (filet de poisson couvert de fromage, de tomate, d'oignon et de saucisses, REBIM).

Dans la ville, pas très vivante en dehors de la feria, nous voyons de belles maisons typiques aux murs en écailles de bois colorées, ainsi qu'une autre église classée, "l'iglesia de nuestra señora de los dolores" de Dalcahue. Malheureusement, nous ne pouvons l'admirer que de l'extérieur car elle semble fermée hors saison.

La belle église de Dalcahue
C'est fermé, alors il ne nous reste plus que le trou de la serrure pour voir l'intérieur
Au retour, nous demandons au bus de nous arrêter en plein milieu de rien, devant le cimetière de Putemùn. Que faisons nous là, nous demanderez-vous ? Notre logeur nous a dit que des flamands roses faisaient en cette saison une halte au bord de l'eau à cet endroit précis. Nous avançons vers une cabane d'observation ou quelques chiliens sont déjà en train d'observer ces beaux oiseaux qui parfois s'envolent en groupe, tournent au dessus de nous et se reposent un peu plus loin. Nous regrettons de ne pas avoir un plus gros zoom pour immortaliser ce spectacle. Seb a bien essayé de s'approcher mais a vite renoncé quand son pied s'est enfoncé dans une sorte de marais herbeux. Super, un pied mouillé et froid pour le reste de la soirée et toujours pas de chauffage pour le sécher dans notre chambre !


Pour nous consoler, nous allons faire des courses pour préparer une bonne ratatouille maison accompagnée de bière du coin et nous craquons pour une part de gâteau au coulis de framboises. Miam !

 Parc national de Chiloe

L'île de Chiloe est assez étendue. En 2 jours, nous n'avons donc le temps que d'effleurer les merveilles que l'endroit nous offre. En même temps, après avoir fait le tour des quelques agences ouvertes pour demander s'ils proposaient des circuits en bateau pour découvrir les églises classées ou autre, on s'est bien rendu compte que hors saison et un week-end, il n'y a pas beaucoup de choix : beaucoup d'activités sont tout bonnement fermées jusqu'au printemps.


Nous prenons donc un bus pour le parc national de Chiloe. Nous nous y promenons pendant près de 3 heures, sur des chemins et des pontons en bois à travers la forêt dense. Nous n'y croisons que peu de bipèdes et, étonnamment, la majorité de ceux que l'on croise sont des français.

Je sais pas vous, mais moi je lui trouve comme un air Tempual à cette forêt
Comme Chiloe est une île, son isolement et son climat à part ont permis à une faune et une flore endémique particulière de se développer. Nous verrons surtout la forêt humide de bord de mer, appelée Tempual forest. Pas de zorro chilote (une espèce de coyote local), ni de baleine au large : les bestioles les plus exotiques que nous croisons sont un troupeau de paisibles vaches, sur la plage.

La Vache Mambo

Sur le chemin du retour, nous faisons un petit arrêt à Chonchi, dont l'église en bois est également listée à l'UNESCO. L'intérieur est moins impressionnant que dans celle de Castro, mais sa voûte étoilée est quand-même sympa. Puis nous rentrons faire des courses pour manger : cette fois, on prend 2 parts de gâteau, parce que c'était trop dur de partager hier !

La Iglesia Nuestra Señora del Rosario, ou Iglesia de San Carlos Borromeo à Chonchi

 ¡Vamos a la Argentina !

Allez, on a assez vu le Chili pour le moment, il est l'heure de passer du côté argentin. Problème, il n'y a pas de bus direct depuis Castro. Nous partons donc pour Puerto Montt à 10h50, et on arrive à 13h59. Evidemment, le dernier bus pour San Carlos de Bariloche part à 14h et nous le voyons démarrer sous notre nez quand on descend à la estacion de autobuses. Nous voilà donc bloqués à Puerto Montt, qu'on nous a dépeint comme sans intérêt.

Et effectivement, c'est une ville plutôt moche. Comme nous n'avons pas de wifi disponible, on tourne pour trouver une auberge et finalement une dame nous rattrape dans la rue pour nous proposer une chambre dans sa maison à 16000$ (quand même 22€) pas loin de la bus station. Comme on n'a pas des masses d'options et que les quelques portes que l'on a poussées étaient plutôt plus cher que ça, on accepte. Elle a deux gros chiens qui bavent et parle super bien anglais.

Elle nous donne quelques tuyaux pour manger et occuper notre après-midi. On va donc à Angelmo voir la feria artisanale. On se retrouve dans le coin du port avec son marché aux poissons et ses nombreux restos. Vu qu'il n'y a pas grand monde, une nuée de rabateurs fondent sur nous, comme on adore ! On finit par déguster une bonne merluzza frita dans le seul resto qui ne nous a pas sauté dessus, tenu par une petite mamie à l'air adorable.

Moules séchées et bien plus
Un magasin de Gaucho (le cow-boy latino) : ici, tout pour votre canasson

On passe ensuite un bon moment à regarder les lions de mer, les pélicans et les vautours se battre pour quelques restes de poiscailles laissés là au retour des bateaux ou dans les poubelles des bouibouis.


Le soir, on ne sait pas trop où on va aller ensuite... on hésite entre Bariloche et El Bolson et on se décide finalement pour El Bolson. Dernière nuit au Chili, malgré nos sacs de couchage et des couettes supplémentaires, la chambre n'est encore une fois pas chauffée et glaciale, ce qui n'est décidément vraiment pas agréable !

Notre conclusion

Chiloe est une île bien à part dans ce grand Chili. L'ambiance y est différente et les coutumes locales et spécialités architecturales et culinaires sont ici plus fortes qu'ailleurs. De ce point de vue, on a retrouvé un peu ici ce qui nous avait semblé manquer lors de nos autres étapes chiliennes.

Cette spécificité se retrouve aussi dans l'histoire de Chiloe puisque les chilotes ont longtemps résisté à la colonisation espagnole. La vie a ici un autre rythme.

Seuls petits bémols : on a vraiment eu froid les nuits dans les logements que nous avions choisis (les seuls abordables et ouverts) et beaucoup d'endroits, y compris les fameuses églises classées au patrimoine mondial, étaient fermés car nous étions en basse saison. Ceci dit, en haute saison il y a vraiment de quoi faire à Chiloé : randos, nature et faune, églises, tours en bateau... il faudrait y passer 1 ou 2 semaines pour tout voir.
 

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