A la rencontre de Bouddha, de Monywa à Bagan

Des pagodes à perte de vue dans une plaine survolée par des montgolfières au lever du soleil. Après U-Bein, nous nous dirigeons vers un autre lieu emblématique de la Birmanie, la plaine de Bagan. Mais d'abord, allons voir des bouddhas au calme à Monywa !



Le présent très mouvementé et violent de certaines régions de la Birmanie impose aux voyageurs, même les plus aventureux, un circuit en son centre somme toute classique. Les touristes se retrouvent donc à suivre quasiment le même parcours dans un maximum de 28 jours, durée limite du visa. Monywa est une des exceptions à ce circuit classique.

Notre trajet :

Ici très très peu de touristes et une situation sécuritaire normale pour la Birmanie. C'est ici que l'on va passer deux jours dans un hôtel qui s'appelle King and Queen. Le nom n'est pas menteur. On est en effet accueillis comme un des rois avec une mention spéciale au petit déjeuner gargantuesque et au lit king size. Ca fait bien longtemps que ça ne nous était pas arrivé. C'est donc plein de confiance que l'on attaque cette nouvelle étape de notre voyage. On l'espère authentique, avec peu de touristes, et beaucoup de sourires mais aussi et comme toujours en Birmanie avec des bouddhas par milliers.
Et c'est exactement ça que l'on voit. Des bouddhas partout : "sur le nez, dans le cou...".

Monywa : "Tiens voilà du bouddha" 

(Titre pour faire plaisir à Seb et à nos lecteurs à l'humour un peu dérangé ;) )

Au programme de la journée, on vous l'a dit, des bouddhas. Mais pas n'importe lesquels. Un des plus grands bouddha couché et le deuxième plus grand bouddha debout du monde. Ils sont aussi en train de construire un gros bouddha assis à côté, histoire d'être exhaustifs. Rien que ça.

Ce qu'on ne vous a pas encore dit c'est que les birmans sont fanas de nouveauté. Et le mot est faible. C'est à celui qui aura le plus grand bouddha, le plus grand nombre, le plus beau stupa, la plus belle relique. Des bandes organisées ont compris ça et elles fabriquent parfois des statuettes de remplacement en carton moisi, dorées à la peinture premier prix. Certains birmans tellement contents d'avoir une nouvelle figurine à mettre dans le temple la troque contre de vieilles reliques authentiques chargées d'histoire. Ici c'est comme ça que l'on pille et tout le monde est content. Et nous ça nous a bien fait rire bêtement.

Également au programme de la journée et en exclu : des grottes avec quelques milliers bouddhas et un temple complètement anarchique avec 500 000 bouddhas. Sont fous ces birmans. Tous ces lieux se visitent pieds nus car sacrés, en pantalon et sans "spaghetti blouse" (débardeur) bien sûr. Les femmes ne sont pas autorisées partout et surtout pas trop près de bouddha en tout cas, des fois qu'il se retournerait dans sa tombe choqué par tant de provocation féminine. Il parait aussi qu'il y a des serpents vivants dans les grottes et temples car il y fait frais. Serpents et pieds nus, enfin vous voyez quoi ça ne fait pas bon ménage. Allez on va prendre la lampe de poche on ne sait jamais.

Comme c'est la journée de tous les défis c'est donc maintenant que l'on vous annonce qu'on va voir bouddha en scoot. Et oui on fait des économies en ne choisissant pas le taxi. C'est une grande première pour nous. Déjà qu'à Paris la circulation est flippante en vélo, alors en scoot vous imaginez. On a quand même essayé de scooter dans un parking parisien avant de partir : quelques chutes et bleus pour Ophé, un sans-faute pour Seb. Allez, un chauffeur pour deux c'est pas si mal quoi. Pour le prix on a même des casques (on dirait plutôt une bombe pour faire du poney) et un scooter automatique 125cc. La grande classe.


Notez les nouvelles lunettes "Roy-Bon" du Séb, acquises à Varkala

Le motard de l'espace

Dans les premiers tournants, la passagère sert les fesses, les premières accélérations font bizarre. Ça va vite en faite cette bête là ! Et puis c'est quoi tous ces gens à trois sur les scoots qui déboulent de partout, qui ne regardent pas en arrivant par la droite, qui ne connaissent pas les clignotants. Qui transportent des gamins de 3 ans entre leur jambes, qui te dépassent en faisant des grands sourires et des grands coucous. Putain mais regarde la route quoi. Et mets un casque, bordel !

Pourquoi s'emmerder avec un monospace quand une mobylette peut transporter une famille de 5 personnes ?
Après 10 minutes on se détend, on apprivoise l'engin, on arrête de broyer les côtes du conducteur, on apprécie les paysages, et on a mal au cul. Mais on sourit et on se sent libres. C'est beau et ça donne envie de dire "photo, photo" toutes les 5 minutes. Les routes sont parfois un peu trouées, on roule tranquillement à 50 à l'heure.

Arrivés aux grottes souvent creusées à la pioche dans la roche, on admire les bouddhas dans toutes les positions et on se dit qu'ils faut être sacrément motivé pour construire des trucs pareil. Voyez par vous-mêmes.






L'avantage c'est que le lieu est désert. On croise quelques birmans par ci par là et sur la demi journée on a vu deux touristes occidentaux. Cette étape est vraiment parfaite pour qui cherche le calme hors des sentiers battus (elle est pas bien ma phrase "guide de voyage"?!). Attentions aux singes qui chapardent tout !


Après 1, 2, 3, 50, 200 bouddhas, on estime qu'on a fait le tour du lieu donc on reprend notre fidèle destrier pour aller de l'autre côté de Monywa pour les bouddhas de tous les exploits. A lui seul, l'oreiller du bouddha couché de 90m fait la taille d'un immeuble de 4 étages. C'est vrai qu'on se sent tout petit, ne serait-ce qu'à côté de ses pieds. Pour le bouddha debout de 161m, il est possible de monter une bonne trentaine d'étages afin de pouvoir admirer la vue. Le tout sans ascenceur. On aurait dû se faire les mollets sur la tour Eiffel avant de partir ! Un peu la flegme pour la grimpette aujourd'hui et puis de toute façon le bouddha ferme ses portes dans 15 minutes. On regarde donc le début du coucher de soleil depuis ses pieds.



Ici bientôt, un Bouddha (assis). Les échafaudages en bambou sont impressionnants.


Un petit arrêt au temple des 500 000 bouddhas (on reste à l'extérieur, faut pas déconner) et c'est l'heure pour nous de rentrer avant la nuit noire et après nos 120km de scooter.

Zoomez sur la colonne... chaque point blanc est en fait un Bouddha !


La plaine du Royaume de Bagan, entre massage tonique, et tentative frauduleuse ratée 

Bagan c'est un peu l'image d'Épinal que tout le monde a en tête lorsque l'on évoque la Birmanie. Mais si faites un effort, vous savez ces milliers de temples en brique rouge perdus dans la campagne. La photo que tout le monde voit au lever du soleil avec toutes les montgolfières surplombant les temples dans la brume matinale. Bah voilà c'est là qu'on va. C'est vrai qu'on n'est pas spécialement de grands fans des hauts lieux touristiques (cf. notre article sur Agra) comme celui-ci mais quand ça vaut le coup ça, vaut le coup. Et pour Bagan on veut bien faire une exception. On vous explique. Aller en Birmanie sans passer par Bagan c'est un peu comme aller à Paris sans voir Montmartre, avoir cinquante ans et ne toujours pas avoir de Rolex, regarder un match de foot sans binouze et sans beaufs, faire un repas sans fromage (c'est une obsession...). Si t'y va pas t'es un raté, un nazbrok. Non mais allô quoi! Bon nous on est déjà un peu des ratés et mais y va quand même, des fois que. Pour l'expérience, pour le plaisir, pour mettre un pin's sur la carte du monde en disant "on y était", pour l'ambiance, pour vérifier si la photo sublime que l'on voit avec toutes les montgolfières et les temples par milliers bah c'est rien que du photoshop. 

On commence par un petit tour dans la ville. Pour humer la vie locale, rien de mieux que le marché ! On visite aussi une petite fabrique de Cheroot, le cigare birman. Il est roulé à la main par des femmes qui peuvent en faire jusqu'à 500 par jour. On a goûté, c'est pas dégueu mais ça fait un peu tourner la tête.

Ca roule ?

Les "filtres" en feuille de maïs et papier journal

Les "can balls" en canne à sucre. Les birmans jonglent avec comme si c'était un ballon de foot

Quoi la chaîne du froid ?

Coupe longitudinale d'une noix de bétel. Du Népal à la Birmanie, on chique ça avec une feuille, du tabac et de la chaux et on crache rouge partout. Ca pourrit les dents et les colore en rouge.


Aung San Suu Kyi

Sur les 4 jours de visite on décide de faire 1 jour de vélo et 3 jours de scoot électrique (ebike). Qui a dit feignasses ?! Non mais attendez. C'est parce que tout est éloigné à Bagan et en vélo tu te retrouves vite à faire 30 voire 40 km dans le sable sous un soleil de plomb. On tient à notre vie. Donc ce sera la moto.

Nous voilà donc le premier jour sur notre vélo à pédaler comme des forcenés sur la route mais aussi sur les pistes et parfois dans des gros tas de sables. On est presque les seuls en vélo mais pas les seuls à avoir eu l'idée de visiter Bagan. Il y a un monde fou sur les temples les plus connus accessibles par la route mais dès que l'on s'éloigne un peu dans la cambrousse on est très vite seuls et c'est du bonheur.







Mais au fait, on ne vous a pas encore dit qu'on s'est improvisé fraudeurs? Enfin on a essayé. Normalement tous les touristes doivent s'acquitter d'un droit d'entrée de 20 euros pour 5 jours. Nous on n'est jamais contre le fait de payer surtout pour visiter un monument historique. On se dit que notre argent va à la conservation et à la restauration du monument. Sauf que là seulement 2% du prix va à la conservation, le reste servant à enrichir les poches des militaires. Quand on est arrivés, notre taxi a décidé (par militantisme ?) de ne pas nous arrêter au guichet et nous n'étions pas contre. Notre petite entreprise marchera deux jours (2 jours sur 4 c'est une bonne moyenne non?!) et on se fera gauler sur le toit d'un temple alors qu'on contemplait le coucher de soleil. On était bien au calme, et tout d'un coup un bus de photographes chinois a débarqué. Et comme cette pagode semble être plus courue que ce qu'on avait anticipé, on a eu droit au seul contrôle de billet de nos 4 jours là bas. Raté, on a dû payer les 50 000 Kyats. Bon, on a quand même profité de la vue et on a bien rigolé en regardant les photos ratées de ces chinois qui ont des appareils photos et du matériel haut de gamme mais ne savent pas s'en servir (sur toutes leurs photos du coucher de soleil, le ciel est... blanc !).

Les moines birmans sont parfois modernes




Ils sont arrivés à pied par la Chine

Donc visite en vélo disais-je. Au final les 20km sont passés crème car on s'arrête souvent pour les temples, on se déchausse, on fait le tour des temples par l'extérieur et l'intérieur et quand on peut on prend de la hauteur et on monte sur les toits. Nous, c'est ce qu'on préfère car la vue de là haut est toujours magnifique et en plus c'est quand même pas commun de pouvoir escalader un temple comme ça. Le jeu c'est un peu d'explorer la journée pour trouver une pagode sympa sur laquelle grimper pour le coucher du soleil, ou le lever le lendemain. Bon après, au bout de quatre jours à voir des temples on est un peu blasés du bouddha et du déchaussage donc on se contente de les observer de l'extérieur, les fesses sur la moto et l'appareil photo en bandoulière.


Il ne restait qu'un casque de motocycliste national-socialiste. Ca fera l'affaire !





On passera le plus clair de notre temps du dernier jour à chercher un endroit pour faire une sieste et croyez nous c'est pas facile. On a quand même trouvé un petit coin de paradis. Derrière un temple il y avait un bouddha dont personne ne voulait. On regarde le bouddha. Le bouddha nous regarde. Allez toi tu seras le gardien de notre sieste. On s'allonge sur le sol en brique dur et on pionce en écoutant le bruit du vent dans les arbres et des gargouillements du ventre d'Ophé qui réclame encore et toujours du fromage. Comme c'est romantique.


Lost in la pampa





Le gardien du temple



Bagan c'est aussi connu pour ses couchers de soleil et ses levers de soleil d'une beauté sans pareil. Le lever de soleil c'est le moment pour les plus courageux et les moins frileux d'enfourcher sa moto et d'aller se perdre à la lampe de poche dans les temples dans la nuit encore bien noire à 5.30 du matin. C'est aussi le moment où tu vois que google maps arrive à ses limites mais qu'un gentil birman sera toujours là pour te secourir. Même dans la nuit noire. Même à 5.00 du mat. Même s'il doit faire un détour avec sa moto pour être sûr que tu trouves le temple que tu cherches. C'est notre premier birman. On lui dit qu'on va savoir se débrouiller seuls grâce à ses indications. On le laisse donc repartir dans la direction opposée en le remerciant. Après 5 minutes à chercher notre chemin il faut bien avouer qu'on ne fait pas mieux que google maps même avec les indications de notre type. On est des ratés j'vous dis. Notre deuxième birman est peintre. Comme beaucoup à Bagan. Il se propose de nous emmener sur un temple que personne ne connaît pour regarder le lever du soleil. On flaire le truc mercantile mais on sent aussi que notre plan google map est quelques peu pourri aussi donc on abandonne notre solution pour suivre notre brave type. Le temple n'a pas de nom, juste un numéro, mais l'endroit est top et désert (mais glagla aussi quand on est pieds nus). On voit les premières montgolfières se balader dans le ciel et on essaye de deviner l'endroit dans la colline où le soleil va apparaître. Trois minutes après c'est gagné. Les reflets oranges inondent la plaine encore recouverte des brumes matinales et l'ombre des temples se détachent dans le paysage. Photo photo photo ! Au bout d'une heure notre peintre est toujours là et c'est maintenant qu'il entre en scène pour nous présenter ses peintures. On regarde par politesse et on lui filera un pourboire pour nous avoir fait découvrir l'endroit. Parce que quand même quoi. C'était trop waouh !










Bon c'est pas tout mais c'est à Bagan que le p'tit Seb décide de vieillir. 29 ans c'est pas rien quand même, va falloir se creuser un peu la tête à l'autre bout du monde et marquer le coup. Même si ici l'offre en cadeaux manque cruellement. Eh oui Bagan c'est touristique mais c'est pas Paris non plus. Donc ce sera massage tonique qui pour le coup est vraiment tonique : on nous marche dessus, on nous fait craquer dans tous les sens. On ne peut pas s'empêcher de réprimer un petit rire dans la salle car vraiment on n'est pas habitués. On ressort de là en ayant l'impression qu'un bulldozer nous a broyé le corps. Et après 30 minutes on se dit que finalement ça fait quand même vachement de bien. On déguste la bière d'anniversaire en parlant de nos projets pour la suite du voyage et de notre ressenti jusque là (on vous promets un bilan dans les articles à venir donc patience). Et miracle on trouve une pizzeria. Bon mais vraiment pas top la pizza d'anniversaire on fera mieux la prochaine fois. 

Voilà Bagan pour nous c'est fini et on a adoré. En quatre jours (trois jours auraient peut être été suffisants), on a pu prendre notre temps, retourner plusieurs fois dans les temples qui nous ont marqués, se perdre dans la campagne pendant des heures sans jamais croiser personne à part quelques locaux, voir 3 couchers et 2 levers de soleils (enfin Ophé est restée au plumard pour le deuxième, tant pis pour elle !). Donc même si c'est touristique la campagne est tellement vaste et les temples tellement éparpillés qu'il suffit d'un coup de guidon pour s'en éloigner. Et ça on a vraiment adoré.


On met maintenant le cap sur Kalaw dans la montagne pour un trek de trois jours dans des paysages qui s'annoncent sublimes et variés. C'est reparti pour un bus de nuit VIP (c'est ce qu'on est non?!), la clim à fond mais un confort et une qualité de service irréprochable.

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