Pashupatinath Temple : le jour où l'on découvre les crémations

Avant notre trek de 5 jours pour apercevoir le massif des Annapurnas et la visite du parc Chitwan, nous décidons d'approfondir la visite de Katmandou, notre point d'arrivée en terre Népalaise et de visiter sa vallée.

Visite du "Pashupatinath Temple"

Comme on est un peu foufous (toutes proportions gardées bien entendu) et qu'on aime bien s'immerger dans la culture locale, on décide de commencer directement par la visite du temple de Pashupatinath. Vous allez me dire qu'il n'y a rien de foufou à visiter un temple et bien moi je vous dis que si, car c'est LE lieu de crémations au Népal. Voilà. On va voir des morts. Là tout de suite ça jette un froid. Et c'est un peu l'effet que ça nous a fait en sortant du bus qui nous y a conduit jusqu'au moment où nous avons assisté au premier bûcher. Enfin surtout à Ophélie. Il faut dire que c'est complètement différent de ce que nous, occidentaux, avons l'habitude de voir : on était donc un peu angoissés à l'idée de voir ce que l'oeil ne peut soutenir, d'être confrontés à la tristesse des familles, d'être trop voyeuristes, d'être bouleversés...etc. Mais en fait, avec le recul, ça nous a plutôt fasciné et cette journée a été pour nous deux une expérience humaine formidable.

Voici pourquoi.

Après s'être acquittés des droits d'entrée qui sont de 1000 Rs (8€) par personne pour les touristes (heureusement gratuit pour les népalais qui ne pâtissent ainsi pas du succès du lieu), nous entrons dans le monde de la mort qui s'avère plutôt être un fabuleux lieu de vie.

Ah oui bizarre quand même, un lieu où on brûle des morts mais où il y a de la vie?!. Et bien oui. Entre les gens qui dansent et qui chantent à l'entrée du temple, ceux qui viennent faire leur toilette, ceux qui viennent prier en famille, les singes (oui encore) qui font des galipettes, les touristes faisant des visites guidées (il en faut bien quand même ^^) ou les gamins se baignant dans l'eau du fleuve pour y ramasser les bijoux et autres objets de valeur du défunt qui y sont jetés avec les restes du bûcher, ou tout simplement pour y jouer, on en prend plein la vue. 

Après la crémation les cendres sont rendues à la rivière et les ghats sont nettoyés

Sans oublier les couleurs magnifiques; du rouge des saris des femmes aux pétales de fleurs rouge, orange et blanc disposés sur les linceuls blancs et orange, ou encore les odeurs tenaces d'encens. Il flotte aussi une odeur âcre de bois et de paille mouillée dans le fleuve sacré. L'ensemble est magnifique et on est pas peu fiers de notre trouvaille. 

Les plateformes carrées au pied du temple sont celles réservées aux familles riches. Les plus pauvres iront sur des plateformes rondes, sur l'autre rive. 

Nous déboulons sur les ghats pour assister à ce spectacle. Car oui, c'est bien un spectacle. Parmi la multitude de touristes, une caméra était aussi présente ce jour là pour filmer une cérémonie. Bon nombre de locaux observaient les cérémonies du gath d'en face, des hauteurs, ou du temple d'or hindou, dans lequel seuls les hindous ont le droit d'accès. Nous traversons maintes fois le pont surplombant le fleuve sacré, nous nous promenons sur les hauteurs pour admirer les différents points de vue sur les gaths, le temple mais aussi la ville et les montagnes pour finalement nous poser un peu en amont des ghats pour garder une certaine distance et respecter les familles tout en ayant un bon point de vue. 

Le temple d'or

Et c'est vraiment là que ça devient fascinant. La cérémonie dure environ 1.30 avant la crémation et tout est très codifié. La famille tourne autour de son défunt, dispose les pétales de fleurs, couvre le corps de différents linceuls de couleur orange, jettent quelques pièces, allume de l'encens, prie, baise les pieds du corps, finissent par enlever les linceuls orange pour qu'il ne reste plus que le principal, de couleur blanche, bouge le corps afin qu'il soit perpendiculaire au fleuve, lui baigne le visage et les pieds, s'asperge d'eau du fleuve sacré. Finalement, des enfants payés par la famille ramènent le tapis de paille dans lequel le corps sera emballé une dernière fois, et ramassent les quelques pièces dissimulées dans les linceuls éparpillés sur le sol. Le corps est emmené sur son bûcher à quelques centaines de mètres de là pour qu'il brûle en paix. Les premières fumées s'élèvent dans le ciel, les flammes jaillissent. D'abord la bouche et les yeux, puis le corps est recouvert de paille et le bûcher est allumé par le dessous. 

Les membres de la famille font brûler de l'encens et se recueillent 

Début du bûcher

Nous arrêtons là notre contemplation pour nous diriger vers Bodnath à pied, et admirer son magnifique Stupa. La marche pour s'y rendre est de 45 minutes. On traverse le parc des cerfs. Comme son nom l'indique on est censés voir des cerfs. Nous on a vu que les singes (sans bois sur la tête) et c'était très bien comme ça aussi. Sur la route on avale un coca ce qui deviendra notre boisson favorite les jours de marche. Faut dire qu'il est quand même 15h, et qu'on n'a toujours rien mangé. Arrivés au stupa on tombe à la renverse. Non pas parce qu'on a pas mangé : non non le coca commence à faire son petit effet mais bien car c'est magnifique! Et immense. Et doré. Et blanc. Et puis il y a ces yeux de bouddha qui vous regardent de manière bienveillante. Et puis tout le monde doit tourner dans le sens des aiguilles d'une montre autour du stupa ce qui donne un effet assez intriguant. Donc on se retrouve à tourner deux voire trois fois autour de ce lieu de culte gigantesque en observant les croyants tourner les moulins à prière, prier ou jouant du tambour et des cymbales avant d'aller manger un plat traditionnel. Enfin! 

Des temples plus ou moins abandonnés, un peu sur les hauteurs

Si on avait un seul retour d'expérience à faire sur la visite de Pashupatinath ce serait de vous encourager à y aller même si vous êtes une âme sensible comme Ophélie. Vous ne le regretterez absolument pas. Nous on recommencera volontiers à Varanasi en Inde. Pour ce qui est de Bodnath et de son stupa, le guide ne le recommandait pas car le lieu avait beaucoup souffert du tremblement de terre de 2015, donc on y est allé sans trop savoir où on mettait pieds mais c'était vraiment magnifique.