Après 6 mois en Asie à manger des fried noodles, des pâtes bolognazes, des insectes, et autres bizarreries en tout genre, c'est avec un mélange d'excitation et de tristesse nostalgique que nous faisons nos premiers pas en terre néo-zélandaise qui s'annonce pleine de nouvelles découvertes et d'aventures.
![IMG_1667 IMG_1667](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmlmx5C9vUy7o99pivin4SXbd88LIublWNcfBGSVCNp-ZJ5bYbrWUe9Kt0Jgd-piUkZNnQfX0DbzsXVa103P05tb2Vm1P4A_aju_05bNA9XKDmVBeubSqR19gB5dRB6OpmD4vmqGwiqg3Y/?imgmax=800)
Nous avons "landed" le 16 mars 2018 à Auckland et avons posé nos petites fesses derrière le guidon de notre van à Christchurch, le 20 mars.
Les palmiers de la honte
Déjà, rien que le trajet en lui même est une aventure. Depuis Bangkok nous prenons un train de banlieue assez rustique pendant 1h30 qui s'arrête toutes les 5 minutes en pleine voie pendant 10 minutes pour on ne sait quelle raison. Nous prenons ensuite un vol qui durera 3h00 jusqu'à l'aéroport de Kuala Lumpur dans lequel nous attendons 8h00 avant de prendre un autre vol de 11h00 qui nous emmènera à l'aéroport Gold Coast de Brisbane sur la terre des kangourous pour une courte escale.
Mais avant de vous raconter la suite du voyage, il faut quand même qu'on vous dise quelque chose qui ne nous a pas bien plu en arrivant en Malaisie. L'avion commence sa descente et nous remarquons un océan de verdure à perte de vue. D'abord tout émerveillés par tant de nature, on se rend bien vite compte après quelques paliers de descente que cette verdure représente en fait des palmiers à huile. Enfer et damnation ! Il y en a vraiment partout, quelle horreur ! Ici l'industrie agro-alimentaire des pays développés fait des ravages. On extermine les derniers orang-outans à coup de fusil, on brûle des forêts endémiques pour planter des palmiers partout alors que 70% des champs de palmiers déjà existants sont loin d'être exploités à fond. Quelle tristesse ! C'est vraiment rageant de se sentir si impuissants !
![]() |
Des palmiers à perte de vue... |
C'est donc avec un goût amer que nous passerons nos longues heures d'attente dans cet aéroport flambant neuf entouré de palmiers à huile.
Notre courte escale de 1h à Gold Coast nous permettra de ressentir la douceur du climat australien à cette époque avant de reprendre un vol de 3h pour notre destination finale, Auckland City.
28 heures de voyage dont 17 de vol : la Nouvelle-Zélande ça se mérite !
A la découverte d'Auckland, city of sails
Après ces longues heures de voyage il faut dire qu'on n'a pas vraiment la foi de partir à la découverte de cette nouvelle culture qui s'offre à nous. Et ça tombe bien car après le temps passé en Asie, les chocs culturels ne se font pas attendre, et on n'a pas besoin d'aller bien loin. A croire que les SDF sont une invention des pays riches, ici on en retrouve pas mal dans les rues comme à Paris. Depuis l’Inde, nous n’en avons pas croisé tant que ça : des gens qui galèrent avec des petits boulots et qui vivent dans de mauvaises conditions, oui, mais les personnes complètement exclues de la société sont finalement assez rare en Asie. On compte aussi les belles boutiques bien propres, les chaînes de restaurant, les rues qui sentent la frite, les gens pressés sortant du boulot avec quelque courses à la main, les yeux dans le vide.
Où sont les odeurs d'Asie, les rues pleines de vie, les sourires des gens, et nos chiens errants ?
On prend nos quartiers dans notre auberge de jeunesse en plein centre à 25$ NZ pour 2 lits superposés dans une chambre de 10 lits, sans wifi (enfin si mais payant), mais avec eau chaude et cuisine. Ça aussi ça va nous changer et on est plutôt contents de pouvoir retrouver les goûts occidentaux et de se faire nous mêmes à manger. Pour fêter ça, on file au supermarché Countdown (bigre, du choix !) et notre premier repas royal sera une bonne plâtrée de pâtes à la sauce tomate. De la grande cuisine on vous dit.
Le lendemain, pas frais comme des gardons on décide d'aller se balader tranquillement dans la ville et on commence par le port. Pour y aller ce n'est pas très compliqué. À Auckland il y a une grosse rue commerçante qui traverse toute la ville, la Queen Street (comme c'est original). Au bout, le port.
Apparemment on peut des fois y voir des baleines, ce qui nous motive donc à braver le vent. La balade est sympa mais les baleines ne sont pas au rendez-vous (encore un attrape-touriste ;-) ). Par contre, nous voyons un pêcheur concentré qui a au bout de sa ligne une belle raie brune. On le regarde la travailler pour l'épuiser en espérant secrètement que la ligne casse ou que la raie réussisse à se barrer. Finalement c'est en voulant l'entailler au couteau pour la remonter que la raie glisse et qu'elle réussit à lui échapper. La raie a vaincu par K-O et on retrouve le sourire.
On se rend ensuite dans un endroit abrité du vent pour pouvoir manger nos magnifiques sandwichs faits maison (bigre, un ersatz de camembert !). C’est une sorte de hangar qui doit servir à des expos mais qui sert aussi de gymnase quand elle est vide où pas mal de monde joue au badminton, échecs géants et ping-pong. Un kiwi hyper motivé et en claquette propose une partie de bad’ endiablée à Ophé, qui ne peut refuser. L'ambiance est franchement sympa et les premiers néo-zélandais rencontrés très accueillants.
On se rend ensuite au port de plaisance où le nombre de voiliers est impressionnant. En même temps la ville s'appelle "City of Sail" (la ville des voiles) alors on comprend mieux. Et puis, entre nous, c'est tout de même un peu con d'habiter sur une île et de ne pas en profiter pour naviguer.
En plus, on tombe bien car c'est à ce moment que se déroule la Volvo Ocean Race qui est une course mythique de voiliers et qui réunit le gratin de la voile. Apparemment, c'est une des courses d'équipes les plus dures au monde où tous naviguent sur le même modèle de bateau. Enfin nous, on dit ça, on n'y connaît rien mais on regarde un reportage plutôt intéressant qui explique les conditions de vie sur le monocoque, les difficultés du climat, ou le travail d'équipe. Ça ramène pas mal de monde, on peut voir les bateaux de la course qui font escale dans le port, les équipes et il y a pas mal de concerts et d'animations.
C'est aussi le jour de la Saint Patrick, avec une grosse ambiance dans la ville. Autour du port, il y a de nombreux bars avec des gens habillés en vert et déguisés. On ne boira malheureusement pas de bière cette fois car on la trouve un peu chère (le temps de s’adapter à la monnaie, de faire le deuil des pintes à 0,50€, tout ça…) mais on écoutera un concert de musique irlandaise pour marquer le coup. Apparemment la communauté irlandaise est plutôt importante dans la ville.
Mais où sont les maoris ? Depuis qu'on est arrivés, on en a vu un peu à l'aéroport mais depuis plus tellement, à part quelques-uns faisant la manche dans Queen Street. Ça nous fait un drôle d'effet, nous qui imaginions les voir beaucoup plus nombreux. Pourtant, autour de nous, nous voyons des panneaux écrits en maori, des souvenirs maoris, tout le monde semble fier de s’en réclamer, mais peu de trace des vrais représentants de cette culture ! On se dit que c'est un peu bizarre et on décide de creuser la question pendant notre séjour.
On fait un tour du côté de la Sky tower, la tour radio de la ville, emblème de sa skyline, pour voir une petite expo' sur Abel Tasman, le navigateur ayant découvert la Nouvelle-Zélande pour la première fois, suivi par James Cook.
On termine notre tour du centre ville par quelques courses et on se rend à la bibliothèque pour squatter le wifi et programmer vite fait notre journée de demain. Et oui ici c'est le tiers monde numérique : le wifi semble être une denrée rare et est bien souvent payant, lent et très limité en Mo ou en durée. Après l’Asie où nous avions du wifi gratos strictement partout, même à 3000m au Népal (quand il pleut pas), c’est étonnant de voir une telle situation dans un pays occidental. Seules les public libraries et les fast foods offrent le plus souvent le wifi (parfois seulement pour 30min), on sent que ça va être galère. A Auckland, heureusement, il y a plusieurs hotspots gratuits et illimités dans la ville. Mais ça veut dire lire ses mails dans le froid sur un banc.
On se pose à l'auberge, on mange vite fait et on ressort pour les couleurs de la ville la nuit sur le port, et aussi pour l'ambiance de la Saint Patrick.
Coast-to-coast walk : une superbe balade
Pour notre deuxième jour à Auckland, on décide de s'attaquer à une randonnée de 20km qui devrait nous occuper pour la journée et nous rassasier. Cette belle rando' est la coast-to-coast. D'une côte à l'autre, elle part du port côté Pacifique pour rejoindre la mer de Tasman sur l'autre côte. Elle passe par une bonne partie des volcans de la ville, ainsi que les parcs principaux et dans les quartiers un peu résidentiels.
Le temps est radieux et en chemin on s'arrête au jardin botanique pour découvrir entre autres les différentes fougères de Nouvelle-Zélande. Pas de silver fern pour l'instant, symbole de la Nouvelle-Zélande et des All blacks.
C'est dimanche et beaucoup de gens jouent au cricket, au croquet (qui a dit “c’est la loose” !?) ou aux quilles, quand ils ne font pas du rugby, courent ou font du vélo. Ils sont sportifs ces néo-zélandais et y en a même qu'on dirait des grosses baraques. Avec nos carrures de sandwichs sncf on fait bien fluet à côté.
On arrive à la mer Tasman non sans avoir mal aux jambes après tous ces volcans montés et ces collines. En Nouvelle-Zélande rien n'est plat et on sent qu'on va bien rigoler. On n'oublie pas d'admirer la superbe vue sur la ville depuis le Mont Eden (pas loin d’Eden Park, forcément) qui est le plus haut volcan éteint de la ville. La nature dans cette grande ville est omniprésente et c'est ce qui nous plaît.
Bord de mer
Pour notre dernier jour à Auckland on se balade à nouveau dans les rues de la ville en attendant que la pluie s'arrête. En vain. On essaye donc d'aller au musée Auckland Art Gallery non loin de notre hôtel qui serait gratuit. Arrivés devant on se rend compte qu'il est bien gratuit mais pour les néo-zélandais. Pour les autres ce sera 20 euros s'il vous plaît. Et avec le sourire. Du coup, on passe notre chemin. 20 euros pour voir des croûtes, non merci ! En plus c'est un signe, il s'est arrêté de pleuvoir. Le soleil revient petit à petit et il ne nous en faut pas plus pour filer vers le port. De marchandises cette fois.
On décide de marcher le long du port et de l'océan jusqu'à ce que mort s'en suive jusqu'à une plage à 10km de là en direction de Mission Bay pour avoir une vue sur l'île volcanique de Rangitoto, réserve de faune uniquement accessible en bateau à la journée et sans aucune habitation.
On s'arrête en chemin pour découvrir le lieu où a été coulé le Rainbow Warrior. Une plaque colorée commémore cet événement. La balade jusqu'à la plage est sympa bien qu'à côté d'une route plutôt très passante. On profite des derniers rayons du soleil sur la plage et on décide de rentrer en bus avant qu'il ne pleuve à nouveau et aussi car on a un vol à prendre.
Notre vol pour Christchurch sur l'île du sud n'est que demain matin à 7 heures mais quitte ne pas dormir beaucoup et pour économiser une nuit on décide de dormir très confortablement à l'aéroport international. On découvre que le moyen le plus économique de se rendre à l’aéroport n’est pas le sky bus comme on nous l’a dit, mais un train de banlieue suivi du bus orange et comme nous avons le temps c’est cette solution que nous choisissons. On commence par s'installer comme tout le monde sur des sièges en métal froids et inconfortables à deux pas de tous les restaurants, sur le passage de tous les voyageurs. Pas top donc. On n’est pas les seuls à avoir eu cette idée brillante puisque 2 françaises en face de nous le font aussi. Elles discutent assez fort et on apprend qu'elles prennent le vol de demain matin pour Paris et qu'elles ont eu très froid dans le sud pendant les nuits. Nous, on a regardé la météo et ça n'a pas l'air si terrible que ça même si c'est l'automne et qu'il fait plus froid dans le sud que dans le nord. Allez on verra bien.
Bon c'est pas le tout d'écouter aux portes mais il est déjà 23h et on aimerait bien trouver un endroit au calme pour pioncer, nous.
Seb part à la recherche de l'endroit parfait. Après la visite d’un couloir dont un bout sert de salle de prière (non, on n'a pas osé, même si on n'a pas vu beaucoup de gens aller y prier), un tout autre endroit plutôt cosy attire son attention. Une petite pièce à part dans des toilettes reculés. Un rideau pour s'isoler et un fauteuil. La grande classe, c'est calme, c'est propre, mais qu'est ce que c'est ? On installe notre campement. Au bout de 2h sans dérangements, une femme toque au rideau avec son bébé. Ah c'était donc ça : une pièce pour allaiter... Quand on vous dit que les gamins, ça fait chier... ! ;).
![]() |
Chambre 4 étoiles |
Christchurch, point de départ de notre road trip
On arrive à Christchurch sur les coups de 8 heures du matin non sans avoir mal partout après notre nuit part terre sur le carrelage froid / recroquevillé sur un fauteuil. Après une douche brûlante à l'aéroport (la dernière avant 6 jours mais ça, nous ne le savons pas encore), on se dirige vers une des curiosités de la ville : une cathédrale en carton (non non c'est pas des blagues) qui est soi disant un des seuls points d'intérêt dans la ville. Christchurch ayant en partie été détruite il y a 10 ans par un tremblement de terre, le centre est en reconstruction. L’ancienne cathédrale n'y a malheureusement pas échappé. Alors pour faire rapide et économique, ils ont refait une cathédrale provisoire, prévue pour durer 50 ans dont le mobilier et la structure sont en carton. On dirait une tente posée sur des rouleaux d’essuie-tout. C'est sympa à voir et le petit vieux qui nous fait la visite est tout content de nous recevoir. Il aurait pu rester la matinée à papoter avec nous, mais nous, avec nos gros sacs et notre van à aller chercher, on ne peut pas vraiment rester.
On prend possession de notre van chez Escape, un vieux van Nissan tout tagué et plutôt pas mal aménagé. Après c'est sûr que ce n'est pas le camping-car de la dernière génération avec tout le confort comme douche / toilettes / électricité et télé, comme on en croisera beaucoup sur la route. Mais nous, le roots, on préfère ça. Avec 430 000 bornes au compteur et une déco baptisée “Vahina girl” (rapport à la fille des îles sur son plus beau profil, l’autre côté étant un peu moins réussi), il est tout à fait à notre goût et on l'adopte pour les 4 semaines à venir. Heureusement, c’est une transmission automatique, pas la peine de changer les vitesses avec la main gauche !
Tout le monde nous avait dit de réserver notre van de nombreux mois à l'avance et de connaître notre parcours mais on en a fait qu'à notre tête et on a bien fait. Ce n’est pas la haute saison et nous n’avons eu aucun mal à trouver une location en nous y prenant 3 semaines avant. Les tarifs restent pas donnés en Automne, mais c’est le prix de la liberté !
Les routards prennent la route, mais c'est non sans faire un petit arrêt au Pak'N'Save, un énorme supermarché discount que l'on trouve partout en Nouvelle-Zélande. Faire des économies ça nous plaît bien surtout dans un pays où le niveau de vie est au moins aussi cher qu'en France. Par contre, c’est énorme et on a du mal à s’y retrouver car rien n’est rangé comme chez nous… On passe au moins 1h30 dans les rayons à dénicher les promos qui nous feront rêver. On s'en sort pas trop mal et on a notre bouffe pour les prochains jours. Tartines et confiture pour le matin, sandwich gastronomique le midi et pâtes 5 étoiles le soir. Bigre, du chocolat Lindt noir-orange ! Allez pour la peine, pour inaugurer le van, on s'offre même une crêpes-party ce soir !
On décide de manger notre premier sandwich sur ce magnifique parking de luxe, avant de désaltérer l’automobile (et d’espérer secrètement qu’elle ne va pas tout boire en 200 km !) et d'embarquer enfin pour notre première étape, la péninsule de Banks. Ne pas oublier : “keep left” !
"Quand on vous dit que les gamins, ça fait chier... ! ;)." Tu payeras cette remarque en litres de bière à ton retour c'est moi qui te le dis :D !
RépondreSupprimer