Khajuraho : à la pointe de l'érotisme

Où l'on vous raconte comment nous avons pactisé avec l'espoir d'entrer en lévitation à deux mètres du sol.

Train de nuit

Nous décidons d'arriver en gare d'une petite ville calme à 400 km à l'ouest de Varanasi un saint dimanche. Le train de nuit que nous avons choisi, part au soleil couchant de Varanasi la veille et arrive dans la fraîcheur du petit matin à notre destination.

Nous voyageons en classe 3AC, la 3ème classe avec la clim, un bon compromis coût/confort. Ce sont des compartiments de 8 couchettes (3 et 3 d'un côté du couloir, 2 de l'autre). Sur les conseils d'autres voyageurs, nous avons choisi la couchette la plus haute. Du coup, on est un peu coincés contre le plafond, mais au moins on peut aller au lit tout de suite et on a un peu plus de place pour s'étendre en longueur.







A l'heure prévue d'arrivée, comme il y a évidemment une petite heure de retard, personne ne sait trop où on est. Les voyageurs se penchent pour regarder par la porte ouverte du wagon (qui roule) et essayer de reconnaître un bout de paysage et savoir si le prochain arrêt est le bon. Nous on préfère la méthode GPS, plus fiable. Après avoir été bercés toute une nuit durant aux sons des clac-clac, tchou-tchou, ronflements divers, et sonneries de portable en tout genre, nous sommes frais et disposés à poursuivre notre petit bout de chemin.

Nous grattons nos yeux qui picotent et nous dégourdissons les jambes avant de poser sur nos épaules nos sacs rutilants qui, ce matin ont décidé de peser un peu plus lourd que les autres jours. Nous voyons enfin les panneaux plantés fièrement dans le béton du quai de la gare, juste devant nous. 

Temples érotiques et village erratique

Nous sommes à Khajuraho pour deux jours où nous comptons nous reposer. Cette petite bourgade en pleine campagne est réputée pour ça. Outre l'ensemble des temples qui fait l'attraction de la ville et une réserve animalière à quelques encablures de là, il n'y a pas de points d'intérêt notables à part peut-être l'appel du repos et du calme en plein nord de l'Inde. 

Pour goûter à cette sérénité, nous avons choisi un ashram, muni d'un jardin. C'est un hôtel, mais aussi un centre de Yoga, de méditation, de médecine ayurvédique. Le gérant de l'hôtel nous accueille royalement et très vite, on se sent non plus comme des clients mais comme des locaux qu'il connaîtrait de longue date.





Nous passons la journée à découvrir les temples autour de la ville qui sont tous plus beaux les uns que les autres avec leurs sculptures très fines dépeignant des scènes de guerre et de la vie de tous les jours. Bon et puis aussi ça baise dans tous les coins sous les regards amusés des éléphants. Mais ces sculptures là, elles ne sautent pas aux yeux. Non non. C'est après avoir maintes fois regardé dans un guide de voyage pour situer l'endroit exacte que l'on peut les découvrir. Environ 5% représentent des scènes du Kama Sutra, dont certaines demandent sans doute un peu de souplesse (faut faire du Yoga). Que les plus jeunes regardent ailleurs !




A la guerre comme à la guerre...




Après 22 temples, on frise l'overdose. On finit donc notre petit tour par la visite d'un joli village qui se veut traditionnel. C'est l'ancien village de Khajuraho mais il est bel et bien encore habité. Nous déambulons dans les petites rues, les maisons sont peintes à la chaux et sont toutes colorées. Il y a aussi pleins d'enfants habitants le village qui nous suivent. Et qui nous demandent de l'argent. Ou qui veulent se faire prendre en photo contre de l'argent. Des stylos. Du chocolat. Nos bracelets. Des femmes qui nous incitent à venir visiter leur maison. Contre de l'argent. Stooop.


On tourne à droite, pour visiter l'école du village. On rencontre le directeur qui nous dit avoir commencé ce projet avec une association aux Pays-Bas il y a 5 ans car certains adultes du village dont lui avaient noté que les enfants mendiaient auprès des touristes. Cinq ans plus tard, l'école accueille quelques 800 enfants du village et des villages alentour. Mais les enfants mendient toujours. Le combat continue. Bientôt un terrain de sport sortira de terre. Il finit la visite en nous emmenant dans son bureau. Il nous montre des photos. Des enfants. De l'école. Des professeurs. On sent que ça vient. Et ça ne manque pas. Il nous suggère de faire une donation de 50 euros pour financer la scolarité d'un enfant durant 1 an. C'est très honnête. Mais là on peut pas. On se sent forcés. Et nous quand on se sent forcés on peut pas. Donc nous prenons poliment l'adresse de l'école pour y réfléchir, et partons. Dur dur de passer à autre chose quand on est confronté à ce genre de situation. Ça pose beaucoup de questions sur notre manière d'agir. Les différences culturelles. L'enfance dans un village indien. Le rapport à l'argent. Et tout un tas d'autres interrogations intéressantes à discuter si seulement les relations humaines entre un touriste et un indien n'était pas tout de suite biaisées par le rapport à l'argent.

Nous sommes de retour à l'ashram tout pleins de ces questions et un peu blasés par cet épisode. Partagés entre notre désir d'aider mais sans donner de l'argent, et celui de leur donner la chance de trouver leurs solutions par eux-mêmes afin de ne pas les engager sur une voie de dépendance envers les touristes étrangers.

Notre premier cours de yoga nous aide à faire le vide autour de nous et en nous. On vous l'avoue tout de suite, on n'a pas lévité. Mais l'espoir y était. On enchaîne les positions louches, les exercices d'équilibres, de réveil musculaire et articulaire. On perd l'équilibre à force de tenir une position les yeux fermés. On tombe. On rigole. Après une heure on est carrément détendus grâce au prof qui est quand même docteur ès yoga et ça c'est la classe. Peut-être qu'il y arrive, lui, à léviter ?

Raneh falls



Le lendemain nous partons pour une rando à vélo. On avait eu tellement mal à l'arrière-train la dernière fois qu'on a décidé de recommencer ! 35 km de pur bonheur (et cette fois c'est pas ironique) sur une belle route lisse et quasi plate avec des décors magnifiques. Nous arrivons au portail du site protégé, donc payant pour les touristes. Il y avait deux tuktuks de 3 personnes devant nous, le temps de prendre les noms, prénoms, numéro de téléphone, plaque d'immatriculation des véhicules, numéro de passeport, signature, provenance, destination... de tout ce beau monde dans un registre, de les recopier sur les billets qui seront tamponnés, poinçonnés, puis déchirés par 3 personnes différentes à la chaîne, nous attendons notre tour une demi heure au soleil. Nous, on adore la bureaucratie locale. On arrive à Raneh falls sur les coups de 11h. 

Le site est quasi désert alors que franchement ça vaut le détour ! Nous devons être une dizaine en tout. C'est parfait. Le seul point noir c'est qu'il était censé y avoir plein d'eau car nous sommes juste après la mousson et qu'il n'y a "rien". Seulement un canyon à perte de vue. C'est quand même magnifique et étonnant car rien dans les paysages que nous avons eu en route ne nous préparait à voir cela.





Juste pour vous donner une idée de ce que ça aurait pu donner avec vraiment de l'eau, merci google image :


Après Khajuraho nous souhaitions faire une courte étape à Orchha avant de nous rendre dans la touristique Agra. Nous ne ferons finalement pas d'étape à Orchha, comme nous l'avions prévu car demain c'est le grand jour et nous avons de la visite: Maxime, le frère d'Ophé, et Sandra, sa copine, nous rejoignent pour faire un bout de route ensembles. On se garde l'étape bien au chaud pour quand on reviendra.

2 commentaires:

  1. Ma petite Oph voici un article qui a illuminé ma triste matinée de travail dans le froid grenoblois (il fait -3°C ce matin et je suis venue au bureau en moto !). C'est toujours un plaisir de te lire et de te suivre tes photos sont toujours aussi magnifiques. Tu me manques Pacifique Ophélie :)

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    1. Awww mon lapin! Merci pour ton ptit message! Oui j'ai vu qu'il commençait à bien neiger en France! Ici c'est un peu la mousson on va bientôt remonter vers Bangalore pour notre vol. Tu me manques aussi mais t'inquiètes quand je rentre je prends un billet pour Grenoble ;). Je tembrasse fort et sois encore plus prudente sur la moto par ce temps!
      Ophé

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