Thème du jour : les chutes d'eau

Nous sommes maintenant à quelques kilomètres du Cambodge et les paysages changent du tout au tout. En face de nous se trouvent les 4000 îles, un endroit paisible au sud du Laos où le rythme de vie des locaux est réputé pour être encore plus doux que dans le reste du pays. Après le match de boxe contre les douaniers, c'est comme si cet endroit était fait pour les courageux combattants cherchant un repos bien mérité.



Pour vous situer :

Notre passage aux 4000 îles remonte à la période du 13 au 15 février 2018 et nous avons enchaîné avec Paksong et les Bolovens les 16 et 17 février. 

Pré-scriptum : Bref, le retard s'accumule ! Mais on fait de notre mieux pour continuer à publier. Difficile d'avancer, les connexions n'étant pas terribles en Nouvelle-Zélande (pays moderne faisant partie du tiers monde numérique), en Polynésie (là c'est la tablette qui ne voulait pas, décidément, c'est pas de bol) et à l'île de Pâques (là, ça se comprend, c'est le trou le plus perdu du monde). Mais nous rédigeons dans l'ombre et nous ne vous oublions pas. Sur ce, bonne lecture !

Au milieu du Mékong


On traverse le Mékong en bateau avec notre équipe de vainqueurs et on fait une photo pour immortaliser la victoire fièrement remportée. Nous avons à peu près 30 minutes de bateau jusqu'à Don Khone ce qui nous laisse le temps d'admirer les paysages qui sont vraiment reposants. Un vrai petit coin de paradis comme diraient certains.

Notre batelier s'arrête d'abord sur l'île de Don Det, réputée chez les fêtards qui peuvent y trouver des pizzas au shitt et des bières pas chers. Mais ça reste doux comme île de la fête car les habitants tiennent à préserver le calme de l'île et les bars ferment quand même tous à 23h. Ça n'a vraiment rien à avoir avec la sulfureuse Vang Vieng dans le nord du Laos qui était dans le passé LE lieu de rendez-vous des fêtards sans limites.

On arrive maintenant à Don Khone qui a l'air d'être en effet plus calme que sa petite sœur. On est accueillis par une longue rue pleines de trous et de gros cailloux avec petits restaus sympas, supérettes, gargottes et petites guesthouses avec hamacs dans lesquelles se prélassent locaux et touristes de passage. Tout ce qu'il nous faut pour nous reposer et passer les 3 jours que nous avons prévus ici. Comme d'habitude depuis quelques temps nous n'avons pas réservé de guesthouse et on confie notre sort au petit bonheur la chance. Cette fois ce sont nos amis de Nantes qui sont arrivés un jour avant nous et qui nous conseillent la guesthouse où ils sont. C'est en effet très bien avec de l'eau chaude mais nous on préfère l'eau froide, une vue sur le Mékong et un hamac. On changera donc le lendemain pour la Guesthouse de tous nos désirs, à deux pas de l'ancien pont français. Et en plus elle est quasi deux fois moins "chère" (on passe de 8 à 5€ la nuit).

Une fois installés on part donc à la découverte de notre nouveau territoire et on marche vers le pont français (qui n'est pour une fois pas en bambou mais bien en pierre) et vers l'ancienne ligne de chemin de fer qui traversait le Mékong et qui elle aussi a été construite par des français. Eh oui, si vous ne le saviez pas encore, le Laos est une ancienne colonie française. C'est donc pour ça que l'on y trouve beaucoup de bons vins et fromages de français, de baguettes et que tous les noms des bâtiments officiels sont traduits en français. C'était déjà le cas au Cambodge, mention spéciale au "commissariat de la police". 

Le pont français entre Don Det et Don Khone, comme un aire de pont messin...

Ce passage du Mékong est, comme son nom l'indique, parsemé d'îles, même si 4000 ça nous paraît un peu exagéré à moins de compter les buissons. Mais c'est aussi un endroit infranchissable avec de grosses chutes d'eau. Du coup, quand les français ont voulu faire du Mékong une voie navigable commerciale en Indochine, on s'est retrouvés un peu emmerdés ici. L'idée était donc de décharger passagers et marchandises au nord de Don Det, les mettre sur un train tiré par une loco à vapeur, puis les recharger sur un autre bateau au sud de Don Khone, après les chutes. Ça n'a pas fait recette et le concept a été abandonné après quelques années. Il reste donc un pont, des locos et quelques traces de cette époque.




Nous partons explorer les deux îles en vélo pendant 2 jours. Il y a des loueurs un peu partout dans le village et ils ont tous les mêmes vélos au même prix, 10000 kips par jour (1€, pour le coup la conversion est simple au Laos, il faut juste faire gaffe aux zéros, c'est dur la vie de millionnaire).






Nous allons d'abord à l'est de notre île vers les chutes de Tad Khone Pa Soi. L'accès est gratuit et les paysages assez impressionnants. Une belle chute, une plage et quelques nasses de pêche. Pour y arriver on passe par un beau pont de singe au dessus du bouillon. L'endroit est chouette et il y a un petit restau juste au dessus. Il est midi, on réveille la dame qui tient le bouiboui et qui fait sa sieste dans un hamac en cordes. On lui commande un fried rice et on se pose sur une chaise longue où on s'assoupit, bercés par le bruit des remous et enveloppés par la chaleur ambiante.








On repart ensuite vers le sud pour faire une boucle, mais nous devons rebrousser chemin après quelques kilomètres sur une piste tape cul car un pont s'est écroulé... Tant pis pour le sud de l'île, nous allons donc à l'ouest au parc des chutes de Li Phi et Tad Somphamit.

Celles-ci sont payantes, 35000 kips par personne, mais quel spectacle, mes amis ! Nous avançons de point de vue en point de vue, tous plus incroyables et magnifiques les unes que les autres. Des chutes énormes arrivent de tous les côtés dans un vacarme assourdissant. On prend notre temps et on se ballade tranquillement jusqu'au bout où on tombe nez à nez avec un bar et une jolie plage. Vous voyez le truc venir ? Eh oui, on goûtera notre première BeerLao les pieds dans le sable chaud, les yeux vers l'horizon au soleil couchant. Quand on ressort, Ophé ne retrouve plus son vélo... On n'est quand même pas bourrés après une bière ?! Comme tout le monde a le même et qu'il n'y a pas de cadenas, on se dit que quelqu'un a fait un échange malencontreux et puisqu'il n'y a plus que 2 vélos et qu'on doit être les derniers, on fait pareil. C'est un peu les chaises musicales version 4000 îles.

















Le lendemain on reprend des vélos pour traverser le pont français qui est juste à côté de notre guesthouse et pour aller sur l'île de Don Det. Cette île est toute aussi jolie que Don Khone en peut être un peu moins sauvage. On fait le tour de l'île en 1h30 en prenant bien notre temps. Et ça fait du bien, c'est beau et c'est plat.





Tout est loin... sauf la Beerlao, à 10m !


On continue sur notre lancée en s'offrant un repas au restaurant le mieux noté des deux îles. Oui il nous arrive de craquer quand on n'en peut vraiment plus des fried noodles/fried rice/noodle soup et compagnie. En même temps tous les gens que l'on a rencontrés nous en ont tellement dit du bien qu'on ne peut pas ne pas y goûter, à ce restau Vegan. On se pose sur les hamacs du restaurant et on fait une sieste en attendant nos plats savoureux, car le service au Laos est trèèès lent : un Burger à la citrouille pour Seb et un curry laotien à la noix de coco pour Ophé avec deux smoothies à la mangue. Allez là ! c'est le jour du pétage de budget ! On s'en rappellera de ce repas c'était vraiment super bon et ça va nous aider à digérer les prochaines fried noodles ;). On finit la journée à la plage du restaurant : la glande à l'état pur.






En retournant aux vélos... celui d'Ophé a encore une fois disparu ! Sans doute un fan qui l'a pris pour le revendre très cher sur ebay, on imagine la description "Ophélie a posé son popotin sur sa selle tout confort". C'est quand même un peu chiant... On en reprend un autre au pif, mais il marche quand même vachement moins bien que celui du début !

Buff à l'eau



Vue du pont




Buffalo


Paksong et les chutes d'eau au plateau des Bolovens


Le lendemain nous reprenons le bateau pour quitter ce paradis et on saute dans un bus direction Paksong au cœur du plateau des Bolovens. Au menu ? Eh bien, puisqu'on ne s'en lasse pas, des chutes d'eau mes amis, dont une des plus grandes du Laos qui culmine à 126 m. Rien que ça. Pour nous y rendre on commence confortablement par un mini-van avec clim de 8 places pour 8 personnes et on termine par un bus local sans clim de 40 places pour 75 personnes à respirer la poussière de la route en travaux et à transpirer nos 3 litres d'eau. 

Qu'est ce que c'était drôle : au début on avait 2 vraies places tout devant car une dame nous a gentiment laissé sa place. Ah mais en fait non il y avait quelqu'un assise à côté d'elle et elle n'a pas vraiment l'air commode celle là. V'la pas qu'elle nous fait des grands gestes pour nous virer de sa place, on se retrouve debout dans l'allée pour le début du voyage. On nous dégotte des mini tabourets en plastique pour qu'on puisse s'asseoir. Et puis finalement non. Comme le bus n'est pas vraiment assez plein à la mode asiatique, on nous fait encore reculer jusqu'au fin fond du bus et on nous installe au dessus des pastèques. Quel voyage ! Heureusement qu'il n'y a pas plus d'une heure et demi de route, on avait bien mal au derche !

Vue depuis les tabourets dans l'allée

Vue depuis les pastèques

Nous sommes les seuls à descendre à Paksong. Et effectivement, il n'y a rien ici. Juste la grosse route toute défoncée en travaux avec quelques commerces et maisons autour, un terrain de foot, un marché vide et quelques petites rues. Ophé est trop contente d'être ici car il n'y a strictement aucun occidentaux. C'est le nouvel an chinois et vietnamien et quelques familles se sont retrouvées et font du karaoké sur le trottoir en buvant des bières autour d'un barbecue. Nous trouvons une auberge un peu vide en retrait au bord d'un petit lac, et nous nous mettons en quête d'un restau pour le dîner. Dans notre rue, il y a trois bars/restaurants qui crachent du karaoké saturé à fond les ballons. On sent qu'on va bien rigoler.


Alors qu'on hésite un peu sur lequel choisir, un laotien nous aborde et nous aide à commander un plat sans viande et pas trop épicé. Vu que la carte n'est pas traduite et que personne ne parle anglais dans le restau ça tombe plutôt bien. On reçoit le plat mystère et c'est plutôt pas mauvais. Un peu plus tard, il vient s'asseoir avec nous et on discute avec lui tant bien que mal en essayant de couvrir les notes fausses des chanteurs (le micro passe de table en table, ils sont vraiment fans). Il nous offre une bière que nous dégustons avec lui et on se sent gênés parce qu'il refuse qu'on lui paie une tournée en retour. Il est agriculteur, dans une ferme de café et est venu au restaurant avec sa famille. Paksong est une ville où de nombreuses familles vivent du café, dont la culture a été initiée par les français. 


Du coup, pour le petit dej' nous allons dans une coopérative de café. Enfin un vrai café pour Seb qui commençait à désespérer des dosettes de café au lait en poudre super sucrées !

Nous cherchons un moyen de nous rendre aux chutes de Tad Yuang. Beaucoup de touristes font une longue boucle en moto de plusieurs jours dans les Bolovens, en partant de Pakse. Vu l'état de la route, franchement casse gueule, entre Pakse et Paksong, nous ne nous sentons pas trop d'y rouler en deux roues. Et de toute façon il n'y a pas de loueurs à Paksong... donc on attend le bus local pour nous y déposer. On essaye bien de nous facturer 10 fois le prix, mais en tenant bon on arrive à y aller pour un tarif correct.

On commence par la chute Tad Yuang. Comme à chaque site naturel au Laos, l'entrée est payante. Un village de magasin à touristes et des bus de thaïlandais nous accueillent aussi. En nous éloignant, ça devient plus calme et on peut approcher de l'eau et faire de belles photos dans ce paysage magique. Après avoir vu le vide d'en haut, un chemin pentu nous permet de descendre pour admirer l'eau qui tombe de plusieurs dizaines de mètres. Y a pas à dire, les cascades ça a de la gueule.













Pour aller à la cascade suivante, l'énorme Tad Fane, nous voyons un sentier sur la carte mapsme, notre appli GPS indispensable. Le chemin permet en plus de zapper l'entrée du site et donc de ne pas passer par la caisse. Nous nous lançons donc dans la forêt. Nous savons qu'il ne faut pas nous éloigner des chemins au Laos (comme au Cambodge) car les américains ont balancé des tonnes de bombes à sous munitions pendant "la guerre secrète" au moment de la guerre du Vietnam et nombre d'entre elles n'ont pas explosé, les UXO, et restent très dangereuses. C'est très peu connu, mais le Laos détient le triste record du pays le plus bombardé : il a reçu plus de bombes pendant le conflit du Vietnam que tout ce qui a été largué par les alliés en Europe pendant la seconde guerre mondiale... Bref, faut pas marcher n'importe où ! Y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes.

Au début, le chemin est chouette dans la forêt et on est les seuls. Vers le milieu, ça devient très pentu en descente et le chemin n'est plus si visible. Seb part en éclaireur et Ophé qui ne se sent pas sûre sur ses appuis sur ce terrain glissant commence à le maudire. On descend jusqu'à la rivière et on passe au dessus des deux bras de cascade de Tad Fane. On est donc à près de 130m au dessus du vide, un trou énorme se trouve devant nous. C'est pas le moment de glisser. On grimpe ensuite très raide en s'accrochant à des racines et on arrive finalement à une plateforme de tyrolienne, ce qui nous rassure car nous savons qu'un chemin un peu plus balisé et moins casse gueule permet d'y accéder. Nous avons vu plusieurs touristes se lancer au dessus du vide et nous survoler en glissant sur leurs câbles. À ce moment là, il est presque 15h, nous n'avons rien bouffé, plus d'eau et nous avons transpiré toute notre flotte en escaladant dans la jungle. Il est tant qu'on arrive !



Mais si, y a un chemin...

Le grand vide 1

Le grand vide 2



Rincés !

Nous voilà enfin au point de vue de la cascade. Nous arrivons au milieu de tous ceux qui sont montés en bus ou en motos (les petits joueurs !). Un restau est justement placé là et nous pouvons enfin nous reposer en avalant un coca bien frais et des fried noodles. Nous prenons ensuite le temps d'admirer la chute de ces deux brins d'eau que nous avons traversé plus tôt. Ils sautent dans un énorme gouffre dont on ne peut apercevoir le fond. Le spectacle vaut encore une fois l'effort !



Bon, c'est pas le tout mais a priori il est maintenant trop tard pour avoir un bus pour rentrer à Paksong. Après la marche qu'on s'est farcie, nous sommes moyennement chauds pour enchaîner sur 15km de route en travaux de nuit. Il nous reste donc le stop ou la chance qu'un taxi collectif passe et nous ramasse. Ici, ça ne sert à rien de lever le pouce quand on veut faire du stop, ils croient tous qu'on leur dit "super ta bagnole", alors ils lèvent le pouce aussi derrière le pare-brise en souriant et ils passent en accélérant sans s'arrêter. Pas vraiment l'effet escompté. Ce qui semble marcher le mieux est de lever le bras en agitant la main de haut en bas, dans un mouvement entre "vient ici" et "ralentit". On avance en faisant des signes aux pickups et au bout de moins de 5 minutes l'un d'eux s'arrête, chargé de moines, et nous charge à l'arrière dans la benne. On roule à fond sur cette route poussiéreuse et retrouvons notre hôtel pour une douche qui fait un bien fou. Autant dire qu'on était bien dégueulasses.






Le soir, nous allons dans un autre bar à karaoké de la rue. Un laotien vient à notre table et on commence à discuter par dessus la musique à pleine puissance. Il nous paie une bière et des cocas, mais cette fois nous arrivons en insistant à offrir nous aussi une tournée en retour. L'honneur est sauf. Il nous explique qu'il travaille dans l'éducation et qu'il essaye de pratiquer son anglais dès qu'il a la chance de croiser des touristes. On se retrouve ensuite à la table avec ses amis à trinquer avant chaque gorgée une bière, coupée aux glaçons pour les locaux, et sans glaçons pour nous (pas envie d'être malades et faut pas gâcher). Avant de partir, la tradition est de boire la fin de la bière cul sec. C'est marrant sauf quand il te reste un verre entier et que ce n'est pas le premier ;-). Encore une bonne soirée avec des locaux accueillants, même si nous avons encore bu plus de Beerlao que prévu. Hips !



2 commentaires:

  1. enfin une petite vidéo de toi Oph ! ton rire m'avait manqué bisous de Grenoble

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  2. Haha! Si tu veux je l'enregistre et je te l'envoie ;). Tu me manques!!! Gros bisous !

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