Après une semaine à Kheo Phos sans croiser une voiture ou presque, le retour au rythme et au tumultes de la vie urbaine nous demande un peu de réadaptation. Au programme, les deux plus grosses villes du Cambodge, Phnom-Penh et Battambang. Bon, on remet à l'échelle tout de même, elles ne font respectivement qu'1,5 million et 250 000 habitants, ce n'est pas non plus la même catégorie que Bangkok ou Ho Chi Minh...
Quelques repères. Nous y étions du 29 janvier au 2 février 2018 et c'est ici :
Les quelques jours de mauvais temps prévus dans le sud du Cambodge et dans les 2 îles que nous voulions visiter ne nous permettent pas de rester plus longtemps sur les côtes (oui oui vous avez bien lu, de la pluie). On s'est déjà tapé 3 jours d'orages et de pluie à Kheo Phos ça suffit maintenant. On n'avait pas non plus prévu de visiter la capitale, préférant d'habitude les éviter, mais en discutant avec Stéphane (fondateur de la Green School Cambodia), il nous convainc de visiter la prison S21 et les killing fields pour se rendre compte de l'horreur de la période Khmers rouges mais aussi pour comprendre les comportements humains que l'on a vus à Kheo Phos. Nous voilà donc en route pour la capitale.
Phnom Penh : nouvelle bonne surprise
Kheo Phos a la chance d'être reliée à Phnom-Penh par une liaison directe quotidienne, en fait un minivan local qui sert aussi de fret. On se fera d'ailleurs renvoyer quelques jours plus tard notre lampe frontale qu'on avait oubliée à la Green School par ce biais en échange d'un pot de moutarde amora par amour du goût. Dans le minivan, que des locaux bien sûr dont une famille a la merveilleuse idée de transporter des Durions. C'est un fruit dont les asiatiques raffolent mais ça pue tellement qu'il est interdit dans beaucoup de lieux (métros, magasins, temples...etc). On souffre donc pas mal pendant ce trajet même si les fenêtres sont ouvertes. Eh les gars j'ai une idée ! Z'auriez pas un bout de claquos pour compenser ? Malgré l'odeur, pas de malaises à déclarer et on arrive à Phnom-Penh en 5h comme prévu. Sur la route on se prend un bel orage, heureusement qu'on a dit au gars de rentrer le sac de Seb qui était ficelé derrière sur une moto juste avant sinon c'était l'inondation ! (comment ça vous ne transportez jamais de scooter dans un bus vous ?)
A peine arrivés à l'hôtel on jette nos sacs et on part à la découverte de la ville sur les bords du Mekong. On fait également un détour par un temple pour changer : le Wat Phnom. Sur la route du retour on croise des femmes faisant de l’aérobic. Complètement à donf. On adore. Apparemment c'est hyper réputé au Cambodge et le stade olympique est rempli de groupes tous les jours. Le public visé est la femme moderne muni d'un jogging et de pompes fluos, de 30 à 70 ans : le coach amène la sono et se démène devant et tout le monde suit la choré derrière. Le son est bien entendu bien saturé et bien dégueulasse, sinon ça marche moins bien.
Le musée national |
Des restes coloniaux |
Modernité et tradition |
La vie au bord du Mékong |
Le Wat Phnom et sa "flower clock" |
Et là, que voyons nous au détour d'une rue ?! Une boulangerie Eric kayser, comme à Paris ! Joie intense de retrouver une baguette Monge bien dorée et préparée au levain, c'est bon comme à la maison. On dégotte un pot de confiote aux fruits rouges (rejoie, enfin une confiture pas chimique) dans une supérette et nos petit-déjeuners pour les 3 jours se constitueront d'une grosse tartine de conf'. MIAM !
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On a essayé de commander un Schneck, mais ils n'ont pas compris... |
Le lendemain on s'arme de courage et on se rend à S21, ancien lycée Tuolseng qui a servit de prison pendant la période Khmers Rouges. Ce jour là comme d'habitude il fait super beau mais on a froid dans le dos. En 5 ans le régime de Pol Pot a réussi a décimé 1/4 de la population. De 12 000 à 20 000 Khmers ont été emprisonnés ici et seulement 8 ont survécu au moment de la reprise de la ville avec l'aide de l'armée vietnamienne. Avant de sortir du musée on aura la chance de rencontrer 2 des survivants qui continuent de venir tous les jours au musée pour raconter leur terrible histoire et dédicacer leurs livres.
En visitant ce lieu de mémoire on se rend compte que les Khmers sont tous touchés de près ou de loin par ce régime. L'audioguide est super bien fait, c'est une ancienne victime qui raconte l'horreur de l'organisation de la prison S21. Ce qui est bien c'est que l'on peut écouter l'audioguide dehors dans le jardin et visiter la prison ensuite. Cela permet de limiter un peu la charge émotionnelle. A l'intérieur, on peut voir les cellules, les lits, les chaînes, les boîtes de munition dans lesquelles ils faisaient leurs besoins, mais aussi des photos des victimes retrouvées par les vietnamiens enchaînées dans leur lits.
Dans d'autres pièces on peut voir des photos des prisonniers, mais aussi des gens qui travaillaient dans la prison et des peintures d'un des survivants et certains instruments de torture. Tout est effrayant. On est restés en tout 5h, ce qui nous a paru nécessaire. On a également pu assister à une conférence avec un témoignage d'une survivante des travaux forcés et celui d'un journaliste en mission à Phnom Penh en 1974 et encore en état de choc. Poignant. On n'ira pas voir les Killing Fields qui est le lieu où les prisonniers étaient envoyés une fois leurs "aveux" signés et où de nombreuses fosses communes ont été découvertes. Il paraît que c'est encore un cran au dessus dans l'horreur.
Pendant notre séjour on partira aussi explorer le marché central. C'est un bâtiment super impressionnant et très beau (normal il a été construit par des français ;) ) dans lequel on trouve tous les produits de la contrefaçon chinoise possibles et imaginables. Chouette, Ophé va pouvoir se racheter des nouvelles lunettes Roy Bon à 2$ qui tiendront 3 mois. Cette fois le vendeur nous promet que les branches sont incassables. Ils sont quand même vachement drôles.
Le marché central vu de l'extérieur |
On a fait l'impasse une fois de plus sur le palais royal (apparemment pas terrible) et quelques autres monuments. Nous nous contentons d'en voir certains de l'extérieur.
Finalement il faut croire qu'on se fait toujours agréablement surprendre par les capitales asiatiques. Après Bangkok, on peut dire qu'on a beaucoup aimé Phnom Penh pour l'ambiance qui règne dans la ville, les arbres, les parcs, et la promenade au bord du Mekong que l'on a fait au moins 3 fois. Les habitants (des Phnom-Penhois ?) aiment sortir dans les parcs et s'approprient leur ville, ça fait plaisir de voir cela. Le grand sport ici, c'est des jongles et des passes avec une espèce de volant qu'ils attrapent avec le pied derrière le dos. On a vu des blancs s'y essayer, ça n'a pas l'air fastoche !
Dédé fait dodo au Do Do bar |
Bonjour, auriez-vous des bananes !? |
L'installation électrique en Asie, toujours au top |
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Un parc propre et avec des poubelles ! |
Une petite escale à Battambang
Et maintenant en route pour Battambang. Cette petite ville du nord est du Cambodge est quand même la deuxième ville du pays. Par contre, tout ferme à 21h et à 20h il n'y a plus personne dans les rues mis à part quelques touristes égarés comme nous. Battambang, le temple de la nuit !
Dans le bus, nous faisons la connaissance d'un couple de français de Nantes qui voyagent avec leur garçon de 3 ans, Manu, Domi et Léo. Comme les "bus stations" sont toujours situées à quelques kilomètres du centre (vous avez demandé la mafia du tuktuk, ne quittez pas, un de nos agents va vous sauter dessus) nous partageons une carriole avec eux pour aller dans le centre et trouver un hôtel. Ils voyagent en Asie pendant plusieurs mois et ils font à peu près le même parcours que nous au Cambodge puis au Laos : on se suit depuis lors.
Il nous reste quelques heures avant la nuit pour visiter le centre et c'est à peu près suffisant. On passe dans le marché, un lieu toujours intéressant en Asie où l'on en prend plein les yeux et les narines. On longe ensuite la petite rivière locale sur une promenade assez sympa. Tout le long sont installés des appareils de musculation (vélo elliptique et autres) et pas mal de locaux les utilisent en papotant. Il y a aussi des parcours où les gens avancent péniblement en se tenant à des rampes. Ça nous intrigue, en fait ils sont pieds-nus sur des dalles pleines de cailloux. Ophé s'y essaye : "ah mais ça fait mal en fait !". Ça doit aligner les chacras des pieds ou quelque chose dans le genre.
Un peu plus loin, nous traversons un beau parc tout neuf et bien aménagé. Les chiottes sont financés par "l'organisation mondiale des toilettes", la World Toilet Organisation, une association sans doute trop méconnue mais qui oeuvre pour le bien de l'humanité (surtout dans une région du monde où la mégaschtratz touche 80% des touristes !). Au loin le soleil commence à se coucher et de nouveau, deux ou trois groupes d'aérobic nous font bien rigoler, même si les coachs ne mettent pas tous la même énergie que ceux qu'on a croisés à Phnom-Penh.
Toutouyoutou |
On retrouve notre famille nantaise pour un verre de bière Angkor (à 0,50€ le verre à la pression ça ne se refuse pas) et un loklak (un plat Khmer très bon à base de viande de bœuf en fines tranches avec de la sauce sel/poivre/citron) au Night market un peu vide de Battambang. On rentre ensuite tous ensemble dans les rues désertes de la ville. Ça fait un drôle d'effet, il n'est même pas 22h. Pour transporter leur grosse valise, dont les roulettes ont évidemment lâchées assez vite sur les trottoirs asiatiques, la famille a acheté un diable. Pratique, cela leur sert aussi de poussette à Léo qui a l'air d'apprécier la course : il s'endort sur le chemin, fatigué de sa journée et d'avoir joué au bar avec ses petites voitures Cars.
Le lendemain, nous louons deux vélos pas géniaux pour visiter un peu les alentours. Si Battambang a peu d'intérêt en soi, nous avons lu que la campagne autour était plutôt mignonne. Comme il faut choisir un itinéraire pas trop long (on connait nos limites avec les vélos asiatiques) on jette notre dévolu sur le temple Ek Phnom Wat situé à une petite 10aine de kilomètres au nord de la ville. En moto, il aurait été possible de faire beaucoup plus et d'aller visiter des grottes avec des chauves souris, les killing fields locaux... mais on se sentait d'humeur flâneuse et sportive ce matin là.
Le temple que nous allons visiter est un ancien temple montagne devenu une belle ruine. À côté, un nouveau temple dont nous ne voyons que l'extérieur a été construit, orné de nombreuses fresques relatant la vie de Buddha, comme une BD géante. Un gros Buddha d'une dizaine de mètres de haut (peuh, petit joueur !) se trouve également sur le site, qui est entouré d'agréables bassins envahis de nénuphars.
La route pour s'y rendre est assez agréable et plate, nous longeons une petite rivière et passons dans des villages paisibles. Quelques pauses nous permettent d'admirer le travail de séchage de tranches de bananes ou de galettes de riz. Nous passons également la tête au travers de la porte d'un atelier bruyant qui attire notre attention. Nous découvrons un moulin où le riz séché est transformé en farine. Un ouvrier invite Seb à s'approcher et lui montre la mouture à différents stades de transformation. Ils mettent ensuite la farine dans de gros sacs de 50kg, prêts à être transportés à moto (5 ou 6 sacs en un trajet), pourquoi s'embêter avec un camion ?
La campagne autour, ne nous a pas spécialement marquée, même si c'est plutôt joli. Peut être commençons nous à être un peu blasés, mais on a vu tellement mieux ailleurs ! Nos amis Nantais avaient, eux, loué un scooter et sont apparemment passés dans des coins qui les ont emballés, du coup on n'était peut-être juste pas au meilleur endroit pour les paysages. Le temple à lui seul vaut le détour et reste un bel objectif de balade en vélo, comme un prélude (modeste) avant la visite d'Angkor.
En retournant à Battambang nous passons devant un attroupement d'hommes bien excités. Nous nous demandons ce qu'il se passe... match de boxe thai ? Combat de coqs ? Courses de gecko ? Que nenni ! En s'approchant on découvre deux terrains de pétanque avec une partie endiablée en cours. Visiblement, il y a des paris dans l'air et les joueurs ont un niveau impressionnant. L'ambiance et les supporters sont chauds bouillants.
Champion du monde régional du Cambodge en pétanque sur glace |
Nous finissons la journée en allant voir un petit monastère mignon et on se prélasse sur une balancelle dans le beau jardin de la résidence royale. C'est déjà l'heure de rendre nos montures et d'aller manger un morceau.
Un beau marché aussi |
Nous avons fait l'impasse sur le Bambou train, car nous avons lu à plusieurs endroits que c'était un attrape touristes bien nul.
Nous profitons encore un peu du calme de cette ville et allons au lit tôt car demain nous reprenons la route pour 6h de bus à destination de Siem Reap, la porte d'entrée des mythiques temples d'Angkor. On sent déjà que les jours qui suivent vont être intenses et blindés de touristes. On a néanmoins hâte de découvrir cette merveille du patrimoine mondial de l'humanité.
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