Mon voisin Toro Toro (est un gros dino)

Sur la route entre Sucre et La Paz une escale de quelques jours nous attend à mi chemin, sur la trace des dinosaures à Torotoro.

Nous fêtons notre année de retard sur le blog, puisque nous courrions après les dinos du 19 au 21 juillet 2018... Allez, plus que 2 mois à écrire !


Après discussion avec nos compagnons de routes, nous décidons de nous rendre à Torotoro. Déjà parce que le nom est rigolo (du quechua Thuruthuru qui veut dire boue), ensuite parce que ce bled isolé a l'air entouré d'une nature protégée magnifique.

Ni une ni deux, on trouve un bus pour Cochabamba. Comme très souvent en Bolivie, les bus partent et arrivent à des heures improbables. Résultat, en prenant un bus à 22h30, on arrive à Cochabamba à 4h30 du matin... alors que le routard nous annonçait 11-12h de route apocalyptique (pour 330km, ça nous semblait louche aussi).

Dino y es-tu ?

Que fait-on quand on arrive dans une ville endormie en pleine nuit ? Bah rien... enfin si, faute de taxis, on marche 2km dans les rues désertes et pleines de chiens errants nous suivant à travers les étales vides d'un des marchés les plus grands de Bolivie avec nos backpacks. Ambiance ambiance ! Tout ça pour aller à l'arrêt de micro pour Toro Toro qui ne part évidemment pas de la gare routière. Pourquoi faire simple ?! Comme on est un groupe de 9, on remplit heureusement vite le minibus et on part un peu après 6h (oui parce que les micro ne partent pas tant qu'ils ne sont pas pleins). Arrivée à 10h30 après avoir souffert pendant 4h30/130km de piste dégueu dans le lit d'une rivière à sec, on va à l'hôtel poser les sacs et on réserve le guide pour visiter le canyon l'après-midi même. Car dans ce parc national, rien ne se fait sans guide. Vous nous connaissez, ce n'est pas ce qu'on préfère mais c'est fréquent dans ce pays.

Le genre de piste qu'on adore prendre le matin à 6h30 après une bonne nuit dans le bus
Et là, on se rend compte qu'on n'a pas retiré de thunes avant de partir et qu'on est dans le trou du cul du monde ! Pas de distributeur à l'horizon et nous avons tout juste de quoi payer l'hôtel. Oups la boulette. En consultant nos amis pour voir s'ils pouvaient nous servir de banque, on se rend compte qu'on n'est pas les seuls. Eh oui, on s'est habitués à pouvoir retirer assez facilement partout. Mais ici, on paye en liquide et il n'y a pas de banque à moins de 4h de piste.

Heureusement il nous reste notre réserve de secours et on arrive à changer 150 dollars US dans une boutique à un taux pas trop dégueu. Un autre nous proposait du cash contre un paiement cb avec une commission de 10%, il avait bien compris le filon, le filou ! De quoi tenir les 2 prochains jours à l'aise.

Qui a dit kitsch ? Nous on le trouve classe le stade de Torotoro

On va manger en vitesse et on part pour la rando de 4-5h alors qu'on a la tête dans le fion à cause de la nuit de bus et la piste. Il faut parfois se botter le cul pour trouver de la motivation, même dans les plus beaux coins du monde !

Notre jeune guide, Eusevio, est sympa et nous explique bien l'histoire des traces de dino et des montagnes. Ici, au fond d'une rivière boueuse, de nombreux dinos ont posé leurs délicates papattes. La boue s'est depuis fossilisée, et la couche s'est soulevée laissant à nu ce témoignage du passé sur une pente abrupte. On voit les différentes couches géologiques affleurer dans les plissements du terrain : le crétacé devant et le jurassique derrière. On est donc devenus incollables et on saura maintenant vous dire si les traces que vous retrouvez au fond de votre jardin viennent de la course d'un carnivore (en forme de V) chassant sa proie ou d'un paisible herbivore (plus ronde) broutant de la fougère. D'ailleurs, savez-vous comment estimer la taille d'un dino ? Fastoche ! C'est environ 2 fois l'écart entre deux pas gauche (ou droit, ça se vaut je pense).

Trace de dinos montant une côte en rappel
Denver a posé son pied ici

On enchaîne ce petit topo avec une marche dans le canyon de 350m. On y arrive après avoir longé le lit d'une rivière à sec ponctuée de traces de dinosaures, en plein cagnard. On prend quelques photos sur une passerelle dans le vide et Alex fait voler son drone au milieu des rapaces. C'est très impressionnant !

L'instant Insta

On descend enfin dans le canyon, 850 marches en pierre jusqu'au Rio Torotoro. En bas, il faut marcher sur des gros rochers et Ophé se fait mal au genou, le groupe continue jusqu'à la cascada el Vergel où l'on peut se baigner. Seb se contente de tremper les pieds. C'est bien beau de descendre mais la remontée est essoufflante (on est quand-même à 2700m) et on finit la rando de nuit.

Bon c'est pas tout ça, mais faudrait peut-être remonter maintenant...
On mange au restau tous ensemble le soir près d'une place pleine de dinos. Les gars sont affamés et reprennent un deuxième plat de salade de frites à la saucisse typiquement Bolivien. On va bien vite au lit car il faut se lever tôt le lendemain.

Ville de pierres

Le lendemain 8h, on fait deux groupes : certains vont voir une grotte en mode speleo, mais nous ne faisons que la Cuidad de Itas (la ville de pierre) puis une rando pour voir les fossiles au bout des 7 vueltas (les 7 lacets).

Ça commence par une montée en 4x4 pendant un peu plus d'une heure avec de supers panoramas, jusqu'à presque 4000m. En contre bas, une carcasse de voiture nous rappelle que conduire sur ces pistes n'est pas toujours une partie de rigolade.

Des plissements de terrain uniques... et magnifiques !

On visite ensuite la cuidad de itas pendant environ 2h avec le même guide que la veille. Plusieurs cathédrales naturelles nous ouvrent leurs portes, constructions géologiques impressionnantes dans lesquelles vivaient des gens il y a plusieurs milliers d'années à l'époque précolombienne comme en témoignent quelques peintures rupestres. En tout cas, nous nous trouvons entourés de vues à couper le souffle. Pèle mèle : un condor, un zizi et des tortues en pierre et des échelles dans le vide.

L'entrée de la cité
Et ses cathédrales de pierre
Le passage pour ceux qui ont le vertige

On retourne manger une pizza à Torotoro puis on enchaîne sur les 7 vueltas. La dame de l'hôtel a bien énervé Seb parce qu'elle nous facture une chambre plus cher que celle qu'on a réservée, alors quand une autre dame assise dans son salon de coiffure balance un sac plastique dans la rue juste devant nous, Seb le ramasse et lui renvoie à la tronche en lui expliquant que la ruta no es basura. Elle a l'air visiblement étonnée que son plastique revienne ainsi... Green school style.

Les 7 vuelats, disions-je. On croyait que c'était une petite marche pépère de 2h mais c'est plutôt 3-4h et ça grimpe sévère ! On monte dans les plis de la montagne jusqu'à un endroit où il n'y a que quelques petits fossiles de coquillages. Autant que dans les Alpes quoi... rien à voir avec les photos de fossiles de dino qu'ils montrent pour vendre la rando ! Heureusement que la vue est magique autour de nous.

Et toujours ce panorama à chier debout, comme diraient certains
Des plis qui rappellent le dos du Stegosaure
... ou du Spinosaure
Mira las vueltas

Mais voilà qu'il commence à flotter et à toner. On n'est pas rassurés mais on suit notre guide et on continue à grimper pour rejoindre les 7 vueltas (7 lacets) pour redescendre sous une petite pluie jusqu'à la piste. Le soir, seuls Alex et Juliette restent, les autres prennent le bus en avance pour Cochabamba. On va manger des crêpes sur la place principale avec les dinos en plastoque. Bonnes crêpes et bonnes bières artisanales dans le gosier, on parle avec un instit suisse habitué du village qui l'a vu se développer ces dernières années. Il nous offre du Chuiflai (un cocktail à base d'une sorte de grappa locale, de sprite et de citron). De quoi bien conclure cette étape !

Vous reprendrez bien une tranche de T-Rex ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.