Nos premières neiges à Pucon

Le Chili, c'est quand-même plus facile à traverser dans la largeur. Mais comme il paraît qu'il vaut mieux le faire dans l'autre sens pour en saisir la beauté, nous v'là en route pour Pucon, une ville balnéaire située dans la montagne, pour partir à l'assaut d'un volcan en activité.


Pour situer Pucon où nous étions du 29 mai au 1er juin 2018, zieutez cette carte :


Bienvenue à Pucon, la destination suisse-allemande du Chili

Après un stop dans la ville superbement colorée de Valparaiso, nous avions en tête l'envie d'une première rencontre avec les grands espaces qui font la réputation de l'Amérique du Sud.

Nous faisons donc route vers Pucon, une petite ville de 22 000 habitants dans la région des grands lacs, au nord de la Patagonie chilienne. Un lac, un volcan actif, et quelques parc nationaux. Une destination non dénuée de charme donc.

Après 14 confortables heures de bus nous débarquons fraîchement dans cet écrin de verdure. Il pleut et il fait carrément froid : on vient de se taper 900 km vers le sud et le choc thermique est rude. Il faut dire que nous y sommes en mai qui est l'équivalent de notre mois de Novembre. C'est la basse saison, celle pendant laquelle il pleut tout le temps. 

À première vue, on se croirait tout droit débarqués dans une petite ville d'Allemagne ou de Suisse. Les maisons sont des chalets en bois, les jardins sont proprets, certains noms de rues sont sous titrées en allemand, il y a le lac et des boutiques de location de ski/snow/vêtements pour les sports d'hiver. Seul le volcan fumant du Villarica est là pour rappeler à notre esprit interloqué que oui oui oui nous sommes bien au Chili. Et ce, malgré les apparences trompeuses. 

Nous prenons nos quartiers dans la très cosy auberge de jeunesse "French Andes". Cocooning dans les canapés, vue sur le volcan sur les nuages en lieu et place du volcan, lecture sous la couette, pluie pluie et re-pluie, puis tasses de thé, rythment notre première journée.

Bon à savoir
Pas grand monde à la plage

Séb trouvera quand même l'immense courage d'aller faire un petit tour dans le centre ville et la plage de Pucon lors d'une accalmie.


Premières neiges au parc national de Huerquehue

Après deux jours d'intempéries, quelques soirées autour du chauffage avec de bonnes bouteilles de bières et de vin avec Vincent, Sonia, Axel, Clotilde et Stéphane notre nouveau groupe d'amis franco-belge, il fait enfin beau.


Ce matin nous découvrons donc la fameuse vue du lever de soleil sur fond de volcan fumant depuis la baie vitrée de notre auberge. Clic, clac, Kodak, nous on aime quand ça claque !

Nous partons à 8h30, direction le parc national de Huerquehue. Ce parc de 125 km² permet d'admirer des dizaines de lacs et lagunes grâce à des chemins bien balisés (sauf quand il neige bien sûr donc pas aujourd'hui en fait), des forêts de conifères et est connu pour être le domicile des Araucaria, cet arbre typique du sud Chili. 

Nous nous y rendons en bus. Une heure plus tard et après avoir traversé des paysages magnifiques, de volcans, de forêts et de chalets fumants sous un beau soleil, notre chauffeur nous débarque devant l'entrée du parc. 


On décide de faire la randonnée des trois lacs et d'aller en chemin à une cascade. Cette randonnée fait une petite vingtaine de kilomètres et permet d'avoir des panoramas superbes sur le volcan Villarica et sur la forêt enneigée. Mais on sait bien qu'on n'en fera qu'une petite partie, car le chemin est enneigé et qu'il ne faut surtout pas rater le bus retour !

Le pin Araucaria
On peut y observer notamment les fameux Araucaria. Ces arbres sont millénaires et sont parfois aussi appelés désespoir des singes ou pin du Chili. Allez savoir pourquoi. Auparavant très populaires en Europe ils sont aujourd'hui tombés complètement en désuétude. Franchement on ne comprend pas bien car ils sont plutôt sexy. 

Il manque un truc...
... ah ! voilà c'est mieux !
La randonnée grimpe pas mal pour arriver à 1300 m d'altitude en partant de 600m tout de même, et on se fait bien plaisir ! Le deuxième bon point pour nous est qu'il n'y a absolument personne aujourd'hui à cause de la météo des derniers jours.

On va quand-même jusqu'à un lac qui vaut le coup d'œil avant de rebrousser chemin

On constate avec plaisir que la pluie de Pucon s'est transformée en neige dans ce parc national d'altitude. 

On aurait pu pousser jusqu'au deux autres lacs, le lac Verde et le lac Toro, largement faisables en une journée puisque la randonnée dure 6h. Nous nous arrêterons au lac Chico non pas parce que nous sommes déjà fatigués mais parce que nous avons un défi à réaliser tôt demain matin, pour lequel on doit aller essayer du matériel. Il faut donc que l'on reprenne le bus de 14h.

Une cascade sur le chemin du retour

Villarica : une ascension du volcan en demi-teinte

Après plusieurs hésitations dues à des conditions météo difficiles, nous nous lançons finalement dans une aventure physique qui promet son lot de courbatures et d'émotions fortes. 

L'ascension du volcan Villarica c'est plus de 1000 m de dénivelé avec crampons et piolets et selon les saisons, notamment quand il a neigé comme ces derniers jours, de la poudreuse jusqu'au genou. Si les grimpeurs arrivent jusqu'au sommet, ce qui n'est déjà pas chose aisée, il y a une descente en luge à neige à la clé. Des frissons nous parcourent le corps à l'idée de tenter l'expérience. L'adrénaline aidant, va t-on réussir à dormir ?

Le soir, ça s'annonce pas mal

Le matin, le volcan est toujours là, allez zou !
Le rendez-vous est à 6h45 à l'agence, gloups. Les conditions climatiques n'aident pas en hiver : en plus de la neige, il y a une fenêtre de tir qu'il ne faut pas louper. À 11h30 / 12h il faut absolument être en haut du volcan pour amorcer la descente, 30 minutes plus tard. Après, c'est trop tard. Le vent souffle trop fort et les dangers (vent, glace...) sont trop nombreux pour pouvoir prendre le risque. L'agence fait donc partir les groupes le plus tôt possible pour ne pas pénaliser les plus lents. Sur le papier cette stratégie semble plutôt cool et nous rassure car Ophé est plutôt style Diesel en montée. 

Ouais bah sur le papier seulement. Car notre journée commence par un 4*4 de particuliers qui n'a pas mis les chaînes et qui donc se retrouve en travers de la route entrain de patiner. Bien vite la voiture dérape carrément et nos guides se retrouvent à devoir aider ces c***, tous sourires aux lèvres. On perd du temps et ça ne sent vraiment pas bon. Ophé est déjà légèrement énervée.

 

Au final, après un brief sur les conditions climatiques du jour qui vont rendre notre effort encore plus difficile, on commence l'ascension de ce mur de neige à 8h30. Presque 40 minutes après l'heure prévue... Moins de 4h pour faire 1000m de dénivelé avec en plus des pauses de 10 minutes toutes les heures pour surmonter l'effort, avec de la neige jusqu'aux mollets et un vent qui manque de nous faire tomber à chaque pas, on le sent pas, on le sent pas. Au moins y a du soleil, c'est déjà ça, c'est déjà ça. Comme prévue, Ophé qui a du mal à suivre le rythme en début de montée, se retrouve à l'arrière de la cordée pour les 30 premières minutes d'effort.

Y a plus qu'à

Les guides décident alors de faire la première pause au bout d'1h, près d'un ancien téléphérique détruit par une éruption volcanique. On vous l'a dit, notre ami est toujours en activité, ça rajoute du piment. On admire le paysage impressionnant. Grosse claque !

Un ancien télésiège, détruit par une éruption

Après une boisson à base d'électrolytes et une barre de céréales, notre équipée d'aventuriers reprend sa longue ascension.


On a franchement l'impression d'être dans la scène du Seigneur des Anneaux quand la communauté de l'anneau brave la neige et le vent par le col de Caradhras pour éviter la mine de la Moria. Heureusement, Saroumane le blanc n'est pas là pour nous envoyer ses mauvais sorts.

La montée offre de belles vues même si on est plutôt entrain d'en baver sévère (et avec le froid, ça a tendance à faire des stalactites au bord de la bouche) et de se concentrer à mettre un pied devant l'autre et à bien suivre la trace du guide pour éviter les congères.


Ophé commence à bien rentrer dans l'effort et vient talonner Séb. Ça sent bon, ça sent bon. Elle quitte donc le groupe lent, Séb l'attend un peu et ils rattrapent le groupe rapide à la deuxième pause, après 2h de montée. 

Les guides décident alors de faire deux groupes peu de temps après la fin de la deuxième pause. Le premier groupe, plutôt rapide, qui est quasiment sûr d'arriver au sommet dans la fenêtre de tir prévue. Le deuxième groupe, plus lent, pas certain d'arriver en haut. Un des guides urge Ophé de prendre une décision rapide. Dans un total inconfort, elle se range dans le deuxième groupe non pas parce qu'elle n'en peut plus de l'effort, mais par crainte de pénaliser le premier groupe dans l'atteinte du sommet. Et là c'est le drame, et là c'est le drame. 

Un membre du deuxième groupe décide d'abandonner car fatigué de l'effort. Et ce peu après la reprise de notre ascension. La règle dans ce cas là pour des raisons évidentes de sécurité, est que le guide doit se ranger derrière la personne abandonnant. Donc notre pauvre Ophé se retrouve forcée d'abandonner à un peu moins de 2h avant le sommet. Gros malaise. Des groupes plus lents dépasse maintenant le groupe d'Ophé, à l'arrêt depuis 5 minutes. Elle demande alors à son guide de prendre leur trace, de les suivre jusqu'à rattraper le premier groupe, celui de Séb. Vu qu'ils ne sont pas de la même agence, le guide refuse.

En larmes et avec une envie de tout péter, Ophé entame donc sa descente en pelle à neige. Un truc qui devait être plutôt marrant à la base et qui lui laisse comme un sale goût dans la bouche aujourd'hui. Le deuxième groupe attendra le premier groupe pendant plus de 4 heures en bas en se gelant bien le cul.

Les autres continuent, dans la pente qui devient de plus en plus raide. Le vent se lève et la neige glace par endroit. Quelques passages sont vraiment casse-gueule et il faut vite enfiler une seconde paire de moufles pour ne pas avoir les doigts gelés.

Photo finish  au bord du cratère avec le piolet

Séb qui a la chance d'avoir pu grimper en haut du volcan arrivera sur les coups de midi au sommet, les 2 groupes ayant dépassé celui d'Ophé également alors que son groupe était soi disant le dernier à pouvoir y arriver dans la fenêtre de tir prévue.

La vue d'en haut est magnifique, et les vents emmènent les gaz nauséabonds du cratère de l'autre côté. Pas besoin d'enfiler le masque à gaz fourni dans le paquetage pour profiter. Il faut toutefois se dépêcher, car les règles sont assez strictes sur le temps que les groupes peuvent rester au sommet : normalement, 10min maximum. On reste quand-même un peu plus mais au bout de 15-20min nous avons enfilé le matériel pour la descente. Il faut filer avant que le vent et la glace ne deviennent vraiment trop dangereux. D'ailleurs, dans la descente, Axel, le français de l'auberge qui est monté avec nous, perd l'équilibre sur une plaque de glace et plante mal son piolet qui lui glisse des mains. Heureusement, il réussit à agripper quelqu'un dans sa glissade car cet incident aurait vraiment pu virer au drame. Quelques coups de vents vraiment forts manquent aussi parfois de nous faire tomber et de la poudreuse gelée nous fouette le visage. On se sent petit face aux éléments.

Depuis 2 ans, on ne voit plus de lave au fond du volcan. Mais cela peut revenir à tout moment... Aujourd'hui, seuls des nuages de gaz s'échappent du dôme
D'en haut, on voit d'autres volcans qui nous rappellent que l'on est sur une des zones les plus actives du globe

Comme vous avez pu le comprendre, nous avons donc été plutôt déçus de cette ascension. Censée être un truc fun, on s'est plutôt sentis sous pression et la mauvaise gestion du groupe et de la communication ne nous laisse pas un bon souvenir de l'agence francophone Aguaventura Expediciones que l'on nous avait pourtant recommandée par bien des endroits. Leur matos est bon mais les guides ne font pas assez attention aux besoins des grimpeurs et semblent parfois ne pas vouloir monter même si les conditions sont bonnes (comme la veille de notre ascension, où ils ont rebroussé chemin sur le parking alors que d'autres groupes sont arrivés au sommet).


On garde néanmoins un superbe souvenir des vues, du volcan en lui-même et du défi physique que cette ascension représentait pour nous. On noiera le chagrin d'Ophé avec nos amis autour d'un bon repas agrémenté de vin chilien et d'une bûche Viennetta... chilienne aussi... pour notre dernière soirée à Pucon.

Photo non contractuelle, qu'ils disaient...
Demain nous partons pour de nouvelles et folles aventures toujours plus loin au sud chilien. Toujours plus froid, toujours plus forts !

Notre conclusion

La région des lacs constituent une belle introduction au Chili et aux vastes étendues d'Amérique du Sud. On s'y est bien sentis pendant notre séjour. Après, c'est vrai qu'à part les volcans, les paysages ressemblent beaucoup aux Alpes donc on s'est sentis moins dépaysés que ce qu'on avait imaginé pour notre première confrontation avec la nature chilienne. La région est cependant magnifique avec de belles randonnées qui méritent que l'on s'y attarde au moins une bonne semaine mais peut-être pas à cette période de l'année. On espère vraiment être plus impressionnés par la suite de notre séjour au Chili !

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