The Loop de Thakhek

On en a marre des cascades, (non c'est pas vrai mais bon le temps passe, la roue tourne et on a un planning à respecter mesdames et messieurs) on reprend donc la route vers notre prochaine destination pour une aventure motocyclétique épique : The Loop de Thakhek.

Ces aventures extraordinaires se sont déroulées entre le 18 et le 23 février 2018.


Thakhek se trouve apparemment à 6-7h de bus local de Pakse d'après ce qu'on nous dit. Sauf que nous, on se trouve à Paksong et qu'il faut déjà qu'on sorte de notre trou. La mission est de choper le bus local qui passe vers 8.00 du matin. Comme ils ne sont pas sûrs des horaires et que nous non plus (enfin bref personne n'est jamais vraiment sûr des passages des bus au Laos et surtout pas de leurs horaires) on décide de se rendre au bord de la route du chantier 45 minutes avant le soi-disant passage du bus.


On saute dans le 1er véhicule venu en direction de Pakse et ce n'est pas un bus mais un "songthaew" (on ne sait toujours pas le prononcer), un genre de taxi collectif. En fait, on est assis dans la benne d'un petit camion aménagé en cage avec deux bancs dans le sens de la route. Le tout est ouvert aux 4 vents (frais) et on se bouffe toute la poussière de la piste pendant 1h de voyage bien tape cul. Parfait pour se réveiller en douceur ! C'est donc plein d'énergie que nous arrivons pour prendre notre bus pour les 7h de route vers Thakhek.


Sauf que vous commencez à connaître l'histoire par cœur et nous aussi (et ça nous fait toujours autant rire à ce moment là de l'histoire), les temps de trajets annoncés ne sont pas vraiment respectés ici bas. 7h plus tard nous arrivons dans une chaleur étouffante (il n'y a même pas de ventilos dans le bus)... à 2h de notre destination. Et pour être sûr d'être pünktlich, le bus décide de faire une pause de 2h dans une bus station sans intérêt sans que l'on ne sache vraiment pourquoi. Détail amusant, une bonne quinzaine de locaux descendent 30 minutes avant et embarquent dans plusieurs taxis collectifs pour finalement nous retrouver à la bus station où on est bloqués et remonter dans le même bus. Ils n'ont pas l'air d'avoir plus compris que nous ce qu'il se passait ! Au bout de 11 heures, nous arrivons de nuit à 21h à la gare routière de Thakhek, loin du centre et avec une armée de tuktuks qui nous attend avec le sourire en coin. Pas facile de négocier même si nous sommes 8 touristes...

Une fois largués au centre il nous faut mettre le grappin sur un hôtel et ce n'est pas évident ici. Tous les prix sont gonflés par rapport à d'autres villes... Dans le bus, nous avons fait la connaissance de Sophie, une lilloise anesthésiste qui voyage aussi depuis quelques mois en Asie. Ensemble, nous toquons aux portes des hôtels et finissons par nous résoudre à prendre une chambre à 120 000 kips avec le petit déj' (12 euros, pas la mort mais ça nous change des 5 euros de Don Khone), nous avons besoin de nous doucher et de dormir ! Mais avant ça on a besoin d'une bonne bière : et entre bon lillois et messins eh bien il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, c'est parti pour 3 grosses Beerlao.

Faux départ !

Le lendemain, on prépare nos sacs et on file pour louer un scoot pour nous lancer dans la boucle... Le problème c'est qu'on n'a pas pu réserver la veille car nous sommes arrivés trop tard et qu'il n'y a que deux loueurs en ville. Plus de moto disponible, c'est un fail ! Nous voilà marrons, on est verts, on voit tout rouge.

On doit donc attendre une journée dans Thakhek où il n'y a franchement pas grand chose à faire. On se pose au restau avec du wifi et on avance un peu dans l'organisation de la suite du voyage. De l'autre côté du Mekong, on voit la Thaïlande.


On va voir plusieurs fois les loueurs dans l'aprèm pour réserver et ce n'est que vers 16h que la situation se débloque et qu'une moto est enfin disponible pour le lendemain chez "Wangwang". On a même le choix entre un vieux Honda click 125cc et une semi automatique toute neuve (5km au compteur). Le second choix est un peu moins cher et sans doute plus sûr mais vu que Seb n'a jamais roulé que des scooters automatiques et qu'on a lu que certains passages pouvaient être un peu techniques, nous choisissons le vieux scoot déjà rayé. On ne voudrait pas risquer d'abîmer la moto toute neuve et se voir facturer des frais énormes et on ne se serait peut être du coup pas sentis très à l'aise avec. Les prix des locations à Thakhek sont presque doublés par rapport aux scooters que nous avions eu jusque là, au moins 90 000 kips par jour. On ne sait pas bien ce qui justifie ça à part la situation de quasi monopole des 3 loueurs principaux. Tout semble plus cher ici. Wangwang, c'est un peu l'usine et ils ne sont franchement pas tous très sympas, mais ça reste un des moins chers et la plupart des motos sont correctes (il faut juste bien les essayer avant autour de la place et choisir si on le peut).

Le soir, on retrouve Sophie qui revient d'une grosse journée de vélo. Elle hésite encore à faire la boucle en moto (elle a déjà fait 4 jours dans les Bolovens) ou à prendre un tuktuk pour aller juste voir la grotte de Konglor. La perspective de 7h de tuktuk et le prix la refroidissent un peu. Elle se décide dans la soirée à faire la route avec nous. C'est cool, le courant passe super bien entre nous et c'est bien d'avoir un compagnon de route en cas de pépin.

On finit la soirée au night market à déguster une fondue chinoise et des crêpes, sur fond de musique techno horrible, histoire d'être prêts pour la suite.


The Loop

La boucle de Thakhek, ce sont 435 kilomètres d'asphalte au nord est de la ville de Thakhek. Elle traverse des paysages variés et magnifiques : rizières, falaises karstiques, lacs, montagnes, plaines arides... et plusieurs grottes et petits stops baignade peuvent se visiter tout au long du parcours. Le point d'orgue étant la belle Konglor Cave, située vers le centre de la boucle et qui se visite en bateau et à la lampe de poche.


La plupart des voyageurs la font en scooter, souvent dans le sens contraire des aiguilles d'une montre (ce que nous avons fait), en 3 ou 4 jours. Sophie prévoit de n'y passer que 3 jours, nous on a un peu plus de temps et on prévoit 4 jours pour ne pas avoir à trop faire les bourrins.

Comme dans tout le sud du Laos, on n'y croise presque que des français. C'est assez amusant d'ailleurs !

Elle a longtemps été décrite comme la boucle de la mort, notamment à cause d'une portion de piste / route en travaux entre Thalang et Laksao qui était dangereuse. Depuis 2017 la route est terminée et même s'il reste quelques trous et passages délicats (au nord et vers Konglor), il n'y a plus tant de soucis à se faire : on est sur du goudron quasiment tout le long.

Ça reste une aventure et nous avons croisé pas mal d'accidentés autour des Bolovens et de Thakhek. Ce sont rarement des gros bobos heureusement, mais cela nous rappelle qu'il faut faire attention... Les motos ne sont pas toutes en super état (la nôtre freinait moyennement à l'arrière et on évite de trop utiliser le frein avant), les casques sont plutôt limite (genre bombe pour faire du cheval), on roule avec des vêtements longs mais légers et une erreur d'inattention, des graviers, un trou ou un animal sont très vite arrivés. Toutes les motos qui ont déjà quelques boucles au compteur sont râpées de partout, pas rassurant.

Donc, on ne dit rien aux parents pour ne pas les inquiéter et on y va avec prudence. Même si nous avons déjà fait du scoot deux fois en Birmanie et une fois au Cambodge, notre expérience reste bien limitée. Restons modestes.

Jour 1 : Thakhek - Thalang (102 km)

On laisse un gros sac un tas d'autres backpacks chez le loueur, on prend possession de l'engin et on démarre avec Sophie vers 10h du matin. Seb devant aux commandes, Ophé en copilote avisée derrière avec un sac à dos contenant le stricte minimum : de quoi se laver, quelques habits, de quoi survivre à la pluie (annoncée, zut !) et une trousse de secours. Strict minimum qui fait quand même bien mal au dos, soit dit en passant, car nous n'avons qu'un gros backpack de 55L et non un plus petit sac. Nous avions essayé des casques la veille et demandé à Wangwang de nous les mettre de côté avec la moto, mais visiblement il les a refilé à quelqu'un d'autre... on doit donc se retrouver deux casques moins bien dans ceux qui restent le matin.

Première mission, faire le plein. Le loueur nous guide jusqu'à la pompe en faisant moultes détours pour éviter les check points de police qui arrêtent les touristes aux carrefours stratégiques. Notre permis international n'a pas la pastille sur la case des motos (même petite cylindrée) et Sophie n'a pas de permis inter du tout. Le loueur s'en fout, mais c'est un bon prétexte pour une amende de 50 000 kips. On désaltère la moto et on remplit une bouteille d'essence de rab au cas où et nous voilà parés et en piste pour The Loop.


La première étape jusqu'à Thalang n'est pas énorme, 102km. Ça nous laisse le temps de faire confortablement quelques arrêts. Ça tombe bien il y a quelques grottes sur la route (et ça, ça tombe bien aussi, il fait une chaleur à crever).

On fait un premier arrêt à la grotte Xieng Liap Cave pour nous mettre en jambe car il paraît qu'il faut escalader et faire de la spéléo là dedans. On zappe la Buddha cave payante avant, parce qu'on a lu qu'elle n'était pas top et que bon, avec toutes les buddha caves qu'on a déjà fait ailleurs, on pense bien qu'on a déjà vu mieux (blasés !). A Xieng Liap, on nous demande quelques kips pour garer notre moto (et on espère bien que quelqu'un garde un oeil dessus, on a lu qu'il y a parfois des vols). Le groupe devant paye un gamin pour leur faire la visite, nous, nous prenons nos lampes frontales et nous partons explorer la grotte par nos propres moyens.

L'entrée se fait après un petit chemin le long d'une rivière et est déjà superbe. On se fraie un passage à travers les roches avec le sac à dos et nous arrivons à un petit tronc posé pour traverser un peu d'eau. Ophé ne se sent pas à l'aise pour passer en équilibre et attend donc là Seb et Sophie qui continuent dans la grotte. Un peu plus loin, une autre ouverture se reflète sur un bassin où l'on peut paraît-il se baigner. Difficile d'aller plus loin, une vieille échelle en bambou permet normalement de grimper sur une roche mais c'est franchement casse gueule. Sophie s'y essaye ainsi que deux allemandes qui visitent en même temps mais nous abandonnons vite. Nous ne voyons plus le groupe avec le guide, c'est donc qu'ils sont passés mais sans doute plutôt par l'eau, en claquettes. C'est déjà beau jusque là, pas la peine de se vautrer dès le premier arrêt ! Un peu d'escalade dans la grotte et nous crevons vite de chaud malgré l'air délicieusement plus frais qu'à l'extérieur. On porte des habits longs pour la moto, et s'il y a de l'air quand on roule, on transpire vite quand on s'arrête. On rebrousse donc chemin et nous ré-enfourchons nos montures. Vroom





Quelques kilomètres plus loin, nous refaisons une halte à la Tham Sa Pha In cave qui est gratuite. Là, nous retombons sur un groupe de français sympas que nous avions déjà vu la veille à Thakhek : ils n'avaient pas pu avoir de moto non plus, mais l'un d'eux est mécano et avait pu réparer deux scoots foireux et ils avaient pu partir faire de l'escalade dans le coin (ils se sont bien fait plaisir, le spot est magique pour ça) puis se sont lancés dans la loop. C'est aussi ça qui est cool dans cette aventure, on ne cesse de recroiser les mêmes personnes.


Dans cette caverne, un Bouddha (youpi), des petits fanions colorés, mais surtout, surtout, un superbe reflet lorsque l'on s'enfonce un peu sous terre. Ici, un puits de jour débouche sur un bassin parfaitement lisse jouant le rôle d'un miroir magnifique. On peut apparemment s'y baigner, mais on a un peu la flemme de se sécher après. Un aveugle se promène dans la grotte et demande de la "lucky money". Vu la tronche du chemin escarpé et même s'il prend son temps, on doute un peu de sa cécité ou alors il est sacrément fortiche. Il n'insiste pas plus que ça.





La route serpente au milieu de reliefs karstiques étonnants et qui nous impressionnent toujours autant. Les paysages sont assez uniques... On vous laisse vous aussi vous en délecter, y a pas de raison que nous gardions ça que pour nous !



Dernier stop de la journée, nous faisons halte à la grotte colorée de Tham Nang Ene. Elle n'est pas donnée, 30 000 kips par personne (3€), mais on commence à comprendre qu'au Laos il y a maintenant cette désagréable habitude à faire payer pour n'importe quel point de vue naturel, belvédère, grotte, chute d'eau... C'est un peu énervant mais c'est le jeu ma pauvre Lucette. Parfois l'endroit est laissé brut et rien ne justifie vraiment le péage, ici il y a visiblement un peu d'entretien alors soit. Allez, c'est notre seule "folie" de la journée alors allons voir ça. La grotte est aménagée et éclairée par des néons et projecteurs colorés ambiance night club minéral (il y a même les lasers verts et rouge qui bougent à un endroit façon boule à facette). Les stalactites (et gmites) sont jolies et même si c'est un peu kitch, l'éclairage apporte quelque chose de différent. De grands escaliers en béton nous font penser à Poudlard dans Harry Potter. Il y a aussi moyen de payer en plus pour un petit tour en barque, mais faut pas déconner quand-même. Plutôt joli et rafraîchissant comme arrêt.

Disco grotte




Dans les couloirs de Poudlard



À ce stade, il nous reste 85km à parcourir jusqu'à Thalang. On se pose dans une gargote pour avaler une noodle soup et un coca bien frais avant de se lancer à nouveau sur le bitume. Plus d'arrêt visite, mais de beaux paysages qui méritent bien que nous fassions des pauses pour des photos le long de la route. Nous roulons prudemment derrière Sophie. Elle est plus expérimentée et a un meilleur scoot que nous. À deux, nous allons forcément un peu moins vite, d'autant que nos freins ne sont pas miraculeux. Ophé serre fort quand on dépasse le 60 à l'heure (voire dans les pointes à 70) mais, en moyenne, on y va plutôt pépère aux alentours de 40. C'est déjà pas mal, il y a tant à regarder autour de nous. Et on ne voudrait pas finir dans une vache au détour d'un tournant ! Parmi les nombreux infortunés qui se sont pris des gamelles et que nous avons croisés (facile à reconnaître ils ont des croûtes et des bandages partout), au moins 2 s'étaient pris un troupeau qui traversait sans regarder...




Nous arrivons au soleil couchant à Thalang. Le décor est impressionnant car nous nous trouvons au milieu d'un lac de barrage qui a noyé de nombreux arbres. De grands troncs morts se dressent au milieu de l'eau donnant une ambiance très particulière. Ophé n'aime pas trop et trouve cela triste mais Seb est assez conquis par le côté Tim Burtonnesque. Le coucher de soleil n'est pas aussi mémorable que sur certains clichés d'autres voyageurs. Nous posons nos sacs dans le dortoir de la Phosy Guesthouse et profitons des derniers rayons du soleil avec des Beerlao et un bon poulet au barbeuk avec des frites. Les émotions, ça creuse.

Notre auberge pour la nuit




Jour 2 : de Thalang à Konglor (151 km)

Pour bien commencer la journée, nous nous rendons à l'auberge d'à côté, la Sabaidee Guesthouse, pour le petit déjeuner. Ils font des pâtisseries genre pain au chocolat, pas comme à la maison, mais presque ! On avale ça goulûment en regardant le soleil se lever sur les troncs immergés.





Et voilà déjà le moment de se remettre en selle, avec les courbatures et le mal de dos de la veille, pour une étape cette fois un peu plus longue. Nous prévoyons d'aller jusqu'à la Konglor cave. Comme on a vu que les auberges pouvaient être bien remplies, on a cette fois réservé une chambre pour nous 3 à l'arrivée.

La première portion serpente et grimpe au milieu des paysages du lac du barrage, avec ses troncs morts et ses arbres qui entourent des bassins aux rivages tortueux. C'est ici que la route a longtemps été une piste poussiéreuse, dangereuse et raide, maintenant tout roule parfaitement.




On passe devant des roches taillées en Bouddha. Et soudain, alors que nous arrivons dans un petit village à une vingtaine de kilomètres de Lak Sao, nous voyons un petit attroupement sur la route. Un couple de français vient d'avoir un accident en freinant pour éviter un petit chien qui traversait. Charlotte est allongée sur la route, un genou en sang et une plaie au menton. Sophie prend immédiatement les choses en main. Les situations d'urgence font parties de son quotidien en réanimation. Le copain de Charlotte, qui était passager, n'a aucune blessure et est donc également à ses côtés. La moto n'a pas grand chose et le choc n'a heureusement pas dû arriver à une vitesse élevée mais des marques d'une petite glissade sont visibles sur la route. Sophie vérifie qu'il n'y a pas d'autres plaies et fait tout pour maintenir Charlotte éveillée, alors qu'un Laotien s'est arrêté avec sa voiture et a appelé une ambulance. Il fait très chaud sur la route et nous n'avons qu'un parapluie pour faire de l'ombre. Elle perd connaissance brièvement 2 fois mais commence finalement peu à peu à sortir de son état de choc et à parler et même blaguer un peu, ce qui est rassurant après ces moments de stress.

Nous attendons près d'une heure et demi l'ambulance, en nous demandant plusieurs s'il ne vaut pas mieux essayer de charger Charlotte dans une voiture, même s'il peut être dangereux de la bouger. Vu l'état, Sophie penche plutôt pour une fracture de la mâchoire sans traumatisme à la tête mais il faut rester prudent. Finalement on entend enfin les sirènes au loin et la pauvre est chargée sur un brancard. Le problème c'est que le Laos n'a presque aucun hôpital digne de ce nom. En cas de problème urgent il faut aller à Vientiane (10 h de route) ou en Thaïlande. On apprendra un peu plus tard par son copain qu'elle a été amenée à une petite clinique à Lak Sao où ils lui on fait quelques points de sutures au menton mais qu'ils n'avaient pas de quoi faire de radio... Elle reprend du poil de la bête et ils vont donc aller en Thaïlande faire des radios et sans doute devoir prendre un billet retour pour opérer sa mâchoire en France. Ça ne se finit heureusement pas si mal mais ça nous refroidit bien. On reprend la route doucement en redoublant de vigilance.



Nous faisons une halte à la "Dragon cave" (Mangkone cave) où nous mangeons un morceau. Allez, on ne va pas entretenir le suspense ni vous mentir, on n'a pas vu le dragon. Mais bon, cette petite grotte payante reste jolie à visiter et on est bien contents d'avoir fait cet arrêt pour reprendre nos esprits.




Puis, pour se rafraîchir, nous prenons une piste bien rouge qui traverse des belles plaines sèches pour arriver jusqu'aux Cool Springs. Un plouf dans ce bassin nous fait un bien fou. Bien sûr les femmes doivent encore une fois se baigner toutes habillées. La plupart des locaux, y compris les hommes, nagent en jeans. Décidément on ne comprend pas bien le principe. Certains sont néanmoins en maillot et Seb décide donc de ne pas tremper ses seuls autres fringues et se baigne en maillot seulement. Ophé se contente de se mouiller les pieds et Sophie plonge en sacrifiant un t-shirt pour l'occasion.








Mais l'heure tourne et nous reprenons la route pour Konglor. Un petit arrêt pour admirer les "bomb boats" depuis un pont. Ces bateaux ont été fabriqués avec des restes de bombes ou de réservoirs de carburants d'avions largués par les américains. Ces bombes sont souvent utilisées en décoration des jardins ou transformées en jardinières (quand le métal n'est pas revendu au poids).


Dans la vallée, le ciel commence à noircir sérieusement et on prend quelques photos avant de s'équiper avec nos kways et de ranger tout ce qui craint l'eau dans le coffre du scooter. Grand bien nous a pris car ce qui a suivi a été démoniaque, digne d'une petite fin du monde. Allez on ne va pas garder ça pour nous, on vous explique.

Y va faire tout noir !


En 15 minutes tout change. Il n'y a d'abord plus un bruit et le ciel devient noir charbon. Ensuite le vent commence à souffler très fort et les nuages se rapprochent bien vite. Ça y est, les premiers éclairs commencent à tomber sur les reliefs tout autour. A ce stade on commence déjà à angoisser sur la suite de la route qui à ce niveau là, et pour les 6km qui restent, est pleine de gros trous. Mais ce n'est pas fini.

'got a bad feeling 'bout this !


Les toits en taule qui ne tiennent qu'avec des grosses pierres bougent sérieusement à côté de nous et il y en a un qui manque de se décrocher sur notre passage. C'est carrément flippant. C'est là qu'une pluie torrentielle s'abat sur nous pour les 4 derniers kilomètres. Et là, comment vous dire, on est obligés de se pencher bien à droite sur le scoot car le vent vient justement de cette direction et manque de nous faire dériver de la route.

Bien entendu il faut continuer à éviter les trous alors que l'orage gronde et que nous commençons à être trempés et ne plus voir clair à cause de la pluie et de la nuit qui tombe. On fait un petit stop dans un garage à l'abri du vent car nous voyons nos 4 escaladeurs qui se sont arrêtés pour pouvoir réparer leur moto qui est encore tombée en panne. C'est le moment, tiens ! Bon qu'est ce qu'on fait maintenant ? On s'abrite ou on repart sur notre fidèle destrier ? Allez, on repart. C'est le genre de décision con que tu prends au moins une fois dans ta vie.

On est maintenant au cœur de l'orage. Ophé s'accroche derrière Seb et panique sérieusement et nous fait une crise d'angoisse au passage. On avait besoin de ça. Mais bon on n'a pas d'autre choix que de continuer à se prendre l'orage de plein fouet il n'y pas d'abris là. Donc on respire calmement, on s'accroche et on continue lentement alors qu'on aurait envie de rouler à 100 km/h pour arriver vite au sec. 

On voit enfin la lumière d'une guesthouse dans laquelle on décide de s'arrêter car ça devient vraiment trop dangereux. On prie pour que le toit de taule ne nous tombe pas dessus. Et puis d'ailleurs ils font tous ça ici quand il y a un orage. Ophé a du mal à retrouver l'usage de ses bras et mains pendant quelques minutes, qui sont littéralement tétanisés. Quelle aventure mes amis, quelle aventure ! Dommage il ne nous restait que 2 km jusqu'à notre guesthouse pour vaincre l'orage. On attend que ça se calme un peu pour faire la fin, prendre enfin une douche chaude, étendre nos habits trempés et s'habiller sec avec ce qu'il nous reste. On mange dans le restau d'à côté, pas mécontents d'être arrivés.


Jour 3 : la grotte de Konglor (et route jusqu'à Nahin, 45 km)

On commence la journée par la grotte de Konglor, qui est sans aucun doute la plus belle de toute la boucle. Elle se parcourt en bateau dans le noir, éclairés à la frontale. 

Nous garons nos bolides et allons faire la connaissance de notre batelier fou. Celui qui tient le guichet est sympa et il se marre comme une baleine en faisant une annonce au micro pour annoncer qu'un piroguier est demandé à l'accueil et en mixant du lao et du français : "kop chai beaucoup" et "merci lalai". Il nous file des lampes frontales assez puissantes contre une caution (bon à savoir, il faut le demander car ils ne proposent bizarrement pas d'eux même ce prêt).

Un petit pont en bambou permet de traverser la rivière qui ressort de la grotte. En avale on peut apparemment faire du tubing, c'est à dire descendre le courant sur une grosse chambre à air. Mais nous, nous remontons un peu au bord de l'eau pour entrer dans les entrailles de la terre (ouh, ça fout les chocottes !). Nous voilà dans le noir au bord de l'eau au milieu des pirogues qui attendent. Notre chauffeur va chercher la sienne, fait le plein et revient nous prendre sur la rive dans une pétarade de moteur qui résonne sur les parois.




Nous avançons à vive allure à la seule lumière de nos 4 lampes. Nous découvrons les aspérités, obstacles et tournants au dernier moment. C'est impressionnant de voir comme le batelier a appris à naviguer dans cet environnement sombre et il faut le dire un peu hostile.

Au bout de 20 minutes on voit de la lumière! Alléluia! Mais ce n'est pas le bout du tunnel car la traversée dure 1h. En fait c'est parce qu'il y a des rapides (oh chouette !) mais qu'on ne peut pas prendre car il n'y a pas assez de fond (oh non !). On visite donc cette partie joliment éclairée à pied et on retrouve notre guide de l'autre côté pour la suite de la traversée. Dommage que les moteurs pétaradent autant car c'est vraiment le monde du silence ici : sans lumière, sans odeur, sans vie (?). Nos cinq sens en prennent un coup !

Les plafonds sont tour à tour très hauts puis dans la chambre d'à côté très bas, les parois très larges puis très serrées. Ce n'est pas tant avec la lampe frontale de qualité moyenne que l'on s'en rend compte mais plutôt avec les variations de l'écho du moteur. Impossible donc de prendre des photos ici.






Ça y est nous voyons enfin de la lumière, on arrive au bout du tunnel. On nous fait descendre et marcher dans l'eau car il n'y a pas assez de fond pour faire passer le bateau. Et nous sortons de la grotte tout émoustillés. C'était génial ! Par contre il est clair que ce n'est pas recommandé pour les claustro.

Après une petite pause pipi et luminothérapie / achat de souvenirs pour ceux qui veulent, on reprend notre barque à moteur pour le trajet retour, car des gouttes recommencent à tomber. Et on adore toujours autant même pour nous qui ne sommes pas des grands fans de grottes. C'est vraiment une expérience que l'on recommande si vous passez dans le coin car c'est très impressionnant.


Il est temps maintenant pour nous de retrouver nos scooters, récupérer nos sacs et partir pour la prochaine étape qui est Nahin, à seulement 45 km d'ici. On suit Sophie pendant quelques km mais le temps se gâte vraiment. Ça commence à devenir tout noir là haut et c'est pile dans notre direction. 

On commence à en avoir marre de se prendre des orages sur le coin de la tronche donc on décide de rebrousser chemin, de rester à l'abri au café de notre hôtel et de manger une bonne soupe de pâtes en attendant que ça passe. Ça nous emmerde vraiment de laisser Sophie toute seule sur la route mais elle est vraiment décidée faire le retour complet jusqu'à Thakhek pour prendre le bus pour Ventiane le soir même. Grande folle ! On se retrouvera donc là-bas dans 2 jours. Et si jamais elle a un soucis sur la route elle nous préviendra par whatsapp.


Nid de poule version lao

On remet ça ?

15 minutes plus tard il tombe des trombes d'eau et on pense à notre chère routarde qui doit être trempée à l'heure qu'il est. On fait les kilomètres suivants avec un autre groupe que l'on avait rencontré sur la route : 1 française, 2 anglais et 1 néerlandaise avec qui on prendra notre repas du soir. Par chance on n'aura pas de pluie sur la route jusqu'à Nahin mais c'est sans compter sur la route qu'on aura à faire le lendemain. Nous dormons dans la même guesthouse qu'eux, la Xokxaykham (ça s'invente pas un nom pareil !). À côté, il y a une sorte de fête avec quelques stands de tir aux fléchettes où on peut gagner des bières et des laos qui dansent : comme chez les cambodgiens, tout est dans le jeu de mains.


Jour 4 : retour à Thakhek (145 km)

On se réveille en entendant la pluie et ça ne donne franchement pas envie de se dire qu'on va rouler trempés et en crevant de froid pour une durée indéterminée sur une route réputée dangereuse.

On attend le plus tard possible pour prendre notre petit déj', mais comme ça ne s'améliore pas, on se résigne à enfiler nos beaux kways fluos encore une fois. Nous retombons sur les escaladeurs mécanos et nous en profitons pour leur demander de nous resserrer un peu le frein arrière. Eux sont encore en train de réparer leurs bécanes, visiblement pas très fiables dès qu'il pleut.


On prend la route à contre cœur, il faut bien y aller si on veut arriver avant la nuit. La première portion de 45km jusqu'à la nationale à Vieng Kham nous prend presque 2 heures... Cette route est normalement magnifique, dans les montagnes. Mais pour nous c'est malheureusement plutôt un mauvais moment, entre la pluie, les graviers sur les bas côtés, les nids de poules, on n'en profite carrément pas. Dans une côte où de la boue coule sur la route, nous croisons un semi remorque qui descend en portefeuille, glissant de côté, freins bloqués à fond. Il ne maîtrise rien du tout, c'est un peu flippant. Une petite photo en haut de la montagne, pour la postérité, et nous repartons. Nos compagnons ont acheté dans une échoppe des capes de pluies colorées pas franchement adaptées à la moto : elles flappent au vent et des bouts de plastique rouges, bleus et verts ne tardent pas à se déchirer et à s'envoler derrière eux en cours de route.




Nous arrivons à Vieng Kham pour le déjeuner. L'occasion de faire une pause avant de se lancer sur les 100 derniers kilomètres de nationale. Elle est dangereuse car les gens roulent vite et qu'il y a pas mal de traffic jusqu'à Thakhek. La pluie cesse enfin, c'est déjà ça. Cette partie est plutôt sans intérêt. Nous faisons bien attention en traversant les villages. Tout à coup, un cochon sauvage suivi de quelques marcassins nous passent devant, effrayés par un villageois qui n'a absolument pas regardé s'il y avait du traffic avant de les chasser de chez lui... heureusement nous n'avons pas à piler !

Nous arrivons sans encombres à Thakhek, accueillis par un chaud soleil. Nous refaisons des détours pour éviter les policiers et allons à la bus station pour réserver un bus pour Vientiane (7h de route). Le type est un vrai con et nous dit méchamment qu'on ne peut pas acheter de billet ici et qu'on ne sait jamais d'où part le bus. Bon... Nous prendrons donc le billet par le loueur de moto, forcément avec un belle commission au passage.


Nous sommes déjà bien cuits de la route, mais histoire d'être sûrs, nous prenons un bus de nuit le soir même à minuit ! Grands fous. On patiente dans un restau de Thakhek, on refait les sacs et Seb s'endort brièvement sur le canapé. Le bus est un "sleeper bus" avec des couchettes taille lao : on est pliés en deux. Nous avons du bol, il est à l'heure. La veille, Sophie a dû attendre jusqu'à 3h du matin... L'arrêt est au bord de la route, mais des petites échoppes vendent de la bouffe. Nous prenons des galettes de riz soufflé caramélisées (miam) que nous partageons avec d'autres français qui attendent le même bus que nous et avec qui nous sympathisons.

Vientiane : le repos qu'il nous faut.

On débarque à 7h du mat' dans la capitale. Les chauffeurs de tuktuks qui nous sautent dessus au réveil nous donnent des envies violentes. On les envoie chier et malgré ce qu'ils nous disent nous trouvons facilement un bus local juste à la sortie du terminal pour rejoindre le centre, 10 fois moins cher que le tarif exorbitant qu'ils demandaient pour la course. Na !

Il nous faut maintenant trouver un hôtel. On en a repéré quelques uns, mais en faisant le tour du quartier nous retombons par hasard sur nos amis Nantais et leur petit Léo. Leur hôtel est bien et à un prix correct avec le petit déj inclus. Nous prenons donc la chambre en face de la leur et nous nous écroulons pour une sieste sous le ventilo.

On lit partout qu'il n'y a pas tant de chose à faire à Vientiane. On n'a donc pas trop cherché et on a surtout pris notre temps pour nous reposer 2 jours. Nous en avions bien besoin !

En gros, voici notre programme : Une petite promenade le long du Mékong (dans un night market sans grand intérêt). Un tour de quelques temples (certains sont bien kitchs comme on aime, on n'a pas pu résister à l'envie de vous partager ça) et du palais présidentiel. La visite, avec Sophie, du musée COPE sur les bombes à sous munitions, les UXOs, plutôt bien faite et tenue par une association qui aide les victimes de ces mines en leur permettant d'obtenir des prothèses et des soins de rééducation. Quelques bières avec Sophie et un bon restau français avec Manu, Domi et Léo (avec même un verre de vin, le premier en 5 mois, c'est dire !).



Chef, chef, j'ai fini de peindre mon lion !

N'est pas artiste qui veut

C'est d'la bombe bébé !


Une façade faite par l'architecte Malococcix


Bref REPOS, on vous dit !

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