Après la ville pépère, la nature nous appelle à nouveau. Nous allons dans une région reculée et rurale dans le nord du Laos : Nong Khiaw et Muang Ngoy.
Nous avons fait cette escapade dans la cambrousse laotienne du 03/03/18 au 06/03/18.
Nous avons fait cette escapade dans la cambrousse laotienne du 03/03/18 au 06/03/18.
Nong Khiaw : le bout de la route
Pour nous y rendre, nous achetons des billets la veille dans une agence pas loin de notre hôtel et nous attrapons un minibus pour Nong Khiaw le matin. Cela ne met que 3 ou 4 heures depuis Luang Prabang, ce qui est un atout pour cette destination. Il n'y a apparemment pas de gros bus local pour s'y rendre. Nous arrivons à destination sur le coup de 13h et nous décidons de parcourir les 2 derniers kilomètres à pied afin de voir si nous trouvons un auberge sur le chemin. Comme c'est l'heure de manger et qu'on crève vraiment de chaud, on s'arrête dans un bouiboui pour avaler un morceau : une des spécialités du coin est le bambou frit et c'est bon ! Nous avons plus de mal que prévu à trouver une auberge pas cher (on avait lu qu'il y avait des bungalows à 50 000 kips, les prix ont facilement doublé depuis) et nous finissons par nous rabattre sur une chambre à 80 000 (8 €) à l'hôtel Sunrise qui suffira bien pour une nuit, au bord de la Nam Ou, la rivière qui traverse Nong Khiaw. Cet hôtel semble être un point de rassemblement d'Israéliens, c'est étonnant car nous n'en avions croisé que très peu au Laos. Ils sont très nombreux à voyager après leur service militaire car ils ont une année payée par le gouvernement et ont tendance à se retrouver en groupe à certains endroits. Nous prenons un petit "banana shake", un milkshake glacé à la banane, pour nous rafraîchir. C'est toujours un délice !
Comme il n'est que 15h, nous partons un peu explorer les environs. Le village est rempli d'agences qui proposent des activités guidées, du canoë, des tours en bateau pour aller visiter les 100 waterfalls... sauf que vous commencez à nous connaître, ce n'est pas trop notre délire, on préfère se promener par nous même. Nous réservons donc nos billets de bateau pour partir à Muang Ngoy le lendemain matin et nous partons vers un des points de vue au dessus de Nong Khiaw : Nang None mountain view.
L'accès au sentier, comme souvent au Laos, est évidemment payant (15 000/personne) mais le chemin est plutôt bien entretenu et nous avons pu reremplir nos bouteilles d'eau avant de monter. Et c'est parti pour 600 m de marche jusqu'au premier point de vue... 600m ?! Ça parait ridicule comme ça, mais en fait il y a aussi 300 mètres de dénivelée à grimper. C'est franchement raide et certains passages relèvent presque de l'escalade dans des rochers coupants. Ophé n'est pas rassurée du tout, il nous faut presque 45 minutes pour arriver au sommet. D'ailleurs, elle restera sur un promontoire et n'ira pas jusqu'à la plateforme d'où l'on domine magnifiquement la vallée, car le chemin est carrément difficile avec le vertige. La récompense vaut d'en chier pour y arriver !
Il y a normalement un second point de vue encore plus haut, mais nous n'avons pas eu le temps d'y aller. Le soleil commence à passer derrière les montagnes, il nous faut redescendre assez vite avant la nuit. Nous choisissons de prendre le sentier prévu pour la descente qui fait 1 km de long et est donc un peu moins raide. Ophé est obligée de prendre son temps car elle n'est pas à l'aise dans la descente très raide et pas large du tout et Seb doit la presser un peu car la lumière commence à décroître et qu'on ne voit plus toujours très bien le chemin dans la forêt. En plus, nous n'avons plus de batterie dans le téléphone et nous ne pouvons donc pas l'utiliser comme lampe de poche. Ça commence à sentir le sapin. On a alors une belle image d'Épinal : Ophé le cul à moitié par terre entrain de s'aider des racines pour ne pas tomber et Seb entrain de stresser car on ne voit plus très clair. C'est un moment pas facile pour elle mais nous arrivons sains et saufs sur la route pile poil avant la nuit, bien fatigués par cet effort sous la chaleur de l'après-midi. Il nous reste un peu plus de 2km à faire pour retourner à notre hôtel, Ophé déprime d'avance à l'idée de devoir manger des noodles après ça. On s'invente donc et visualise des menus entrée/plat/dessert bien français sur le chemin du retour ce qui nous met bien l'eau à la bouche. Heureusement, le néon éclairé d'un restaurant indien providentiel apparaît juste en face de notre hôtel ! Nous sommes heureux de retrouver ces saveurs et de changer un peu des plats asiatiques. Nous ne sommes apparemment pas les seuls, le restau est bondé et nous avons pris la dernière table. Et on a bien fait car c'était excellent !
Muang Ngoy
Le lendemain nous arrivons à 10h15 au bord de la NamOu pour prendre notre bateau. Tous les bateaux ici ont le même modèle, comme sur le Mékong. Seule la taille varie. Le départ est normalement prévu à 10h30, il y a déjà un bel attroupement quand nous arrivons. Nous attendons au soleil mais le bateau n'arrive finalement qu'après une bonne heure. On nous entasse assis à même les planches de manière assez inconfortable, dans 2 bateaux. Seuls 4 ou 5 chanceux ont des vieux sièges de voiture à l'avant. Autour de nous, des jeunes se baignent en plongeant du ponton flottant.
Nous remontons la rivière pendant 1h30 environ, en regardant les buffles se baigner et quelques laos descendre à des endroits improbables. Il y a peu d'habitations sur les rives. La traversée est très belle (mais fait mal aux fesses). Nous débarquons enfin à Muang Ngoy et nous lançons dans la mission "trouver une guesthouse". Le village est constitué d'une rue principale défoncée et n'est pour l'instant accessible que par bateau (une piste existe mais est en très mauvais état, une nouvelle route est en construction). Des rabatteurs sont évidemment présents au débarquement et nous sautent dessus, ce qui n'a que l'effet de nous donner envie de fuir rapidement l'endroit. Nous marchons un peu, allons demander les prix de quelques adresses puis nous tombons sur un gamin qui nous amène jusqu'à la guesthouse de ses parents. Le bungalow est correct pour 70 000 kips la nuit et nous décidons d'y poser nos sacs à dos.
En route, nous avons croisé Aymeric et Léa, avec qui nous avions passé la frontière depuis le Cambodge, qui commandaient leur déjeuner dans une gargote pas cher. Quand nous les rejoignons, ils ne sont toujours pas servis au bout d'1h (service lao oblige) et nous pouvons donc nous joindre à eux. Nous savions qu'ils prévoyaient de venir là car nous les avions revus à Luang Prabang mais nous ne pensions pas les y retrouver si facilement.
Nous nous posons un peu sur une petite plage au bord de la rivière jusqu'au coucher du soleil sur les montagnes. Des enfants jouent autour des bateaux, c'est un beau spectacle. Même s'il est clair que le village ne vit que du tourisme, cet endroit perdu entouré de reliefs nous plaît déjà beaucoup. Le soir, nous mangeons dans un restau avec nos deux amis. Ils repartent déjà le lendemain pour d'autres destinations plus au nord.
Nous, nous avons prévu d'aller visiter les villages alentours. Pour y aller, seule une piste poussiéreuse peu empruntée et des chemins font la liaison avec Muang Ngoy. Nous partons vers 9h du matin après avoir avalé de bons pancakes. Depuis la terrasse de notre auberge, nous regardons la vallée de la Namou se dégager peu à peu de sa brume matinale. Nous passons devant l'école d'où des cris d'enfants s'élèvent. Quelques écoliers en retard dans leurs uniformes arrivent du chemin face à nous. Quelques enfants se laissent prendre en photo. Il fait déjà chaud.
Après 2,5km de route, nous arrivons à la Tham Kang cave. À partir de là, le sentier devient payant et l'argent va au développement des villages, nous dit-on. Un petit pont en bambou permet d'aller visiter des rizières asséchées sans se mouiller les pieds, la vue est déjà magnifique et l'ambiance assez poétique ce qui est de très bonne augure pour la journée qui nous attend. Les quelques 4x4 et motos qui veulent prendre la route doivent passer dans l'eau.
Pour rejoindre le premier village que nous allons visiter, Houay Sen, à 4km de là, il nous faudra quand-même traverser un petit cours d'eau en enlevant nos chaussures. C'est rafraîchissant ! Nous traversons quelques champs et forêts sur cette route qui est loin d'être plate. Le village n'est pas très grand et nous n'y croisons pas grand monde. Quelques poules se promènent, des truies et leurs petits cochons... les habitants sont plutôt au frais à l'ombre, il faut dire que ça tape dur. Certains trient de l'ail avant de le faire sécher au soleil. Des métiers à tisser attendent d'être actionnés. Une gargote est ouverte et accueille les quelques touristes qui font la marche et cherchent des boissons fraîches pour se désaltérer avant de repartir.
L'étape suivante est le village de Ban Na. Pour le rejoindre il nous faut rebrousser chemin avant de bifurquer sur la gauche. Nous suivons notre plan GPS sur Mapsme même s'il y a cette fois un panneau qui indique la guesthouse du village. Encore près de 4km à parcourir sous le cagnard, soit une bonne heure de marche. Les paysages autour de nous sont encore une fois magnifiques et nous arrivons aux premières maisons, au milieu des rizières fauchées dans lesquelles poussent quelques fleurs, au pied de reliefs karstiques impressionnants. Liquéfiés mais heureux. L'une des premières choses que l'on voit en arrivant est une auberge. Ça tombe bien, on a la dalle et besoin de retrouver des forces pour la suite ! Un bon coca sucré et frais et des fried rices feront certainement l'affaire. Il y a en plus des hamacs en corde autour de la terrasse, parfait pour buller à l'heure de la sieste, avec vue sur la vallée. Par-fait ! Nous discutons aussi avec une jeune française qui voyage avec sa grand-mère globe trotteuse.
Nous retrouvons la même ambiance dans ce village. Toujours de belles maisons en bambou et peu de vie à ces heures chaudes. C'est le seul des trois villages où la piste continue, jusqu'à une petite route. On demande notre chemin pour nous rendre au village suivant car sur notre carte nous devrions faire un détour de 5km pour retrouver le chemin. En fait, il y a moyen de couper à travers champ sur un sentier. On gagne comme ça pas mal de temps, on évite de retourner sur nos pas et on passe au pieds des falaises. Bref, c'est un bon tuyau ! Dans les champs, nous voyons plein de fils électriques qui partent de chaque maison, jusqu'à la rivière. Nous comprenons ce que c'est quand nous arrivons au bord de l'eau : les villageois ont construit des petits barrages dans l'eau avec des roches et ont installé des moteurs électriques semblables à des petits moteurs de long tail boat. Au bout de la perche, une petite hélice est censée faire tourner le moteur à l'envers et ainsi produire de l'électricité. Bon, ça doit surtout marcher en période de mousson parce que là il y a peu d'hélices dans l'eau, mais ce petit système hydroélectrique est assez amusant et ingénieux. Pas sûr que ça produise beaucoup plus que de quoi alimenter une ou deux ampoules.
Nous traversons la rivière (petit bain de pieds frais une fois de plus), alors qu'en face un jeune s'élance à fond dans l'eau sur un vieux vélo. Belle maîtrise, on se serait vautré deux ou trois fois à sa place ! Et nous arrivons finalement au troisième petit village que nous visitons ce jour là, nommé Houay Bo. Ici aussi, une des spécialités est le tissage sur de vieux métiers à tisser en bois. Une dame qui tient un petit café chez qui nous reprenons une bouteille d'eau nous montre ses créations. Elle parle un peu anglais et nous discutons quelques temps avec elle de la vie dans ces villages.
C'est déjà l'heure de se diriger vers Muang Ngoy car la lumière décline sur les rizières. Nous retraversons l'eau une nouvelle fois et nous longeons les chemins qui délimitent les parcelles de riz et qui servent de barrages pour l'irrigation. Quelques buffles paissent paisiblement et des vaches se courent après. La lumière devient magnifique sur cette plaine fertile.
Nous arrivons à nouveau sur une rivière à traverser mais cette fois un tronc est couché en travers. Seb marche pour traverser mais Ophé hésite car elle a peur de tomber. Elle décide finalement... de s'asseoir sur le tronc et d'avancer à califourchon. Mauvaise technique s'il en est, elle se retrouve rapidement coincée au niveau d'un nœud de l'arbre et il faut maintenant se remettre debout ! C'est périlleux et un peu casse gueule, Seb finit par venir aider mais on manque de tomber tous les deux dans l'eau. C'est malin ! On arrive finalement de l'autre côté, secs et morts de rire.
Une fin de journée tendue et un retour express à Luang Prabang
Une belle journée s'achève et nous retrouvons avec bonheur le village où nous logeons. Mais, juste en entrant dans la rue, un chien un peu collant et envahissant déboule de nulle part, nous approche sans crier gare et lèche la jambe d'Ophé à un endroit où elle a une griffure. Comme la rage est endémique en Asie du Sud Est, et qu'elle se transmet également par léchouille sur des plaies, on passe une mauvaise soirée. Nous avons fait les vaccins contre la rage avant de partir mais cela ne nous protège pas pour autant. Nous avons simplement moins d'injections à recevoir et, surtout, pas besoin de l'immunologlobine (des anticorps de cheval), très difficile à trouver en Asie.
Ophé psychote et nous décidons donc de ne prendre aucun risque. Avec le vaccin nous avons 48h pour réagir. C'est mieux que 24 mais c'est pas top . Donc, on ne joue pas et on écourte notre séjour d'une journée pour rentrer dès le lendemain à Luang Prabang, la seule grande ville la plus proche où nous sommes à peu près surs de pouvoir trouver une dose de vaccin antirabique.
Stressés, nous prenons le bateau le matin pour retourner à Nong Khiaw, puis nous enchaînons avec le minibus direction Luang Prabang. Sur la route on prend quand même le temps de repérer la construction d'un barrage hydroélectrique et d'une ligne à grande vitesse reliant Luang Prabang à la Chine. On sent que les populations ont été déplacées à la hâte sur ces deux sites et ça nous fait un drôle d'effet. Aussi, sur les parpaings des chantiers, des photos vantant les paysages et la puissance de la Chine ou tout est écrit en chinois. Les ouvriers sont chinois eux aussi… Ah oui donc en fait si on comprend bien c'est donc la Chine qui sous couvert d'un co-développement d'infrastructures avec ses voisins, grignotent en fait leur territoire pour agrandir le sien et placer ses pions sur la scène internationale. Car c'est vraiment tout l'effet que ça nous fait. Il était avant possible de descendre la rivière de Muang Ngoy à Luang Prabang, mais ce n’est évidemment plus possible avec le barrage en construction. Nous voyons aussi des bulldozers qui creusent la montagne pour construire une nouvelle route, qui ira cette fois jusqu’à Muang Ngoy. C’est sans doute super pour les habitants de ce village qui n’avaient même pas l’électricité il y a quelques années… mais en rendant l’accès plus facile, cela va amener là des tonnes de touristes et le petit village isolé va perdre toute son originalité et l’authenticité qui lui restent et qui font son charme. Il va falloir aller encore plus loin pour découvrir le “vrai Laos”, dommage. Un conseil, allez y vite avant que tout ne change ici, car cela va très vite !
Arrivés à Luang Prabang, nous trouvons un hôtel rapidement et après un sandwich nous prenons un tuktuk pour l'hôpital. Petite incompréhension, le chauffeur nous amène à "la pistoche", un bar/piscine au lieu de l'"hospital". Dans un autre contexte ça nous aurait fait bien rigoler, mais là on est un peu pressés, on en rira plus tard.
Il nous dépose finalement à l'hosto. C'est tout vide, bien défraîchi et personne ne parle anglais. Ça fait un drôle d'effet. On s'oriente péniblement vers un service qui pourrait faire des vaccins, mais ils ne comprennent visiblement pas ce qu'on veut et ne semblent pas vouloir nous prendre alors qu'il n'y a personne. Le stress monte un peu, alors qu'on était jusque là assez confiant en misant sur Luang Prabang. Après il faudra prendre un bus de nuit pour la Thaïlande. On finit par comprendre qu'il y a une clinique privée à côté de l'hôpital et que c'est là qu'il faut qu'on aille voir.
Ça tient plus du cabinet médical bien équipé mais ça fait déjà meilleure impression. D'autres touristes sont là aussi, ça semble être "the place to be" pour se faire soigner. Une infirmière qui parle anglais prend Ophé en charge et on finit par voir un médecin qui a l'air de comprendre notre problème. Il ne se montre pas très inquiet en nous disant que le chien n'avait sûrement pas la rage mais nous insistons quand même pour qu’Ophé reçoive une injection antirabique. Autant ne pas jouer avec ces choses là ! Soulagés et remis de nos intenses émotions, nous rentrons à pied au centre ville et allons au restau pour fêter ça avec une beerlao.
Le lendemain, nous prendrons un bateau pour une croisière de 2 jours sur le Mékong jusqu'à la frontière Thaï. De là nous irons à Chiang Rai où elle pourra recevoir une deuxième et dernière injection de vaccin à J+3. On vous raconte ça bientôt.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.