Au Népal, impossible de ne pas trekker ! Nous avons choisi Poon Hill, 4 jours magiques autour des Annapurnas au départ de Pokhara.
Bus Katmandou - Pokhara
Nous quittons Katmandou située à 1300m au dessus de la mer et sa vallée pour nous diriger vers Pokhara. C'est une petite ville en bord de lac, à 800m d'altitude.Nous réservons le Tourist Bus le moins cher à l'hôtel : 800 Rs (6,50€) par personne, à ce prix là pas vraiment de clim (nous n'en avons pas souffert) mais on nous assure que le bus est "brand new" et "very comfortable".
Le lendemain matin, réveil à 5h30 : nous devons être à 6h30 à la "bus station" (en fait un trottoir d'une longue avenue où s'alignent tous les matins des bus sur plus de 700m) pour un départ à 7h. Problème, nous n'avons que le nom d'un hôtel devant lequel le bus devrait se trouver, le nom de la compagnie et la destination n'est jamais indiquée sur les bus... Nous demandons à plusieurs chauffeurs qui nous envoient plus loin, toujours plus loin... Puis un petit papy nous prend par la main et nous amène jusqu'au bon bus (qui était 200m plus loin que l'hôtel où nous étions supposés le trouver). Il nous aide à mettre nos gros sacs en soute, on se dit qu'il est sympa, jusqu'à ce qu'il nous réclame de l'argent pour le service. On négocie un peu mais on n'ose pas trop le virer et on finit par lâcher un petit billet, on sera plus vigilant la prochaine fois !
Sur le papier, il n'y a que 200km à parcourir sur des routes qui ont l'air assez tortueuses. Au Népal comme dans pas mal de pays d'Asie, les distances ne veulent pas dire grand chose. Le problème n'est pas forcément que la route tourne, c'est que parfois il n'y a pas vraiment de route ! (Mention spéciale à la sortie de Katmandou qui est un champ de patates infâme). C'est donc un trajet chaotique de 8h qui nous attend.
Contrairement à ce qu'on nous a dit à l'hôtel le bus n'est pas tout neuf, mais plutôt confortable. C'est lent, ça crache de la fumée noire, la route est parfois une piste qui nous secoue dans tous les sens, ça double n'importe comment (à coup de klaxon italien) sur des routes de montagne mais le voyage n'est pas désagréable. Pause pipi/bouffe toutes les 2h qui nous permettent de nous dégourdir les jambes, discuter un peu avec les gens du bus et admirer les camions tous plus décorés les uns que les autres qui passent sur cette "highway" très fréquentée.
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Pause dans les rizières |
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Bullet Raja à la manoeuvre |
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Les rois de la route |
Nous arrivons à 15h30 à Pokhara. Nous courrons au Tourist Board Office qui ferme à 16h30 pour faire faire nos permis de trek qui donnent accès à la zone protégée de l'annapurna, sésames indispensables pour pouvoir partir dans la montagne. La veille, nous étions allés à Katmandou pour faire le premier document, le TIMS et le bureau pour le permis de trek nous a ensuite fermé sous le nez alors que nous étions dans la queue ("c'est samedi", qu'ils nous disent... et ici samedi, c'est dimanche !). Nous obtenons cette fois le bout de papier, pile poil (le bureau ferme 1 dossier après nous). La tension retombe, nous sommes prêts à grimper le lendemain !
Le trek de Poon Hill
Le trek que nous avons choisi est marqué comme facile / moyen dans notre guide du routard. C'est une boucle de 4 à 5 jours au départ de Naya Pul, 1000m, avec un point culminant à 3200m au sommet de Poon Hill d'où l'on peut admirer la vue sur l'Annapurna (8100m) et le Dhaulagiri au lever du soleil le matin du 3ème jour. Ça a l'air pas dégueu.Jour 1 : Bus Pokhara - Naya Pul et trek jusqu'à Ulleri
Nous laissons un gros sac à l'hôtel le temps du trek et nous partons avec seulement le sac de Seb avec le strict nécessaire pour 4 jours en montagne (plus les sacs de couchage, et on a bien fait). On se limite ainsi pour nous deux à un sac de rando de 60L bien rempli mais qui ne dépasse pas les 10kg et un petit sac en toile de 20L hyper léger pour porter la flotte les cartes et les biscuits.Pour se rendre à Naya Pul, à 30km/1h45 de Pokhara, deux choix possibles : la version planplan riche qui est de prendre un taxi pour 2500 Rs (20€) ou la version rock and roll du bus local à 100 Rs/personne (0,80€). Le choix est vite fait ! Réveil à 6h, on file en taxi à la Banglung Bus Station (350 Rs qui nous évitent 50 min de marche), on ignore la nuée de chauffeurs de taxis qui nous attendent en embuscade à l'arrêt de bus, on prend les billets, on négocie deux bananes et c'est parti. On se retrouve au fond d'un bus blindé avec notre gros sac sur les genoux (pas chauds qu'on est pour le mettre dans une soute dégueulasse ou sur le toit du bus).
Le bus crache tout ce qu'il a mais ne dépasse pas le 10 km/h. On roule ainsi une demi heure en se disant qu'on n'y arrivera jamais et on doute un peu de notre solution économique. Le bus s'arrête devant une maison, on voit un type monter avec une clé à molette. Nous repartons 5 min plus tard, atteignant maintenant la vitesse vertigineuse de 15 km/h, ce qui est bien, mais pas top. 3km plus loin, nouvel arrêt au stand un peu plus long. Notre voisin indien descend voir et nous dit que le carbu est défectueux. Pour autant personne ne bouge dans le bus et tout le monde a l'air de trouver la situation habituelle. On attend un peu et c'est reparti comme en 40, à fond les ballons on file maintenant à 30 voire 40 km/h, c'est de la folie. De toute façon la "route" ne permet pas d'aller plus vite. Nous, on se dit que tant qu'à faire une révision Jacky aurait aussi pu resserrer les freins, parce qu'on a un col à passer et que franchement on sent que ce n'est pas safe du tout ! On sert les fesses et tout se passe bien même si on est encore une fois bien secoués pendant le voyage.
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Bus local supersonique |
On arrive enfin à 9h45 à Naya Pull, 1070m, on avale un petit dej et on se met en route pour notre 1er jour de trek qui doit nous mener à Ulleri, à 2020m. Les montagnes sont dans les nuages, on ne voit pas grand chose des sommets qui nous entourent.
Le début est assez pépère, on descend doucement jusqu'à Birethanti où on fait enregistrer nos permis de trek et autorisation d'entrée dans le parc protégé de l'Annapurna (TIMS et ACAP). On longe ensuite une rivière avec un fort courant sur une piste où quelques jeep arrivent encore à passer. Ça monte pas mal, mais assez régulièrement et le soleil commence à taper franchement. Sur le coup de 13h, on commence à en baver sévère et on fait une pause fried rice bien méritée à presque 1400m d'altitude.
Y a plus qu'à |
Avec cette nouvelle énergie retrouvée on se dirige vers le final, l'ascension vers Ulleri. Avant ça, nous passons le joli village de Hille et Tikhedhungga et son magnifique pont de singe au dessus d'une cascade à 1520m d'altitude. À partir de là plus de jeep, plus de piste : tout ce que nous verrons, boirons et mangerons aura été monté à l'os, à dos de sherpas ou de mules.
Fin de la route |
Bon, déjà 500m de dénivelée avalée en 4h. C'est bien joli mais il nous reste encore autant à faire et on a déjà fait les 9 10ème de la distance ! Aïe, c'est là qu'on attaque le dur de l'étape, que nous redoutons, la montée des 3000 marches en pierre jusqu'à Ulleri.
Nous décidons de faire des séries de 150 marches. Les premières séries nous font cracher nos poumons, le temps que nos corps trouvent un rythme qui convienne à cet effort. Arrivés à la 6ème série on enchaîne bien et on avance plutôt correctement. Passé l'euphorie de la moitié, on commence à trouver cela vraiment long et à souffrir. Le sac pèse, les jambes brûlent... et des propriétaires de lodges un peu sadiques en rajoutent une couche en vendant leurs bouteilles d'eau hors de prix en nous disant qu'il n'y a plus d'autres stand avant l'arrivée et que comme nous n'avons pas de guides il faut qu'on dorme chez eux parce que toutes les chambres sont déjà réservées au village. Des Sherpas en tongs portant parfois 2 ou 3 sacs de 80L ficelés ensemble avec une sangle autour du front nous dépassent, ils n'ont même pas l'air plus essoufflés et transpirants que ça alors que nous sommes au bout de notre vie.
On commence à sentir que l'effort nous tort le bide mais on tient bon et on arrive enfin vers 16h30 à se hisser jusqu'au village et à trouver un lodge (facilement) : la Superview guesthouse. Avec un nom pareil, c'est prometteur mais pour l'instant on a une super vue sur des nuages. Cette auberge est un vrai bon plan, pour nous qui venons sans guide la chambre est gratuite si on prend le dîner et le petit dej sur place (la carte des menus est de toute façon la même sur tout le trek et les prix sont les mêmes partout fixés par village). Nous avons une chambre avec deux lits simples un peu durs et la douche est chaude, elle fait quand même bien plaisir. Le soir depuis la terrasse, nous voyons que le sommet de l'annapurna south (7100m) se découvre quelques secondes. La nuit tombe ici vers 18h15, les randonneurs, eux, tombent vers 20h30.
L'Annapurna South se découvre quelques secondes |
Jour 2 : repos à Ulleri
La nuit est un peu mouvementée pour Ophé. Maux de tête, réveils en sursaut avec le coeur qui bat fort, nausée, grosse fatigue. Bien que nous ne soyons encore qu'à 2020m d'altitude, nous avons un peu peur que cela soit un début de mal des montagnes qui peut arriver dès 2000m chez certaines personnes et que nous devions renoncer aux sommets. Nous décidons donc de passer la journée à Ulleri et de se reposer de l'effort de la veille en attendant de voir si ça passe.Le matin, le ciel est complètement bleu et pour le coup on se dit que le nom de l'auberge n'était pas survendu : c'est magnifique.
Superview au matin depuis la terrasse du lodge |
Bizarrement, nous n'avons quasiment pas de courbatures et le fait de faire une étape repos dans ce petit village nous permet de l'explorer et de voir comment les gens y vivent alors que la plupart des trekkeurs ne font qu'y passer la nuit.
Nous nous rendons au Health Post pour avoir un avis sur l'état d'Ophé et savoir s'il faut déjà redescendre, mais ils ne parlent absolument pas anglais. On abandonne et nous visitons l'école primaire située jute à côté.
Dans ce petit village, il y a en tout 7 classes d'une 10aine d'élèves, du kindergarten (le donateur qui a permis de créer l'école est Néerlandais) jusqu'à 10-12ans. Après, il faut aller à Pokhara. Certains élèves se tapent les marches tous les jours avec leur uniforme chemise-cravate pour venir en cours de 10h à 14h. On tire notre casquette à ceux là ! C'est un joyeux bordel, les enfants entrent et sortent des salles de classes, des petits se retrouvent avec les grands et nous ne croisons que 3 professeurs alors que toutes les salles sont occupées. Certains travaillent en petit groupe sur leurs cahiers de maths. Les grands sont plus timides mais cherchent quand-même à engager le dialogue. Ici, l'anglais est enseigné très tôt. On ne veut pas trop perturber les cours et on s'éclipse après une petite heure sur place.
Cette dame découpe une plante utilisée dans les currys |
Le soir, nous retrouvons la petite fille des propriétaires du lodge qui fait ses devoirs à côté de nous pendant que nous attendons le dîner. Son père lui dit de demander à Ophé si elle a des questions pour ses exos d'anglais. Elle n'osera pas nous parler.
Jour 3 : montée vers Ghorepani
Le lendemain, ça va mieux. C'était sans doute le soleil et l'effort, ouf. On se lève à 6h30 et on décide de continuer notre ascension vers Ghorepani à plus de 2800m. Et tiens, si on commençait par des marches en pierre?! Environ 1500 de bon matin, un peu moins raides mais toujours bien douloureuses. Les nuits sont fraîches mais le soleil chauffe vite et on transpire de nouveau à grosses gouttes.Au bout de 2h de montée, Ophé ne se sent à nouveau pas très bien. Maux de tête, lèvres pâlottes et fatigue intense. De nouveau nous doutons, et s'il fallait redescendre vite à 1500m? Nous mangeons des biscuits, un jus de fruit et nous demandons l'avis d'un guide qui accompagne un groupe d'écossais australiens (oui, avec un kilt en peau de kangourou) très sympas que nous ne cesserons de croiser pendant 2 jours. Il nous offre une poudre de rehydratation et un paracetamol et nous dit que si ça ne passe pas il vaudrait mieux renoncer même si Poon Hill n'est pas si haut que ça. Finalement le sucre et les sels minéraux regonflent Ophé et on est repartis.
Z'ont une sale gueule les deux là, faut qu'ils mangent ! |
On arrive au panneau Welcome to Ghorepani à 14h pétantes après une ultime volée de marches. On croit que c'est fini mais en fait le village est en deux parties et si on veut une belle vue il faut encore suer 10 minutes. On trouve une belle guesthouse appelée "Nice view point" très sympa pour 350 Rs la nuit. On ne saura jamais si la vue du "Superview" lodge situé 15m plus haut ou celle du "snowland view" guesthouse 10m plus bas est moins bien ou mieux, mais depuis chez nous c'est assez "Nice". On se cale près du poêle à bois en attendant de manger à 18h30 et au lit. Demain on se lève tôt !
Jour 4 : Poon Hill et marche vers Tadapani
Allez, je sens que j'ai déjà fait trop long... Jour 4, réveil qui picotte à 4h30 pour un départ à 5h. Au menu, 45 minutes de montée assez dures (oh, des marches), surtout sans petit déjeuner, pour arriver au top de Poon Hill. On n'est clairement pas les seuls à avoir eu l'idée. Nous sommes des centaines à monter à la lumière de nos frontales pour admirer le lever du soleil. Nous arrivons sous un ciel qui commence à se colorer et la vue est complètement dégagée. Il n'y a pas vraiment de mots pour décrire ce que nous voyons : magique, grandiose... Jugez plutôt par vous même avec nos photos et en plus on en a vachement chié pour les avoir donc vous avez intérêt à les aimer ;-p !Après près d'une heure et demi dans le froid, nous redescendons prendre un bon petit déjeuner et faire nos sacs pour repartir vers notre prochaine étape : Tadapani, à 2600m d'altitude.
Pour bien se mettre en jambe, on commence vers 9h par une bonne montée pour retourner à 3200m. Ensuite, c'est la carte qui nous joue des tours : tout paraît pourtant plat entre Deurali (3210m) et Ban Thanti (annoncé à 3180m). En fait, c'est une grosse descente qui suit un torrent magnifique et Ban Thanti est en réalité à 2660m, bravo les gars !
Oh, des marches ! |
Vers 15h30 on attaque une descente vraiment raide (en marches) qui casse bien les pattes de Séb. Celle-ci était bien sur la carte et elle est très difficile. Le genou droit de Seb commence à flancher, Ophé doit reprendre le sac à dos et on avance péniblement jusqu'en bas en faisant bien attention car le sac est vraiment lourd et manque de l'entraîner au moindre faux pas. Arrivés en bas au niveau d'un torrent, il faut remonter les 600m que nous venons de descendre et il commence à flotter. Le village est en haut. Ophé a beaucoup de mal à se hisser et le genou de Seb ne s'arrange pas. Bref, nous voilà bien ! Heureusement, nous tombons sur un groupe d'anglais super sympas qui nous filent un coup de main : échange de sac, don d'un bâton et d'une bande pour le genou et un coup de bombe anti-inflammatoire. Nous montons avec eux, pas sûr que nous y serions arrivés avant l'averse s'ils n'avaient pas été là. Le village se pointe enfin vers 16h30, grosse journée.
Tadapani est plus petit que Ghorepani et est le carrefour pour aller vers le camp de base de l'Annapurna. Nous essayons plusieurs guesthouses et toutes sont complètes. Finalement, nous trouvons refuge à l'Annapurna guesthouse, vraiment moyenne mais heureusement que nous l'avons trouvée.
Jour 5 : descente vers Kimche et bus local
Départ à 7h, notre but est de rejoindre Kimche à 4h de Tadapani pour reprendre un bus local direction Pohkara. Avec une patte folle c'est pénible et lent, d'autant qu'il y a toujours ces foutues marches irrégulières tout au long de la descente. Le paysage est beau, à travers la forêt et les bruits et odeurs de la forêt au petit matin sont juste magiques.On a vu pire pour commencer la journée ! |
Gandalf |
Sherpas en schlappes |
Nous arrivons à midi comme prévu à la route : retour à la civilisation et au bruit des moteurs. Un repas avalé et nous sautons dans un bus toujours aussi secoué mais en meilleur état qu'à l'aller pour 4h/35km de pistes et de routes jusqu'à Pokhara, pour 350 Rs/personne. Nous doublons des trekkeurs qui descendent par la route (qui est aussi le tracé du trek) jusqu'à Naya Pul et nous sommes bien contents d'avoir choisi l'option motorisée.
Cest superbe...
RépondreSupprimerMagnifique les trotteurs ! Un vrai plaisir de vous lire. On espère que les soucis de santé s'arrangent. Si papymond était avec vous, ça serait Vegebome pour tout le monde... ! On vous embrasse et encore merci pour le partage.
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