New-York city : an apple a day keeps the doctor away

Nous voilà déjà à l'ultime étape de ce voyage : New-York City. NYC. Une ville qui fait rêver, familière tant on la vue et revue dans les films, séries, photos tant on l'a lue dans les livres, tant on nous l'a racontée, une ville d'Histoire et d'histoires. Et cette fois, nous y sommes.

New-York, 8 jours, c'est bien trop court. Mais cela nous a permis d'en avoir un chouette aperçu, du 22 au 30 Septembre 2018.

Jour 1 : De Brooklyn à Manhattan

Notre avion débarque de Denver et se pose à JFK à 5 heures du matin. Comme vous l'imaginez, nous avons donc une mine resplendissante à l'atterrissage. On peut même dire qu'il n'y a pas que l'avion qui atterrit ! Sauf qu'à cette heure là, on ne sait pas bien quoi faire. Alors on prend notre temps pour récupérer nos fidèles backpacks, on se pose un peu, puis on se dirige tranquillement vers notre quartier d'adoption pour les prochains jours : Brooklyn, baby. Par chance, nous trouvons le salon de thé Variety Roster ouvert sur Delkab Avenue et croyez nous, un café est bienvenu ! Bref, à 10h nous joignons notre hôte AirBnB et nous déposons les sacs. Un brin de toilette plus tard et quelques "Hi GUYS, how you do in' " plus tard, nous sommes fin prêts à partir à la conquête de NYC : il est 11 heures, nous partons à pied, direction l'East River.

Nous rejoignons le quartier résidentiel chic de Brooklyn Heights, qui borde la rivière et offre une belle vue sur Manhattan. Les gratte-ciels nous narguent de l'autre côté de l'eau, séparés de nous par le fameux pont suspendu.

Première vue de Manhattan

Mais pour l'heure, nous restons sur cette rive. En nous promenant, nous tombons par hasard, dans Atlantic avenue, sur un festival de rue très sympathique. La rue est rendue aux piétons et tout le long s'étirent des stands de bouffe et de musique du monde, surtout oriental. Nous ne savons pas si c'est un festival qui a lieu tous les ans, mais il tombait à point nommé pour un petit miam du midi.

Nous continuons à flâner le long des quais et sur toute la promenade qui mène jusqu'au Brooklyn Bridge. Le parc est très couru aussi bien des touristes (pour la vue) que des New-Yorkais : il y a là plein de terrains de sport, de quoi faire son jogging, amarrer son bâteau... Juste avant d'arriver au pont, nous découvrons à nouveau par hasard une exposition de photographie dans des container maritimes, du nom de Photoville. L'entrée est gratuite et nous y passons un peu de temps, certains photographes sont même présents pour parler de leurs œuvres et méthodes de travail. A nouveau une belle surprise.
Ophé a cassé sa tondeuse à barbe...
Je comprends pas... y avait pas 2 tours normalement ?

C'est avec une certaine excitation que nous nous lançons à l'assaut du pont de Brooklyn. Ce monument de 1825m de long a été inauguré en 1883 après 14 années de travaux. Il enjambe l'East River et a permis le rattachement de Brooklyn à Manhattan, alors deux villes distinctes reliées par un ferry. L'architecte qui l'a conçu est un spécialiste du câble métallique, nous dit Wikipedia. Et quand on voit le résultat, on ne peut pas lui donner tort !

Les piétons circulent sur une passerelle centrale, au dessus du niveau des voitures. C'est une traversée très impressionnante et nous voyons les tours grandir au fur et à mesure que nous gagnons le trognon de la grosse pomme. Nous croisons aussi un type avec un serpent (un vrai !) sur les épaules. Normal quoi !


Au bout du pont se trouve le City Hall. De là, il nous reste 5 blocs et un bretzel à avaler pour rejoindre le mémorial du World Trade Center, là où se tenaient les tours jumelles avant le 11 Septembre 2001. Pour profiter de New York, nous avons opté pour le city pass, qui nous permet de visiter plusieurs attractions. Le musée du mémorial du WTC en fait partie. Mais d'abord nous passons un peu de temps à contempler les deux fontaines qui se trouvent aujourd'hui à l'endroit des fondations des deux tours. Tout autour sont gravés les noms de toutes les victimes des attentats. Ce que nous savons moins, c'est qu'un énorme travail a eu lieu sur chacun des disparus. Les noms ne sont pas comme d'habitude classés par simple ordre alphabétique, mais rangés par affinité entre les gens. Des collègues proches se retrouvent donc côte à côte sur les plaques du mémorial. C'est toujours plus sympa que de se retrouver à côté de Gégé de la compta, qui sent des pieds de la bouche le matin. En plus le jour de ton anniversaire, tu as le droit à une rose blanche.

Le mémorial de la tour Sud
Vue des fondations et du reste d'une des deux tours

Une tour unique domine à présent la Skyline de Manhattan : de même taille que les Twin Towers d'origine, 417m, sa base fait la superficie des deux tours réunies. Comme sur la tour 1 précédente, une antenne vient agrandir encore le building, pour que sa taille atteigne 1776 pieds (541m), en référence à l'année d'indépendance des USA. Nous passons 3 heures dans le musée. Il retrace tout, de la construction des deux tours à leur effondrement. On y voit des hommages aux pompiers, des objets des victimes, des restes de structures de tours. Les salles les plus intéressantes, retraçant tout ce qui est connu du déroulé des attentats se trouvent malheureusement à la fin, quand les pieds commencent à fatiguer. Bref, il y a de la matière, c'est immense et très émouvant.

On n'a pas réussi à faire tenir les 541m sur une seule photo

Il nous reste encore assez de jus pour nous enfoncer dans Wall Street de nuit. Nous passons voir le Charging Bull du New York Stock Exchange et sa désormais non moins célèbre Fearless Girl (la fille qui ne craint rien) qui lui fait face depuis 2017. Nous reprenons ensuite le métro jusqu'à Clark Street, d'où nous pouvons voir les tours de Manhattan de nuit. Enfin, un bus interminable nous transporte jusqu'à l'appartement où nous nous écroulons de fatigue après un bon risotto. Grosse journée !

Même pas peur
Manightan

Jour 2 : Free walking tour et Greenwich Village

Pour en apprendre un peu plus sur la ville, il faut se lever tôt. Nous avons rendez-vous pour un free walking tour, comme dans chaque nouvelle grande ville où nous posons nos sacs, à 9h30 devant le Federal Hall à Wall Street. Ce gros bâtiment à colonnades est construit là où se dressaient le premier hôtel-de-ville de New York et le premier Capitole des États-Unis. C'est là où le premier président des USA, George Washington, a prêté serment en 1789. Dans les toutes premières années de la démocratie américaine, NYC était la capitale fédérale, avant que Washington City ne lui soit préférée. L'actuelle bourse du NY Stock Exchange a été bâtie en 1903, avant de s'étendre dans les années 20 et l'euphorie boursière précédent la crise de 1929.

Wall street

Mais l'histoire de NYC commence bien avant cela. Au début du XVIIème siècle, la compagnie néerlandaise des Indes orientales explore la zone. Ce bout de terre devient alors possession néerlandaise et une petite colonie y est installée. Le nom à l'époque est New-Amsterdam  et en 1630 les quelques 3000 habitants se concentrent au sud de Manhattan. Wall Street était, comme son nom l'indique, le mur nord de la ville (en bois). Dans les années 1660 les anglais réclament Manhattan aux hollandais. Les habitants refusent de se battre et deviennent colonie britannique : le nom de la ville change et devient New-York en 1664.

Non loin de là, nous déambulons à présent dans Broadway, aussi surnommée le "canyon of heroes" parce que c'est là qu'ont lieu les parades de célébrations. C'est la plus longue rue de Manhattan avec ses 13 miles. Comme elle suit le tracé d'une ancienne piste des natifs amérindiens, elle est plus ancienne que la "grid", le découpage urbanistique en blocs rectangulaires. Elle part du coup complètement de traviole, et c'est pour cette raison que Time Square est en angle.

Ce tour nous promène pendant 4 heures dans de nombreux quartiers de la ville, tous avec des ambiances différentes. Nous passons notamment à Little Italy, le quartier où, historiquement, les immigrés italiens se sont établis, jusqu'au XXème siècle. Bien qu'il y reste de nombreux restaurants italiens dans le nord du quartier, les familles d'origine se sont petit à petit dispersées dans d'autres quartiers de la ville et c'est Chinatown qui a peu à peu grandi bloc par bloc dans ces rues. Nous profitons de notre passage pour manger des dumplings, des sortes de ravioli chinois, et un "fortune cookie", un gâteau renfermant un petit mot porte-chance. Ces rues, vous avez pu les voir dans le film Gangs of New-York, puisqu'elles étaient jadis les plus mal famées de la ville. Nous visitons également Soho et ses "Iron Buildings", des anciennes usines aux façades en poutres métalliques, transformées en appartements.

L'heure des dumplings à Chinatown
Little Italy, aux couleurs de la pizza

Une fois à nouveau à deux, nous décidons d'aller visiter Greenwich village. Quartier bohème dans les années 60, haut lieu de la folk musique, il reste un peu de cette âme plaisante dans les rues arborées du quartier. De nombreux clubs de musique et cafés sympa s'y trouvent rassemblés. D'ailleurs, nous prenons le temps de reposer nos petits petons qui ont déjà bien travaillés, le temps d'une pause sucrée pour Ophé (avec un genre de nonette nommée "black and white cookie") et d'écrire quelques cartes postales dans un petit parc. Nous apprenons que l'immeuble de la série "Friends" se trouve là, alors par acquis de conscience nous allons y faire un petit tour.

Pour les fans de Friends

Puis on finit notre balade en poussant jusqu'au Chelsea Market. C'est un lieu carrément branchouille, dans une ancienne usine réhabilitée en marché bobo très classe. L'occasion de manger une glace pour Seb, ça faisait longtemps ! Non loin de là, une ancienne voie de chemin de fer suspendue, la "High Line" a été transformée en promenade, un peu à la manière de la promenade plantée à Bastille.

Ca change des marchés sud-américains
Promenade plantée, version NYC
Si ta bagnole est garée tout en haut, il vaut mieux ne pas être à la bourre

De là, nous prenons le métro jusqu'au pied du mythique Empire State Building, inclus dans notre city pass. Nous grimpons donc au 102ème et dernier étage de ce gratte-ciel de 380m de haut (50 de plus que la Tour Eiffel). Ca a l'air solide, malgré le fait que les plans ont été dessinés en moins de 2 semaines et que la construction s'est achevée en seulement 1 an et 45 jours, en 1931. Pas de gros singe King Kong à déplorer, mais une vue sur la ville et sa skyline assez dingue. Nous sommes entourés de géants.

GTA

De là, nous ne sommes qu'à quelques minutes de marche de Time Square, où nous allons voir les illuminations publicitaires formées par ses écrans géants. De la pub, mais pas que, car ce soir-là un des écrans diffuse un Opéra en direct gratuitement il n'y a qu'à se poser et écouter l'orchestre et le chant, mêlés aux bruits de la circulation. 

Sur Time Square, on trouve également des grandes enseignes, mais on doit dire que l'on fait un peu chou blanc : il faut dire que les peluches bébé Dory (le rêve d'Ophé) sont franchement moches au Disney store, et que les M&M's à 30$ le kilo, on trouve ça un peu abusé. On essaye d'aller chez Ellen's Stardust Dinner, un restau ambiance comédie musicale où les serveurs viennent te servir ton burger en chantant et en dansant. Quand on voit qu'il y a 1h30 de queue, on abandonne car on a déjà super faim avec toute la marche de cette longue journée. Il n'est pourtant que 20 heures. Nous nous rabattons sur une petite boutique qui fait des grosses parts de pizza à 1$, pas si mauvaises. Succès garantie ! Claqués, nous reprenons le métro pour rentrer retrouver notre lit dans notre cher quartier de Brooklyn. Une particularité du métro New-Yorkais est qu'il y fait très chaud... sans doute à cause des réseaux de chaleur qui passent dans les stations. En hiver, c'est cool (mais on ouvre le manteau quand même), mais on n'ose pas imaginer pleine canicule l'été !

Finalement, c'est à Broadway qu'il se cache et pas sur l'Empire State Building

Jour 3 : absolution, plus blanc que blanc

Aujourd'hui, nous découvrons New-York sous la pluie. C'est donc le bon jour pour faire des activités plutôt à l'intérieur. Nous allons au MoMa, le musée d'art moderne, car il nous semblait qu'il faisait partie du billet City Pass, mais il s'avère que ce n'est pas le cas et il faut réserver un créneau d'entrée. Nous ressortons donc "broucouilles", comme on dit dans le Bouchonnois. Nous décidons donc de nous rabattre sur la visite d'une vieille bibliothèque assez classe. Ca nous permet aussi de nous mettre au sec, car nous nous faisions saucer grave. Il y a même une expo sur "Winny the Poo" (Winnie l'ourson), c'est-y pas top ?

Nous visitons ensuite le Metropolitan Museum of Art pendant quelques heures, le temps de parcourir les sections sur le monde gréco-romain, l'Océanie, l'Egypte et un peu d'art moderne (qui ne casse pas trois pattes à un canard).

Le soir, nous assistons à une messe gospel au Brooklyn Tabernacle, une église évangélique qui ressemble plus à une grosse salle de théâtre de 3300 places qu'à un sanctuaire de vieilles pierres. Il faut dire que la congrégation compte 10 000 membres. Rassurez-vous, nous n'y allons pas pour la beauté des sermons ou parce que nous aurions soudainement vu la lumière, mais surtout parce que sa chorale, la Brooklyn Tabernacle Choir, a remporté 6 Grammy Awards. On se dit donc qu'on va en avoir plein les mirettes. Et il faut dire que l'expérience sociologique est plutôt intéressante. Il y a par exemple cette femme qui se met soudain à hurler dans le public comme si elle était possédée et que le pasteur fait monter sur scène pour que tous prient pour elle. C'est un show de presque 2 heures à base de chants à propos du foie d'Abraham qu'il faut qu'on Amen à Alleluia. En tout cas, nous, ce qu'on en retient c'est que si t'as un mouton égaré, il faut le laver dans l'eau du Jourdain (à 30°C, sinon il rétrécit) avec la lessive "blood of Jesus, washes as white as snow". Il ressort plus blanc que blanc, ton mouton. On a effectivement passé un excellent moment rempli d'émotions.


Jour 4 : Strawberry fields forever

Brooklyn est un quartier assez réputé pour ses tags et autres fresques de Street-Art en tout genre. Et comme vous savez qu'on adore ça, nous passons une partie de la matinée de ce 4ème jour à explorer les rues autour de notre appartement, afin de découvrir ces trésors éphémères.

Nous allons ensuite à la gare Central Station pour découvrir la galerie des murmures, un couloir tout en arches, dans lequel l'acoustique est très particulière : en se mettant en diagonale et en murmurant face au pilier, deux personnes peuvent se parler comme si elles étaient l'une à côté de l'autre.

Le siège de l'ONU

Nous allons ensuite nous promener dans le poumon vert de New-York, l'inratable Central Park. Coupé du flot des Yellow Cabs, au milieu de 341 hectares de pelouses, lacs et forêts. Créé en 1852 alors que New-York ne comptait encore que 200 000 habitants, cette Oasis est un incontournable où il fait bon flâner.

S'ensuit deux tentatives un peu foirées, d'abord pour aller voir la rue privée Pomander Walk (dont la grille reste désespérément fermée) puis le museum d'histoire naturelle (qui ferme dans moins d'une heure). Nous allons donc finalement nous recueillir au Memorial "Imagine" Strawberry Fields, à l'orée de Central Park. Tout près de là se trouve en effet The Dakota hôtel, où résidait John Lennon et devant lequel il s'est fait assassiner le 8 décembre 1980.

Nous marchons jusqu'au Rockfeller center, mais l'attente avant le prochain billet disponible nous refroidit, on reviendra demain. Du coup, Ophé dégaine une surprise de derrière les fagots : direction le Fat Cat, un club de jazz, avec billards et ping-pong, pour une soirée pleine de musique. Nous y buvons quelques bières locales, et nos voisins de tablée qui ont commandé trop de pizza nous en filent une gratos. Sympa !


Jour 5 : The Immigrant

Top ! Je chausse du 880 et je marche sur des chaînes brisées, on me trouve un air vert-de-gris, je pèse 225 tonnes de cuivre et d'acier pour 93m de haut, j'accueille le monde avec ma torche fièrement dressée dans la baie de l'Hudson river depuis 1886, je suis une représentation de la déesse romaine Libertas... je suis, je suis, je suis... ben oui, pardi ! La Statue of Liberty !

Pas de passage à New-York sans visiter cette vieille dame sur son cailloux de Liberty Island. En plus, le soleil fait mentir Evelyne Dhéliat qui nous avait annoncé un temps pas terrible. Nous embarquons donc sur un bateau au bout de Manhattan pour une première étape au pied de la statue offerte par la France  pour célébrer le centenaire de la déclaration d'indépendance des Etats-Unis d'Amérique. Sur l'eau, le recul pris sur les gratte-ciels de New-York nous gratifient d'une vue superbe sur fond de ciel bleu.

Nous nous approchons rapidement de l'île sur laquelle la statue trône sur son piédestal de granit rose. Ce socle a été financé par les américains, notamment grâce à un gros coup de publicité de Joseph Pulitzer dans son journal New York World. La statue en elle-même, offerte par le peuple français a été réalisée par Auguste Bartholdi, sur une ingénieuse structure de Gustave Eiffel : un gros pylône central duquel partent des bras métalliques qui tiennent de fines feuilles de cuivre de 2,5mm d'épaisseur seulement. L'intérieur et la couronne se visitent également, mais il faut réserver le billet longtemps à l'avance. Nous nous contentons donc de l'audio-guide un peu répétitif et de la vue d'en dessous, d'où l'on voit le mieux ses trous de nez, convenons-en.

Elle trône à l'entrée de la ville, tel le colosse de Rhodes depuis plus de 130 ans et a servi jusqu'en 1902 de phare pour le port de New-York. Pour de nombreux européens venus aux Etats-Unis par paquebot dans l'espoir de trouver une vie meilleure, ce symbole de la liberté fut la première vision de ce nouveau monde. Et c'est d'ailleurs sur l'île voisine d'Ellis Island, notre prochaine étape à 900m de là, que les candidats à l'immigration étaient débarqués jusqu'en 1954.

Cette île en partie artificielle a été utilisée par les services de l'immigration pendant 62 ans pour instruire les demandes d'accueil de près de 14 millions de personnes. L'audio-guide et une exposition dans le bâtiment d'accueil retracent, avec force, témoignages et photos, le parcours de ces femmes et ces hommes dans cette zone d'attente angoissante, porte d'entrée obligée sur l'Amérique. L'examen légal, et l'inspection médicale, étaient redoutés par ces candidats éprouvés par de longs jours de mer dans des conditions difficiles. Venus d'Europe pour la plupart, ils se retrouvaient parfois isolés de leurs proches et faisaient face à des agents parlant une langue que beaucoup ne comprenaient pas. Ils n'avaient alors que quelques instants pour convaincre qu'ils pouvaient devenir citoyens américains. La moindre suspicion de maladie, fréquentes du fait de la promiscuité sur les bateaux, pouvait entrainer l'expulsion ou la mise en quarantaine pendant de longues semaines dans l'hôpital situé sur l'autre partie de l'île (et qui ne se visite pour l'instant pas car non restauré). Bien que très redouté, le passage à Ellis Island ne durait que quelques heures pour la plupart des candidats, et seuls 2% ne purent débarquer à New-York. Les conditions d'admissions se sont toutefois durcies après 1924, avec la mise en place de quotas après des années record qui virent parfois 1 million de personnes transiter par ce centre (en 1907).

De retour à Wall Street, nous nous promenons à Stone Street (une vieille rue pavée pleine de pubs), avant de rejoindre le Rockfeller center. Nous réservons cette fois nos billets et allons bâffrer un burger chez Five Guys en attendant notre tour. Il fait nuit et nous prenons l'ascenseur pour le "Top of the Rock", le point de vue panoramique situé au 70ème étage de la tour érigée en 1933. De là, nous avons une superbe vue sur l'ensemble de la ville éclairée, et notamment l'Empire State Building coloré. OUAF !


Jour 6 : Retrouvailles

Nous avons bien mérités une grasse matinée après ces 5 jours intenses. Nous décollons donc tard pour aller visiter le musée d'histoire naturelle jusqu'à 15h. Nous y découvrons un film sur l'univers et la matière noire, mais surtout nous apprécions la qualité des galeries sur les animaux, dinos et cultures (notamment sur les indiens d'Amérique). Nous aimons également l'expo impressionnante sur les météorites et une salle bien faite sur la Terre et le climat.

Mais le clou de cette journée, ce sont nos retrouvailles avec Soso et Krix à Central Parc, des amies d'Ophé. Elles sont venues passer des vacances au nord de New-York, en Nouvelle-Angleterre et nous nous sommes donc synchronisés pour pouvoir les y croiser. Fraîchement débarquées, nous les retrouvons au nord du parc, devant l'impressionante Bethesda Fountain and Terraces. Après 1 an, ça fait du bien ! Il y a là de nombreux couples en habits de mariage venus prendre des photos et des chanteurs d'opéra bizarres sous les arcades.

On descend 5th Avenue jusqu'à Time square pour essayer d'acheter des tickets pour une comédie musicale à Broadway au kiosque Tkts. Malgré les réductions, tous les spectacles sont super chers parce qu'on est vendredi soir (il n'y a rien sous les 100 $). Après un arrêt dans un pub, nous reproduisons le schéma du deuxième soir : il y a trop de queue chez Stardust et nous nous rabattons sur la pizza à 1$. 

Qu'à cela ne tienne, nous descendons ensuite de nuit Timesquare jusqu'à la 32nd street. Tout le long de cette marche, nous apprécions l'atmosphère bondée du lieu. Au pied des écrans qui jamais ne s'éteignent, nous nous arrêtons pour regarder des spectacles de rue, notamment des acrobates qui sautent au dessus de 6 personnes alignées au sol et qui mettent une sacrée ambiance.  Il y a aussi plein de gens déguisés en personnages, prêts pour faire des photos avec les touristes. il y en a pour tous les goûts : Batman, Statue de la Liberté, Mickey, Mario, des cowdoys en slip et des filles à poil bodypaintées... Le tout à côté de l'éternel prédicateur catho avec sa pancarte "Shine for Jesus".


Jour 7 : Explorons la grid

Nous refaisons à nouveau fumer nos semelles en repartant à l'assaut des quartiers de Soho et Noho (au Sud et au Nord of Houston Street, pour ceux qui se demandent d'où vient le nom). De là, nous continuons vers Washington Park où un duo de jazz swing Piano/Sax rythme agréablement l'engloutissement de nos sandwichs. Nous continuons vers Greenwhich village, Union square, Gramercy et le Flat Iron District. Le Flat Iron (le fer à repassé) est un célèbre bâtiment triangulaire à l'angle de Broadway qui poursuit là son atypique diagonale dans la grid orthogonale. Enfin, nous passons au marché bio de Madison Square.

Un fer à repasser, sur broadway

Nous retrouvons les filles à la Columbia University après leur visite du MET, vers 15h. Sur cet énorme campus prestigieux, nous repérons un cortège officiel qui attend visiblement une personnalité VIP au pied de la grande bibliothèque. La police boucle les lieux et on attend de loin en espérant secrètement voir débarquer Barack Obama. Finalement au terme d'un suspense insoutenable, nous pouvons fièrement vous annoncer que nous avons vu... quelqu'un qu'on ne sait pas qui c'est.

Si vous reconnaissez ce VIP protégé par ses gardes du corps, dites le nous...

Nous reprenons le métro pour Williamsburg, le quartier hypster de Brooklyn. Après une petite promenade, on entre dans le bar de la B&B Brewery, qui est vraiment trop bruyant pour nous. On continue le long du parc au bord de l'eau pour une magnifique vue sur Manhattan au soleil couchant. 

Nous sommes tentés par un passage dans un bar rooftop, mais il y a de la queue et on n'est clairement pas dans le Dress code du lieu. Nous nous rabattons donc sur un restau asiatique avec des portions de malade. Heureusement, on peut toujours demander un doggy bag pour le lendemain midi. La panse bouffie, nous rentrons nous coucher pour notre dernière nuit sur le sol américain. Notre dernière nuit de voyage tout court en fait...ça fait tout drôle.

Manhattan Sunset

Jour 8 : Dernier jour à trotter la pomme

Aujourd'hui c'est Dimanche et Jean-Louis est content. On cire donc nos godasses de rando, et on s'habille avec notre plus belle doudoune pour aller à la messe. Oui, on sait, deux messes en quelques jours, on est bons pour les 10 ans à venir. Mais c'est encore une fois à une messe Gospel que nous nous rendons, cette fois dans le quartier de Harlem, à la Bethel gospel Assembly dans el barrio. Celle-ci est différente car nous sommes dans le quartier des afro-américains et elle est réputée pour n'avoir que peu de touristes. Enfin c'est ce que nous croyions, car quand nous arrivons, nous voyons que nous ne sommes pas seuls. Nous nous faisons discrets à la place des cancres, au fond près du radiateur, car on ne connait pas bien toutes les paroles, faudrait pas que ça se voit en cas d'interro orale ! Ce jour là, en plus, c'est l'anniversaire du bishop. Grosse teuf donc, c'est un vrai concert de musique avec un vrai groupe paroissial qui enchaîne les tubes sur la Cène. On s'éclipse au bout d'environ 2h mais ça a l'air de durer encore un moment. Encore une fois, le blood of Jesus a éclaboussé les moutons du Jourdain.

Nous allons méditer sur toutes ces bonnes paroles dans le Mount Morris Park le plus proche. L'occasion de manger nos restes du restau asiat' de la veille et de reprendre quelques forces. Nous partons ensuite nous promener dans Harlem. Ce quartier au nord de Central Park devint au début du XXème siècle un quartier où s'est regroupée la communauté afro-américaine fuyant les violences racistes des états du sud. Dans les années 20, ce bouillon de culture donne naissance à une effervescence artistique forte et l'on voit apparaître des clubs de jazz de légende comme le Cotton Club et l'Apollo Theatre. Ce serait d'ailleurs dans la culture jazz que le surnom Big Apple de la vile de New-York aurait été popularisé.

Dans ce quartier maintenant devenu plus calme et gentrifié, les maisons typiques de New-York, les brownhouses avec leurs escaliers et leurs souplex s'alignent le long de rues portant les noms des activistes du mouvement des droits civiques. Nous remontons donc Martin Luther King, ou Malcolm X boulevards. Par son histoire de ghetto où se concentrait la communauté noire américaine, Harlem est devenu le centre des luttes des années 50 à 70 pour mettre fin à des années de discriminations raciales qui ont suivi l'abolition de l'esclavage. Bien que de nombreux mouvements prônaient la non violence, d'autres comme le célèbre Black Panther Party ne l'entendaient pas de cette oreille. Dans les années 60, des émeutes éclatent dans le quartier. Après 20 ans de crise très dure consécutive au choc pétrolier, seuls les plus pauvres restaient dans ce quartier où les problèmes de drogue, de santé et de sécurité rongeaient le quotidien. Ce n'est qu'à partir des années 90, alors que urbains aisés de Manhattan remontaient de plus en plus vers le nord que la figure du quartier a changé et que le calme est revenu.

Nous continuons nos déambulations par une promenade dans le nord de Central Park jusqu'au Grand bazar derrière le museum d'histoire naturelle. Il nous reste quelques heures, et nous espérions retourner vers le World Trade Center pour trouver une dernière vue panoramique sur Manhattan histoire de graver un peu plus la skyline de New-York dans nos mirettes et avoir une vue de haut sur le mémorial. Malheureusement, nous ne trouvons pas d'endroits qui permette cela. Nous allons donc plutôt faire un peu de shopping au Century21, sorte de Marque Avenue local, mais nous n'y trouvons rien de bien intéressant. On ne rentrera donc pas les valises pleines de fringues moins chères que gratuites : too bad !

Dans ces cas là, il n'y a plus qu'une chose à faire : bouffer. Après un petit saut en métro jusqu'à Williamsburg nous allons là où nous avions repéré des beaux gâteaux en vitrine. Nous voilà avec de magnifiques cheesecake raspberry white choco et choco layers dans nos assiettes, parts XXL. Miam. On a du mal à finir ! A ce moment, on se demande si l'avion va pouvoir décoller avec tout ce leste en plus.

Même pas peur

Déjà l'heure d'aller rechercher nos sacs et de prendre le métro pour JFK. Vous connaissez l'angoisse du Séb quand il s'agit de prendre un avion : il faut être bien à l'avance. Pour une fois, heureusement qu'on avait prévu le coup parce que le métro merdouille et on attend plus de 45min avant d'avoir le train. On est limite en train d'appeler un taxi avec d'autres voyageurs rencontrés en route quand il arrive enfin ! Nous passons les contrôles et quittons officiellement le territoire américain. 

A ce moment là on ne vous cache pas que tout se mélange dans nos têtes : on est bien sûrs contents de rentrer, retrouver nos familles et amis, on est aussi tristes et tout mélangés, les souvenirs et les images se bousculant dans nos têtes, les rencontres, les moments de frayeurs, les joies, les fous rires, enfin bref vous voyez quoi, comme quand on rentre de vacances, de colo, de plongée en même temps et le tout puissance 1000. Alors oui, on on ne vous cache pas que ce soir là nous lâchons notre petite larme.

Nous embarquons pour notre vol retour à 23h30 pour Lisbonne, puis Lisbonne Orly le lendemain.

Sous la grisaille, nous voilà posés à Orly le 1er octobre à 18h30. Pas mal de kilos en moins, un an de plus, des chaussures bien usées, des grosses barbes (surtout Ophé), des gros sacs heureusement pas garnis de puces de lits (ou alors des discrètes). Fort de nos expériences avec les Rickshaws indiens et les Tuktuks cambodgiens, nous nous pensions armés pour prendre sereinement l'Orlybus jusqu'à Denfert-Rochereau. Erreur ! Alors que nous arrivons en vitesse sous la pluie, le chauffeur nous ferme la porte du bus au nez et démarre en trombe. Avec la buée, on n'a pas bien vu, mais ça ne nous aurait pas étonné qu'il ait levé le majeur au passage (pour nous indiquer bravement de lever les yeux et regarder la borne indiquant l'attente avant le prochains bus, dans 40 min). Forcément, le bus suivant est bondé et nous sommes écrasés les uns contre les autres, dans une ambiance tropicale parfumée aux aisselles. A l'arrivée, un régiment de contrôleurs aimables comme des portes de prison filtrent les sorties, gueulent sur les touristes étrangers qui n'ont pas le bon ticket et alignent les PV. Welcome. Les gens en costards font la gueule dans le métro qui nous emmène à la gare Saint-Lazare. Boum, le choc : pas de doute, nous sommes bien de retour à Paris ! Nous allons y passer 3 jours pour revoir quelques amis et anciens collègues, des endroits que l'on aime bien, et regoûter un peu à cette bonne boustifaille française de chez nous. Puis direction Metz par le TGV direct : 1h20 pour faire 340km ! Whaou ça fait longtemps que nous n'avions pas vécu cela.

À l'arrivée un comité d'accueil nous retrouve à la gare, et ça ç'est quand même le clou du spectacle !

Une chose est sûre, nous avons bouclé notre tour, et bien trotté le monde à pleines dents. Pari réussi.

Avant
Après

The END.

2 commentaires:

  1. Nous aussi on a été heureux de vous retrouver en forme et en bonne santé. Et vous nous avez fait voyager comme nous ne le fairons jamais.
    Merci tout plein
    Il ne nous reste plus qu'à tout relire avec beaucoup de plaisir

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