Chitwan : l'appel de la jungle

Où l'on vous raconte comment on est tombés nez à nez avec un rhino dans le jardin 



Rencontre du 3ème type


Après 8 heures de bus pour faire 150 km entre Pokhara et Sauraha à la frontière du parc national du Chitwan, on comprends toute la dimension du concept du "slow travel" tant décrit dans les guides et autres blogs sur le Népal, et on devient un peu philosophes à nos heures perdues. Mais la route bien qu'en piteuse état est magnifique car elle est bordée de collines verdoyantes et longe la rivière Trisuli où bon nombre de touristes font du rafting. C'est l'activité que l'on avait prévue de faire sur deux jours avant que Seb ne se fasse mal au genou pendant le trek, ce qui aurait pu nous permettre de dormir sur les plages de sable blanc. Tant pis, le sport ce sera pour une prochaine fois. En attendant on se fait les fesses en rebondissant sur les sièges du bus 4*4 et on les sert bien quand on sent que le bus s'approche un peu trop du ravin à notre goût. 

Arrivés à Chitwan, on ignore les taxis et autres rabatteurs et un gars du lodge vient nous chercher en jeep ; on est assis dans la remorque en mode safari avec nos gros sacs. La chambre est top avec un presque vrai lit et non une planche en bois, on a des transats sur la terrasse et on est vraiment en pleine nature avec le parc national de l'autre côté de la route. On est bien et on se dit déjà que 3 jours ne seront pas suffisants.

Après la fraîcheur des montagnes nous avons le droit au climat très chaud et humide du sud du Népal. C'est étonnant cette différence étant donné qu'à peine 150km nous séparent des montagnes. Nous en sommes là dans nos réflexions du jour (oui oui c'est très intense) quand soudain le guide de l'hôtel nous interrompt dans notre repas, un sourire grand jusqu'aux oreilles. On ne sait pas trop ce qui se passe jusqu'à ce que nos yeux découvrent l'objet de son sourire tenu entre ses deux mains : un python! Pas celui que l'on voit derrière une vitre dans un zoo en train de dormir. Non non le vrai avec la gueule ouverte et qui se débat pour s'échapper. Le python nous regarde. On regarde le guide. Il nous annonce qu'il était dans la cuisine. Normal, nous dit-il on est dans la jungle ici, et dans la jungle ça arrive quasiment tous les jours. Mouais. On est RAVIS! Il balance le serpent au dessus du mur de l'autre côté de la route, dans le parc donc. Exit le python, on était ravis de faire ta connaissance.

Le gérant de l'hôtel arrive à notre table et rajoute son petit effet en nous disant qu'en ce moment, un rhino se pointe tous les soirs pour brouter l'herbe du jardin de l'hôtel. S'il montre sa corne ce soir, ils viendront taper à la porte de notre chambre pour nous prévenir. A ce moment là on croit vraiment rêver.

Le proprio de l'hôtel nous propose de partir en balade avec le guide pour visiter les abords du parc avant le coucher du soleil. C'est magique et on se croirait dans une plaine africaine avec des éléphants qui descendent se baigner, une multitude d'oiseaux, des rhinos que l'on aperçoit au loin avec les jumelles, des crocodiles se faisant dorer la pilule.



Nous passons près d'éléphants appartenant au gouvernement. Le guide nous informe que ceux-ci sont utilisés par les militaires pour patrouiller dans le parc afin d'éviter le braconnage. C'est un beau but mais ce sont quand même des animaux sauvages qui ont souffert pendant quelques années pour pouvoir être utilisés par l'homme et on voit bien que quand ils sont enchaînés le soir après une journée dans la jungle ils tournent un peu en rond.


La végétation est étonnante. Sur le chemin une plante à petites feuilles vertes et fleurs roses dont les feuilles se ferment pendant 20 minutes dès qu'on la touche. Le soleil se couche, on rentre avant de se faire attaquer par les moustiques (ici ils piquent même à travers les fringues : Ophé en a fait les frais).

Vers 20h la rue s'anime, les gens sortent de chez eux et il y a des gens qui crient. On se demande ce qu'il se passe et un gars du lodge heureux comme un gosse qui vient de croiser le père noël vient nous prévenir qu'il y a un rhino dans la rue. On cours chercher l'appareil photo dans notre chambre. Le rhino se dirige tout droit vers le jardin de l'hôtel qui est juste derrière notre chambre. On se pose là avec d'autres hôtes népalais. Le temps que nos yeux s'adaptent à l'obscurité, on le voit machouillant gentiment l'herbe du jardin. Nous sommes a moins de 5 mètres de lui. S'il se décide à charger, on l'a dans l'os. Dans ces moments là tu essayes de ne pas penser au pire, de faire confiance à l'animal, et de juste profiter de cet instant magique. Les locaux nous assurent qu'il n'y a aucun risque tant que nous n'allons pas l'embêter. Donc on se rassure et on déclenche l'avalanche de photos. On vous en a choisi une sur laquelle il sourit bêtement.


Le 20000 Lake : 40km de vélo (népalais) ça use ça use!


Comme on l'indique dans le titre aujourd'hui c'est vélo. Les vélos qu'on choisit envoient du lourd : ils sont passés au tunning juste avant pour y faire remettre un p'tit coup de poussière et de rouille. En prime, les freins freinent à peine pour le vélo d'Ophé et la roue arrière tangue de droite à gauche. Mais bon c'est plat et pour 2€50 la journée par vélo faut pas rêver non plus. Ça roule et c'est bien là l'essentiel.

Les premiers kilomètres sont du bonheur jusqu'à ce qu'une vieille attrape notre bouteille de flotte sur le porte bagage et la balance par dessus un pont en gueulant "Pani Pani" ("eau" en népalais). Les locaux ayant assisté à la scène viennent vers nous et nous disent de ne pas nous inquiéter : ils la connaissent bien et c'est un peu la folle du village. Donc on descend chercher notre bouteille, on réenfourche notre vélo du bonheur et c'est reparti. La route alterne entre vrai route presque sans trous et chemin de caillasses avec trous et bosses mais c'est très agréable : tous les locaux nous saluent, les gamins nous font des grands sourires et les scènes de campagne dans les rizières sont très belles. Il nous reste 7km avant le lac, la route se complique, en fait il n'y a plus vraiment de route et après s'être acquittés d'un droit d'entrée de 400 roupies nous entrons dans la zone tampon du parc Chitwan gardée par des militaires.

Une maison en terre


On entre dans la forêt et on ralentit le rythme car on n'a pas vraiment les vélos pour et l'énergie commence à manquer. On est en plein cagnard, le ventre vide, mais la motivation est là. Et puis on arrive enfin au lac des 20000.
C'est très calme et on en profite pour se reposer et discuter avec des militaires en patrouille. Vu de notre banc ça ressemblait vaguement à ce qu'on appelle chez nous un marais, mais un beau, hein. Allez on se casse on entend au loin les moustiques.


La route du retour est beaucoup plus rapide car Ophélie a le mental gonflé à bloc. On fait du 8 km/h en moyenne et franchement vu les vélos qu'on a c'est carrément un exploit. La roue arrière du vélo d'Ophé brinquebale de plus en plus mais ça tient toujours et, (attention spoil) ça tiendra jusqu'au bout! Comme quoi l'habit ne fait pas le moine et la mécanique Népalaise ça envoie quand même du pâté. On aurait bien aimé avoir le klaxon italien Tata sur le guidon en bonus.

L'objectif est d'arriver à l'elephant breeding center qui est le centre de reproduction d'éléphants du parc pour 16h30. Avant, ils sont lâchés dans la jungle et ils reviennent le soir au bercail. On y arrive pile poil. On traverse la rivière en pirogue, et on paye les 100 roupies pour nous deux pour aller les admirer. Il y a pas mal de petits entrain de manger avec leurs mamans (c'est miiiignooooonnnn!). Ils tapent la pause donc on se fait plaisir en photos. On finit par la salle des explications dans laquelle se trouve un crâne d'éléphant.



La morsure de la sangsue


Notre dernier jour au Chitwan est synonyme pour nous d'excitation. C'est aujourd'hui le grand jour : on part en trek dans la jungle avec deux néerlandais et deux guides (il faut au moins ça pour affronter le tigre du bengal !).

On commence par 45 minutes de pirogue. On est assis à fleur d'eau sur des petits bancs en bois. Avec le vélo d'hier, le fessier crie mais la pirogue silencieuse pour observer les oiseaux et les crocos au petit matin y a franchement pas mieux! Donc on s'installe non confortablement et c'est parti.

En chemin on croise deux sortes de crocos : le gavial qui se nourrit uniquement de poisson (brave bête) et l'autre sorte qui mange tout et n'importe quoi même l'humain (pas brave bête). Vu d'ici ils n'ont pas vraiment l'air méchant on dirait plutôt des pâtés sur leur plage de sable fin. Mais bon on ne va tout de même pas trop faire les cons sur la pirogue. On voit beaucoup d'oiseaux : des aigrettes, des pélicans, des martins pêcheurs de deux sortes, des martinets, des hirondelles, des oiseaux à corne dont on a oublié le nom.
Brave bête

Blue king-fisher

Un pélican


Après cette balade reposante on est débarqués sur une plage à la Jurassik Park. On a l'impression d'être les premiers hommes à fouler la terre de ce nouveau monde. C'est une impression fascinante. On fait quelques pas sur la plage et là on voit une trace de patte de tigre : ça commence fort. Ensuite nous avons le droit à un petit brief du guide sur les techniques de protection contre les animaux sauvages. Et ça donne à peu près ça : si tu vois un tigre tu le regardes droit dans les yeux et tu recules sans le quitter du regard sinon il t'attaque et tu meurs. Si tu croises un rhino et qu'il charge tu cours en zigzag et/ou tu montes à un arbre sinon tu meurs. Si tu fais la rencontre d'un ours lippus tu fais de grands gestes en criant très fort (d'ailleurs c'est pour ça que les guides ont des gros morceaux de bambous) sinon tu meurs. Si tu croises un éléphant sauvage tu ne peux rien faire et tu meurs : l'arbre sur lequel tu vas monter il le détruira et si tu cours il te rattrapera avec sa trompe pendant ta course pour te piétiner. Génial.


Après tout on a choisi l'option de la marche à pied (face à l'option jeep ou balade à dos d'éléphant) pour être au plus proche de la nature donc on respire un bon coup et on y va. Eh mais attends le guide, tu n'aurais pas oublié un point très important ? Les serpents au fait, comment on fait pour s'en protéger ? Il nous répond que c'est pas la saison en ce moment et qu'ils hibernent.

On ne lui rappellera pas qu'il a quand même sorti un python hier de la cuisine... Ce n'est qu'un détail. Après quelques minutes de marche on voit un rhino dissimulé dans les bois. Ça se passe de mots. Et de photos aussi car un touriste à la con tentera de s'en approcher et le fera fuir. Et oui monsieur ce ne sont pas des animaux en plastique et ils ne sont pas non plus en cage donc tu mets ta virilité de côté et tu feras plus attention la prochaine fois car ton absurdité a privé tout un groupe de ce beau moment.

On contourne l'endroit où se trouvait le rhinocéros pour l'apercevoir dans les parages mais il est bel et bien parti dans les hautes herbes. On poursuit notre marche dans cet enfer vert. Puis soudain sur le pantalon d'Ophé, du sang. On est surpris car elle n'a rien senti. Le guide accourt : ah bah ça y est tu t'es faite mordre par une sangsue. Le sang coule et a du mal à s'arrêter, le guide prend une plante dans la nature et l'applique sur la morsure. Ça désinfecte et ça arrête le sang. Deux minutes après, ça fait effet. On reprend notre marche et on laisse cette sale bête derrière nous. Pour les tuer il faut leur verser du sel sur le corps. Le guide nous en fera une démonstration plus tard. Le vampire dégueule le sang avalé et meurt en quelques secondes. On aura eu notre vengeance.

A la fin de la journée, on aura parcouru un total de 15km, bu 6 litres d'eau, donné 5 ml de sang aux vampires du Chitwan, vu 2 rhinos, des crocos, des oiseaux, des singes, des biches et des cerfs, vu des traces de tigres, d'ours lippus, d'éléphants et de rhinocéros. Trop classe.


Squelette de Rhino, celui là au moins il ne se barrera pas !


Avec ces belles images en tête, nous assistons le soir à des danses traditionnelles Tahru qui se dansent avec le bâton, autour d'une bougie ou avec des boules enflammées.




2 commentaires:

  1. Hihi quelle rigolade ! Bon ben vous êtes rompus à tout maintenant ... sauf à la connerie humaine. Celle-là, difficile de s'en protéger...

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  2. Quelle faune !!! Qui aurait cru que face au tigre, à l'ours et à l'éléphant c'était finalement face au dernier que l'on avait aucune chance. Bisous des montagnes !

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