En faisant notre itinéraire, nous ne pensions pas nous arrêter à l'Île de Pâques. C'est en discutant avec l'agence Travel Nation pour les devis des billets qu'on nous a proposé un stop de quelques jours ici, pour presque le même prix. Alors, ni une ni deux, nous avons dit oui : c'est quand même pas tous les jours qu'on a l'occase de passer si près de l'endroit le plus pommé du monde !
À l'abordage ! Ou l'euphorie de notre arrivée en terre Rapa Nui
À
bord de notre avion flambant neuf tout confort, nous survolons le
Pacifique depuis près de 4000 km, quand nous apercevons de nos yeux englués de bonheur ce bout de terre, ce gros rocher se
dressant face à l'immensité (ce caillou en plein milieu de l'océan il
faut bien le dire), cet îlot à la merci des courants et intempéries, ce
petit bout de mysticisme et de magie qu'est l'île volcanique de Rapa
Nui.
Découverte du monde
occidental un saint dimanche de Pâques en 1722 par le navigateur néerlandais Jakob Roggeveen, cette terre faisant partie
du triangle polynésien avec la Nouvelle-Zélande et Hawaï, a donc été
nommée de manière originale "Île de Pâques". Le nom donné par les locaux est également resté : Rapa Nui, la Grande Rapa (par opposition à Rapa Iti, la Petite Rapa, aussi appelée tout simplement Rapa, située en Polynésie-Française). C'est tout de même beaucoup plus classe ! Elle a été découverte
pour la première fois par des explorateurs Polynésiens venant des Marquises et des Tuamotu en 400 grâce à une
expédition en pirogue à balancier et catamaran. Plutôt couillu de se lancer ainsi dans l'immensité de l'océan ! Grâce aux courants changeants, à
la végétation dérivante et à l'apparition d'oiseaux à l'approche de
l'île, ces explorateurs venus de loin et n'ayant vu aucun changement de
la sorte depuis leur départ, ont pu changer leur cap et découvrir cette terre perdue qui deviendrait leur nouveau monde. Se
situant en plein milieu du Pacifique à à peu près 4000 km des côtes à
l'ouest comme à l'est, Rapa Nui est la terre habitée la plus isolée au
monde. De quoi alimenter l'imagination des voyageurs et les films
d'horreur. Les navigateurs ont créé des cartes de l'océan en croisant des bambous pour représenter les changements de courants et autres vagues... malheureusement, les européens trop sûrs de leurs boussoles et de leurs sextants n'ont pas pensé à leur demander comment cela fonctionnait réellement...
![]() |
Dans 1237km, au 3ème bout de bois, tournez à gauche... Src : laboiteverte.fr |
Nous, on a
juste à attendre que notre avion se pose gentiment à 12h00 sur une piste
faisant la longueur d'un bout de l'île en espérant que Roger sait ce qu'il fait
et qu'il n'oubliera pas de freiner au bout. Nous posons notre premier
pied sur l'île, tels des explorateurs émerveillés avant d'être
accueillis traditionnellement à la polynésienne par un collier de fleurs de tiaré qui embaume. Pour une fois, on n'est pas trop dépaysés
après avoir passé autant d'heures dans l'avion.
On
arrive dans le camping Mihinoa dans lequel on a réservé une chambre avec
vue, à vrai dire une tente avec vue sur l'océan, après avoir été
trimballés à l'arrière du pick-up avec nos sacs. Le bonheur à l'état
pur. On s'installe dans la tente grand luxe avec matelas et sac de
couchage et on profite de l'ambiance de bout du monde régnant dans la
petite ville d'Hanga Roa (la seule ville de l'île comptant tout de même
environ 6 300 habitants) et en particulier dans notre camping au bord de falaises mangées par
l'océan. Les vagues s'écrasent sur les rochers dans un vacarme
tonitruant, les mouettes gueulent, le Moai veille, le soleil brille et
le calme plein règne.
On part profiter du beau temps, car on l'apprendra plus tard à nos dépens que la météo, "bah c'est pas vraiment stable ici !". En même temps il n'y a pas d'arbres pour protéger l'île, ni de reliefs exagérés, et puis il faut quand même se rappeler où l'on est. Oui oui il y a bien ici quelque chose de sacré.
On commence par se balader au bord de l'océan à la découverte de nos premiers Moais, les figures emblématiques de l'île. Mesurant de 3 à 9 m en moyenne, ces statues monolithiques sont faites en un bloc dans du tuf volcanique, la pierre volcanique de l'île, surmontées d'un chapeau en tuf volcanique rouge, le Pukao. Pour couronner le tout, ces hommes de pierre créés pour vénérer et se rappeler les ancêtres, ont parfois des yeux faits de corail blanc et de noir ou de rouge pour l'iris. Tournés vers le centre de l'île ces statues n'avaient donc pas pour but d'effrayer de potentiels nouveaux arrivants mais bien de vénérer l'île en elle-même notamment grâce au culte des ancêtres, les Moais étant créés à l'image des ancêtres. En tout cas, c'est vraiment quelque chose de voir ces immenses statues tournées vers le centre de l'île pour veiller sur Rapa Nui.
Moai dressé, poils au nez |
El Chapo |
Quelques courageux... on peut vous dire qu'elle caille ! |
On
finit notre tour par le petit centre ville pour y faire quelques
courses alimentaires. Les petites supérettes sont archi vides, un vide
que l'on n'a pas encore connu depuis notre départ, même si parfois cela arrivait aussi en Asie, tellement vides que l'on
se dit que le mot a dû être inventé ici même. On finit quand même par
trouver quelques pâtes pour notre repas de ce soir et du pain de mie
pour le petit déjeuner de demain. La note est plutôt salée. En même
temps l'île n'est ravitaillée qu'une fois par mois par cargo, une fois par
semaine par avion pour le frais et seulement une fois par an pour le
pétrole. Heureusement on est venus avec quelques réserves.
On rentre au camping par le bord de mer et nous rencontrons pour la première fois notre chien jaune qui nous suivra à plusieurs reprises. Mais ça c'est une autre histoire. On admire ensuite notre premier joli coucher de soleil au bout du monde.
Je lui aurais bien fait des oreilles d'ânes mais il est trop grand |
On rentre au camping par le bord de mer et nous rencontrons pour la première fois notre chien jaune qui nous suivra à plusieurs reprises. Mais ça c'est une autre histoire. On admire ensuite notre premier joli coucher de soleil au bout du monde.
Bon on avoue, c'est pas un vrai, c'est le Moai du camping... mais c'est bien imité non ? |
Première randonnée au cœur de Rapa Nui
Pour
visiter l'île et ses Moais, deux circuits sont proposés. Un petit tour de
20 km que l'on peut faire en voiture, à pied, à cheval ou à vélo et un grand tour à
faire en voiture, ou à dos de Moai. Aujourd'hui c'est grand soleil (selon les standards du lieu) et nous décidons donc
de faire le petit tour à pied pour se mettre en jambe.
On
commence par longer le bord de mer pour arriver jusqu'au premier site
de Tahai où l'on peut voir cinq Moais. Certains ont encore leur Pukao
d'autres non. Certains encore ont les yeux peints et d'autres non. Ces
figures restent néanmoins toutes impressionnantes et on est pressés
d'apprendre comment elles ont été transportées jusqu'ici, même si on
s'est déjà un peu documentés. Sur ce site, on voit aussi quatre locaux
portant des habits Rapa Nui, histoire de peaufiner l'ambiance
mystérieuse du lieu.
Sur l'île, plein de chevaux, souvent laissés en liberté |
Narguer les Moais : moi, j'ai des bras, nananèreuh |
Séance photo en tenue de Rapa Nui |
On marche ensuite jusqu'à l'ancienne ville d'Ahu Te Peu quand tout à coup, un chien jaune bien boueux des pattes jusqu'au bas-ventre jaillit de derrière les falaises et court vers nous. On est entrain de se demander pourquoi il accourt comme ça vers nous les oreilles au vent et la langue pendante quand nous finissons par reconnaître le chien jaune que l'on a caressé hier. Après quelques caresses sur le ventre et un petit au revoir à ses copains chiens, le voilà qui nous suit jusqu'à l'ancienne ville. On visite une petite grotte avec une jolie ouverture sur la mer, on remonte et il est toujours là à nous attendre et à se coucher sur le dos dans l'attente de caresses. Ophé est fan, heureusement qu'on a un avion à prendre dans quelques jours, sinon elle l'aurait adopté.
Des fondations de maison en forme de bateau |
Mah oui, mah oui, j'ai bien vu un gros Moai |
On
s'arrête un peu pour profiter du lieu désert dans les ruines de ce qui
fut il y a quelques temps une ville. On déambule parmi les rapaces à l'état de carcasses, chevaux sauvages et vaches bien vivantes sur ce sentier où il n'y a quasiment aucune présence humaine.
On mange nos sandwichs et Ophé donne la moitié du sien au chien jaune. Y en a un qui a senti le filon. On se dit qu'il va nous abandonner maintenant qu'il a eu à manger, mais non, le voilà qui trotte gentiment devant nous en s'arrêtant quelques fois pour nous jeter des regards l'air de dire "mais qu'est ce que vous foutez là derrière ?!". "Ouais bah fait pas trop le malin y en a qui n'ont que deux pattes !"
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Le chien en profite pour machouiller un bout de cuir |
C'est une grotte, y a des bananiers, c'est la grotte aux bananiers |
On mange nos sandwichs et Ophé donne la moitié du sien au chien jaune. Y en a un qui a senti le filon. On se dit qu'il va nous abandonner maintenant qu'il a eu à manger, mais non, le voilà qui trotte gentiment devant nous en s'arrêtant quelques fois pour nous jeter des regards l'air de dire "mais qu'est ce que vous foutez là derrière ?!". "Ouais bah fait pas trop le malin y en a qui n'ont que deux pattes !"
On arrive ensuite à Ahu Akivi pour voir les sept Moais sur leur plate-forme. Ce site est le second site le plus célèbre de l'île après Ahu Tongariki, le site des 15 Moais d'où sont prises toutes les photos célèbres de l'île. Ahu Akivi est également le seul site pascuan où les Moais sont tournés vers l'océan car il est dédié à l'observation des astres. Situé à l'intérieur des terres, les 7 statutes sont positionnées pour faire exactement face au coucher de soleil à l’équinoxe de printemps et tournent exactement le dos au lever du soleil à l’équinoxe d'automne. Allez savoir pourquoi.
Finis les Moais pour aujourd'hui. Il nous reste encore quelques kilomètres de marche pour retourner à Hanga Roa. On aurait pu se rajouter la carrière des chapeaux de Puna Pau mais ça rajoute quand même 7km donc on se dit qu'on la fera quand on aura loué une voiture. On retourne vers la civilisation dans une rue où notre chien n'a pas l'air d'être bien apprécié des autres chiens errants qui lui aboient dessus en meute. On fait donc vite en essayant de le sortir de ce mauvais pas, et on chasse les autres au bâton. Nous qui voulions passer inaperçus, bah c'est raté !
Un
habitant à l'air de reconnaître le chien qui apparemment est celui du frère de sa femme. Il s'appelle Mantequilla (beurre) et on baragouine
en espagnol avec le type quelques minutes. On lui sort quelques phrases
que l'on a potassées grâce à "l'espagnol pour les nuls en voyage". C'est
du plus bel effet, on est certains que le mec est impressionné. Et oui ,
car ce qu'on ne vous a pas dit c'est que ni Séb ni Ophé ne parle
l'espagnol. Et en Amérique du Sud c'est quasiment impératif car l'anglais
n'est pas vraiment leur point fort. On s'est dit que ça ajouterait un peu de
piment au voyage... Comme s'il n'y en avait pas assez. Mais on se dit
aussi qu'avec les restes d'italien de Séb et le français ça devrait
pouvoir le faire. À voir dans quelques mois où notre niveau en sera. Avant d'arriver, nous avons quand-même rassemblé tout notre bagage d'espagnol : "hola che tal ?", "vamos a la playa", "che horas son mi corazon", "quiero una cerveza por favor". On a même repris une leçon avec les plus grands pour se rappeler comment commander du Gibolin. Bref, on était carrément prêts !
On
reprend notre route avant qu'une voiture ne s'arrête pour nous demander
si on a besoin d'être déposés à Hanga Roa. Proposition alléchante qu'on
n'aurait peut-être pas refusée en temps normal mais on a le chien et
puis on n'est pas encore rassasiés de la marche. On arrive au centre une
petite heure plus tard pour faire quelques courses avant de retourner
au camping. Mantequilla nous attend devant tous les magasins sagement
couchée et repartira tard le soir chez ses maîtres non sans avoir attendu
quelques heures devant notre tente. Quand on dit que le chien est l'ami
le plus fidèle de l'homme, Mantequilla en est le parfait exemple !
En cuisinant le soir on rencontre Maxime et Evelyne, un couple de français de Lyon/Rennes de nos âges, également en voyage longue durée. Autour de la table ça parle voyage, anecdotes de voyage et bouffe. En bons français quoi. On passe la soirée ensemble, le courant passe bien, on décide de louer une voiture ensemble pour le surlendemain.
À l'assaut du volcan et des pétroglyphes d'Orongo
Comme Rapa Nui est une île volcanique il y a donc des volcans. Ah bon ?! Ils sont au nombre de 3, placés à chaque coin de l'île lui donnant sa forme triangulaire. J'ai nommé Rana Kau, Poike et Rano Raraku. Vachement rassurant quand tu sais que t'es perdu au milieu du Pacifique à 4000 km des côtes.
Heureusement ces volcans sont éteints depuis de nombreuses années non sans avoir laissé eux aussi une part de mystère à l'île. Certaines théories vont jusqu'à avancer que le nombre d'or se retrouve dans les dimensions de l'île et que donc ces volcans et cette île auraient été façonnés par ses habitants et cacheraient plusieurs indices. Décidément, on devrait la renommer l'île mystérieuse. Allons déterrer Jules Verne !
Donc
l'idée aujourd'hui est de s'attaquer au volcan Rano Kau situé à la
pointe sud-ouest de l'île pour voir son cratère. On se prépare pour une
petite randonnée de 4h30 en partance du camping et l'arrivée est prévue à
environ 260 m d'altitude. Pas de quoi nous affoler, on est des durs.
La
balade est superbe, le soleil tape dur non loin de l'ancien trou de
la couche d'ozone et on s'étonne encore de voir si peu d'arbres. Une
petite forêt d'eucalyptus embaume le chemin, cette douce odeur se mêlant
avec une herbe sentant très fortement le curry. Étonnant !
Nous
arrivons au pied de ce magnifique cratère tout rond avec un marais au
fond, 200 m plus bas. Notre baromètre de "ouaaaitude" grimpe en flèche.
Ce qui est d'autant plus impressionnant c'est que de là où on observe ,
nous avons une vue sur toute l'île. C'est à ce moment là qu'on se rend
compte, hyper rassurés, qu'on est entourés par l'océan à 360 degrés et à
perte de vue. Nous nous baladons au bord du cratère en essayant de
dénicher les meilleurs points d'observation avant de larver pour une
pause sandwich.
Nous marchons ensuite jusqu'au village d'Orongo pour en apprendre plus sur les pétroglyphes et sur le mythe de l'homme oiseau. Oui oui encore un truc bizarre !
En exclusivité pour vous, pauvres incultes, voici la petite histoire du mythe de l'homme oiseau ou Tangata Manu : ce culte était célébré en hommage au dieu Make-Make, le dieu principal selon ses habitants. Un culte en renversant un autre le culte Make-Make est apparu durant la période d'abandon des Moaïs (qui furent tous foutus par-terre lors de conflits tribaux). Ce mythe était en fait une compétition annuelle qui se déroulait à Orongo ou plutôt qui partait d'Orongo pour atteindre le motu en face en contrebas de la falaise de 200 m. La compétition avait lieu chaque année entre les chefs de clan pour obtenir un pouvoir politico-religieux pendant 1 an. Le principe super drôle quand même pour les concurrents était de se saisir du premier œuf pondu par une hirondelle de mer ou Manutara sur Motu Nui l'îlot dont on vous parlait au début. Comment, me direz-vous ?! Fastoche : en descendant à mains nues et sans corde (bien plus drôle évidemment) les 200 m de falaises à pic, avant d'entamer un petit bain rafraîchissant dans les courants jusqu'au Motu, attendre plusieurs jours/semaines sans bouffe pour attraper l'œuf puis l'attacher sur le front à l'aide d'un ruban, sans avoir l'air d'un con, puis tout remonter sans casser l'œuf bien entendu. Le chef de clan sortant vainqueur de cette compétition était nommé Homme-oiseau et était considéré comme l’incarnation du dieu Make-Make. Il se faisait sans doute une bonne omelette aux cèpes pour fêter ça.
![]() |
Tronche de Make-make |
Le motu |
Après cet apprentissage rafraîchissant au musée, nous faisons le tour d'Orongo à flanc de falaise pour observer les maisons basses bien rénovées, de ce village construit pour le culte de l'Homme-oiseau. À gauche le vide sur le volcan, à droite le vide sur l'océan. Une bien jolie vue !
![]() |
Cernés par l'eau |
Le soir on va se chercher des petits empanadas au thon (la spécialité d'ici, le thon est frais et représente l'activité principale de l'île après le tourisme) et au poulet dans une petite boulangerie recommandée par Evelyne et Maxime. Excellents, en effet. Nous ne le savons pas encore à ce moment là mais cette nuit nous réserve une petite surprise.
Le
vent souffle maintenant très très fort, la mer est démontée et notre tente est
face à ça. La pluie s'y met elle aussi mais on est des foufous et on
essaye malgré tout de dormir dans la tente. 20 minutes plus tard, forcés
de constater que la tente est une vrai machine à laver, mais qu'elle tient bon, que l'eau
commence à goutter sur Séb (il choisit toujours la mauvaise place
aussi...) et que l'on est à moitié sourds à cause du bruit des vagues
qui s'éclatent sur le rocher à 20 m de nous, on part en courant et pied
nus dans la boue (le terrain est trempé, les chaussures ne servent donc à rien) avec notre
matelas de sol et notre sac de couchage sur la tête, rejoindre la
réception du camping. Ah ça vous fait bien rire vous derrière
l'ordinateur ?! C'est vachement déconcertant déjà d'être sur ce caillou
au milieu de rien et en plus il faut qu'il nous arrive ça !
Dans
la réception ça fait déjà campement avec des matelas un peu partout.
On se trouve un petit coin pour mettre le nôtre et on passe la nuit
comme ça avec le bruit du vent et de la pluie et les vagues déchaînées
au loin. Au moins on se sent un peu protégés. On apprendra le lendemain
que c'était une grosse tempête qui a traversé l'île avec des vents à
plus de 100 km/h. OK.
Au pays des arc-en-ciel ou le grand tour de l'île en voiture
Nous louons une voiture avec Evelyne et Maxime pour faire le grand tour de l'île, mais pas avant 11h car déjà ce n'est pas bien grand
et que deuxièmement on n'a pas vraiment bien dormi cette nuit. Séb
prend le volant de notre petit SUV (qui, comme toutes les voitures de l'île, n'est pas assuré) et nous emmène à notre premier arrêt,
la carrière des Moais pour voir le lieu de fabrication de ces géants de
pierre.
Mais d'abord, passage sur un ancien Ahu où les Moai ont été laissés face contre terre |
Avec Evy et Max |
Et
là on est vraiment impressionnés. Déjà il y en a partout. Des debout
bien droits, des à moitié penchés la tête face au sol, des couchés l'herbe leur chatouillant le gros nez, et
aussi le plus grand Moai couché qui fait 18 m et 200 tonnes. Ce gros
bébé ne tient même pas dans le cadre de l'appareil, c'est dire.
Tout
ce beau monde est taillé en un seul bloc maintenu par une quille le
temps de réaliser la sculpture. Une fois terminé, la quille est brisée
et le géant glisse sur la pente et peut être transporté. C'est le moment où certains Moais se cassent... On s'en rend compte avec
cette visite ; les sites sont super éloignés de la carrière. Et là nous vient cette question idiote...
Mais comment ont-ils réussi l'exploit de les transporter ?!
Plusieurs
théories existent dont certaines avec lesquelles nous étions familiers.
D'autres en revanche nous étaient totalement inconnues :
- le transport des Moais couchés à l'aide de traîneaux glissant sur des rondins de bois ou non, tirés à l'aide de cordes
- le transport des Moais couchés profitant du mouvement de balancier de deux poteaux en V
- le transport des Moais marchant en chancelant à droite puis à gauche à l'aide de cordes (la légende des anciens disait d'ailleurs que les Moais "marchaient" jusqu'à leur Ahu)
- le transport des Moais marchant dans un mouvement de roulement sur leur base
On a vraiment beaucoup aimé ce site avec son ambiance particulière créée grâce aux Moais en cours d'acheminement et en cours de réalisation. Ce petit air d'en cours et de pas fini est dû au fait que le culte des Moais ait été abandonné alors que tous les yeux commençaient à se tourner vers Make-Make, leur nouvelle divinité. Bon, les gars, on sait bien que ça fait 20 ans que vous cassez du caillou pour faire des statues, mais les Moais c'est has been à partir d'aujourd'hui alors remballez vos marteaux.
On a vraiment beaucoup aimé ce site avec son ambiance particulière créée grâce aux Moais en cours d'acheminement et en cours de réalisation. Ce petit air d'en cours et de pas fini est dû au fait que le culte des Moais ait été abandonné alors que tous les yeux commençaient à se tourner vers Make-Make, leur nouvelle divinité. Bon, les gars, on sait bien que ça fait 20 ans que vous cassez du caillou pour faire des statues, mais les Moais c'est has been à partir d'aujourd'hui alors remballez vos marteaux.
Du
haut de notre colline, on voit au loin Ahu Tongariki, le site des 15 Moais tournant le dos à l'océan avec une superbe lumière. C'est notre
prochaine étape.
Le cratère que l'on voulait visiter avant est malheureusement inaccessible : à cause de la pluie de la veille, il risquerait d'y avoir des glissements de terrain.
En
allant vers Ahu Tongariki, il se met à pleuvoir sur la route. Rien à
voir avec cette nuit mais on commence à observer le site au sec dans
notre voiture. Ça ne tarde pas à se calmer puis à s'arrêter complètement
pour laisser place à un arc-en-ciel magnifique avec en premier plan
nos gentils géants.
Ahu Tongariki est le plus grand site de l'île et sur cette plateforme se trouve le Moai le plus lourd existant.
On roule ensuite vers
les pétroglyphes. Ces gravures représentent pour la plupart des
animaux. Pour une des gravures c'est évident car on y voit un thon ou un
requin, on ne sait pas vraiment. Le thon paraît plus logique étant donné
l'importance qu'il représente pour l'île. Pour les autres il faut avoir
un sens aigu de l'imagination; D'après les panneaux, ce sont
soit des pieuvres ou des crabes, ou alors des animaux marins
mythologiques. En gros c'est plutôt moche, on dirait que ça a été fait
par un gamin de 3 ans avec les deux bras dans le plâtre et ça ne ressemble
pas à grand chose. Mais c'est plutôt cool et ça nous fait bien rire. Il y a aussi une pierre ronde supposée magique.
Nous
souhaitons ensuite aller à une plage de sable rose. Le chemin pour y
aller est boueux toujours rapport à la pluie d'hier. Séb tente quand
même le début en voiture mais quand on voit un 4*4 embourbé plus loin,
on fait marche arrière bien sagement en se poilant. On continuera donc à
pied en regardant les fous du volant (toujours des mecs évidemment) qui
se plantent là-dedans en ayant voulu faire les beaux. On en rigole
d'autant plus. On fini par arriver à cette plage qui est bien jolie mais
pas très rose il faut dire. On pense que c'est dû à la lumière
d'aujourd'hui qui ne lui rend pas service avec cette grisaille. Par
contre on est bien crottés et on dirait que nos chaussures pèsent 3kg de
plus.
On va ensuite à la plage d'Anakena sur laquelle on espère un peu plus. Le début est top avec les cocotiers et les Moais. La lumière est superbe et baigne la plage d'un rose un peu surréel. En fait c'est le sable qui est un peu rosé et il donne cette allure rose à toute la plage avec la lumière déclinante. Pas mal de gens se baignent dans les eaux pourtant fraîches et on apprécie cette ambiance. Jusque là tout va bien.
C'est avec horreur et tristesse que nous constatons ensuite que la plage est remplie de microplastiques. Il y en absolument partout et de toutes les couleurs. Mais comment est-ce possible si loin de tout ? Les gyres de plastiques du Pacifique, ces continents de plastique ne sont pas si loin de nous au final.
Pas
si loin de nous mais cette île pourtant si loin de tout nous jette à la
face l'enfer que nous avons créé de toute pièce. Triste constat.
Franchement ça nous a démoralisé pour le restant de la journée et les
quelques jours à venir.
Nous retournons au camping sous une pluie diluvienne. On se gare à 10 m de notre tente juste en face de l'océan pour être mouillés le moins possible et Max et Evelyne s'engagent courageusement sous cette pluie battante. On ne voit rien à 1 m donc nous préférons attendre que ça se calme histoire de préparer une stratégie d'évitement. Ophé est censée courir jusqu'à la tente pour débloquer le cadenas et ouvrir la porte pendant que Seb prépare les affaires à mettre au sec comme l'appareil photo et les portables. Sur le papier c'est intelligent et on valide fièrement. Ouais bah sur le papier seulement car en pratique ça donne plutôt ça : au bout de 20 minutes à se faire chier dans la bagnole il pleut encore plus fort, Ophé court comme une dératée en claquettes sous la pluie en traversant des torrents d'eau. Elle manque de tomber dans un trou d'eau et s'enfonce jusqu'au mollet. Elle arrive trempée à la tente pour composer fièrement le code du cadenas. Oui sauf qu'on n'a pas pensé qu'il faisait nuit et que nous aurions besoin d'une lumière pour composer les chiffres. Et merde. Seb arrive derrière avec la lampe frontale mort de rire. Bien entendu il n'est pas trop mouillé vu que la pluie s'est calmée. Une petite bière mon enfant ? Non une bonne douche bien chaude !
Suite du grand tour
Comme
on a la voiture jusque 11h et qu'on a encore une fois vachement bien
dormi à la réception avec le bruit de la pluie et du vent, on est frais
et dispos pour se lever à 4h30 du matin et aller voir le lever de
soleil. Cette fois c'est Max qui se met au guidon du tracteur. On se rend donc embrumés à Ahu Tongariki mais ça sent l'arnaque
pour 2 raisons. Déjà c'est super nuageux donc pour un lever de soleil
c'est pas terrible et deuxièmement les Moais regardent vers le nord du
coup on se demande bien comment sur certaines photos ils peuvent avoir
le soleil levant dans le dos. Ils ont déplacé des Moais certes mais on
est un peu sceptiques pour le soleil. Mais bon on ne dit rien, on
observe. Le soleil fait en effet son apparition à l'est (ouf) derrière
une colline. C'est joli mais ça casse pas trois pattes à un Moai non
plus. Le site quand à lui est toujours aussi merveilleux.
On ne va pas au cratère de la carrière car étant donné qu'il a plu toute la nuit ce sera sûrement fermé comme l'autre jour pour les mêmes raisons.
On
fait donc route vers Vinapu mais le site n'ouvre qu'à 9h30 (comme la
majorité des sites sur l'île de toute façon) donc on prend nos photos de
l'extérieur et ça a l'air d'être suffisant.
On
passe ensuite par le cratère de la carrière des chapeaux à Puna Pau. C'est
donc à cet endroit que les Pukao sont fabriqués dans du tuf rouge. Un gros cylindre est taillé dans la roche, puis roulé jusqu'à son Moai. La taille du chapeau est terminée sur le lieu final au moment d'ériger le tout.
On fait le plein dans la seule station service de l'île et on passe avant tout par le camping avant qu'Evelyne et Max ne se dévouent gentiment pour rendre la voiture pendant que nous nous dirigeons vers le musée.
On
passe par le marché artisanal pour acheter quelques souvenirs et on
casse la croûte. On arrive devant le musée à 12h29...il ferme... dans 1
minute, c'est donc raté pour aujourd'hui !
On retourne au camping sous une pluie fine et agréable pour se poser un peu. Finalement il pleut averse tout l'après-midi donc on glande sur nos canapés habituels accompagnés de Max et Evelyne. On discutaille et on écrit nos blogs. Ils ont juste 4 mois d'avance par rapport à nous !
Le
soir la pluie ne s'est pas arrêtée et ça dure comme ça toute la nuit.
Mais cette fois on fait de la résistance et on dort sous la tente.
Quelques gouttes tombent de temps en temps sur Ophé et elle est réveillé
par une fine bruine le lendemain matin. Parfait !
Au cours de notre fabuleux séjour nous avons eu la chance d'enfin pouvoir visiter le musée de l'île : c'était pas compliqué, il fallait juste y arriver avant 12h29 ! Si vous avez bien lu l'article jusqu'ici, toutes les connaissances que nous avons apprises au musée sont expliquées dans l'article.
Une chose exceptionnelle nous est également arrivée, puisque nous nous sommes fait inviter à une fête traditionnelle de l'île où il n'y avait que des locaux et où on a pu récupérer de la nourriture pour 10 : de la viande et des légumes cuits à l'étouffée en creusant un trou dans la terre et en l'alimentant au feu de bois. Nous avons pu une dernière fois ressentir l'immense chaleur du peuple polynésien qui nous ont offerts sourires, musique, chants, joie de vivre, nourriture, bière et informations sur leur culture si particulière. Non vraiment, il faut voir l'énergie qui se dégage de cette population et de cette île intrigante et marquante sous tous ses aspects.
Le stand de bouffe |
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La cuisine |
Nos adieux à Rapa Nui
Nous
commençons par faire nos sacs dans l'herbe du camping sous un soleil
radieux. Cette île est vraiment magique, pendant tout notre séjour il
n'a plu presque que la nuit. Ophé va contempler les vagues une dernière fois et
fait la connaissance d'un local qui vient souvent se ressourcer ici. Ça
fait 7 ans qu'il habite ici et n'a visiblement pas fait le tour de l'île
tellement il y a de choses à voir. Ça étonne Ophé vu qu'on ne peut pas
dire que l'île soit immense non plus. Ça parle plongée, faune et flore
jusqu'à ce que les 4 yeux se perdent dans l'immensité de l'océan. Qu'est
ce que c'est beau ici !
À
notre retour d'Hanga Roa, on apprend par le personnel du camping que
notre vol pour Santiago est retardé de 6h. Ça commence bien et
apparemment c'est assez fréquent. Petit coup de stress. On nous dit
d'aller quand même à l'aéroport pour enregistrer nos bagages à l'heure
prévue, ce qu'on fait bien évidement, en y allant à pied. C'est déjà
rare de pouvoir se rendre dans un aéroport à pied et on a envie de
tester l'expérience même avec nos gros sacs.
La compagnie paye le restaurant à Hanga Roa. Mais pour 300 personnes et en catastrophe on n'aura le droit à rien de mieux que des pâtes. On reviendra pour le ceviche de thon dont on rêvait ! On retourne ensuite en bord de mer pour se payer une bonne glace. Quelques chiens errants lorgnent dessus mais ils n'en auront pas une miette.
Ophé
termine son bouquin au soleil tandis que Séb va chercher un semblant de
connexion internet pour prévenir notre hôte à Santiago que l'on est
obligés d'annuler notre première nuit à cause du retard de vol. Et on
espère secrètement que la compagnie aérienne va nous payer un bel hôtel
histoire de connaître un peu le luxe dans ce séjour
.
Finalement
le temps d'attente à l'aéroport passe assez vite et un couple de
voyageurs vient nous parler car ils nous ont reconnu. Apparemment on
était dans le même vol qu'eux pour aller d'Auckland à Papeete. C'est fou
ça !
On atterrit à 3h du mat à Santiago et on a du coup bien fait d'annuler notre réservation. Effectivement après quelques malentendus la compagnie qui voulait d'abord nous payer seulement le transport finit par nous accorder une nuit d'hôtel (non mais vous avez vraiment cru qu'on allait dormir dehors en errant dans les rues craignos de Santiago à 4h du mat avec tout ce que l'on possède ?!). On arrive donc à l'hôtel Mercure 1h plus tard en plein centre. On prend le temps de mettre un réveil pour se remplir la panse au petit-déjeuner et on s'écroule comme des loques dans une literie confortable, propre et merveilleuse. La plus belle piaule de l'année.
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