Quand t'es dans le désert : notre excursion à San Pedro de Atacama

A Salta, lors de notre étape précédente nous avons eu un superbe aperçu de ce que sont le désert, les canyons, les oasis et les quebradas. Mais aussi, nous avons expérimenté nos premières ascensions à 3400 m et 2 nuits à 2700 m. Avec San Pedro et le désert d'Atacama nous nous attaquons à tout aussi beau mais d'une toute autre dimension.

7 jours passés à la Casa de los Musicos à San Pedro de Atacama, du 4 au 10 juillet 2018.


San Pedro, situé à 2408 m d'altitude est une petite ville aux murs d'adobe ocres ou blanchis à la chaux de 170 000 âmes mais très touristique car elle est la porte d'entrée pour toutes les excursions dans le désert d'Atacama. Le désert d'Atacama est un endroit qui nous fait frémir de bonheur depuis bien avant notre voyage pour ce qu'il évoque dans notre imaginaire : des étendus désertiques, des ciels étoilés réputés être les plus beaux du monde, des lagunes et paysages colorés, des lacs salés... entre autres. 

À lui seul il représente une superficie de 105 000 km², concentre une diversité de couleurs et de paysages géologiques assez folle et à des altitudes vertigineuses. Ce désert est tellement aride que certaines régions sont privées de précipitations depuis plus de 50 ans. On a dû mal à se dire que les gens vivant ici et qui ne se sont jamais déplacés n'ont jamais vu une forêt de leur vie... Un sentiment d'être sur Mars (c'est d'ailleurs ici que la majorité des films dans l'espace sont tournés) ou sur la lune, voilà ce qui nous attend : Bienvenue donc au bout du monde !

Atacama, nous voilà.

On évoquait à l'instant les altitudes vertigineuses de ce désert, voilà donc la première que l'on s'apprête à passer. Partis à 01h de Salta, c'est vers les coups de 9h que l'on arrive à l'un des points culminants de notre trajet un col à 4300 m d'altitude mesdames et messieurs. Non non nous ne sommes pas des alpinistes et les chemins ici ne sont pas escarpés, nous sommes confortablement installés dans notre bus cama à machouiller de la coca depuis quelques heures déjà. Nous redoutions ces altitudes à cause du mal des montagnes, il est crucial que nous nous acclimations correctement. C'est notre première "nuit" si haut et c'est important. Si un de nous a le sorroche, c'en est fini de l'altiplano et de la culture andine : nous devrons rebrousser chemin et changer notre itinéraire. C'est aussi peut-être la partie de notre voyage qu'on a le plus attendue, cette sensation est toute nouvelle et très bizarre pour nous. 

On ne sait pas si c'est la coca qui nous a bien aidé ou si nos corps supportent bien l'altitude mais nous nous sentons plutôt bien à 4300 m malgré notre état de fatigue avancé. Tout au plus un peu d’essoufflement, l'impression d'avoir la tête dans un bocal (le temps de s'habituer, on s'entend bizarrement quand on parle) et un léger poids sur la poitrine. Le pauvre gamin assis derrière nous n'a pas cette chance et vomit méchamment depuis 2h. On propose à son père de lui donner des feuilles de coca à infuser mais il est trop jeune. Ils sont argentins et viennent de Cordoba : l'altitude ils ne connaissent pas. 

Le passage du col "Paso de Jama" est aussi la frontière entre l'Argentine et le Chili. Pour nous, le moment est venu de quitter l'Argentine après 1 mois de découvertes riches et intenses. Nous allons retrouver le Chili pour notre dernière semaine avant notre passage en Bolivie. Mais on ne rentre pas avec n'importe quoi au Chili : c'est presque aussi strict qu'en Nouvelle-Zélande, pas de fruits, légumes, ou nourriture fraîche (même un sandwich), objets en bois... On jette aussi nos feuilles de coca, pour ne pas risquer les emmerdes. On a bien fait, les douaniers nous font vider tous les sacs du bus et fouillent sérieusement (des fois qu'on se trimbalerait avec 115 kg de poudre blanche à base de pommes séchées) et ça prend 2 heures au son des vomis du pauvre gosse qui est toujours dans un sale état.

A 350km des côtes et 4300m d'altitude, vous vous en doutez, on trouve des Condors... oh, wait !
Passeports tamponnés nous reprenons notre bus et faisons une pointe à 4866 m d'altitude (oui mes amis, on peut dire qu'on a fait le Mont Blanc, easy) avant de redescendre sur San Pedro de Atacama. 

Arrivés à 12 h nous prenons nos quartiers à la Casa de Los Musicos (trouvé dans le routard), accueillis par Brigitte, Miguel et Blaise Pascal, leur chat, au son de la guitare de l'entrée. Vous trouvez ça bizarre ?! Nous aussi. Mais on vous explique : un système très ingénieux fabriqué par ce couple déjanté permet à une porte flanqué d'un médiator de faire un bruit de guitare lorsque le médiator passe sur les cordes d'une guitare accrochée au plafond à l'ouverture comme à la fermeture. Et là tu te demandes dans quel truc foutraque tu as encore mis les pieds...

J'veux sortir j'te dis !
Premiers contacts avec ce couple presque octogénaire vraiment pas banal. Miguel qui a des problèmes cardiaques ne croit pas aux médicaments donnés par son cardiologue ni aux restrictions alimentaires. Il se fume donc quotidiennement des gros spliffs et si possible avec une bouteille de vin et ou un bon verre de gniaule locale en chantant à tué tête des musiques andines avec son piano et sa guitare. Brigitte, bonne vivante qui a quitté la France pour se marier à Miguel il y a 20 ans, et qui croit que son mari va clamser à tout instant l'accompagne allègrement dans ses spliffs et autres soirées déjantées. Sans oublier non plus de présenter un de leurs 3 chats, Blaise de son prénom, Pascal de son nom. Chat qui peut être surnommé tour à tour Pascaline, Pascalito ou Pascaloff en fonction des matchs de la coupe du monde. Aujourd'hui, l'Italie joue, ce sera donc Pascalito ! Vous l'aurez compris, ici on vit une vie non conventionnelle dans laquelle on ne s'ennuie pas ! Et nous on aime ça les gens et les endroits foutraques.

Après cette introduction prometteuse on part acheter des empanadas là où il ne faut pas car on se trompe dans les bonnes adresses données par Brigitte. C'est du congelé recongelé décongelé et ça file la chiasse à notre Séb : une introduction prometteuse on vous l'a dit ! A savoir aussi, l'eau est ici très polluée en métaux lourds et arsenic à cause des mines de lithium : pas question de boire au robinet, même avec notre paille filtrante. Ce sera de nouveau eau en bouteilles, et même Pascalito y a droit.

Nous allons ensuite nous balader au centre ville. Ambiance village de désert assurée avec église avec une charpente en bois de cactus et des murs d'adobe rouge (briques en terre crue). Également aussi, un nombre d'agences de voyage qui t'alpaguent dans la rue pour des excursions diverses et variées dans le désert et des boutiques de souvenirs à des prix gonflés. Pour notre plus grand bonheur, la ville vit clairement du tourisme...


A la découverte des étoiles du désert (et non, ce n'est pas nous !)

Nous prenons quand même le temps de réserver un tour astronomique pour ce soir, chez Space Obs. Nous l'avions repéré sur internet et dans le routard. C'est la seule agence à délivrer des informations véridiques et à avoir des télescopes de grande qualité d'après Brigitte. 

Alain, chercheur astronome (pas astrologue, attention), nancéien de son état (mais bon on sait pardonner dans certains cas), nous accueille dans son jardin de télescopes à la tombée de la nuit en plein milieu du désert, loin des illuminations de San Pedro. La nuit nous enveloppe et le calme est impressionnant.

Bon on l'avoue la photo n'est pas de nous : source http://espaces-andins.com/
Alain Maury qui a quand même travaillé pour la NASA (cf. Son profil sur son site http://www.spaceobs.com/fr/) nous expliquera pendant plus de 2 h l'univers et les mouvements des planètes, les années lumières, les trous noirs et les galaxies, la vie extraterrestre et les voyages dans l'espace de manière marrante et passionnante. On en prend pleins les oreilles et les yeux car il nous montre les constellations en utilisant un laser vert très puissant.

Le ciel de San Pedro est réputé pour être le plus purs au monde, vraiment riche en étoiles, en altitude, loin de toute pollution lumineuse... Ce n'est pas pour rien que toutes les agences spatiales ont leurs télescopes dans le coin. Oui, on peut maintenant le confirmer, ce sont les plus beaux cieux du monde. La soirée continue par quelques coups d'œil dans les télescopes : les cratères de la lune, une tempête de sable sur mars, les anneaux de Saturne et une galaxie éloignée seront de la partie. Waouh ! On finit par se réchauffer dans sa maison avec un thé et un chocolat chaud pendant qu'il prend le temps de répondre à nos dernières questions. Merci Alain ! 

Le désert à vélo

Le lendemain nous louons des vélos pour aller visiter la quebrada del Diablo (encore une) au nord de San Pedro. Les paysages sont rudement beaux et rougeoyants. La piste est assez plate mais dans le canyon nous sommes face à un faux plat montant dans le sable. La quebrada est magnifique avec ses reliefs et sa terre brune poussiéreuse. Elle est assez serrée et on nous a prévenu de ne pas s'y aventurer après une certaine heure car la nuit y tombe plus vite que dans le reste du désert et on risquerait de s'y perdre.


C'est assez technique pour Ophé et on sent qu'elle commence à perdre plaisir avec son mal de genou et la selle pas confortable du tout qui fait mal où vous savez.

On fait donc demi tour avant la moitié du circuit pour sortir du canyon et reprendre un chemin plus facile vers le fort Catarpe. De là nous avons une très jolie vue sur un morceau de la cordillère avec quelques volcans à plus de 7000 m d'altitude.

Un gilet jaune !
Heureusement, ce ne sont pas des vélos népalais.

Nous retournons sur San Pedro par les mêmes chemins tape cul et rendons les vélos à l'agence après une belle journée de 20 km.

Une forteresse pré-colombienne

Nous nous rendons ensuite à un marché local qui se tient une fois par mois à proximité de la ville, qui pour le coup est immense et vraiment local. On est les seuls touristes et ça fait du bien. Les prix pratiqués sont dérisoires et nous rachetons une bonne dose de coca à une mamie chilienne, pour remplacer celle qu'on a jeté à la douane. Quelques fruits et légumes et nous voilà ravis. Nous voyons quelques visages de vieilles dames très marquées en tenue traditionnelle avec chapeaux, nattes, longues jupes et ponchos crochetés. La culture andine vient nous cueillir là où on ne l'attendait pas.


Jour 3 : le désert à pied

Au lendemain du deuxième jour nous partons en visite à pied du fort de Pukara de Quitor situé à 4 km de San Pedro. Le ciel est magnifique et, même s'il ne fait pas hyper chaud, il faut bien se protéger du soleil à cette altitude. Ce fort précolombien en pierres sèches permettait de surveiller la vallée. Nous empruntons un chemin caillouteux pendant 1h avant d'arriver à un mirador sur la vallée de la muerte et sur l'oasis de San Pedro : d'ici on voit clairement que c'est une oasis ! Autour : rien.

Ça a l'air fastoche comme ça, mais ça grimpe (on est à 2400m) et l'air sec et chaud n'aide pas.
Seul point de verdure sur la lune
On visite ensuite les ruines du fort. De retour en bas, Ophé continue jusqu'à une grotte où il y a un visage de femme en terre à l'entrée mais ne s'aventure pas vraiment dans la grotte car il faut une lampe torche et qu'il faut ramper.

Porte sur l'infini

Quant à Séb, il va à Calama pour louer une voiture en bus à 15h. 1h30 de trajet au travers du désert le sépare de la grande ville. Nous avons décidés de louer une voiture avec 2 autres personnes que l'on n'a pas encore rencontrées mais que l'on a trouvées sur un groupe Facebook car eux aussi cherchaient des gens pour partager les frais de location. A Calama, les prix sont moitié moins chers qu'à San Pedro donc ça mérite de se taper 3h de route.

Au bord de la route, des mausolées étonnants détonnent dans ce paysage désertique. Ces mausolées comportant souvent une plaque d'immatriculation, un logo VW voire une carcasse de voiture. Ils sont sans aucun doute dédiés à ceux qui se sont tués sur cette route. Étrange, un peu glauque et complètement inattendu. Ça n'empêche pas du tout les conducteurs de foncer sur ces routes bien droites. 

Arrivé à Calama, Séb passe à l'agence Econorent au centre ville, agence que l'on avait repérée sur Internet pour ses tarifs avantageux. Et là mesdames et messieurs, le plus drôle est sur le point de se produire mais le pauvre Séb ne le sait pas encore. Il demande très normalement une "coche" ou une "auto" mais on lui dit qu'il n'y a rien et qu'il y a peut-être quelque chose à l'aéroport. Très bizarrement il y a plein de pickups dans la cour mais ils sont rouges avec un gyrophare, des bandes fluos et une grosse antenne : Séb les prend donc pour des voitures de pompier stockées là. Seb prend un taxi jusqu'à l'aéroport sous les conseils de l'agence. Et là c'est rebelotte. Toutes les agences lui disent qu'elles n'ont plus de voiture disponibles, parfois il faut attendre jusqu'à 20 jours. Si c'est une blague, elle n'est pas bonne. 

Séb, dépité, prend un minibus de transfert retour pour San Pedro depuis l'aéroport, broucouille... 

Arrivé chez Brigitte et Miguel et en parlant avec une des autres hôtes qui est prof d'espagnol, on se rend compte que c'est peut-être parce qu'il fallait demander "una camioneta" (pickup, en espagnol) au lieu de "auto". Comme si on était censé connaître les nuances de la langue espagnole ! Franchement, les loueurs sont nuls, ils auraient pu proposer ce qu'ils avaient au lieu de dire "non, on n'a pas de voiture"...

On rencontre Lucile et Vincent, nos deux acolytes pour les prochains jours dans le désert... Enfin si on arrive à avoir une voiture ! 

Jour 4 : le désert à pied, faute de mieux


Au matin du 4ème jour, Lucile et Vincent décident de visiter le fort que l'on a visité la veille sous nos conseils. Nous décidons de faire tout à pied encore une fois. On commence par aller à une vraie boulangerie française pour acheter de bonnes baguettes pour les sandwichs chez Franchuteria. En voyant la tête des baguettes on se dit qu'on reviendra un de ces jours pour goûter les croissants. On mange nos sandwichs au bord de la route à la sortie de San Pedro parce que c'est classe ! C'est surtout qu'on aime bien la vue avec la vallée de la mort en fond. 


Nous marchons ensuite jusqu'à la vallée de la muerte pour se renseigner sur les prix pour la faire en voiture puis on retraverse la Cordillera de la Sal vers Quitor avant de rentrer. On se fait attaquer par pleins de petites mouches qui piquent et c'est assez désagréable.


Le soir, on se fait un apéritif guacamole cacahuètes et verres de vin autour du feu (et oui il fait vite froid dans le désert et dans la chambre on ne vous en parle pas) avec Vincent Lucile et les deux belges qui sont à l'auberge. On essaye de louer une voiture à un particulier de San Pedro mais il nous dit ciao gracias quand on essaye de négocier les prix, mais bon ce dingue demande 2 fois plus cher que ce qu'on a vu en ligne. Vincent trouve finalement un site où on peut réserver une voiture camioneta, qu'on ira chercher le lendemain matin, devinez où ? Eh oui à Calama !


Jour 5 : le désert en voiture quand on a la poisse

Le lendemain, on reprend tous les quatre le bus pour Calama pour aller chercher la voiture à l'aéroport. Le pickup est là comme prévu à 10h ! Youpi !

On part vers le nord de Calama en direction de San Francisco de Chiu-Chiu, petit village que le routard recommande pour sa petite église en terre blanchie à la chaux avec une charpente en bois de cactus et cuir de Lama. Et non ce ne sont pas des blagues. L'église est vraiment superbe et le village très paisible, mais bon en même temps il n'y a pas grand chose d'autre à voir à part l'église. Quant au nom du village, on soupçonne que ça vient du bruit des pantoufles de Saint François allant nourrir son lama, mais on n'en est pas sûr.

Bois de lama et cuir de cactus... à moins que ce ne soit l'inverse
On se croirait pas dans un western avec une porte criblée de balles là ?

Sur la route vers notre prochain arrêt on prend le temps "d'admirer" la plus grande mine à ciel ouvert du Chili, rien que ça. La fameuse mine de lithium qui pourrit l'eau de la région.


On reprend la route vers les pétroglyphes de Yerbas Buenas (bonnes herbes), dans un beau paysage même si les gravures ne valent pas trop le coup. On s'amuse à deviner les formes qu'ils ont voulu dessiner. Un lama-chien, un tigre-lama, un lama-oiseau... Bon on a déjà le lama et visiblement c'était de la bonne qu'ils fumaient à l'époque ! Ah non, apparemment d'après le guide c'était un dragon !

Un lama qui renifle le cul d'un autre lama

On poursuit avec la Valle del Arcoiris (vallée arc-en-ciel) au bout d'une piste qui remue bien, avec quelques passages à guet. On est contents d'avoir pris un pick-up mais on se demande quand même si on ne va pas perdre les roues vu l'état de la piste. On croise des gens en berline (et d'ailleurs nos potes Maxime et Evelyne l'ont fait, les fous), ils ont l'air un peu crispés. En tout cas la vallée arc-en-ciel vaut le détour. Bon c'est sûr qu'après la montagne aux 14 couleurs à Hornocal, ça paraît moins tranché, mais ça a de la gueule !

Notre camioneta chinoise

On en profite pour aller voir ensuite le village de Rio Grande, le long... du Rio Grande... qui n'est pas Grande du tout. Nous pouvons admirer des cultures en terrasse le long du fleuve et ça donne l'impression d'une végétation luxuriante dans ce paysage de pierres, on est impressionnés par le travail des habitants.

En fond de vallée, le Rio Grande (ou le Rio Pequeño ?)

Sur la route, on s'arrête à un mirador au dessus de la valle de la Luna à 6km de San Pedro pour regarder le coucher du soleil. Et là on attaque le deuxième moment très drôle de notre séjour. Séb va chercher les doudounes dans la voiture car ça commence à cailler... Les portes de la voiture se verrouillent... Avec les clés à l'intérieur. Alors là sur le coup on ne rigole pas du tout car on se demande comment expliquer ça en espagnol à l'assistance quand on ne connaît que la base, et qu'il faut aller tout au bout d'un rocher au dessus du "vide", de la vallée de la Luna pour avoir un semblant de réseau téléphonique. On essaye de crocheter la portière, on se demande s'il ne vaut pas mieux péter une vitre...

Ici, parfois, une barre de réseau mobile
Bon, faut voir le côté positif, on a le temps de regarder le coucher de soleil...
Seb finit par réussir à faire comprendre la situation à l'assistance qui envoie une dépanneuse et un taxi depuis Calama, 2h30 plus tard. Il valide du même coup son certificat d'espagnol 3ème dan : sans les mains. On patiente avec Lucile et Vincent, dans le froid à se raconter nos galères de voyage et à regarder les étoiles. Ça pourrait être pire. On en vient à faire des trucs un peu débiles au bout de 2h d'attente, vous savez comme les gamins qui attendent plus de 10 min et qui commencent à jouer avec tout et n'importe quoi et à raconter de la m***e. Bah voilà, c'est nous. 


Le chauffeur de taxi est adorable et c'est important d'expliquer ça quand on connaît la suite de l'histoire. Attention on attaque le troisième moment très drôle de notre séjour. Quand on rentre à l'auerge, ça sent le spliff à plein nez. Miguel s'essaye à la chanson à tue tête sur un air de guitare pendant que Brigitte le suit désespérément en n'omettant pas de se rincer le gosier avec un bon magnum de piff'. Le mieux c'est qu'ils ont allumé les décos de Noël, ça clignote de partout car Miguel adore ça et que de toute façon il va bientôt faire une crise cardiaque donc il faut bien faire plaisir à son cher mari. Le chat n'a pas l'air de comprendre ce qu'il se passe et le chauffeur de taxi nous lance des regards interloqués. Tout le monde se regarde donc.

En temps normal, Brigitte parle très bien espagnol, donc le chauffeur de taxi essaye de lui expliquer la démarche à suivre pour que l'on se fasse rembourser par l'assurance et pour que l'on aille récupérer la voiture demain (à Calama), les papiers à signer... etc, pour qu'elle nous le traduise. Mais la pauvre est complètement bourrée et n'arrête pas de rigoler en nous répondant en espagnol. On se marre en la regardant. Elle se marre en comprenant qu'elle n'arrive à rien et le chauffeur se marre de la situation. Miguel se fout allègrement de nous avec son rire gras et le chat bah lui rigole aussi. Bref, grosse poilade. 

Comme si ça ne suffisait pas, elle a récupéré un chien dans la rue qu'elle croit appartenir à une amie qui a perdu le sien de la même race. Elle l'a enfermé dans une chambre car il retournait tout dans la maison et il gratte maintenant à la porte et y donne des coups pour sortir. Quand son amie vient pour reprendre son chien... elle se rend compte que ce n'est pas le bon clébard. À nouveau grosse poilade ! Le chauffeur n'en peut plus des zygomatiques, personne n'en peut plus tellement la situation est cocasse et à mourir de rire. Miguel et Brigitte si vous nous lisez, merci à vous pour ce moment d'anthologie ! Cette soirée restera à jamais gravée dans nos mémoires !

Jour 6 : le désert en voiture quand on a encore la poisse, mais moins

Au matin du 6ème jour à San Pedro, Séb retourne à Calama pour la troisième fois pour récupérer la voiture, car il adore ça.

Ça aurait pu tourner à la poisse encore une fois car il choppe in extremist la dernière place disponible dans le bus du matin. Ca s'estompe.

De retour à la casa à 12h, nous partons cette fois pour les Lagunas Miscanti et Miñiques. Le road trip peut on l'espère cette fois commencer pour les 2 jours qu'il nous reste. Les paysages ici sont magiques et nous sommes à 4200m d'altitude. On sent l'altitude dans la poitrine mais rien à déclarer d'autre pour nous, nos corps s'habituent petit à petit et c'est bon signe pour l'altiplano car là haut dans quelques jours nous allons devoir faire des nuits à 4000 m. 

C'est cliché !
Quand tout ne rentre pas sur une photo, faut faire un panoramoche
On casse la croûte avec une vue sur une des deux superbes lagunes. Pas d'arbres, ni de bruit mais des couleurs magnifiques, à peine croyable. En descendant, on croise un zorro (un genre de renard local) curieux au bord de la route qui se laisse gentiment photographier. On pense qu'il s'approche si près des voitures car il a l'habitude d'être nourri par les touristes. Nous ne lui donnerons rien car on sait très bien que c'est dangereux pour lui et qu'il risquerait de ne plus chasser. 

Zorro est arrivé !

On roule jusqu'à la lagune de Chaxa au milieu d'un salar tourmenté. Nous suivons un petit chemin à pied dans le salar puis on va voir les flamands roses dans la lagune. L'amour des grands espaces à perte de vue nous gagne encore une fois. Comme le soleil commence à se coucher on essaye d'aller vers la lagune de Tebinquinche (tes bonnes quiches?) pour le coucher du soleil. C'est malheureusement un peu loin et on n'arrive qu'à la laguna Cejar qui est déjà fermée. On décide donc de regarder le coucher de soleil sur le salar depuis la route, et de rentrer. 

Loin de l'image du salar tout plat, ici ce sont des crottes de sel
Des flamands roses, une fois

Jour 7 : le désert en voiture quand on n'a enfin plus la poisse

Ce matin, nous nous levons plus tard que prévu pour aller voir les geysers en suivant les conseils d'une amie à Brigitte qui est guide dans le désert. Selon elle, les agences partent très tôt pour voir les geysers de Tatio soi disant car ils ne sont actifs qu'aux premières heures du jour, mais officieusement, cela leur permet surtout de rentrer plus tôt pour proposer une 2ème excursion l'après-midi. Trop tôt, il n'y a que des fumerolles et les agences repartent apparemment quand les geysers commencent à devenir réellement intéressants.


On se lève donc pour prendre la route vers 6h30, on est contents on a gagné 1h30 de sommeil. Il y a 1h30 de route jusqu'aux Geysers d'el Tatio, qui se trouvent à 90km de San Pedro. Quand nous arrivons il fait déjà presque jour et les geysers sont bien actifs. C'est grâce à la différence de température entre le jour et la nuit et la condensation que les geysers s'activent : rien ne sert d'arriver trop tôt le matin et il ne sert à rien d'arriver trop tard non plus car il n'y a plus rien après une certaine heure. Il y a beaucoup de monde et ils ont l'air tous congelés, en même temps s'ils sont là depuis 1h...les pauvres. 


On voit beaucoup de fumerolles, ça pétouille de partout dans ce paysage de neige mais pas trop (c'est fou on est à 5000m et il n'y a ni neige ni glace) et certains geysers montent jusqu'à 3m par moment. Il y a une belle lumière de lever de soleil. On reste au moins 2 heures sur place et effectivement l'endroit se vide peu à peu. Il y a de quoi faire : El Tatio ("le grand-père qui pleure" en kunza) est le plus grand site de geysers de l'hémisphère sud, et le 3ème au monde (après Yellowstone notamment).

Ça schpritze (jusqu'à 3 m) !
Zorro, c'est toi ?
En redescendant, on s'arrête à plusieurs endroits. D'abord à la réserve de Putana qui offre un point de vue sur le volcan du même nom. Le lac était gelé à l'aller, il est maintenant en partie dégelé et les oiseaux s'y trempent joyeusement. On les regarde en prenant notre petit déjeuner. 

Nous sommes à 4300m : il y a un peu de neige

On passe ensuite Machuca où de nombreux groupes de touristes en excursion organisée s'arrêtent pour acheter du faux artisanat et des saucisses de lama. On ne photographie que la jolie petite église depuis la route et on repart. On s'arrête ensuite pour deux miradors sur un canyon avec un petit rio au fond. Le rio est bordé de roseaux et quelques cactus sont également présents dans les hauteurs. 


De retour à San Pedro, on file vers la vallée de la Luna. Nous visitons une grotte de sel, au fond d'un canyon très étroit. Dans la grotte, nous avançons à la Petzel et à la lueur du portable. On adore vraiment ! Nous parcourons ensuite un canyon qui est normalement fermé, avec de belles dunes de sable gris. 

Un chou fleur
Votre nouveau fond d'écran
Exploration

Le temps d'avaler nos sandwichs jambon beurre, nous reprenons la piste et passons devant l'anfiteatro qui ne se montre pas sous une lumière idéale (nous notons au passage qu'ils n'ont décidément aucune inspiration pour les noms).


Au bout de la vallée, nous prenons un bout de piste vraiment tape cul pendant 1,5 km pour aller marcher dans une ancienne mine de sel à ciel ouvert. Quand nous ressortons, il est déjà 14h40 et le match de demi finale France Belgique a déjà commencé il y a 40 min. En général on s'en fout mais là on est fatigués, et nous faisons l'impasse sur la vallée de la Marte/Muerte pour aller boire un coca en terrasse pour regarder la seconde mi temps et la victoire (volée) des bleus 1-0. A l'auberge, un couple de belge trop sympas est dégoutté et on les charrie gentiment.


Comme on vous l'avait dit on retourne ensuite acheter des pains au chocolat trop bons chez Franchuteria pour le goûter. Le mal du pays, à défaut du mal des montagnes ! :-)


Pour le coucher du soleil, nous nous rendons à la lagune de Tebinquinche. En route, nous passons les deux Ojos del Salar. Deux trous identiques, de chaque côté de la route. Ces "ojos" comme leur nom l'indique sont deux yeux dans le désert : pour les touristes on raconte que ce sont deux météorites qui se sont écrasées ici et que deux cercles de tailles identiques se sont formés. Pour les autres, ce sera 2 ancien puits de prospection pétrolière qu'ils ont rempli d'eau, moins romantique. Deux touristes sautent à l'eau. Les fous. 


Le coucher du soleil à la lagune Tebinquinche est magnifique, avec les nuages colorés et les montagnes qui se reflètent sur le miroir d'eau parfaitement lisse. On y reste bien 1h car le reflet de cette vue panoramique est vraiment parfait. L'impression d'immensité est encore une fois bien présente. 

Nos acolytes de la semaine : Vincent et Lucile
Miroir d'eau à la laguna Tebinquinche

Le soir nous profitons d'une dernière bière entre amis puis on se couche tôt pour se lever pour le départ vers 7h, direction le salar d'Uyuni. On a réservé nos billets auprès de Brigitte, ce qui nous a permis de négocier un petit peu et, surtout, elle avait un argument massue : "si vous réservez par l'agence de mon amie, vous aurez une droit à une bouteille de pif' au dîner le 2ème soir !". Alors, comme c'était à peu près le même prix qu'ailleurs, on n'a pas hésité. Et voilà, on va encore passer pour des alcoolos.

En conclusion 

Malgré nos galères automobiles, nous avons passé 7 jours magnifiques à San Pedro de Atacama. Nous avions décidé d'y rester 7 jours car on se se sentait fatigués de notre road trip à Salta et on avait vraiment envie de prendre notre temps pour découvrir ce désert et s'imprégner de son ambiance si particulière.

Si vous n'avez pas trop le temps et que cette étape fait partie d'un tout avec une excursion de 3 jours dans le Salar d'Uyuni et d'un road trip de quelques jours à Salta, 3 jours intenses seront suffisants pour découvrir les points principaux et les trésors de ce désert. En effet, les paysages sont assez similaires entre ces 3 destinations et il y a une problématique prix non négligeable qu'il faut prendre en compte pour un séjour à San Pedro : en mangeant des sandwichs tout le temps, en négociant le prix de la chambre et en partageant les frais de location de voiture nous avons pu rester dans le budget prévu mais la moindre excursion reste très chère pour le pays.

Et surtout, souvenez vous qu'il faut louer une "camioneta" et pas une "auto" ou une "coche"... Et que sur les modèles chinois, les portes se verrouillent sans prévenir toutes seules au bout de 30 secondes. C'est con !

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