Buenos Aires, capitale européenne de l'Argentine

Nous quittons les baleines de Puerto Madryn, et après 20 heures de bus (oui oui ne changez pas de lunettes vous lisez bien !), nous voilà nouvellement débarqués à Buenos Aires, la capitale de l'Argentine. Avec ses 18 000 000 d'habitants, banlieue comprise, on est vraiment curieux de découvrir ce que signifie la "buena onda", la "dolce vita" pour les italiens, à l'échelle de cette mégalopole.

Nous y étions pour quelques jours du 15 au 20 août 2018. Et c'était vachement bien !


Bienvenido a Buenos Aires

Notre hôtel est situé dans le quartier de San Telmo. Ce quartier est un des plus anciens de Buenos Aires. Très bien conservé, il permet d'admirer des bâtisses coloniales, en déambulant dans ses rues pittoresques souvent recouvertes de pavés.


Avec ses nombreuses églises, ses petites places, ses petits cafés de quartier aux ambiances de troquets parisien, nous sommes dans le quartier bohème de la ville, l'alter égo du Montmartre parisien. Ce n'est pas pour rien que Buenos Aires est souvent décrite comme étant le Paris de l'Amérique du Sud. On s'en rend effectivement compte dans ce quartier comme plus tard dans de nombreux autres de la ville.


Nous parcourons les rues de San Telmo jusqu'à arriver à la Plaza de Mayo (à prononcer "Machhho" pour être bien en phase avec l'accent argentin). Sur cette place se trouvent les principaux monuments et centres de décision de la ville : le Cabildo (ancienne municipalité), la Casa Rosada (où réside le Président de la République), la cathédrale métropolitaine, l'édifice du gouvernement de la capitale ainsi que le siège central de la banque nationale du pays. C'est aussi la place sur laquelle ont lieu une grosse partie des manifestations à caractère politique. Un peu comme la place de la République à Paris donc.


En baissant les yeux, nous voyons des graffitis représentant des femmes sans visage avec foulard entourant leur tête et noué sous le menton. A bien y réfléchir ce n'est pas la première fois que nous voyons ces graffitis en Argentine. On commence à se dire que c'est quelque chose d'important. C'est en faisant un tour guidé dans la même journée avec Tour4tips que nous apprendrons qu'il s'agit du symbole de l'Asociacion Madres de la plaza de Mayo. Depuis 1977, les femmes de cette association manifestent avec des châles blancs sur la tête (qui représentent le lange de leurs enfants) chaque jeudi sur la plaza de Mayo, et plus largement à travers tout le pays, pour dénoncer la disparition de leurs enfants sous le très dur régime de dictature qu'a connu l'Argentine entre 1976 et 1987, puis l'impunité des bourreaux après le retour de la démocratie. Environ 30000 personnes ont été torturées et assassinées par les militaires, notamment dans los vuelos de la muerte où les victimes étaient droguées avant d'être jetées vivantes d'un avion dans le fleuve ou la mer. Les militaires ont bien essayé de faire cesser ces manifestations (plusieurs fondatrices ont d'ailleurs disparues), mais les mères étant très respectées dans la culture latine le régime n'a pas osé s'y attaquer frontalement. Elles ont d'ailleurs dû trouver des stratégies pour manifester sous la dictature : comme tout rassemblement de plus de 3 personnes était interdit elles se promenaient par 2 et en silence. Un courage qui éclata au grand jour lors de la Coupe du monde de football de 1978, la télévision hollandaise décidant un jeudi de montrer la marche de las Madres plutôt que de diffuser un match.

On se dirige ensuite vers la rue Lavalle (à prononcer "Lavachhé" pour être bien en phase avec l'accent argentin), la rue ou plutôt le quartier des commerces européens de la ville. C'est immense et on s'y perd un peu. Des "arbolitos" nous abordent tous les 5 mètres. Mais qu'est-ce qu'un "arbolito" ? Un "arbolito" mesdames et messieurs est un petit arbre si l'on prend la traduction littérale. Alors là il y a deux options : soit vous pensez que l'on a trop fumé parce qu'écrire qu'on se fait aborder par des arbres dans la rue est effectivement perché. Ou alors vous nous faîtes confiance et vous attendez la suite de l'explication. Avouez que vous faites plutôt partie de la première catégorie de personnes ?! Et bien on vous pardonne quand même et on vous donne l'explication que voici : ces personnes sont appelées ainsi car elles font le pied de grue toute la journée immobiles comme des arbres pour changer des pesos en dollars US et inversement. Ce sont donc des arbres pleins de feuilles vertes (les $) !

Dans une économie rongée par l'inflation, un marché parallèle de change s'est mis en place avec des taux souvent meilleurs que ceux proposés par les banques officielles. Piège à touristes ou vrai bon plan ? Un peu des deux en fait. Déjà, même les locaux ont recours aux services des arbolitos et les taux sont effectivement parfois intéressants mais il faut en contrepartie faire gaffe aux billets qui sont parfois faux ou abîmés dans une liasse de vrais billets. Il n'est pas déconseillé de faire affaire avec les "arbolitos" mais il faut en revanche faire très attention à la qualité des billets, prendre son temps pour les regarder même si le type s'impatiente et ne pas hésiter à comparer les taux de change tout au long de la rue. Nous n'avons pas choisi cette option pendant notre séjour car nous ne connaissions pas encore très bien les billets argentins donc on se serait fait avoir à tous les coups ! :-)


Après avoir acheté nos billets pour la Bomba de Tiempo (groupe de percussions typique de la ville dont nos amis de Puerto Madryn nous ont dit beaucoup de bien) nous allons vers la plaza Lavalle (à prononcer "Lavachhé" pour être bien en phase avec l'accent argentin). Dans les rues, certains bâtiments ressemblent à des immeubles haussmanniens : les familles riches venues d'Europe pour s'installer en Argentine au début de la colonisation et y retournant fréquemment, ont parfois reproduit ici l'architecture de leurs pays. Paris, déjà très en vogue, a servi de modèle.


Nous marchons ensuite vers la plaza de la Republica à deux pas d'ici. Cette avenue est réputée pour être la plus large du monde. C'est effectivement très large mais pour nous c'est un peu triché car c'est en fait plusieurs rues parallèles qui portent des noms différents, séparées par des parcs. Bien tenté, mais non ! :-) Là où ils ont raison par contre c'est que l'on se croit encore une fois dans un Paris où histoire et modernité se mélange. Pour preuve, il y a même un obélisque au milieu de la place. Cet obélisque est un symbole très important de la ville et est aussi très populaire auprès des touristes. Sur ces 4 faces sont gravés 4 événements historiques importants en relation avec Buenos Aires. Cette place est aussi le lieu de rassemblement des Argentins lors de célébrations nationales comme par exemple le triomphe de l'équipe de football argentine (pas à cette coupe du monde 2018, donc ahah). Elle est donc également très importante dans la culture populaire du pays.

Petite pause gourmande : miam, des alfajores

Eva Peron et la passion de l'Argentine

C'est en regardant vers l'obélisque que nous voyons un impressionnant portrait d'Eva Peron. Mais qui est Eva Peron ? C'est la première question que l'on s'est posée. Et pourquoi un si grand portrait d'elle en plein centre ville (vous imaginez un immense portrait de Macron en plein milieu des Champs-Élysées ?!), sur une des places les plus populaires de la ville ? C'est la deuxième question. Et bien justement.

Parce ce que c'était une grande dame pour le peuple argentin et encore très populaire aujourd'hui, d'où la place de choix que le peuple argentin lui a réservé à Buenos Aires. Eva Peron ou Evita (1919 - 1952) est une actrice et femme politique argentine, première femme à avoir été élue Présidente de la République en Argentine. Pendant sa courte carrière elle œuvra en faveur du droit de vote pour les femmes et en obtint l'adoption en 1947. Elle s'engagea également beaucoup dans les luttes pour les droits sociaux et pour les droits des travailleurs. Passion pour pour son peuple, et amour de son pays. Voilà pourquoi Evita n'a jamais quitté la conscience collective des Argentins.

Ces savoirs, nous les retiendrons grâce à la passion de notre guide pour son pays et sa ville. Si vous avez lu l'article jusqu'ici, d'autres anecdotes y ont été dissimulées. Lors de cette balade guidée nous discutons également avec lui de la crise économique qui sévit depuis des années en Argentine. Nous ne reviendrons pas sur ce sujet car il a déjà été largement abordé dans notre article "Hippies et maté à El Bolson".

Une rue parisienne ?


Siesta y tango

Après notre tour guidé, nous rentrons à l'hôtel pour y faire une sieste. A la mode argentine ! Enfin, Séb sieste. Ophé n'aime pas vraiment ça :-). Nous prévoyons d'aller à une soirée tango ce soir et comme les Argentins sortent vraiment très tard (encore plus tard qu'en Espagne), il nous faut nous reposer un peu. Nous jetons notre dévolu sur une soirée tango à la Catedral del tango, lieu hautement mythique et populaire des soirées tangos à Barcelone. La Cathédrale du Tango en somme ! On l'a choisie car la soirée se passe dans une salle décorée de façon rustique et traditionnelle et, surtout, pas besoin d'y aller sapé comme un danseur (nos tenues étant limitées...). La salle est très belle en plus d'être acoustiquement plaisante, est munie d'un vieux plancher en bois, équipée de canapés foutraques, éclairée à la bougie et à la lumière tamisée et voit défiler quelques-uns des meilleurs danseurs de tango de la ville. Loin des sentiers les plus touristiques ce n'est donc pas un spectacle avec costumes traditionnels que l'on s'apprête à voir mais réellement un moment de vie avec des locaux que l'on s'apprête à partager.


Nous arrivons dans cet endroit atypique vers 23h30. En début de soirée, en fait ! Et c'est vraiment ça car il y a très peu de gens pour l'instant et nous sommes dans les premiers. La plupart des gens ici sont encore en train de boire l'apéro ou commencent à se faire servir leurs plats car l'endroit fait aussi restaurant. Quelques courageux danseurs commencent à inaugurer la piste pour réchauffer un peu la salle qui est glaciale. Très mal isolée elle est donc très froide en hiver et insupportablement chaude quand vient l'été.

Nous nous jetons dans le dernier canapé foutraque libre munis de nos verres de vin. Et on observe. Les danseurs sont effectivement très bons et la musique nous plaît. Il y a de tout ici. Des jeunes et des vieux. Et c'est cela qu'on adore. Les meilleurs danseurs arrivent vers 2h30 / 3h00 du matin nous a t-on dit. Ouais juste après le resto quoi ! Quand l'ambiance commence a bien donner, un groupe monte sur scène et nous joue quelques chansons avec accordéon et guitare. On quitte l'endroit vers 3h00 car on a encore à peu près 30 minutes de bus sans compter la marche. On nous a plutôt conseillé de rentrer en taxi car il y a quand même de l'insécurité la nuit dans cette ville qui garde une mauvaise réputation à ce niveau. Mais comme on fait fréquemment la sourde oreille à ce genre de conseils sauf quand ils sont expressément donnés plusieurs fois par des locaux, on tente donc le coup car on aime ça, nous, prendre le bus de nuit avec les jeunes de Buenos Aires qui se rendent bourrés en soirée. Ça nous fait bien rire et les quelques locaux sobres aussi.

Feria, Soho Palermo et raclette


Aujourd'hui c'est jour de feria. Ici il ne faut pas comprendre les fêtes taurines mais plutôt un gigantesque marché, une brocante à ciel ouvert à l'échelle d'un quartier. Ces immenses ferias ont lieu tous les dimanches dans certains quartiers de la ville. Celui que l'on a choisi est San Telmo. Déjà parce que c'est notre quartier. Et aussi car c'est une des ferias les plus authentiques de la ville (mais aussi des plus touristiques) avec des groupes improvisés aux quatre coins des rues et des danseurs de tango.


L'ambiance est très bohème à l'image du quartier et aussi très décontractée. Nous rencontrons énormément d'artisans et de brocanteurs. Si seulement on avait un peu plus de vocabulaire pour engager un peu plus qu'une discussion simpliste sur le prix des produits et la localisation de leur boutique.

Et soudain, au détour d'une étale du marché ...
Séb nous fait l'honneur de manger une raclette au marché couvert. Quand on vous dit que Buenos Aires est une ville très européanisée ! Et en plus, le fromage c'est la vie, après 10 mois de voyage une vraie raclette, même petite, ça fait plaisir ! Des tapas pour Ophé, on reste dans le thème local.



Nous consacrons notre après-midi à la visite du quartier de Palermo Soho. Ce micro-quartier au sein du quartier plutôt résidentiel de Palermo est un pôle gastronomique et culturel reconnu. Le soho de Londres comme son nom l'indique, à cheval entre le Marais et le 11ème arrondissement parisien. Ce quartier bien qu'excentré est plutôt très dynamique et en tout cas est plus classe et bobo que les quartiers découverts jusqu'ici. Légèrement hipster sur les bords.


Boutiques de créateurs ultra-chers, glaciers 100% bio et naturel, restaurants fréquentés par la jeunesse aisée de Buenos Aires, bars servant des bières micro-brassées localement, vieilles boutiques un peu vintage, street-art dans des passages sympas, petites brocantes également. Du dejà-vu à la sauce sud-américaine. Mais la recette marche bien et le tout donne une ambiance sympathique à ce petit quartier.

Nous prenons ensuite la direction du jardin botanique qui s'ouvre à nous après une assez longue traversée pas toujours très intéressante du quartier résidentiel de Palermo. Ce qui nous plaît dans ce jardin est qu'il y a des échantillons d'un grand nombre de végétaux représentant la diversité des continents et que justement tous les continents sont représentés.

Plante carnivore
Nous allons ensuite vers la fleur en métal, gigantesque sculpture en métal qui s'ouvre, se ferme et s'oriente en fonction du soleil. On y va pour le coucher de soleil, on devrait donc théoriquement la voir se fermer avant de s'ouvrir pour un nouveau jour. On aime.


La mer, le cimetière, le concert

Nous rejoignons en premier lieu le quartier moderne du port. Des entrepôts, des bassins entourés d'entrepôts, des entrepôts de brique rouge entourant des bassins remplis de bateaux, des restaurants chic, des bureaux.


On retrouve un petit côté de Hambourg qui nous plaît bien. On finit par le "Puente de la mujer", le pont de la femme.


Si on est venus ici c'est aussi pour aller se balader dans la réserve écologique de la ville, le poumon vert de la capitale. Malheureusement nous trouvons grilles closes. Nous essaierons de revenir.


Nous prenons donc la direction du quartier Recoletta. Nous y avons déjà vu la fleur en métal hier mais nous voulons explorer un peu plus ce quartier résidentiel de la ville. Hautement intéressant au niveau architectural avec de jolis bâtisses, des cours privées, des statues c'est aussi le quartier le plus riche de la ville. Des hôtels de luxe aux immeubles avec entrées hyper sécurisées et aux sols marbrés, c'est ici que vit la couche la plus riche de la population de Buenos Aires. Les gars, c'est le moment de faire un casse !

Rassurez-vous, on ne vient pas pour ça mais pour visiter le cimetière Recoletta. A l'image du Père Lachaise, c'est dans ce cimetière que l'on peut admirer les tombes des plus illustres personnages du pays. On y arrive assez tard. 25 minutes c'est déjà assez pour voir la tombe d'Eva Peron et se rendre compte que beaucoup de tombes sont bien plus grandes que notre ancien appartement parisien. A notre avis ce cimetière est aussi intéressant architecturalement et historiquement parlant que celui du Père Lachaise. Assez vite, on commence à entendre la cloche nous rappelant que l'on doit quitter les lieux.


Et puis en plus, ce soir c'est le jour de notre concert de percussions, la Bomba de Tiempo, au Konex. Le lieu est hyper sympa avec babyfoot et œuvres d'art à ciel ouvert. Le concert nous plaît bien également et les argentins bougent bien ! Le groupe de percus joue en suivant les directions d'un chef d'orchestre (qui change à chaque chanson) qui donne ses indications grâce à un code avec ses doigts (du genre 2-4-2 pour Roger au fond et paf c'est parti). Vraiment impressionnant.


Mais comme Séb se comporte en vrai fan en hurlant sa bonne humeur et en sautant partout pendant le concert comme une vrai petit fan totalement hystérique, ben il finit par faire un malaise à la fin. Bon en fait non la première partie de la phrase n'est pas vraie. Mais il fait quand même un petit coup de chaud. Elles sont jolies les petites étoiles. Heureusement il est quand même discipliné et attend la fin de la dernière chanson du concert. On sort, on respire à fond, on boit de l'eau. Et on rentre en bus.

Tango et foot, la raison de vivre de Buenos Aires

Pour notre dernière journée à Buenos Aires, nous allons toucher le cœur vibrant de la capitale. Le tango et le foot. Ces deux passions sont largement partagées dans le reste du pays et pour le foot dans le reste de l'Amérique du Sud mais c'est vrai qu'elles sont d'autant plus présentes dans la capitale. Buenos Aires est le lieu de naissance du tango mais aussi des clubs de foot argentin Boca Juniors et River Plate, tous deux de renommée mondiale. Pour mieux comprendre cette partie de la culture argentine nous allons faire un tour guidé (toujours avec Tour4tips que l'on a adopté) dans le quartier très populaire de la Boca.

Quand Mafalda trolle Banksy

Cette fois trêves de plaisanteries, on s'attaque au quartier le plus pauvre de la ville. Paradoxalement c'est aussi l'un des quartiers les plus touristiques de la ville notamment grâce au stade de foot des Boca Juniors (pour les fans), des façades très colorées du quartier et du tango. Bien que le quartier soit très proche du centre, pour vous dire c'est le quartier voisin du nôtre, nous ne nous risquons pas à le traverser pour nous rendre à notre tour guidé car on nous a clairement déconseillé de le faire si nous n'étions pas accompagné d'un local. Les rues principales du quartier où se concentrent les touristes sont très sécurisées mais le quartier autour n'est pas sûr du tout à cause des problèmes de délinquance et de drogue associés. Pour vous dire, on rencontrera des français plus tard dans notre périple qui nous ont raconté qu'on ne les avait pas mis en garde au sujet du quartier et qu'ils ne s'étaient pas spécialement renseignés non plus : les pauvres se sont fait intimider avec des armes à feu (fausses ou pas l'histoire ne le dit pas) et leur ont heureusement échappés en courant très vite dans des directions opposées.

Donc on est contents pour une fois de prendre le bus et d'arriver à bon port.

La Boca (la bouche) est appelé ainsi car il a une forme de bouche et se situe à l'une des embouchures du fleuve Riachuelo. Il est intimement lié à la naissance du tango à Buenos Aires car c'est aussi dans ce quartier qu'ont eu lieu les premières vagues d'immigration importantes dans la constitution du peuple argentin.


Le port de la Boca est le port principal de la ville et c'est donc par cette porte qu'arrivent des millions de migrants européens (italiens, irlandais, allemands, français, juifs de l'Europe de l'est) dès les années 1870 pour assurer le développement économique du pays en réponse à l'appel du gouvernement argentin. Tous rêvent de faire fortune sur ce nouveau continent. Mais quelques temps après leur arrivée c'est la grande désillusion. Ils s'entassent essentiellement dans le quartier de la Boca situé à la périphérie de la ville dans d'immenses taudis, appelés conventillos, où ils se mêlent à une population locale miséreuse. Les conventillos sont les habitations à façades colorées que l'on découvre aujourd'hui.


Bien sûr il y a eu un gros travail de conservation et les façades colorées contribuent grandement à l'attrait touristique du quartier. A l'époque des vagues d'immigration les logements n'étaient pas vraiment comme ça, pas colorés, insalubres, dangereux, non chauffés en hiver, surchauffés en été et construit avec ce que les ouvriers trouvaient sur le port et dans les rues. Beaucoup de descendants d'esclave d'Afrique Noire, des populations amérindiennes, des Caraïbes ou encore des Antilles peuplent le quartier.

La mixité culturelle est donc très forte dans ces petits logements où tout le monde vit ensembles. Ces gens ne parlant pas du tout la même langue vont, pour se faire comprendre et créer du lien entre eux,  commencer à jouer de la musique. Tous sont sans le sou mais tous ou presque ont amené un instrument. Des bals commencent à s'improviser. Puis la milonga émerge, cette danse qui deviendra plus tard le tango argentin que l'on connaît aujourd'hui. En raison du manque chronique de femmes (75% de la population est alors masculine parmi ces immigrés), les hommes désœuvrés dansent entre eux. Ils s'inspirent de leurs danses traditionnelles pour inventer de nouvelles figures tout en imitant les danses locales mais aussi les danses noires africaines. Voilà le tango c'est ça : un savant mélange entre plusieurs cultures qui deviendra petit à petit un langage universel. Très populaire au début et réputé pour choquer la petite bourgeoisie, il commencera par faire fureur à Paris, la tangomania séduira ensuite toute l'Europe pour finalement séduire toutes les couches de la société argentine, très influencées par l'Europe comme nous l'avons déjà dit pour l'architecture.


L'âme du tango est toujours présente dans ce quartier populaire même si maintenant les spectacles de rue sont plus faits pour appâter le touriste et le faire manger à une table de restaurant où la nourriture servie sera bien trop souvent de qualité douteuse. A part ça et les boutiques de souvenirs made in china qui sont légions, le quartier nous a beaucoup plus pour ce qu'il représente dans la culture du pays. Et si vous n'êtes pas convaincus, jetez un œil aux maisons colorées de toute beauté.


Notre guide nous fait découvrir une fresque dédiée au corps des pompiers volontaires, très important dans ce quartier. Ce groupe de pompiers, véritables héros du quartier, s'est constitué à la naissance des conventillos car, dans ces logements très denses où les gens s'entassaient, construits en bois et éclairés à la bougie, les incendies étaient fréquents. Le gouvernement ne s'intéressant que peu à la vie de ces immigrés pauvres, les habitants ont dû se débrouiller eux mêmes et s'organiser pour sauver le plus de vies et de bâtiments des flammes.

Une fresque sur la proclamation de la République Indépendante de la Boca, par un groupe d'immigrés italiens en 1882 (d'où le choix du drapeau génois). L'initiative dura... 1 jour, avant l'intervention de l'armée qui calma tout ce petit monde.
On retrouve les Madres sur cette fresque


Nous nous arrêtons enfin devant le stade de foot des Boca Juniors, communément appelé la Bombonera, la boîte à bonbons. Le foot est une religion en Argentine, ce stade est un temple pour beaucoup. Et comme il n'y a pas de religion sans dieu, les plus grands sont passés par ici, notamment Diego Maradona (et sa célèbre main). Et ici, le ballon rond mène a tout : l'actuel Président de la République d'Argentine, Mauricio Macri, n'est autre que... l'ancien président du club de la Boca.

Ton pape en soutane sur un lama !
Avant les 25 prochaines heures de bus qui nous attendent pour rejoindre notre prochaine étape, nous passons par la réserve écologique de la ville qui est cette fois heureusement ouverte, pour notre plus grand bonheur. Cette réserve joue un rôle capital dans la préservation des oiseaux migrateurs. Et c'est donc pour cela qu'on y va. Dans ce poumon vert de Buenos Aires. Et aussi pour la vue sur l'Uruguay. Des oiseaux il y en a. Mais la vue, point y en n'a.

Missing Messi... Vous vous imaginez avec une statue comme ça dans votre salon ?

Conclusion

Nous avons adoré notre séjour à Buenos Aires qui est certainement notre capitale coup de cœur du voyage. Et on pèse nos mots.

Pour nous, le mélange entre culture latino et européenne est parfait : tu peux te retrouver à écouter du tango le matin, te faire un après-midi football ou un vernissage, sortir écouter du reggaeton en buvant du Fernet et en mangeant une grosse côte de bœuf ou aller à une soirée électro avec des DJs berlinois. Il y en a vraiment pour tous les goûts.

Les quartiers que l'on a préféré sont de loin San Telmo pour son côté bohème et village et la Boca qui signe les débuts du tango et la construction du peuple argentin. Mais les fresques et bâtiments des autres quartiers nous ont bien plus aussi.

Ce qu'on a moins aimé est le fait que les argentins sortent très tard et mangent très tard. Disons que l'Espagne à côté c'est de la rigolade. Ici, avant 23h00 il n'y a personne dans les restaurants et l'après-midi ils font tous au moins 4h de sieste donc il faut bien calculer le moment où tu as prévu de visiter un monument car ce ne sera pas forcément ouvert.

Aussi, l'insécurité est un problème dans cette grande ville qui ne jouit pas forcément d'une très bonne réputation auprès des touristes et notamment à cause de ça. Notre ressenti sur ce point est que oui il y a de l'insécurité mais elle n'est présente que dans certaines rues voire zones dans certains quartiers. En écoutant les conseils des locaux, en se renseignant un peu avant, et en faisant attention à ses affaires (comme dans n'importe quelle grande ville en fait) il a été très simple pour nous de l'éviter.
Buenos Aires est une très belle ville, il ne faut donc pas s'arrêter à ça ! En tout cas nous on a été conquis!

Mafalda, le personnage créé par Quino, est argentine et très populaire ici

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