Le Machu Picchu est maintenant à notre portée. La cité emblématique de la civilisation Inca nous invite à découvrir ses mystères. Arriverons-nous à répondre à cette grande question : pourquoi c'est qu'ils ont été se foutre aussi loin de tout ?!
Aller, retour et visite se sont étalés sur 3 jours, du 09 au 11/08/2018.
Aller, retour et visite se sont étalés sur 3 jours, du 09 au 11/08/2018.
Le trajet jusqu'aux ruines, déjà une aventure
A l'origine un petit village perdu fondé en 1901, c'est maintenant une petite ville de 5000 habitants entièrement dédiée au Machu Picchu qui s'est construite pour accueillir les plus d'1 million de visiteurs annuels venant découvrir le site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO et listé comme l'une des 7 nouvelles merveilles du monde. Son nom ? Aguas Calientes (eaux chaudes, avec un nom pareil on espère qu'il y en a dans les douches). La référence aux bains thermaux de la ville n'était pas spécialement parlante, alors les autorités ont rebaptisé la ville Machu Picchu Pueblo, histoire qu'on sache où on met les pieds.
Il n'existe aucune route pour y aller. La première étape de toute exploration des ruines des fils du soleil commence donc par un petit périple pour rejoindre ce village. En attendant l'aberrante construction prochaine d'un aéroport, deux solutions s'offrent alors pour s'y rendre : la version des pressés qui consiste à prendre un train direct depuis Cuzco (pour la modique somme de plus de 120€ l'aller-retour) et la version un peu plus roots que nous privilégions, parce qu'on a du temps et un budget à tenir.
Et c'est ainsi qu'après avoir réservé nos billets dans une agence de Cuzco pour 55 soles par personne (15€ a/r), on se retrouve à 7h30 du matin dans un collectivo avec plusieurs autres voyageurs. 6h30 de route nous attendent, avec pour destination la centrale électrique d'Hydroelectrica. La route est belle, avec quelques vues impressionnantes et un passage par un col à plus de 4000m. La fin du trajet se fait sur une piste franchement pas rassurante, avec un à-pic très impressionnant menant tout droit au fond de la vallée, un peu façon ruta de la muerte. On espère que notre chauffeur qui ne ralentit pas maîtrise bien le trajet. Il parait qu'à la saison des pluies, il n'est pas rare que cette route s'effondre par endroit, mais nous sommes en saison sèche, ouf. Nous arrivons finalement, mais le voyage n'est pas fini pour autant. De là il est possible de prendre un train (pour ceux qui n'ont rien compris et qui veulent se faire chier dans un bus mais quand même payer plein pot pour un train derrière) ou de marcher 12 km le long des voies de chemin de fer. Dur choix.
Nous, on a laissé une bonne partie de nos affaires à Cuzco histoire de marcher léger. Ce n'est pas le cas de tout le monde, certains abrutis viennent même faire ce trajet avec des valises à roulettes. Le long d'un chemin caillouteux (assez pénible par endroit), pas l'idéal. Une chose est sûre, on n'est pas tout seul et on ne risque pas de se perdre. On s'éloigne un peu des groupes qui écoutent de la musique de merde en marchant et on profite de la vue sur ce chemin qui longe la rivière pendant 2h30. De beaux panoramas s'offrent à nous et on aperçoit même fugacement les terrasses des ruines, perchées sur un piton rocheux impressionnant. Parfois, un train de Perurail nous dépasse en klaxonnant, roulant au pas.
Dès notre arrivée, nous réservons les billets de bus aller pour monter au Machu. Depuis Aguas Calientes situé à 2000m, un grand escalier de 1700 marches coupe les lacets de la route pour escalader jusqu'à l'entrée principale du site, plus de 400m plus haut, mais une fois n'est pas coutume nous nous épargnons cette bonne heure de grimpette sportive (pour 80 soles). Vous comprendrez pourquoi plus loin. Après cette grosse journée, nous sommes heureux de prendre nos quartiers au Supertramp Hostel et on ne ressort pas pour manger, parce l'odeur des burgers du bar de l'hôtel suffit à nous convaincre qu'il n'y a pas besoin d'aller chercher plus loin.
On va au lit tôt, non sans nous être renseignés sur les vieilles pierres que nous allons bientôt découvrir. Construite au milieu du XVème siècle par le décidément ambitieux empereur inca Pachacutec, la citadelle perchée n'a été habitée que petit siècle avant d'être abandonnée à l'arrivée des conquistadors espagnols. Lorsqu'ils ont quitté les lieux, les incas prirent soin de dissimuler ou détruire les chemins d'accès. Ainsi, les espagnols n'ont jamais retrouvé la trace de la ville bien cachée sur sa vieille montagne ("Machu Picchu" en quechua), pourtant située qu'à 80km de Cuzco. Une chance, car les autres ruines ont été pillées et abîmées par les colonisateurs. A sa redécouverte par l'américain Hiram Bingham, en 1911 (juste après Choquequirao), seuls quelques villageois du coin se rappelaient de son existence et utilisaient encore certaines terrasses agricoles. Le reste des ruines attendaient patiemment sous la végétation qui avait depuis longtemps repris ses droits. Comme les incas ne laissaient pas de trace écrite et que la cité s'est perdue, une bonne part de mystère demeure.
Grimpette sur la Montaña Machu Picchu
Les règles pour accéder au site ont récemment changées pour (dit-on) limiter le nombre de touristes accédant aux ruines. Nous avons donc pris nos précautions et réservé nos billets en ligne assez à l'avance pour être sûr de ne pas nous louper. En fait, à cette saison, il reste en général des places pour les visiteurs souhaitant uniquement visiter la citée inca (à d'autres périodes, il est impératif de réserver). Mais il existe aussi deux autres formules, qui permettent en plus d'accéder à l'un des deux sommets surplombant les ruines, le Huayna Picchu ou la Montaña Machu Picchu, qui se remplissent vite. C'est la deuxième option que nous avons choisi (apparemment moins abrupte). Parmi les nouvelles règles, il faut choisir son créneau de visite (et le temps sur place est normalement compté même si cela n'est heureusement pas respecté), ce qui limite un peu les options : nous devons nous présenter à 7h pétantes pour escalader la Montaña. Seuls les billets du matin permettent d'accéder aux sommets. Un guide est normalement obligatoire, mais là encore la règle n'est heureusement pas encore appliquée, et nous avons pu passer seuls au contrôle des billets.
Notre réveil sonne à 4h du matin, et le bruit de la pluie sur le velux n'augure rien de bon. Maldición ! On nous annonçait pourtant du soleil... dur de sortir de sous la couette dans ce contexte ! Nos voisins de chambrée, en voyage de noces, ont apparemment chopé la turista et ne sont pas sûr de pouvoir faire la visite. Les pauvres... finalement la pluie c'est pas si mal. Le petit dej nous attend déjà en bas et nous enfilons nos magnifiques kways pour nous rendre jusqu'à l'arrêt de bus. Le premier bus est à 5h30, on vise donc 5h10... et on arrive au bout d'une queue d'environ 1500 personnes qui attendent déjà sous les gouttes. Oups ! Petit moment d'hésitation, faut-il monter à pied pour arriver à l'heure pour notre ascension de la Montaña ? Heureusement, une fois les rotations démarrées, la file avance vite et nous montons dans un bus à 6h20.
La classe, quoi ! |
En haut, pas de queue, nous passons le contrôle des billets à 6h45. La pluie a cessée brièvement et le brouillard nous enveloppe maintenant. Le site revêt alors un aspect fantomatique assez merveilleux. On profite de cette vue limitée mais belle. Il ne nous reste qu'à espérer qu'il se lèvera vite, parce qu'on se dit que la montagne aura un intérêt limité si on n'y voit que du blanc.
A 7h10 nous arrivons dans la file pour l'entrée à la montagne. On attend et il ne se passe rien pendant 40min. Ça valait le coup de se presser pour être à l'heure. Derrière nous, il y a des français. On le sait parce que ce sont ceux qui râlent parce que ça ne bouge pas, et aussi parce qu'ils sont sortis pisser et ont donc grillé leur seule sortie possible (malin, les toilettes sont dehors et on ne peut sortir/rentrer qu'une fois après le passage de l'entrée). En plus ils ont faim et manger est en théorie interdit à l'intérieur. Bref, rien ne va.
C'est là qu'on va |
Enfin nous nous lançons à l'assaut des 1900 marches qui permettent de grimper les 500m de dénivelée jusqu'au sommet. Ça y est, vous comprenez pourquoi on s'est ménagés en prenant le bus. Certains sont clairement au bout de leur vie dans cette montée parfois assez raide, quand d'autres montent en schlappes. Quelques endroits ne rassurent pas Ophé qui a un peu le vertige, mais l'escalier est suffisamment large pour passer tranquillement. Nous en voyons qui abandonnent en chemin, refroidis par la météo et l'effort. Nous, on s'accroche : on est bien entraînés et ce n'est plus une montée à 2400m d'altitude qui nous fait peur désormais. Nous montons dans les nuages et sous la pluie pendant 1h10 (belle performance !). Il devient de plus en plus clair que le mot "point de vue" porte bien son nom. Et effectivement une fois en haut, de vue, point y en a.
Point de vue |
Alors à défaut d'un Machu Picchu, sans doute bien trop survendu, on photographie des petites fleurs sauvages.
Nous restons une petite heure au sommet, dans l'espoir que les nuages qui défilent vite vont peut être se morceler et nous laisser entrevoir le Machu Picchu. Peau de zob, à part un ou deux trouées fugaces, on ne voit que du brouillard. La descente nous occupe à peu près la même durée. A peu près à la moitié du trajet, ça se découvre enfin et nous découvrons une belle vue d'ensemble sur les habitations, temples, fortifications et terrasses. Rien que pour ça, ça valait la peine de transpirer ! De retour en bas, on pousse un peu jusqu'à la Puerta Del Sol, arrivée du fameux Inca Trail. La porte en elle même n'est pas spécialement impressionnante mais il y a à mi chemin une vue extraordinaire sur les ruines.
Enfin, le voilà |
Et visite du site, parce que c'est quand même pour ça qu'on est venus !
On suit ensuite les tours imposés dans les ruines (grand tour). Pas question de faire demi-tour, ni même de s'attarder trop longtemps au même endroit. Les gardiens et les guides veillent à ce que tout le monde circule. Cela reste toutefois bien moins oppressant qu'au Taj Mahal et on peut profiter de la magie du site. Même si on se trouve au milieu de nombreux groupes, le fait que le site soit en terrasse permet aussi de prendre plus facilement des photos sans avoir trop de monde devant l'objectif. De temps en temps, on laisse traîner une oreille pour écouter un guide expliquer l'histoire et la fonction des bâtiments, ce qui permet de compléter les descriptions de notre bon vieux Guide du Routard.
Comme sur tout bon site inca qui se respecte, on y retrouve un secteur agricole et ses terrasses. Celles-là sont impressionnantes, et on y voit notamment un ingénieux système d'irrigation avec des canalisations apportant l'eau dans la cité et jusqu'aux cultures.
Le secteur religieux nous donne à voir d'anciens Temples, construits avec des pierres taillées monumentales en granite, tous plus impressionnants les uns que les autres. L'endroit servait également d'observatoire astronomique.
Au sommet d'une nouvelle volée de marches (décidément, tout se mérite ici !) une pierre polie et orientée selon les 4 points cardinaux se dresse. Elle servait à déterminer les dates des solstices d'été et d'hiver en observant son ombre (fallait pas qu'il fasse brouillard comme lors de notre visite sinon c'était foutu). Juste à côté, une roche a été découpée dans une forme rappelant les magnifiques sommets rocheux avoisinants.
Admirez la maçonnerie |
Au sommet d'une nouvelle volée de marches (décidément, tout se mérite ici !) une pierre polie et orientée selon les 4 points cardinaux se dresse. Elle servait à déterminer les dates des solstices d'été et d'hiver en observant son ombre (fallait pas qu'il fasse brouillard comme lors de notre visite sinon c'était foutu). Juste à côté, une roche a été découpée dans une forme rappelant les magnifiques sommets rocheux avoisinants.
Heureusement, ce n'est pas le solstice... |
Enfin, il y a également un secteur d'habitations, pour les nobles et les villageois. On peut notamment y voir deux pierre creusées remplies d'eau, qui servaient apparemment de miroir pour observer les étoiles sans se faire trop mal au cou... ou de meule pour faire de la farine de maïs. On sait pas trop en fait...
Le secteur des habitations |
Le petit cliché en plus, des lamas vivent au milieu des ruines. Mais pas n'importe quels lamas, des lamas mutants je vous prie ! Normalement, à 2400m d'altitude, l'herbe est trop tendre pour ces quadrupèdes laineux plus habitués aux plateaux de l'Altiplano. Rapidement, leurs dents s’abîment et tombent et le lama ne peut alors plus se nourrir et meurt. Quelques spécimens ont toutefois réussi à s'adapter et broutent paisiblement au milieu des masses de bipèdes en kway (ou alors on leur a mis un dentier, qu'est-ce qu'on ferait pas pour les touristes).
Allez, comme on est sûr que vous ne le saviez pas : le petit du lama s'appelle le cria |
En tout cas, l'ensemble et la vue sont super chouette !
L'heureux tour vers Cusco
Nous passons la porte de sortie vers 15h30. Normalement, nous devions sortir avant 14h, mais avec la Montagne, ç'aurait été carrément trop serré ! Il y en a des choses à voir... heureusement, il n'y a pour l'instant aucun contrôle. On en a déjà un peu plein les pattes, mais il nous faut maintenant redescendre vers Aguas Calientes. Et là, nous n'avons pas pris de bus. Alors nous prenons notre courage à 2 cuisses pour nous lancer dans le grand escalier, pour encore 50 minutes de marches et de marches et de marches. Aïe caramba, bobo les genoux. Nous arrivons sur le coup de 16h40 à l'entrée d'Aguas Calientes et nous nous dirigeons directement vers le Mercado Central pour y déguster un casse dalle bien mérité et un bons jus de fruits frais, au milieu des locaux.
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Qui qu'a faim ? |
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Tiens-toi au pinceau, j'enlève l'échelle ! |
Le lendemain, nous repartons déjà vers Cusco. On démarre vers 11h du matin pour y aller tranquillement le long des voies, parce que nos guibolles nous rappellent assez vite qu'on n'a pas fait que du plat la veille. On prend le temps de manger au restau à Hydroelectrica avec Mathieu, le long du chemin. Arrivés au parking, c'est le bordel pour retrouver notre bus, sensé être là vers 15h. Des chauffeurs font l'appel avec des listes, un peu à l'arrache. Dans la confusion, on espère ne pas se retrouver sur le carreau car on sait bien que certaines agences peu scrupuleuses laissent parfois tomber les gens, qui doivent alors payer un nouveau billet plein tarif. Tout se passe bien pour nous, on part finalement vers 15h30. C'est le même chauffeur qu'à l'aller, il enchaîne donc allègrement 14h de route de suite avec une petite pause d'une heure entre l'aller et le retour ! Il nous dit que son collègue est malade et qu'il fait donc le trajet aller retour... mouais, on y croit moyennement. Pas super rassurant, surtout qu'on connait la route, mais bon, il est assez prudent. Au col à 4300m, alors que de la neige tombe, une voiture se retrouve dans le faussé et on prend encore du retard. Ce n'est qu'à 23h que nous arrivons à Cusco où nous devons encore grimper jusqu'à notre auberge sur les hauteurs de la ville. On se jette au lit sans demander notre reste, des belles images plein la tête.
Avec tout ça, on n'a pas répondu à la question du pourquoi ils sont venus se foutre si loin de tout... on n'en sait rien. Z'avez qu'à y aller et leur demander !
Avec tout ça, on n'a pas répondu à la question du pourquoi ils sont venus se foutre si loin de tout... on n'en sait rien. Z'avez qu'à y aller et leur demander !
Qu'est ce qu'ils sont allés construire si haut? C'est peut être la peur des inondations, non?
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