Taj pas le choix, va à Agra

Agra est un peu le passage obligé de l'Inde du nord : nous ne pouvions pas ne pas voir le Taj Mahal.

Quand on arrive en ville...

Après nos 2 jours passés au calme à Khajuraho, notre hôte nous avait dit "mais pourquoi vous allez à Agra ?! Il y a suffisamment à faire ici pour rester 2 semaines, là bas vous ne voudrez pas rester plus d'une journée". C'est vrai qu'on serait bien restés tranquilles quelques jours de plus. Agra c'est le retour au tumulte d'une ville indienne (de taille modeste quand-même) avec son bruit permanent, les sollicitations de toutes parts... mais l'Inde du Nord c'est un peu tout ça et, surtout, il y a le magnifique Taj Mahal. En plus, nous y retrouverons Maxime, le frère d'Ophé, et Sandra, sa copine. Ils ont atterri à Delhi 2 jours plus tôt et ont déjà quelques aventures à nous raconter. Nous sommes donc pressés d'y être.

C'est en train que nous nous y rendons. Toujours 8h pour faire 400km, mais au moins il n'y a pas de nids de poules et la 3eme classe (avec couchette même pour un train de jour) est plutôt confortable. On y rencontre un anglais sympa (comme quoi, ça existe) que nous allons recroiser plusieurs fois les 3 prochains jours au hasard de la ville. Nous arrivons de nuit et le tuktuk que l'hôtel est supposé avoir appelé pour venir nous chercher à la gare ne pointe pas le bout de son nez... pendant les 30 minutes où nous l'attendons nous sommes harcelés et suivis par des chauffeurs que nous évitons soigneusement et nous finissons par négocier une course jusqu'à notre hôtel.

Le soir nous retrouvons Max et Sandra à l'hôtel qui arrivent une heure après nous : cela fait un bien fou de retrouver des visages familiers. Ils nous racontent leurs galères à Delhi et on est bien content d'avoir évité cette ville énorme et apparemment pleine d'arnaques. Du toit de l'hôtel nous avons une vue sur le Taj... qui n'est absolument pas éclairé la nuit ! La pleine lune suffit à peine pour le deviner, on reviendra demain matin.

Plus Red Fort que Robert 

Le lendemain c'est vendredi et le Taj est donc fermé. Les mosquées tout autour de nous se sont chargées de nous réveiller à 5 heures du matin en nous appelant vainement à la première prière. Nous déjeunons avec vue sur ce magnifique mausolée au loin dans la brume et sur les singes que le serveur effraie en exhibant un non moins magnifique lance pierre en plastique vert fluo dont le seul bruit suffit à les faire déguerpir.
On a déjà pris des petits déj avec des vues plus dégueu que ça
Au programme ce matin, le Red Fort d'Agra, un palais fortifié en grès rouge (vous ne vous en doutiez pas, pas vrai ?). Nous nous y rendons à pied en passant par un parc assez agréable et presque propre. De nombreux écureuils et singes nous attendent sur la route, l'un d'eux qui voulait sans doute se cultiver essayera même de voler le Guide du Routard à Maxime. Pas sûr qu'il savait lire le français, ceci dit.


Le palais est magnifique à visiter, entre bastions, palais magnifiquement sculptés de grès rouge et de marbres blancs et décors floraux peints sur les murs. Quelques pelouses bien proprettes. C'est un peu un labyrinthe de palais, tous différents mais tous plus beaux les uns que les autres. C'est également là que l'empereur Shah Jahan qui fit construire le Taj Mahal a été emprisonné par son fils... de sa tour il avait une vue sur le tombeau de sa bien aimée par delà la rivière Yamuna.

C'est un fort, il est rouge, c'est le Fort Rouge





Au loin, la Yamuna et le Taj


Nous nous rendons ensuite en tuktuk dans le palais de faïence qui se trouve un peu plus au nord au bord de l'eau. Un peu défraîchi mais on devine encore les carreaux décorés qui l'ornaient autrefois. 




Sur la route nous aurions bien aimé faire un stop au "baby Taj" mais nous avions mal négocié la course et on pensait que le temps manquerait un peu avant la nuit, dommage. Nous allons donc directement face au vrai Taj, de l'autre côté de la rivière. Il y a un parc là où le roi voulait faire construire son propre mausolée en face de celui de sa femme avant que son fils (celui qui l'a jeté en prison) ne décide que toutes ces tombes coûtent cher et qu'on le mettrait dans le Taj un point c'est tout. Évidemment vous imaginez qu'un parc face au Taj, l'entrée n'est pas gratos. Nous savons néanmoins par notre guide qu'il est possible de simplement prendre la route qui longe la clôture pour arriver à l'eau et avoir la même vue, avec des bancs. Mais alors que nous nous engageons, un gros policier nous interpelle pour nous interdire d'y aller. On flaire le piège pour rediriger les touristes dans le parc, surtout que des locaux reviennent eux tranquillement en sens inverse, et on tente de rester droit dans nos bottes quelques instants pour voir. Finalement on ne saura jamais si le policier était un vrai et s'il était effectivement interdit d'y aller et on a préféré renoncer. Nous avons demandé au chauffeur de tuktuk de nous déposer un peu plus loin le long de l'eau et on a marché le long de la rive. Pas jusqu'en face mais quand même assez près pour avoir une belle vue, avec soleil couchant sur la Yamuna.



T'as voulu voir le Taj et on a vu le Taj. Et c'était pas Mahal.

Le samedi matin nous nous levons à l'aube pour entrer cette fois dans le Taj. Il paraît qu'il y a moins de monde au lever du soleil et que la brume du matin est magnifique.

En fait, comme tous les guides disent d'y aller tôt... tout le monde y va tôt et on attend... longtemps... pour les billets (1000 Rs par personne, pas donné)... pour entrer... pour monter sur la plateforme du mausolée... pour entrer dans le mausolée... pour prendre une photo. Bref du monde, au moins 3 heures de queue avant de voir le Taj. Mais bon, ok, quand on le découvre au bout de son bassin, c'est beau ! Les brumes du matin ne nous ont pas spécialement convaincues, c'est juste de la brume qui pourrit un peu la vue et les photos.






Après avoir attendu au moins 45 minutes pour entrer dans le tombeau, le côté usine du monument avec tout ce monde commence à nous gâcher la visite. C'est beau, c'est sûr. Mais des militaires sont là pour animer la visite : il y a tellement de monde à faire passer pour voir les tombes qu'il faut avancer en file indienne (!) au son des bidasses qui hurlent dans des mégaphones et s'en donnent à cœur joie dans des sifflets (on se disait aussi que le panneau silence dans le mausolée ne pouvait pas s'appliquer aux indiens). Le premier qui s'arrête se fait copieusement engueuler en hindi, pas le temps de regarder 2 secondes, on n'est pas là pour ça et de toute façon ça pousse derrière.

Pour la peine on a fait une photo de l'intérieur comme tout le monde, même si c'est interdit. Nah !
Alors que nous ressortons et qu'il nous reste encore une mosquée et un musée à visiter sur le site, les mêmes militaires poussent tout le monde vers la sortie du Taj sans explication en gueulant. On profite d'être parmi les derniers à sortir pour tenter de faire une ou deux photos avec les jardins vides, c'est si rare. On apprendra une fois jetés dehors que le président malaisien venait visiter et que, lui, avait le droit de le voir sans les gens autour. On aurait bien aimé le savoir avant de payer un billet très cher pour les touristes et ne pas pouvoir tout voir... d'autant qu'évidemment tous les guichets sont fermés et qu'on ne peut donc pas demander un remboursement ou un nouveau billet pour finir la visite. Heureusement que nous avions fait l'essentiel, nous pensons à ceux qui rentraient encore 15 minutes avant de se faire virer et qui n'ont rien vu... C'est ça aussi, l'Inde. Du coup, nous gardons un sentiment assez mitigé du Taj Mahal. C'est très beau mais ça ne vaut pas forcément l'attente et le prix... Mais c'est sans doute ce que les touristes qui visitent la tour Eiffel se disent aussi. Bref, on l'a fait, quoi.

Fausse mosquée : la vraie est en face et tournée vers la Mecque (donc l'ouest, ici). Celle-ci est une copie exacte tournée vers l'est pour respecter la symétrie de l'ensemble. On aurait bien aimé la visiter mais ...

Vidé manu militari de ses touristes. Une photo sans doute rare !
Allez, une dernière pour la route

Fatehpur Sikri, un rêve inachevé

L'après-midi, nous prenons un bus local bien défoncé pour nous rendre à Fatehpur Sikri (1h30 de route depuis Agra), un peu plus au calme. On voit la route par des trous dans la carlingue devant, la porte arrière ne ferme plus et fait un boucan du diable. Une première pour Max et Sandra, nous on ne s'inquiète plus pour si peu.


L'important en Inde ce n'est pas d'être vu mais d'être entendu... et donc d'avoir un bon klaxon
Fatehpur Sikri c'est là que l'empereur Akbar a voulu construire sa capitale. Il a donc commencé à bâtir un palais mais au bout de 15 ans, quelques années de sécheresses ont eu raison de ses ambitions car la nappe phréatique était sous dimensionnée. Il aurait pu regarder avant... La ville a donc été désertée par l'empereur et sa clique et le palais reste inachevé. Certains bâtiments en ruine donnent une allure de ville fantôme par endroit.

Nous arrivons en milieu d'après-midi et nous avons donc le temps de visiter la belle mosquée avant le coucher du soleil. En sortant on veut aller voir la "porte des éléphants" mais deux enfants ne nous lâchent pas depuis les 15 minutes que nous marchons dans les rues, puis 3, puis 4. Un passant nous dit qu'il est trop tard pour aller à la porte et que des touristes se sont déjà fait attaquer par des bandes de gosses des rues. Du coup on suit sagement le conseil, on retraverse la mosquée pour se débarrasser des gamins et on retourne à l'hôtel avec un drôle de sentiment.








Le lendemain nous suivons à nouveau le conseille du guide qui dit de se lever tôt pour visiter le palais et ainsi éviter les hordes de touristes qui font l'excursion depuis Agra dans la journée. Vu l'expérience du Taj la veille, on attend de voir pour croire mais cette fois c'est vrai : quand nous entrons dans le palais en grès rose il n'y a presque que nous, et c'est assez magique. Les décorations des bâtiments et les quelques jardins bien entretenus valent vraiment le détour.

Le palais se remplit ensuite petit à petit de pas mal d'indiens qui ne rêvent que de faire des selfies avec les touristes. On ne comprend pas bien ce phénomène mais parfois des groupes nous abordent pour faire des 10 aines de selfies avec nous (bon, notons que les filles ont plus de succès, surtout avec les cheveux clairs et bouclés). C'est marrant au début de la journée, au 5 ème groupe qui demande on commence à en avoir un peu marre mais on reste sympa, ensuite on essaye de les éviter soigneusement, parfois de faire comme si on n'avait pas entendu même si on sait qu'on ne peut pas vraiment refuser, alors en général on joue le jeu. On se dit que leurs portables et leurs murs facebook doivent être pleins de photos avec des inconnus. Bizarre. Mais bon, ça a l'air de les rendre heureux d'avoir nos trombines, alors pourquoi pas.







Mais Fatehpur Sikri, c'est aussi des petites rues pleines de vie.



On va manger... DES CHIPS !



Après cette visite nous repartons à pied sur la route principale pour attraper le bus local Agra - Jaipur en route. Il est déjà plein quand nous montons avec nos gros sacs et nous restons debout un moment. Heureusement des places se libèrent assez vite et nous pouvons finalement faire les 4 heures de route vers la capitale du Rajasthan assis au fond du bus. Pink City, nous voici.

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