Vinicunca, la montagne colorée

Nous nous rendons à Vinicunca, la montagne aux 7 couleurs. L'occasion de marcher à 5050m d'altitude et de se faire des amis locaux.


Notre passage à Vinicunca remonte au 6 et 7 Août 2018.


Pour voir les chemins, il faut aller sur OpenStreetMap :
https://www.openstreetmap.org/export#map=13/-13.8693/-71.3026

De très belles rencontres (alcoolisées) à Cusipata


Nous décidons d'aller par nous même à la montagne des 7 couleurs, aussi connue sous le nom de Vinicunca, car partir à 3h du matin en groupe ne nous motive guère. Il faut savoir qu'il y a deux sentiers pour monter jusqu'à ce sommet coloré : un long qui part de 4400m, un peu avant le village de Chillca (derrière Pitumarca) et qui représente 4 heures de marche et celui que nous avons pris, la version des feignants, qui part d'environ 4700m au dessus de Cusipata et qui ne prend qu'1h30 environ.

Nous devons tout d'abord changer d'hôtel car l'autre n'est pas libre pour les jours suivants. Nous transportons donc nos sacs jusque sur les hauteurs du quartier San Blas... et ça grimpe bien ! Notre nouvel hostel a l'air propre et accepte de prendre nos sacs jusqu'à notre retour.

Allégés, nous partons donc en quête de l'arrêt de bus pour Pitumarca qui est sur Mapsme... et nous arrivons dans un garage automobile d'où partent les minibus à 3h du matin. On nous indique le vrai arrêt pour les collectivos (comprenez les bus locaux), heureusement à seulement 200m de là, sur Huayruru Pata. Il s'agit du terminal de bus pour Sicuani, où l'on arrive vers 10h30. Nous faisons la queue pour les billets (5,5 soles/personnes = 1,35€ par personne) et prenons le prochain bus (il y en a toutes les 15 minutes et ils sont pleins). Il y a même des passagers debout dans l'allée. Le trajet est assez bruyant avec de nombreux enfants qui pleurent. Dès que le bus s'arrête pour que quelqu'un monte ou descende ou pour que des vendeurs ambulants puissent passer leurs marchandises par les fenêtres du bus, on entend des "vamos !" et "avancia !" et des gens visiblement pressés tapent sur les porte bagages. C'est assez courant en Bolivie et au Pérou et ça nous fait bien rigoler.

Vers 12h30, nous débarquons dans le village de Cusipata, juste après la bifurcation qui mène au point de départ du nouveau sentier pour la montagne aux 7 couleurs. On voit qu'il n'y a pas souvent des gringos qui débarquent ici. Les gens nous saluent, nous dévisagent avec l'air de se demander ce qu'on fout ici. On voit un hostel juste en face du marché où l'on a débarqué et on va demander comment se rendre au début de la randonnée pour le lendemain : il y a apparemment des taxis. Nous réservons donc une chambre double à 25 soles.

Le vendeur de pouchins
On se rend ensuite au marché pour boire un jus d'orange frais. Deux tabourets au soleil, face à la vie de ce petit village, un bon jus dans la main... le pied quoi. Il y a les femmes avec leurs chapeaux plats (qui donnent un air d'abat-jour), il y a le vendeur qui a des poussins plein le coffre de sa voiture... bref, énormément de petits détails et d'émerveillements à découvrir.

Au bout d'une dizaine de minutes un homme avec une caisse de Cusqueña (la bière de Cusco) à la main vient nous parler et nous dire qu'il fait une fête avec sa famille et qu'il veut nous inviter. Après quelques hésitations, nous le suivons finalement un peu plus bas dans la rue et rentrons dans un jardin ou quelques personnes rigolent et boivent des bières. Visiblement la première caisse est déjà finie. Nous faisons la connaissance de l'homme, Maximo, de sa femme Zena et de leur belle-fille Sylvia. Maximo et Zena, la cinquantaine, viennent de la province de Huancayo, à 7h de bus à l'est de Lima. Lui travaille sur les lignes hautes tension et elle est secrétaire, plutôt des péruviens plus aisés que la moyenne, donc.


Nous arrivons à peu près à communiquer avec eux et ils n'arrêtent pas de remplir les verres. On essaye de boire doucement pour ne pas tomber dans le piège du verre vide qu'il faut absolument remplir à nouveau, mais eux s'envoient cul sec sur cul sec. À chaque verre rempli et fini, la mousse finit par terre : quand on remplit, si ça déborde c'est que tout le monde a la même dose dans son verre, une fois que c'est vide, la mousse est pour la Pachamama, la Terre Mère. En bons andins, leurs croyances sont un mélange de catholicisme et de dieux issus de la mythologie inca et pré-inca : dieu des montagnes, de la terre... Et la Terre, cette poche, elle aime visiblement bien la binouze (et l'alcool à 96 si vous vous rappelez Potosi en Bolivie).

Zena va chercher un papier où elle note en phonétique plein d'expressions en français vachement utiles qu'on leur apprend comme "santé !" (Salud!) "Cul sec !" "Je vais acheter de la bière mon amour" et "veux-tu danser ?". Ce dernier devient quelque chose comme "fucho doncé" en phonétique péruvienne alcoolisée, on se rend compte à quel point c'est difficile pour eux qui n'ont pas les sons eu, u, on, an, j !

Et voilà, on relâche l'attention et notre verre se re-remplit !
C'est bon, ils sont bilingues
Ils s'étonnent du fait qu'on n'ait pas encore d'enfants à 29 ans. Eux ont eu les leurs à 18 ans et leur fils aussi, alors forcément ils ont l'impression qu'on sera des vieux croûtons avant d'en avoir. On a beau leur expliquer qu'en Europe (ou en tout cas en France) c'est souvent comme ça, c'est bizarre pour eux.

D'ailleurs, la semaine suivante, dimanche prochain, ils organisent une grosse teuf de famille à Cusipata. Il paraît qu'il y aura au moins 5000 personnes (bon ça, ça a l'air d'être une estimation à la louche, on les soupçonne d'avoir des gènes marseillais) et des musiciens. Ils nous y invitent. Dur de dire non, mais on a un voyage qui continue du coup on n'est vraiment pas sûrs de pouvoir se libérer. Sympa quand-même !


Une fois la caisse de bière descendue, Maximo veut aller en racheter. Allez, c'est notre tournée. On aurait bien repris seulement une caisse mais arrivé au magasin il insiste pour qu'on en prenne deux... Ça leur fera une réserve pour quelques heures vu leur descente ! Nous, on sent qu'il est temps qu'on y aille. On n'a rien avalé à midi et on a déjà pas mal picolé vu qu'ils ne comprennent visiblement pas ce que veut dire stop merci on a assez bu ! En plus, le soleil cogne et l'alcool avant de monter encore plus en altitude, ce n'est pas franchement conseillé. Mais bon, on a pas mal géré, on n'est même pas si bourrés... hips ! On se dit au revoir avec de grandes accolades, ces péruviens sont vraiment sympas et on a passé un super après-midi en leur compagnie.


Au marché, on achète des petits pains histoire d'éponger un peu la mousse et on va marcher quelques minutes en s’éloignant du village vers les hauteurs. Une petite vieille avec une seule dent commence à nous parler (évidemment, on pige rien... déjà l'espagnol, on fait un effort, mais l'espagnol d'édenté après quelques bières...) et elle nous prend dans ses bras. On lui donne le reste de notre sachet de petits pains pour la remercier de son chaleureux accueil, c'est bien le moins que l'on puisse faire. On espère juste que sa dent suffira pour le mâcher !

On rentre à l'auberge où on se pose un peu en attendant l'heure du pollo-papas-arroz. Tout à coup, le sol se met à trembler pendant une ou deux secondes, un peu comme si un bus passait à côté d'une maison en bois. Rien de bien méchant, mais nous réalisons quand des chiens se mettent à aboyer dehors que nous venons de ressentir notre première petite secousse sismique. Ça se fête, on va bouffer et on se met vite au pieu, parce que demain on doit se lever assez tôt. En plus, à la télé au restau il y a "mi mama cocina mejor que la tua" et c'est si navrant que ça ne nous donne pas envie de nous éterniser : en gros, une fille en talon haut qui n'a jamais cuisiné doit réaliser en 10 min un plat à base de pollo patates sous les hurlements de sa mère qui lui donne les instructions... forcément à la fin c'est pas cuit et pas bon, et le juge s'en étonne... (pourtant elle avait dansé 30 secondes pour gagner 2 minutes de cuisson, on comprend pas !). Passionnant.

Le jour ou l'on dépasse les 5000 m d'altitude en randonnée

Réveil à 6h30, nous prenons un petit déjeuner à l'hôtel avant de nous mettre en quête d'un taxi pour nous amener jusqu'au début de la rando, à 23km de piste à l'est de Cusipata. Ils sont pas facile à la négociation et le groupe de taxi semble s'accorder sur 100 soles (25 euros) qu'on arrive péniblement à ramener à 80 (20 euros). Ils nous prétendent que l'aller fait 40km, même si notre carte est incomplète on sait bien qu'ils doublent toujours les distances. Au bout de 2 minutes, le chauffeur prouve sa bonne foi en nous montrant un beau panneau de limitation de vitesse à 40 km/h : "vous voyez, je vous avais dit que ça faisait 40 km !"... tu nous prendrais pas pour des nioufs, toi ?

La piste monte assez vite dans la vallée : de 3300m nous devons grimper jusqu'au parking de la rando à 4700m d'altitude en 1h15 environ. L'occasion d'observer les différences de végétation dans ce paysage sec irrigué par un torrent qui serpente en fond de vallée. En bas, les villageois arrivent à faire pousser de gros maïs et des pommes de terre en faisant 2 récoltes annuelles. Puis, le maïs se fait plus rare, plus petit. Enfin, en haut, les terrasses cultivées entre septembre et novembre ne donnent plus que des patates.


Au cours de l'ascension, le taxi se remplit de locaux qui souhaitent faire un bout de chemin dans notre direction. Une famille en costumes colorés, une mère avec un bébé et ses trois filles et deux garçons montent dans le coffre avec leurs baluchons. Les filles portent de grands chapeaux plats brodés et leurs habits sentent la chèvre. Nous leurs disons qu'il y a une place à côté de nous, mais elles sont trop timides pour accepter.


Nous arrivons enfin tout en haut, sur le parking où sont déjà entassées plusieurs camionettes : on pensait être peinards en doublant quelques groupes qui s'arrêtaient pour le petit dejeuner, c'est raté. Nous donnons une avance au chauffeur qui a peur qu'on le plante en descendant par un autre chemin et on se met en route, en suivant le sentier des arrieros et de leurs chevaux.


Difficile de se tromper de route, on n'est pas tout seul. Les groupes s'étalent entre les plus lents qui sont au bout de leur vie et les bons marcheurs. Les guides n'arrivent visiblement pas à garder la cohésion, c'est le bordel. Même si le début est plutôt un faux plat régulier, à cette altitude beaucoup de gens fraîchement débarqués du niveau de la mer crachent leurs poumons ou souffrent du soroche, le mal de l'altitude. Ils faut dire que les agences n'en parlent pas et que certains se lancent dans cette randonnée comme des fleurs, en chaussure de ville et en pull...

Nous, sans vouloir nous vanter, on gère plutôt bien. La randonnée n'est pas difficile, seulement 400m de dénivelée et étonnamment on n'est pas trop essoufflés. En même temps ça fait plus d'1 mois qu'on vit en altitude. En 1h15 on est au sommet non sans avoir croisé pas mal de marcheurs malades à cause de l'altitude, rebroussant chemin sur des mules ou se tenant à leur acolyte de voyage pour ne pas tomber, des locaux en tenue traditionnelle, des paysages magnifiques entre sommets enneigés, montagnes rouges, noires et complément pelés. Les locaux sont d'une gentillesse sans pareil alors qu'ils voient des centaines de touristes par jour et les gamins, tous en sandales, sont rieurs. Le dépaysement est total.


Les derniers mètres pour atteindre le sommet à 5050m sont plutôt difficiles car ça monte maintenant franchement plus raide, mais ça y est nous y sommes et on fait quelques photos pour immortaliser ce beau défi réalisé. C'est alors qu'un gros nuage débarque et bouche toute la vue... De la neige commence même à tomber et à recouvrir la montagne colorée ! Heureusement, il ne reste pas bien longtemps et nous pouvons quand-même avoir cette belle vue (même si bon, avec le soleil ça aurait eu encore plus la classe).

Entre 2 nuages...
Rendez-nous les couleurs !

On pensait que vers 12h tous les groupes seraient descendus pour leur almuerzo, la formule déjeuner, et qu'on serait seuls mais en fait non. Du coup on fait un truc qui n'est pas inclus dans leur package, on se dirige vers la vallée rouge. 


Après 20 minutes de marche facile, tiens un point de contrôle. Pourquoi nous demande t-on encore une fois de payer 10 soles par personne alors qu'on a déjà notre billet d'entrée au parc et que la vallée rouge est en photo sur le billet?!
On essaye de négocier avec le type qui nous sort un papier comme quoi c'est pas des salades, mais nous on s'en fout on veut juste faire quelques photos et faire demi-tour, pas randonner dans sa vallée. On propose au mec de lui donner 2 soles pour les photos en sachant qu'une photo avec un lama coûte 1 soles. C'est tout bénef pour lui et en plus il n'a pas de lama. On insiste par 3 fois mais cet idiot ne veut rien savoir. C'est 10 soles par personne ou rien. Ce sera rien pour nous. Merci. Au revoir.


On reprend notre taxi après 1h00 de petite descente. Notre chauffeur beaucoup plus sympa qu'à l'allée (sûrement à l'idée de recevoir 80 soles par les 2 touristes qu'il a réussi à plumer) nous propose de s'arrêter à chaque fois que l'on veut faire une photo. Il nous explique la vie dans cette vallée, la langue quechua, le mode de vie des habitants, les cultures de patates, de maïs et les fileuses de laine.


De retour à Cusipata on se prend un almuerzo bien copieux à 6 soles par personne avant de sauter dans un bus qui nous ramènera au son de musiques traditionnelles à Cusco. Comme le bus est archi plein on passera les 2h30 de trajet debout, à la locale. Y a que ça de vrai !

Mais si, c'est solide
L'atelier des fileurs de laine de lama
Nous, on a adoré cette étape qui reste un des meilleurs souvenirs du pays. On vous conseille de vous lancer sans agence, c'est vraiment le meilleur moyen de faire des belles rencontres et vous pourrez marcher à votre rythme sans les contraintes du groupe !

1 commentaire:

  1. Je vais être débordé si vous maintenez ce rythme lol
    Belles couleurs gens sympa bises à vous

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