Les paysages magiques de Hpa-An

Dernière étape pour nous en Birmanie : Hpa-an et ses paysages magiques de pitons rocheux au milieux des rizières parcourues de pistes rouges. Quel meilleur endroit pour changer d'année ?


Hpa-an se situe quasiment à l'extrémité sud du pays à une centaine de kilomètres de la Thaïlande. Nous y arrivons enfin après 15h de bus au son des vomis des birmans qui n'aiment visiblement pas quand ça tourne. Autant les temps de transports sont longs en Asie (en tout cas depuis le début de notre périple), autant on s'étonne toujours de la vitesse à laquelle le voyage peut passer tant nous n'avons plus les mêmes repères. Nous arrivons à Hpa-an assez fatigués malgré tout et on court à l'hôtel pour faire une bonne grosse sieste et glandouiller-réserver notre dernière nuit à Rangoon dans 3 jours avant notre vol pour Bangkok. Hpa-an n'est pas très touristique et il y a peu d'hôtels. Nous avons donc eu un peu de mal à réserver, heureusement notre guesthouse du lac Inle nous a filé un coup de main pour appeler le Soe Brothers, une des rares auberges abordables.


On s'immerge dans des paysages présentés comme romantiques et uniques en Birmanie. Nous sommes encore une fois agréablement surpris par la diversité des paysages. Ici de grands rochers tombent à pic dans dans des plaines inondées. Là des rizières et des grottes immenses. Là encore des champs et au milieu de tout ça des piscines naturelles. Waouh! On aurait pas pu trouver mieux pour passer la fin de l'année. Loin de l'agitation des villes, dans une bulle de calme, comme invités dans un monde parallèle qu'on ne connaîtrait plus chez nous. 


Grâce à notre hôtel, une visite est organisée pour aller voir une grotte où nous dit-on, des millions de chauve-souris dorment en attendant la nuit pour sortir et chasser. La bien nommée Bats Cave. On est super excités à l'idée de pouvoir assister à ce spectacle même si on est dubitatifs sur le nombre de chauves-souris ! Avant, on monte sur un rocher pour admirer la vue. On en a le souffle coupé tellement la vue est belle. En plus on y est pour le coucher du soleil et une grosse pluie se prépare ce qui donne un effet surréaliste aux paysages. On redescend vite les marches en acier glissantes avant que trop de pluie ne tombe. En bas on commence à entendre les chauve-souris se préparer pour leur sortie nocturne. Mon dieu, ça sent tellement la merde! Elles sortent petit à petit et un flux continu pendant 20 minutes vide la grotte de ses habitants. Le ciel est envahit. L'endroit si calme il y a peu est devenu vraiment bruyant. On veut bien croire maintenant qu'elles sont des millions. Un type tape sur un tambour et fait grincer un objet métallique : le vol des vampires oscille en rythme car cela perturbe leurs ultrasons.




Quelqu'un a appelé Batman ?


Le lendemain on loue un scooter pour faire le tour de la région de Hpa-an. Il n'y a pas beaucoup d'habitants mais un monde fou a décidé de visiter les lieux en même temps que nous. Comme il n'y a que des birmans on se dit qu'il doit y avoir un pèlerinage. Et bien oui on commence à avoir l'habitude en Birmanie et vous aussi : on ne fait pas 10km sans trouver des stupas à tout les coins de rue, ou des arbres magiques à Bouddha, ou des grottes saintes dans lesquelles il faut marcher pieds-nus. Tout ça est encore plus drôle bien sûr quand il y a des saints cacas de chauve-souris partout. 

Justement on commence par s'arrêter dans une grotte et faire une petite balade matinale dans la Kaw Ka Thaung cave avant que Seb ne décide de se rafraîchir dans une piscine naturelle. Ophélie restera sur le côté car les femmes, quand elles ont le droit de se baigner comme c'est le cas ici, doivent le faire toute habillée ce qui limite donc quelque peu le plaisir. Et puis faut dire que de voir tout ces gamins crier de plaisir dans l'eau est déjà un spectacle bien réjouissant. Un endroit parfait pour prendre le temps. On peut aussi y faire du kayak dans les rizières.



Où est Charlie ?

Une drôle de maison au dessus d'une grotte

Tête de pneu !





Après la baignade on continue notre boucle vers la Sadan cave après avoir marché dans la campagne environnante. Ophé commande un plat végétarien auprès d'une mamie qui ne parle pas un mot d'anglais. Elle mime (les légumes ?) et on finit par avoir un super bon déjeuner pour trois francs six sous.

Ce qu'il y a de bien avec cette deuxième grotte, en plus du fait qu'elle est magnifique, c'est qu'elle est ouverte de l'autre côté et que nous pouvons prendre une barque pour faire le chemin du retour. Mais là ça ne se passe pas du tout comme ce que l'on avait espéré. L'endroit est franchement idyllique mais le mec qui vend les billets pour le trajet en bateau est un vrai con. Il nous fait poireauter et fait passer pas mal de birmans devant nous. Déjà que le billet est trois fois plus cher pour les touristes occidentaux, c'est en plus la première fois en Birmanie qu'on nous fait sentir qu'on n'est pas les bienvenus. Et ça continue au moment de prendre le bateau. Les gens nous passent tous devant. Les bateliers refusent de nous faire embarquer en nous dirigeant toujours vers le voisin. Au bout de 10 minutes à se faire balader c'en est trop pour Ophélie qui commence à voir rouge et a des relents d'Inde. Passage en mode gros connard activé. Fallait pas la chercher. On monte de force dans un bateau avec d'autres birmans. On s'assoit et on commence le bras de fer. On nous dit de descendre. On refuse. On a payé. On reste. On nous dit encore d'aller sur un autre bateau mais on leur répond que personne ne nous accepte. C'est con pour vous mais on va vraiment devoir rester. Et en plus on est sacrément bornés. Au bout de quelques minutes, un groupe d'observateurs est entrain de se créer. Ça commence à parler fort mais on ne démords pas; on ne se lèvera pas. Les quelques touristes étrangers qui sont là regardent la scène interloqués. On ne comprend vraiment pas ce qu'il se passe. Les quelques personnes qui étaient là sur le bateau avec nous commencent à nous fuir et préfèrent monter sur la barque d'à côté au risque de tomber à l'eau plutôt que de rester avec nous... on finit par partir presque à vide : deux jeunes birmanes monteront courageusement avec nous. Nous serons donc 4 alors que les barques sont faites pour une dizaine de personnes. Nous les boufferons tout cru au premier tournant, les autres avaient bien raison de ne pas vouloir monter avec nous.

Un Bouddha un peu glauque






C'est peut-être la barbe qui leur a fait peur ?








Nous nous rendons ensuite à un rocher sacré au milieu d'un lac artificiel surmonté d'un stupa nommé Kyaik-Ka-Lat. C'est fou ce que ces birmans ont le sens du romantisme, on en prend encore une fois plein les mirettes. En plus le lieu est entouré de rizières et de montagnes. Là encore, beaucoup de pèlerins sont présents et nous avons le sentiment d'être parmi les très rares touristes à visiter le lieu. Comme c'est déjà le soir, nous restons pour admirer le lever de la pleine lune et le magnifique coucher de soleil sur ce décor hors du commun. Et en plus celui-ci est le dernier de l'année.









On continue la soirée en allant manger au night-market, un lieu aménagé près d'un petit lac avec pleins de stands de street food. C'est pas cher, c'est super bon et l'ambiance est au top. On prend un jus de canne à sucre à un stand indien, une crêpe frit bien grasse au stand birman et une soupe de nouilles thai. On termine la soirée sur la terrasse de notre hôtel à déguster notre pitaya (fruit du dragon) et nos mangues avec nos bonnes grosses bières.

On n'a pas osé tester les brochettes Angry Birds...
Le lendemain on est trop dans le pâté pour se lever tôt et faire l'ascension d'une montagne. Tant pis pour la vue ce sera grasse mat'. Et puis en fait on n'a pas vraiment envie de faire grand chose aujourd'hui donc on termine tranquillement le tour qu'on a commencé hier, deux grottes pleines de Bouddha au programme, Kaw-Gone cave et Yathei Pyan cave. Après quoi, on se pose au bord d'une piscine alimentée par l'eau de la montagne (injustement nommée Waterfall alors qu'ils n'y a pas la moindre chute d'eau) en regardant la vie locale, les moines se baigner, les vaches qui broutent... tout en bouquinant. Les hommes d'un côté, les femmes (habillées) de l'autre. Quelques sculptures kitches sont évidemment placées au bord de l'eau pour relever le tout.

Bouddhas en terre cuite



"Don't swim lady", les sculptures moches sont réservées aux hommes
Demain on reprend un bus pour Rangoon et c'est donc déjà la fin de notre périple en Birmanie.


Fruit du dragon du nouvel an
On a trouvé ce pays (enfin ce qu'on en a vu) vraiment génial. C'est sans aucun doute LA belle surprise de notre long voyage (en tout cas en Asie) et s'il y avait un classement à faire, probablement notre meilleur souvenir depuis notre départ. Passé le caractère un peu répétitif de la bouffe bien grasse sentant souvent le poisson fermenté ou séché, les birmans sont un peuple très attachant, très souriant et très accueillant dans lequel nous avons mis notre confiance les yeux fermés car toujours prêts à aider. Les paysages sont magnifiques et le pays fait office d'ovni en Asie grâce à cette diversité : à plusieurs reprises on s'est cru aux Pays-Bas, en Toscane, dans les Vosges, au Mexique...

La Birmanie nous a mis des étoiles plein les yeux et on n'est pas prêts de l'oublier. 

Et à ceux qui nous diront ou qui nous ont dit: "Han mais tu vas quand même en Birmanie malgré la situation avec les Rohingas?!" "Tais-toi et arrête d'acheter du Nutella!"

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